[Braverman, Roy] Freeman
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[Braverman, Roy] Freeman
Titre : Freeman
Auteur : Roy Braverman
Edition Hugo Thriller
Nombre de pages : 520 pages
Présentation de l’éditeur :
Patterson, en Louisiane.
Deux millions de dollars disparaissent. Pendant un ouragan d’une rare violence. Dans la maison du boss de la mafia locale.
La traque commence. Elle va faire se croiser et s’affronter un « parrain » amateur de cocktails, un fabuleux tandem de flics que tout oppose mais dont chacun poursuit une quête personnelle, une serveuse qui aime trop l’un des deux flics, le FBI, Freeman et sa fille Louise (celle-là même qui avait été retenue prisonnière quatorze ans dans un trou perdu des Appalaches dans Hunter), un collecteur de dettes arménien, et tout ce que La Nouvelle-Orléans compte de faune interlope, d’indics et de petites frappes…
Cela pourrait être le début de beaucoup de polars. Sauf que c’est au coeur du bayou, et que c’est Roy Braverman qui est aux manettes. Et que la traque va être bercée par le rythme envoûtant de la zydeco, imprégnée des senteurs de la cuisine cajun, caressée par les parfums sensuels de la flore de Louisiane, et rendue plus haletante encore par la menace des crocs acérés des alligators…
Mon avis :
Poisseux, violent, mouvementé, toujours.
Nous sommes en Louisiane, nous sommes en plein ouragan, et même si ce n’est pas Katrina, le poids de Katrina est toujours là – parce que les souvenirs sont intacts, vivaces, parce que la ville n’a pas été reconstruite comme il aurait fallu, parce que les maisons ne sont toujours pas faites pour résister à une telle violence. Et c’est ce moment que choisit un homme pour cambrioler la maison d’un parrain local, suscitant l’admiration du seul témoin de la scène, qui se gardera bien de divulguer quoi que ce soit. Parce qu’il en a fallu du courage, pour affronter la tempête et la future colère du mafieux local, surprotégé à force d’arroser tout le monde.
Ah, c’est dommage, il paraît justement que le FBI allait le faire tomber. Personne ne verse des larmes de crocodiles sur cette opération merveilleuse – comme si c’était possible de parvenir à le faire tomber.
Alors oui, nous sommes dans le sordide, parfois, souvent. Pas tant la manière dont cet homme se débarrasse de ses ennemis ou de ceux qu’ils croient tels, non – à force de jouer avec le feu, on se brûle, c’est bien connu. Non, je pense plutôt à cette violence quotidienne, à celles et ceux qui se croient tout permis, parce qu’ils ont l’argent et avec lui le pouvoir. Pire encore : l’indifférence. Qu’ils n’en aient rien à faire des autres, on s’en doutait déjà. Qu’ils n’en aient rien à faire d’eux-mêmes, êtres humains réifiés par leur propre soin, c’est presque nouveau pour moi, mais pas si étonnant. La notion de justice ? Avec un bon avocat, un bon juge, un bon dossier, on fait ce qu’on veut devant un tribunal – alors la justice, ce n’est plus un concept, ce n’est même plus un mot, c’est une succession de syllabe dont le sens leur échappe complètement. A quoi bon un procès d’ailleurs, quand certains jeunes pensent que les réseaux sociaux sont un tribunal bien suffisant ? Ce n’est pas seulement dans les livres que ces dérives sont constatés, ouvrez le moindre réseau social, et vous vous rendrez compte à quel point c’est juste, tous les jours ou presque.
