[Leroy, Myriam] Ariane
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Votre opinion sur Ariane
[Leroy, Myriam] Ariane
Éditions Don Quichotte, 2018
208 pages
ISBN 2359496751
Présentation de l'éditeur
"Quand j'ai eu douze ans, mes parents m'ont inscrite dans une école de riches. J'y suis restée deux années. C'est là que j'ai rencontré Ariane. Il ne me reste rien d'elle, ou presque. Trois lettres froissées, aucune image. Aucun résultat ne s'affiche lorsqu'on tape son nom sur Google. Ariane a vécu vingt ans et elle n'apparaît nulle part. Quand j'ai voulu en parler, l'autre jour, rien ne m'est venu. J'avais souhaité sa mort et je l'avais accueillie avec soulagement. Elle ne m'avait pas bouleversée, pas torturée, elle ne revient pas me hanter. C'est fini. C'est tout. "
Elles sont collégiennes et s'aiment d'amour dur. L'une vient d'un milieu modeste et collectionne les complexes. L'autre est d'une beauté vénéneuse et mène une existence légère entre sa piscine et son terrain de tennis. L'autre, c'est Ariane, jeune fille incandescente avec qui la narratrice noue une relation furieuse, exclusive, nourrie par les sévices qu'elles infligent aux autres. Mais leur histoire est toxique et porte en elle un poison à effet lent, mais sûr.
Mon avis
Ariane n'est pas le premier personnage d'adolescente fascinante et vénéneuse de la littérature, loin de là. Ces jeunes filles sont le plus souvent observées au travers du prisme du désir qu'elles éveillent chez les hommes - les garçons de leur âge mais aussi et surtout les hommes adultes. Ce désir est ici évoqué, mais il est très largement secondaire dans l'intrigue, resserrée à l'extrême autour de la relation fusionnelle entre Ariane et la narratrice. Par un mécanisme incompréhensible (et dont personne ne se souvient, pas même la narratrice), ces deux jeunes filles que tout oppose sont devenues inséparables, jusqu'au jour où, par un reflux tout aussi soudain que l'élan initial, Ariane se retire de cette amitié.
Myriam Leroy démontre bien à quel point ces amitiés (et inimitiés) adolescentes, en dépit de leur fugacité, jouent un rôle structurant dans la construction de ces personnages : la narratrice se modèle de façon irréversible au contact d'Ariane. Nous avons tous le souvenir des torrents de larmes que nous avons versées pour des chagrins d'amitiés à 14 ans, persuadé·e·s que nous ne guéririons jamais de la blessure qui les avait causés, et qui est aujourd'hui tout à fait oubliée. La narratrice de Myriam Leroy est une adulte qui se remémore sa jeunesse, et qui formule à voix haute ses interrogations : l'histoire n'est pas racontée à la hauteur de la jeune fille qui en est l'héroïne, mais de la femme qu'elle est devenue, qui attribue -à tort ou à raison- ses cicatrices à ses expériences passées. La cruauté des jeunes filles est-elle réellement sans limite, ou est-ce seulement la perception qu'en ont les victimes, sur le moment ou dans leurs souvenirs ? La question n'est jamais tranchée, et c'est tant mieux.
"Quand j'ai eu douze ans, mes parents m'ont inscrite dans une école de riches. J'y suis restée deux années. C'est là que j'ai rencontré Ariane. Il ne me reste rien d'elle, ou presque. Trois lettres froissées, aucune image. Aucun résultat ne s'affiche lorsqu'on tape son nom sur Google. Ariane a vécu vingt ans et elle n'apparaît nulle part. Quand j'ai voulu en parler, l'autre jour, rien ne m'est venu. J'avais souhaité sa mort et je l'avais accueillie avec soulagement. Elle ne m'avait pas bouleversée, pas torturée, elle ne revient pas me hanter. C'est fini. C'est tout. "
Elles sont collégiennes et s'aiment d'amour dur. L'une vient d'un milieu modeste et collectionne les complexes. L'autre est d'une beauté vénéneuse et mène une existence légère entre sa piscine et son terrain de tennis. L'autre, c'est Ariane, jeune fille incandescente avec qui la narratrice noue une relation furieuse, exclusive, nourrie par les sévices qu'elles infligent aux autres. Mais leur histoire est toxique et porte en elle un poison à effet lent, mais sûr.
Mon avis
Ariane n'est pas le premier personnage d'adolescente fascinante et vénéneuse de la littérature, loin de là. Ces jeunes filles sont le plus souvent observées au travers du prisme du désir qu'elles éveillent chez les hommes - les garçons de leur âge mais aussi et surtout les hommes adultes. Ce désir est ici évoqué, mais il est très largement secondaire dans l'intrigue, resserrée à l'extrême autour de la relation fusionnelle entre Ariane et la narratrice. Par un mécanisme incompréhensible (et dont personne ne se souvient, pas même la narratrice), ces deux jeunes filles que tout oppose sont devenues inséparables, jusqu'au jour où, par un reflux tout aussi soudain que l'élan initial, Ariane se retire de cette amitié.
Myriam Leroy démontre bien à quel point ces amitiés (et inimitiés) adolescentes, en dépit de leur fugacité, jouent un rôle structurant dans la construction de ces personnages : la narratrice se modèle de façon irréversible au contact d'Ariane. Nous avons tous le souvenir des torrents de larmes que nous avons versées pour des chagrins d'amitiés à 14 ans, persuadé·e·s que nous ne guéririons jamais de la blessure qui les avait causés, et qui est aujourd'hui tout à fait oubliée. La narratrice de Myriam Leroy est une adulte qui se remémore sa jeunesse, et qui formule à voix haute ses interrogations : l'histoire n'est pas racontée à la hauteur de la jeune fille qui en est l'héroïne, mais de la femme qu'elle est devenue, qui attribue -à tort ou à raison- ses cicatrices à ses expériences passées. La cruauté des jeunes filles est-elle réellement sans limite, ou est-ce seulement la perception qu'en ont les victimes, sur le moment ou dans leurs souvenirs ? La question n'est jamais tranchée, et c'est tant mieux.
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