[Ostrovski, Nikolaï] Et l'acier fut trempé
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[Ostrovski, Nikolaï] Et l'acier fut trempé
Et l’acier fut trempé
Nicolas Ostrovski
Traduit du russe par V. Feldman et P. Kolodkine
Le Temps des Cerises, 2001
396 pages
ISBN : 2-284109-233-X
Première de couverture :
Voici un livre mythique de la littérature soviétique. Il nous raconte la vie aventureuse du jeune Pavel Kortchaguine emporté par les événements de la révolution d'Octobre. Il participe à la guerre civile contre les armées blanches, connaît des amours contrariées, et sa vie brûle au feu de l'action. Et l'acier fût trempé est le livre du romantisme révolutionnaire. Introuvable en France depuis de nombreuses années, c'est un roman qui a profondément marqué des générations de lecteurs. Son auteur, Nicolas Ostrovski, qui écrivit ce roman dans les années trente, fut également un des acteurs de cette révolution (à quinze ans, il entre dans la cavalerie rouge de Boudienny). Il meurt à trente-deux ans, aveugle et paralysé, après avoir écrit deux romans majeurs, celui-ci et Enfanté par la tempête.
Pour parler du roman :
Ce roman est une véritable épopée : il nous plonge, ainsi que son jeune héros, dans la tourmente de la révolution russe et de la prise de pouvoir bolchévique, en Ukraine, dans la région de Chépétovka. Si l’on en croit la biographie de l’auteur, c’est un roman très largement autobiographique.
Nous suivons Pavel Kortchaguine, jeune homme rebelle, après son exclusion de l’école locale et sa découverte du milieu du travail, au buffet de la gare. D’un jeune sauvageon, Pavel deviendra, grâce à son grand frère Artem et à des rencontres opportunes, un jeune homme totalement engagé dans la construction du socialisme.
Pavel connaît bien quelques histoires d’amour, relativement malheureuses, mais c’est surtout l’élan héroïque, l’aventure de son époque, qui le porte. Il s’engage à 15 ans, sur un coup de tête, dans la cavalerie rouge de Semion Boudienny, jusqu’à être gravement blessé dans une charge. Il se révèlera, par la suite, un excellent cadre, capable d’entraîner et de motiver aussi bien de jeunes recrues militaires que de jeunes paysans du komsomol (Union Communiste de la Jeunesse). Il ne compte pas ses heures, ni ses efforts, allant jusqu’à faire partie du détachement qui déblaie la neige dans des conditions terribles au chantier de Boïarka, pour ravitailler la ville en bois, ou encore à travailler sur la frontière avec la Pologne, et à chasser les bandes armées qui sévissent dans la région.
Sa santé se dégradant, il envisage enfin d’écrire un roman sur sa vie, pour ne pas rendre les armes…
Mon avis sur cette lecture :
Ce roman est vécu de l’intérieur, et nous donne donc à voir, quasiment à vivre, cette réalité de manière orientée, et même sans doute partisane. C’est toutefois un éclairage intéressant, puisqu’il conte la mise en place du régime soviétique à ses débuts, tout en nous offrant des fenêtres sur des moments importants : les batailles avec la Pologne, l’opposition de Trotski, la mort de Lénine ; toutefois, c’est le plus souvent une vision très quotidienne et réaliste, qui nous fait entrer de plain pied dans la vie des Ukrainiens en cette période tourmentée, mais aussi porteuse d’espoir. On y assiste également à des scènes comme les pogroms par les soldats de Pétlioura (les « Blancs »), des attentats déjoués, une fête de mariage dans un village coupé en deux par la frontière, les soirées d’apprentissage culturel et de lectures, la cérémonie d’entrée au Parti Communiste…
Les personnages sont attachants, on retrouve avec plaisir le parcours de certains des amis de Pavel, et l’on entre avec facilité dans leurs motivations. Même les personnages secondaires sont pittoresques et bien dépeints – ce roman est bouillant de vie, et l’on ressent l’amour de l’auteur pour les gens simples, le prolétariat, à qui il a consacré toute sa vie brève et intense. Par ailleurs, il évoque bien la camaraderie entre les hommes et les femmes, et l'auteur se montre d'ailleurs franchement partisan de l'émancipation de celles-ci par le savoir et l'action collective.
