[Guillot, Bertrand] Sous les couvertures
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Qu'avez-vous pensé de ce livre ?
[Guillot, Bertrand] Sous les couvertures
Sous les couvertures
Bertrand Guillot
Editions rue fromentin
ISBN : 978-2-91954-732-6
167 pages
Résumé de couverture :
Un samedi soir, une librairie de quartier. Comme toutes les nuits, sitôt le rideau tombé, les livres s’éveillent et se racontent leurs histoires… Mais ce soir, l’heure est grave : les nouveautés viennent d’arriver, et les romans du fond de la librairie n’ont plus que quelques jours pour trouver un lecteur !
Pour sortir par la grande porte, il leur faudra s’unir et prendre la place des best-sellers solidement empilés près de la caisse. Autant dire qu’ils n’ont pratiquement aucune chance…
Entre roman et conte iconoclaste, Sous les couvertures, quatrième livre de Bertrand Guillot, est une merveille d’humour et d’originalité. Où l’on découvrira, entre autres, à quoi servent les classiques, en quoi les livres ressemblent à leurs auteurs… et pourquoi, à l’habit des académiciens, on a ajouté une épée.
Mon avis sur ce roman :
Dire que c’est un coup de cœur serait exagéré, mais c’est un livre amusant et atypique, où j’ai appris des choses sur le monde de l’édition, mais suis restée un peu frustrée par ce roman à clef où je n’ai pas su tout décoder.
Tout d’abord, il est très original de faire des livres d’une librairie des personnages à part entière, avec des défauts et un goût du pouvoir bien humains…
Les livres du fond de la librairie se mettent d’accord et convoquent un Grand Conseil pour décider ensemble de l’opération à mener afin de ne pas partir au pilon, le destin infernal des livres qui ne se vendent pas. Chacun avec sa personnalité, l’histoire qu’il porte et les intentions de son auteur, jouera un rôle dans cette révolution, et cherchera sa place au soleil, prenant aussi conseil auprès des classiques (Machiavel, Spartacus, Darien…). Le meneur est Grand, un livre qui se retrouve à diriger les opérations, quoique sa personnalité soit plutôt réservée. Il connaîtra des trahisons et des adversaires se mettront en travers de son chemin.
En parallèle, nous suivons également le « vieux libraire » chez lui (l’action se déroule le temps d’un week-end) : son fils vient dîner à la maison ; or, celui-ci est conseiller chez un géant de la vente en ligne (celui que personne ne veut nommer ), et l’évolution du marché de l’édition et les choix des lecteurs perturbent déjà bien assez notre libraire qui trouve son métier de plus en plus lourd.
Nous suivons également Sarah, jeune libraire qui travaille avec le libraire, et voudrait bien dynamiser les ventes et attirer plus de lecteurs, les retenir. Elle y croit et a des idées, mais son patron refuse de l’écouter…
Enfin, nous suivons les auteurs de plusieurs « protagonistes livres », qui se rencontrent sur une foire, font les quatre cents coups et sympathisent.
J’ai appris certaines choses sur les stratégies des libraires pour mettre en avant des livres, conseiller les lecteurs, ainsi que sur des pratiques de l’édition. Toutefois, un certain nombre de réflexions sur les tendances de la lecture aujourd’hui ne m’ont pas surprise, même si l’auteur essaie d’être optimiste sur l’avenir de la lecture, avec l’irruption du numérique (il l’est moins sur l’avenir des livres, en tant qu’objets de papier, à vrai dire).
J’ai apprécié également les passages sur les classiques et leur sagesse, et cela m’a fait réfléchir sur leur intérêt, hors livres scolaires, à savoir leur intemporalité et leur universalité.
En plus de cela, le ton est humoristique sans lourdeur, l’auteur égratigne légèrement les égos de certains collègues, les discours rebattus sur la littérature, les critiques littéraires qui ne lisent pas tout ; il reste toutefois bienveillant, il ne s’agit en aucun cas de règlements de compte, mais plutôt d’un regard amusé porté avec une certaine distance, sans vraiment de parti pris sur la meilleure façon de résister à la lame de fond du numérique.