Freeman, vous le connaissez peut-être si, contrairement à moi, vous avez lu les autres romans de Roy Braverman : ce n’est pas quelqu’un qui lâche prise, lui qui a mis quatorze ans à retrouver sa fille Louise. Il est là, dans l’intrigue, pas le personnage principal, mais un personnage secondaire sur lequel on peut compter. Un personnage secondaire toujours inquiet aussi, parce que la vie, pour Louise, n’a pas repris là où elle s’était arrêtée, elle doit vivre avec ce qu’elle a vécu, et vivre maintenant comme elle l’entend, même si cela n’ôte absolument pas son père son inquiétude constante : on craint de perdre ce que l’on a déjà perdu. Aussi, il comprend l’obsession d’Howard, policier qui cherche son petit frère Tyler depuis un an, lui dont la disparition a été plutôt considérée comme une fugue – ce qui permet de ne surtout pas enquêter sérieusement. De l’autre côté, nous avons Beauregard, le co-équipier d’Howard – trois ans qu’ils font équipe, trois ans qu’ils ne savent rien l’un de l’autre. Dommage ? Non, chacun a ses raisons, ce qui ne les empêche pas de travailler l’un à côté de l’autre, mais pas l’un avec l’autre : tous les deux ont cependant la même énergie, et l’amour des leurs les motive pour ne pas négliger leur vie personnelle. Sachons toutefois que les enquêtes contenues dans Freeman sont tout sauf claires, limpides et ordonnées, plutôt : la police contre la police, le FBI, les trafiquants, et autres joyeusetés.
Bref, ce n’est pas une enquête reposante, ce n’est pas une enquête pendant laquelle on peut avoir des certitudes : tout peut arriver, tout le monde peut trahir, ou au contraire venir en aide de manière inattendue. L’on y croise aussi des personnages totalement improbables, comme Emma, qui ne fait que quelques apparitions, mais quelles apparitions ! Je n’ai garde d’oublier non plus l’ambiance dans laquelle baigne ce roman. Nous sommes véritablement en Louisiane, avec ses odeurs, ses sonorités, ses couleurs, sa vie en quelque sorte, dont la mort n’est jamais loin.
Un roman prenant et réussi – avec une pointe d’apaisement à la fin.
Auteur : Roy Braverman
Edition Hugo Thriller
Nombre de pages : 520 pages
Présentation de l’éditeur :
Patterson, en Louisiane.
Deux millions de dollars disparaissent. Pendant un ouragan d’une rare violence. Dans la maison du boss de la mafia locale.
La traque commence. Elle va faire se croiser et s’affronter un « parrain » amateur de cocktails, un fabuleux tandem de flics que tout oppose mais dont chacun poursuit une quête personnelle, une serveuse qui aime trop l’un des deux flics, le FBI, Freeman et sa fille Louise (celle-là même qui avait été retenue prisonnière quatorze ans dans un trou perdu des Appalaches dans Hunter), un collecteur de dettes arménien, et tout ce que La Nouvelle-Orléans compte de faune interlope, d’indics et de petites frappes…
Cela pourrait être le début de beaucoup de polars. Sauf que c’est au coeur du bayou, et que c’est Roy Braverman qui est aux manettes. Et que la traque va être bercée par le rythme envoûtant de la zydeco, imprégnée des senteurs de la cuisine cajun, caressée par les parfums sensuels de la flore de Louisiane, et rendue plus haletante encore par la menace des crocs acérés des alligators…
Mon avis :
Poisseux, violent, mouvementé, toujours.
Nous sommes en Louisiane, nous sommes en plein ouragan, et même si ce n’est pas Katrina, le poids de Katrina est toujours là – parce que les souvenirs sont intacts, vivaces, parce que la ville n’a pas été reconstruite comme il aurait fallu, parce que les maisons ne sont toujours pas faites pour résister à une telle violence. Et c’est ce moment que choisit un homme pour cambrioler la maison d’un parrain local, suscitant l’admiration du seul témoin de la scène, qui se gardera bien de divulguer quoi que ce soit. Parce qu’il en a fallu du courage, pour affronter la tempête et la future colère du mafieux local, surprotégé à force d’arroser tout le monde.