La principale restriction que j’émettrais, qui ne m’a pas facilité la lecture de ce roman déjà long, c’est la construction assez hachée. Le roman donne l’impression davantage d’une juxtaposition de scènes de genre et tableaux, que d’une composition mûrement réfléchie et dynamique. Je me suis prise à me demander si la rédaction n’en avait pas été fragmentaire – il se trouve que l’auteur a procédé à plusieurs réécritures, en demandant l’avis de ses camarades, pour que le roman soit plus juste politiquement. C’est peut-être dommage, car le roman perd en force du fait de cette parcellisation.
Cela reste malgré tout une lecture vivante et sympathique, ainsi qu’une fresque informative remarquable, et sans nul doute inspirante pour son époque.
Un extrait du roman :
Le deuxième bataillon de préparation militaire groupait six cents jeunes. Jamais encore l'accordéon* n'avait joué dans la propagande un aussi grand rôle qu'ici, au cours des soirées en plein air. Grâce à lui, Korchaguine devenait aussitôt un "copain", et plus d'un gars de la campagne trouva la voie du komsomol en commençant par écouter l'accordéon enchanteur, tantôt passionné et faisant battre les cœurs au rythme endiablé d'une marche, tantôt caressant et tendre dans les tristes ritournelles des chansons ukrainiennes. On écoutait l'accordéon, on écoutait aussi l'accordéoniste, l'ancien ouvrier devenu commissaire politique et "secrétaire" du Komsomol. Le chant de l'accordéon et les paroles du jeune commissaire pénétraient ensemble dans les cœurs. De nouvelles chansons résonnèrent dans les villages, et d'autres livres que les psautiers et les clés des songes firent leur apparition dans les isbas.
(page 314)
*Pavel Kortchaguine joue de l'accordéon de manière virtuose.
Nicolas Ostrovski
Traduit du russe par V. Feldman et P. Kolodkine
Le Temps des Cerises, 2001
396 pages
ISBN : 2-284109-233-X
Première de couverture :
Voici un livre mythique de la littérature soviétique. Il nous raconte la vie aventureuse du jeune Pavel Kortchaguine emporté par les événements de la révolution d'Octobre. Il participe à la guerre civile contre les armées blanches, connaît des amours contrariées, et sa vie brûle au feu de l'action. Et l'acier fût trempé est le livre du romantisme révolutionnaire. Introuvable en France depuis de nombreuses années, c'est un roman qui a profondément marqué des générations de lecteurs. Son auteur, Nicolas Ostrovski, qui écrivit ce roman dans les années trente, fut également un des acteurs de cette révolution (à quinze ans, il entre dans la cavalerie rouge de Boudienny). Il meurt à trente-deux ans, aveugle et paralysé, après avoir écrit deux romans majeurs, celui-ci et Enfanté par la tempête.
Pour parler du roman :
Ce roman est une véritable épopée : il nous plonge, ainsi que son jeune héros, dans la tourmente de la révolution russe et de la prise de pouvoir bolchévique, en Ukraine, dans la région de Chépétovka. Si l’on en croit la biographie de l’auteur, c’est un roman très largement autobiographique.
Nous suivons Pavel Kortchaguine, jeune homme rebelle, après son exclusion de l’école locale et sa découverte du milieu du travail, au buffet de la gare. D’un jeune sauvageon, Pavel deviendra, grâce à son grand frère Artem et à des rencontres opportunes, un jeune homme totalement engagé dans la construction du socialisme.