Du reste, de l’ennemie qu’elle est au départ pour les livres, la liseuse oubliée sur un rayon par le libraire sera un outil précieux pour les livres combatifs…
Pour résumer, c’est une lecture utile et agréable, divertissante, qui entretient la flamme de l’amour des livres (et qui personnellement me motive à faire un effort pour acheter des livres dans une vraie librairie – quoique j’évite à tout prix le géant qu’on ne nomme pas), et qui ressuscite un peu Voltaire ou Diderot, avec un style alerte, ce qui n’est pas si mal.
Extraits :
« D’une seule interjection, il imposa le silence dans le Boudoir.
- Qu’avons-nous fait de nos rêves ? demanda-t-il sans attendre de réponse. Car c’est bien de cela que nous sommes faits, n’est-ce pas ? Les rêves qui ont bâti nos histoires. Ceux de nos auteurs, quand ils divaguent en rêvant de louanges et de lauriers sur lesquels ils pourraient enfin s’offrir une sieste en attendant le livre suivant. Je le sais, car je suis du même papier que vous. » (page 39, discours de Grand)
« C’était amusant, la France : c’était toujours là-bas qu’on râlait le plus, et finalement, c’était quand même là-bas que les affaires marchaient le mieux – comme ce bon McDonald’s. Vaincre les résistances des Français, décliner le concept en Angleterre, assurer en Allemagne : c’était la formule magique pour conquérir l’Europe.
Et s’installer au Luxembourg, bien sûr. » (page 131, profondes réflexions du magnat du site-d’achat-de-livres-en-ligne)
Bertrand Guillot
Editions rue fromentin
ISBN : 978-2-91954-732-6
167 pages
Résumé de couverture :
Un samedi soir, une librairie de quartier. Comme toutes les nuits, sitôt le rideau tombé, les livres s’éveillent et se racontent leurs histoires… Mais ce soir, l’heure est grave : les nouveautés viennent d’arriver, et les romans du fond de la librairie n’ont plus que quelques jours pour trouver un lecteur !
Pour sortir par la grande porte, il leur faudra s’unir et prendre la place des best-sellers solidement empilés près de la caisse. Autant dire qu’ils n’ont pratiquement aucune chance…
Entre roman et conte iconoclaste, Sous les couvertures, quatrième livre de Bertrand Guillot, est une merveille d’humour et d’originalité. Où l’on découvrira, entre autres, à quoi servent les classiques, en quoi les livres ressemblent à leurs auteurs… et pourquoi, à l’habit des académiciens, on a ajouté une épée.
Mon avis sur ce roman :
Dire que c’est un coup de cœur serait exagéré, mais c’est un livre amusant et atypique, où j’ai appris des choses sur le monde de l’édition, mais suis restée un peu frustrée par ce roman à clef où je n’ai pas su tout décoder.
Tout d’abord, il est très original de faire des livres d’une librairie des personnages à part entière, avec des défauts et un goût du pouvoir bien humains…
Les livres du fond de la librairie se mettent d’accord et convoquent un Grand Conseil pour décider ensemble de l’opération à mener afin de ne pas partir au pilon, le destin infernal des livres qui ne se vendent pas. Chacun avec sa personnalité, l’histoire qu’il porte et les intentions de son auteur, jouera un rôle dans cette révolution, et cherchera sa place au soleil, prenant aussi conseil auprès des classiques (Machiavel, Spartacus, Darien…). Le meneur est Grand, un livre qui se retrouve à diriger les opérations, quoique sa personnalité soit plutôt réservée. Il connaîtra des trahisons et des adversaires se mettront en travers de son chemin.
En parallèle, nous suivons également le « vieux libraire » chez lui (l’action se déroule le temps d’un week-end) : son fils vient dîner à la maison ; or, celui-ci est conseiller chez un géant de la vente en ligne (celui que personne ne veut nommer ), et l’évolution du marché de l’édition et les choix des lecteurs perturbent déjà bien assez notre libraire qui trouve son métier de plus en plus lourd.