Ah, c’est dommage, il paraît justement que le FBI allait le faire tomber. Personne ne verse des larmes de crocodiles sur cette opération merveilleuse – comme si c’était possible de parvenir à le faire tomber.
Alors oui, nous sommes dans le sordide, parfois, souvent. Pas tant la manière dont cet homme se débarrasse de ses ennemis ou de ceux qu’ils croient tels, non – à force de jouer avec le feu, on se brûle, c’est bien connu. Non, je pense plutôt à cette violence quotidienne, à celles et ceux qui se croient tout permis, parce qu’ils ont l’argent et avec lui le pouvoir. Pire encore : l’indifférence. Qu’ils n’en aient rien à faire des autres, on s’en doutait déjà. Qu’ils n’en aient rien à faire d’eux-mêmes, êtres humains réifiés par leur propre soin, c’est presque nouveau pour moi, mais pas si étonnant. La notion de justice ? Avec un bon avocat, un bon juge, un bon dossier, on fait ce qu’on veut devant un tribunal – alors la justice, ce n’est plus un concept, ce n’est même plus un mot, c’est une succession de syllabe dont le sens leur échappe complètement. A quoi bon un procès d’ailleurs, quand certains jeunes pensent que les réseaux sociaux sont un tribunal bien suffisant ? Ce n’est pas seulement dans les livres que ces dérives sont constatés, ouvrez le moindre réseau social, et vous vous rendrez compte à quel point c’est juste, tous les jours ou presque.
Freeman, vous le connaissez peut-être si, contrairement à moi, vous avez lu les autres romans de Roy Braverman : ce n’est pas quelqu’un qui lâche prise, lui qui a mis quatorze ans à retrouver sa fille Louise. Il est là, dans l’intrigue, pas le personnage principal, mais un personnage secondaire sur lequel on peut compter. Un personnage secondaire toujours inquiet aussi, parce que la vie, pour Louise, n’a pas repris là où elle s’était arrêtée, elle doit vivre avec ce qu’elle a vécu, et vivre maintenant comme elle l’entend, même si cela n’ôte absolument pas son père son inquiétude constante : on craint de perdre ce que l’on a déjà perdu. Aussi, il comprend l’obsession d’Howard, policier qui cherche son petit frère Tyler depuis un an, lui dont la disparition a été plutôt considérée comme une fugue – ce qui permet de ne surtout pas enquêter sérieusement. De l’autre côté, nous avons Beauregard, le co-équipier d’Howard – trois ans qu’ils font équipe, trois ans qu’ils ne savent rien l’un de l’autre. Dommage ? Non, chacun a ses raisons, ce qui ne les empêche pas de travailler l’un à côté de l’autre, mais pas l’un avec l’autre : tous les deux ont cependant la même énergie, et l’amour des leurs les motive pour ne pas négliger leur vie personnelle. Sachons toutefois que les enquêtes contenues dans Freeman sont tout sauf claires, limpides et ordonnées, plutôt : la police contre la police, le FBI, les trafiquants, et autres joyeusetés.
Bref, ce n’est pas une enquête reposante, ce n’est pas une enquête pendant laquelle on peut avoir des certitudes : tout peut arriver, tout le monde peut trahir, ou au contraire venir en aide de manière inattendue. L’on y croise aussi des personnages totalement improbables, comme Emma, qui ne fait que quelques apparitions, mais quelles apparitions ! Je n’ai garde d’oublier non plus l’ambiance dans laquelle baigne ce roman. Nous sommes véritablement en Louisiane, avec ses odeurs, ses sonorités, ses couleurs, sa vie en quelque sorte, dont la mort n’est jamais loin.
Un roman prenant et réussi – avec une pointe d’apaisement à la fin.
Sharon- Modérateur
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Age : 46
Localisation : Normandie
Emploi/loisirs : professeur
Genre littéraire préféré : romans policiers et polars
Date d'inscription : 01/11/2008
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