[Labuzan, Niels] Ivoire
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[Labuzan, Niels] Ivoire
Titre : Ivoire
Auteur : Niels LABUZAN
Année de parution : 2019
Editeur : JC Lattès
Pages : 250
Présentation de l'éditeur :
Au Botswana, du delta de l’Okavango à la rivière Chobe, les animaux, et en particulier les éléphants, ont trouvé un refuge : des hommes veillent nuit et jour pour préserver la vie sauvage. C’est là que le combat a été engagé avec la plus grande volonté contre le braconnage. Les personnages de ce roman sont tous partie prenante d’une guerre bien particulière qui se joue en Afrique mais qui nous concerne tous. Douaniers, rangers, militaires, éleveurs, civils, braconniers… ils tuent ou protègent, vivent au milieu de ces paysages grandioses, entourés de ces animaux qui ont pu conserver leur liberté et leur dignité. Tous connaissent le prix de ces vies, savent ce que certains hommes sont capables de faire pour de l’ivoire ou une peau. Parmi eux il y a Seretse, qui travaille pour le gouvernement du Botswana, Erin, qui a quitté la France pour vivre dans une réserve et Bojosi, un ancien braconnier reconverti en garde. Ils n’idéalisent pas la nature, ne la sacralisent pas, ils y vivent, la protègent et pourraient y mourir.
Un roman superbe qui interroge les liens de l’homme avec la nature et le monde sauvage : ces animaux craints, admirés, chassés, enfermés, vendus sont le reflet de notre histoire, de nos peurs et de notre avenir.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Niels Labuzan est né en 1984. Il est l’auteur d’un premier roman remarqué, Cartographie de l’oubli, publié aux éditions Lattès en 2016.
Avis :
Une femme et deux hommes voient leurs destins se croiser et basculer, lorsqu'en Afrique, ils se retrouvent confrontés au braconnage et au trafic d'ivoire qui déciment les espèces sauvages, et en particulier les éléphants : alors qu'Erin cherche un nouveau sens à sa vie et quitte peu à peu ses attaches européennes pour, pleine d'idéaux encore intacts, se consacrer à la gestion d'une réserve privée au Botswana, elle ne tarde pas à être confrontée à une réalité complexe, où la frontière entre le bien et le mal est bien poreuse. Elle est ainsi loin de soupçonner le passé de braconnier de Bojosi, son collègue ranger et son bras droit. Même Seretse, le représentant du gouvernement qui soutient activement ses actions de sauvegarde, doit assumer les activités troubles des membres de sa propre famille. Chacun devra faire face à ses propres contradictions et faire des choix aux conséquences sans retour.
Au travers d'une histoire de traque aux implications imprévues, qui vont bousculer les personnages dans un enchaînement irrépressible d'évènements dramatiques, l'auteur installe une tension et un rythme qui rendent son récit addictif. Indéniablement, ce livre se dévore avec grand plaisir, malgré quelques imperfections de style, notamment ce qui m'a semblé un abus de phrases sans verbe.
Le plus grand intérêt du roman est dans sa manière, tout sauf manichéenne, de dépeindre la complexité des enjeux des trafics d'animaux. Cela semble une évidence de condamner la destruction d'espèces, qui plus est pour le seul profit financier. Mais comment s'indigner vertueusement, sans prendre en compte la tenaille dans laquelle se retrouvent des populations souvent misérables, également victimes des trafiquants qui les exploitent, achetant leur âme pour quelques pièces ?
Le tableau de ces réseaux organisés à l'échelle de la planète, exploitant sans vergogne la nature, les animaux et la misère humaine, pour un enrichissement court terme irrémédiablement destructeur, apparaît peu à peu tellement noir et inextricable qu'une seule conclusion s'impose bientôt au lecteur : tant que la demande existera, rien ne pourra tarir le flux du trafic. Pourtant, cet effroyable constat s'assortit d'un message d'espoir et d'un formidable coup de chapeau à ceux qui, tels Erin, Bojosi et Seretse, s'acharnent à combattre l'hydre.
Ivoire est un roman qui fait froid dans le dos, accablant quant à la nocivité cupide et aveugle de l'espèce humaine pour la planète et ses autres habitants, et en même temps plein d'espoir quant à la capacité de quelques-uns à réagir. (4/5)
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