[Bordes, Gilbert] Le silence de la Mule

Titre : « Le silence de la Mule »
Auteur : Gilbert Bordes
Genre : Roman
Editions : Pocket
Nombre de pages : 276
ISBN : 978-2266-122245

Quatrième de couverture :

Honteusement exploitée par ses maîtres, abusée par les hommes, Jeanne, une gamine sourde et muette au regard noir n'inspire que pitié et méfiance. On l'a surnommée la Mule et certains, dans ce hameau corrézien, se demandent si elle a une âme. Quand, en 1945, Antoine Rolandier, héritier d'une longue lignée de meuniers, revient enfin chez lui, c'est pour découvrir sa maison incendiée, sa famille disparue, son héritage volatilisé. Et cette étrange fille qui rôde toujours autour du moulin en ruine, à l'endroit même où le torrent devient rivière... Comment Jeanne pourrait-elle aider cet homme seul, impatient de revivre après des années d'errance et de guerre ? Et si la Mule, murée dans son silence, savait où se cachent les sacs d'or du grand-père ? Si peu à peu, grâce à l'affection et à la patience d'Antoine, elle redevenait un être humain à part entière ?

Mes impressions :

Je retrouve là une fois de plus tout ce qui fait la richesse des romans de Gilbert Bordes.
Jeanne dite la Mule vit entourée de méchancetés. Parce ce qu’elle est considérée comme une handicapée, une infirme sans cervelle, elle subira les pires brimades et les viols répétés des hommes du village. Antoine après des années d’exil forcé, revient dans le village de sa toute petite enfance, dans un but précis, celui de retrouver l’or que son grand-père cachait dans son moulin afin de le reconstruire et de devenir le propriétaire de droit. Antoine rencontre Jeanne, il essaiera de lui donner les moyens d’avoir une vie bien meilleure mais aussi de devenir une personne à part entière que l’on respecte et que l’on estime ; il décide de lui enseigner l’écriture et la lecture mais pour cela Jeanne doit d’abord commencer par apprendre à ne pas avoir peur de lui et à lui faire confiance et lui-même devra doucement l’apprivoiser, pour ne pas l’effrayer. Il sait qu’elle garde le secret des derniers jours du Moulin et de l’incendie puisque son grand-père l’a sauvé des flammes ce jour là et qu’elle connait donc la cachette, celle où ce dernier cachait l’or de ses économies….

Le personnage de Jeanne est très attachant, nous avons envie de l’aider, de la protéger et de lui insuffler l’espoir de jours meilleurs. Avec l’apprentissage de la lecture et de l’écriture petit à petit elle prendra confiance en elle, elle s’estimera davantage et en même temps elle s’ouvrira aux émotions et aux sentiments mais un jour elle se sentira trahit et en souffrira énormément.
Un livre dur, froid mais beau et émouvant, il ne laisse pas indifférent.
Le style est toujours aussi clair, limpide, le livre est facile à lire, agréable, empli d’humanité.Les mots sont choisis. Les personnages sont « riches », variés.
J’aurais juste aimé que l’auteur construise une fin un peu plus soutenue, moins rapide sur les évènements. J’ai le sentiment qu’il a achevé trop vite.

Merci Mélusine de ton avis, j'adore lire Gilbert Bordes. Je ne connais pas ce livre je viens de le noter dans ma LAL.

De rien mamoun, j'aime aussi cet auteur, il a vraiment une jolie plume :-)

Moi aussi j'aime beaucoup son style tout en finesse et à te lire Mélusine j'ai l'impression que tous ses romans se valent. On y retrouve la même sensibilité, une grande humanité et une certaine tendresse sans toutefois que ça ne tombe dans la mièvrerie. Néanmoins il semble à chaque fois qu'il y manque un petit pas grand-chose pour en faire un chef-d'oeuvre.
En tout cas, si je tombe par hasard sur ce livre je le lirai avec grand plaisir.
Merci Mélusine.

Bonjour Ansault, voilà tu as tout dit en quelques lignes...
Les livres de Bordes sont touchants et émouvant, sans tomber dans la mièvrerie. On se sent proches des personnes et c'est vrai que pour moi ses livres sont des petits chefs d'oeuvres

Je ne crois pas me souvenir avoir déjà lu un de ces romans.. Il faut dire aussi que des fois je ne me souviens plus des auteurs seulement des titres alors qui sait...

Cependant ce livre me tente bien, l'accroche est sympa

Gilbert Bordes est un auteur plein d’humanité. Bien sûr le roman se passe quatre vingt ans en arrière. Mais notre regard a-t-il vraiment changé ?

Jeanne sourde et muette ne possède aucun moyen de communication avec son entourage. Malgré le fait qu’elle développe des autres sens, elle est prisonnière de cet état de fait. Des hommes profitent de son silence forcé, les tâches qui lui sont confiées ne sont p valorisantes. Elle est baptisée la Mule et est considérée comme telle.
Antoine décide de lui apprendre à lire et à écrire afin de découvrir le secret de son grand père. Jeanne retrouve petit à petit son statut d’humain découvrant leurs qualités mais aussi leurs défauts. Son personnage m’a vraiment touchée et entraine beaucoup de réflexion sur le statut d’handicap.
Les personnages sont tous humains, touchants, authentiques.

L’écriture est simple, légère malgré le thème assez lourd. Il nous plonge dans les villages d’antan, l’ambiance, la guerre qui tue les jeunes hommes, les traditions, le soutien des habitants, les rumeurs.

j'ai adoré ce roman et l'auteur est super sympa

Un roman que j'ai trouvé sur les étagères de la bibliothèque municipale et que j'ai pris, sans préjugés aucuns.
Mais au final c'est un un peu une déception.
Le personnage principale, Jeanne surnommée méchamment " La mule " depuis toujours est bien attachante, voir même trop indulgente vis à vis de ses bourreaux et d'Antoine. Quelle injustice qu'elle soit rabaissée sans cesse de la sorte et qu'elle trouve un peu sorte d'auto-complaisance de son malheur avant sa rencontre avec Antoine qui changera sa vie pour toujours. De même son fils Blaise est un très bon personnage : un jeune homme malin et intelligent, un coeur bon et simple. J'ai aimé suivre " ses pas " à travers ce roman.
Très appréciable aussi : j'ai aimé parcourir la Corrèze , les champs, le village, le moulin et les autres éléments du décor que nous dépeint l'auteur, avec beaucoup de simplicité.
Sur ce fait, je dirais que l'écriture est vraiment sans fioritures . Parfois dans certains livres ce n'est pas plus mal mais là ça aurait été bien que le récit soit largement plus dense. Car au final le tout manque clairement de relief, par exemple le personnage d'Henriette qui est assez " transparent " ou sans intérêt. Les méchants sont très méchants, pas d'évolution. C'est manichéen.
Le personnage d'Antoine, revenons dessus. J'ai été bien surprise par son évolution tout au long du roman et encore pas en bien là non plus. D'abord le bonhomme n'est pas un samaritain, il a des préjugés sur Jeanne, il ne la voit pas comme une femme à part entière, fait des choix sans aucune convictions, et puis il est loin d'être si désintéressé qu'il le semble.
Au final j'en ressors un peu déçue de ce livre : trop court, pas assez " profond " ou dense, une fin un peu brutale et pas à la hauteur de ce à quoi je m'attendais pour ma part.

Vote : moyen