Pavel connaît bien quelques histoires d’amour, relativement malheureuses, mais c’est surtout l’élan héroïque, l’aventure de son époque, qui le porte. Il s’engage à 15 ans, sur un coup de tête, dans la cavalerie rouge de Semion Boudienny, jusqu’à être gravement blessé dans une charge. Il se révèlera, par la suite, un excellent cadre, capable d’entraîner et de motiver aussi bien de jeunes recrues militaires que de jeunes paysans du komsomol (Union Communiste de la Jeunesse). Il ne compte pas ses heures, ni ses efforts, allant jusqu’à faire partie du détachement qui déblaie la neige dans des conditions terribles au chantier de Boïarka, pour ravitailler la ville en bois, ou encore à travailler sur la frontière avec la Pologne, et à chasser les bandes armées qui sévissent dans la région.
Sa santé se dégradant, il envisage enfin d’écrire un roman sur sa vie, pour ne pas rendre les armes…
Mon avis sur cette lecture :
Ce roman est vécu de l’intérieur, et nous donne donc à voir, quasiment à vivre, cette réalité de manière orientée, et même sans doute partisane. C’est toutefois un éclairage intéressant, puisqu’il conte la mise en place du régime soviétique à ses débuts, tout en nous offrant des fenêtres sur des moments importants : les batailles avec la Pologne, l’opposition de Trotski, la mort de Lénine ; toutefois, c’est le plus souvent une vision très quotidienne et réaliste, qui nous fait entrer de plain pied dans la vie des Ukrainiens en cette période tourmentée, mais aussi porteuse d’espoir. On y assiste également à des scènes comme les pogroms par les soldats de Pétlioura (les « Blancs »), des attentats déjoués, une fête de mariage dans un village coupé en deux par la frontière, les soirées d’apprentissage culturel et de lectures, la cérémonie d’entrée au Parti Communiste…
Les personnages sont attachants, on retrouve avec plaisir le parcours de certains des amis de Pavel, et l’on entre avec facilité dans leurs motivations. Même les personnages secondaires sont pittoresques et bien dépeints – ce roman est bouillant de vie, et l’on ressent l’amour de l’auteur pour les gens simples, le prolétariat, à qui il a consacré toute sa vie brève et intense. Par ailleurs, il évoque bien la camaraderie entre les hommes et les femmes, et l'auteur se montre d'ailleurs franchement partisan de l'émancipation de celles-ci par le savoir et l'action collective.
La principale restriction que j’émettrais, qui ne m’a pas facilité la lecture de ce roman déjà long, c’est la construction assez hachée. Le roman donne l’impression davantage d’une juxtaposition de scènes de genre et tableaux, que d’une composition mûrement réfléchie et dynamique. Je me suis prise à me demander si la rédaction n’en avait pas été fragmentaire – il se trouve que l’auteur a procédé à plusieurs réécritures, en demandant l’avis de ses camarades, pour que le roman soit plus juste politiquement. C’est peut-être dommage, car le roman perd en force du fait de cette parcellisation.
Cela reste malgré tout une lecture vivante et sympathique, ainsi qu’une fresque informative remarquable, et sans nul doute inspirante pour son époque.
Un extrait du roman :
Le deuxième bataillon de préparation militaire groupait six cents jeunes. Jamais encore l'accordéon* n'avait joué dans la propagande un aussi grand rôle qu'ici, au cours des soirées en plein air. Grâce à lui, Korchaguine devenait aussitôt un "copain", et plus d'un gars de la campagne trouva la voie du komsomol en commençant par écouter l'accordéon enchanteur, tantôt passionné et faisant battre les cœurs au rythme endiablé d'une marche, tantôt caressant et tendre dans les tristes ritournelles des chansons ukrainiennes. On écoutait l'accordéon, on écoutait aussi l'accordéoniste, l'ancien ouvrier devenu commissaire politique et "secrétaire" du Komsomol. Le chant de l'accordéon et les paroles du jeune commissaire pénétraient ensemble dans les cœurs. De nouvelles chansons résonnèrent dans les villages, et d'autres livres que les psautiers et les clés des songes firent leur apparition dans les isbas.
(page 314)
*Pavel Kortchaguine joue de l'accordéon de manière virtuose.
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