Nous suivons également Sarah, jeune libraire qui travaille avec le libraire, et voudrait bien dynamiser les ventes et attirer plus de lecteurs, les retenir. Elle y croit et a des idées, mais son patron refuse de l’écouter…
Enfin, nous suivons les auteurs de plusieurs « protagonistes livres », qui se rencontrent sur une foire, font les quatre cents coups et sympathisent.
J’ai appris certaines choses sur les stratégies des libraires pour mettre en avant des livres, conseiller les lecteurs, ainsi que sur des pratiques de l’édition. Toutefois, un certain nombre de réflexions sur les tendances de la lecture aujourd’hui ne m’ont pas surprise, même si l’auteur essaie d’être optimiste sur l’avenir de la lecture, avec l’irruption du numérique (il l’est moins sur l’avenir des livres, en tant qu’objets de papier, à vrai dire).
J’ai apprécié également les passages sur les classiques et leur sagesse, et cela m’a fait réfléchir sur leur intérêt, hors livres scolaires, à savoir leur intemporalité et leur universalité.
En plus de cela, le ton est humoristique sans lourdeur, l’auteur égratigne légèrement les égos de certains collègues, les discours rebattus sur la littérature, les critiques littéraires qui ne lisent pas tout ; il reste toutefois bienveillant, il ne s’agit en aucun cas de règlements de compte, mais plutôt d’un regard amusé porté avec une certaine distance, sans vraiment de parti pris sur la meilleure façon de résister à la lame de fond du numérique.
Du reste, de l’ennemie qu’elle est au départ pour les livres, la liseuse oubliée sur un rayon par le libraire sera un outil précieux pour les livres combatifs…
- Spoiler:
- Enfin, l’aspect qui m’a un peu agacée, c’est qu’il semble que les livres représentent des livres réels, et je me suis évertuée à rechercher de quels titres et de quels auteurs il pouvait s’agir : je suis quasiment certaine que l’académicien est Jean d’Ormesson, et le livre Junior est un livre de Frédéric Beigbeder (un jeune publiciste opportuniste, ça ne peut être que lui, non ? ).
Mais je n’ai aucune certitude concernant Grand, dont l’histoire conte une révolte menée dans une maison de retraite par un vieil anarchiste, amoureux d’une Louise de 80 ans (je pense au Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire, de Jonas Jonasson, mais je me dis que cela devrait être un livre français). J’aimerais bien savoir aussi qui est Conteur (Le Clézio peut-être – il est né en Afrique, a beaucoup voyagé, et n’a jamais voulu appartenir à un mouvement littéraire), Mauve (écrit par une femme, constitué de nouvelles, peut-être Anna Gavalda), ou encore Vieille Gloire, Rouge…
Encore une chance que les classiques soient tombés dans le domaine public : on n’a pas besoin de deviner en ce qui les concerne !
Pour résumer, c’est une lecture utile et agréable, divertissante, qui entretient la flamme de l’amour des livres (et qui personnellement me motive à faire un effort pour acheter des livres dans une vraie librairie – quoique j’évite à tout prix le géant qu’on ne nomme pas), et qui ressuscite un peu Voltaire ou Diderot, avec un style alerte, ce qui n’est pas si mal.
Extraits :
« D’une seule interjection, il imposa le silence dans le Boudoir.
- Qu’avons-nous fait de nos rêves ? demanda-t-il sans attendre de réponse. Car c’est bien de cela que nous sommes faits, n’est-ce pas ? Les rêves qui ont bâti nos histoires. Ceux de nos auteurs, quand ils divaguent en rêvant de louanges et de lauriers sur lesquels ils pourraient enfin s’offrir une sieste en attendant le livre suivant. Je le sais, car je suis du même papier que vous. » (page 39, discours de Grand)
« C’était amusant, la France : c’était toujours là-bas qu’on râlait le plus, et finalement, c’était quand même là-bas que les affaires marchaient le mieux – comme ce bon McDonald’s. Vaincre les résistances des Français, décliner le concept en Angleterre, assurer en Allemagne : c’était la formule magique pour conquérir l’Europe.
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