[Haigh, Jennifer] Ce qui gît dans ses entrailles
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[Haigh, Jennifer] Ce qui gît dans ses entrailles
Titre : Ce qui gît dans ses entrailles
Auteur : Jennifer Haigh
Edition :Gallmeister
Nombre de pages : 448 pages
Présentation de l’éditeur :
La petite ville de Bakerton, en Pennsylvanie, s’est assoupie depuis la fermeture de ses mines de charbon. Mais l’équilibre tranquille de cette communauté bascule lorsqu’un grand groupe industriel propose aux fermiers de louer leurs terres pour en extraire un trésor enfoui : le gaz de schiste. Certains s’empressent de signer les contrats d’exploitation avant même de les avoir lus, d’autres choisissent de préserver leur propriété. Arrivent des ouvriers venus du Texas et un militant écologiste prêt à en découdre. Les habitants de Bakerton vont apprendre ce qu’il en coûte de se trouver au cœur de cette nouvelle ruée vers l’or.
Mon avis :
Ce livre est resté longtemps dans ma PAL, à cause de sa longueur, à cause du fait que je ne pensais pas accrocher à sa lecture. Je me suis trompée.
Nous voici en Pennsylvanie, où les fermiers louent leurs terres pour extraire le gaz de schistes et ainsi vivre mieux, du moins le croient-ils. D’autres, rares, choisissent de ne pas signer, pour préserver leurs terres. Il est toujours, et encore question de terres, et de se dire : que souhaitons-nous pour elles ? Beaucoup de fermiers n’ont pas réfléchi avant de signer, croyant aux belles promesses des entrepreneurs, pensant à une amélioration immédiate de leur situation, ne réfléchissant pas aux conséquences, surtout pas à celles promises par les petites lettres des contrats, qu’ils n’ont pas vraiment pris la peine de lire. Personne ne le fait de toute façon !
Vous l’aurez compris, il est question d’argent, il est question d’emploi, et la question est réellement cruciale. Trouver du travail, garder un travail, avoir un travail qui permette vraiment de bien gagner sa vie n’est pas facile. Les compagnies minières promettent de belles choses, notamment au sujet de l’emploi, si ce n’est qu’ils viennent avec leurs propres employés, n’embauchant jamais des travailleurs locaux. Alors oui, on peut un peu affirmer qu’ils font vivre les commerces locaux – mais si peu, leur monde fonctionnant quasiment en vase clos. Et les militants écologistes ne sont pas très loin. Heureusement ? Je n’en suis pas si sûre que cela. Certes, ils connaissent bien les mécanismes utilisés par les sociétés pour parvenir à leurs fins et maintenir les propriétaires sous leurs coupes, mais pourquoi mènent-ils ce combat, eux ? Certains (qui ne sont plus, d’ailleurs), c’est parce qu’ils ont vu les ravages sur eux-mêmes des « accidents » provoqués par les industries. Pour d’autres, il est des causes plus personnelles qui s’y mêlent – et tant pis si pour parvenir à ses fins, il faut fermer les yeux sur certains faits, qui semblent ne rien à voir avec le combat écologique, et tout avec la vie quotidienne de cette petite communauté.
Prenons Rich, par exemple, sa femme Shelby, ses deux enfants Braden et Olivia. Lui a signé, lui qui donne un coup de main au bar à son père tout en étant gardien de prison – ignorant, par ses horaires, le lien entre certains prisonniers. Il a épousé une femme plus jeune, constamment inquiète pour la santé fragile de leur fille, constamment fourrée chez la pasteure, dont le mari a succombé à une « longue maladie », qu’il pensait liée à l’accident « normal » survenu à la centrale quand il était enfant. Rich a aussi un frère, ancien toxico qui travaille au contact des toxicos. C’est peu dire que Rich ne comprend pas son frère, et pourtant, il voudrait tellement lui dire tout ce qu’il n’a pas su, pas pu lui dire.
Je n’ai garde d’oublier Mack et Rena, ce couple improbable, comme bien d’autres personnages dont nous découvrons le passé au cours de la riche construction de ce roman. C’est Rena, infirmière, qui est une de celle qui donne son impulsion aux revendications écologiques. Même si elle a parfois du mal, vu de l’extérieur de la communauté, à assumer son couple avec Mack – les couples de femmes ne sont pas si fréquents, surtout à leurs âges respectifs – elle sait pourquoi elle reste à ses côtés, et pourquoi elle exerce son métier.
Oui, les habitants de Bakerton n’en sont pas arrivés là par hasard, et les plongées dans le passé nous montre bien comment on en est arrivé là, et comment, éventuellement, on peut espérer s’en sortir. Ou pas. Lucide, Rich l’est presque devenu. Ce livre ne nous montre pas un combat écologique et son aboutissement, il nous montre plutôt que face à la cupidité de certains, tout ne devient qu’un éternel recommencement, exploitant sans relâche l’un ou l’autre trésor de cette terre, alors que les personnages sont trop souvent incapable d’exploiter ce qu’ils ont en eux.C’est peut-être cela aussi, le fond de ce roman : la différence entre la surface, et ce que les personnages cachent en profondeur – comme les terres de Pennsylvanie.
Sharon- Modérateur
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