[North, Alex] L'homme aux murmures
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[North, Alex] L'homme aux murmures
Titre : L'homme aux murmures
Auteur : Alex North
Edition : du Seuil
Nombre de pages : 400 pages
Présentation de l’éditeur :
Si tu laisses la porte entrebâillée, les murmures viendront se glisser…
Un écrivain veuf, Tom, et son fils de 8 ans, Jake, emménagent dans une nouvelle ville.
Featherbank. Si charmante et calme en apparence.
Où vingt ans plus tôt, un serial killer a été arrêté après avoir tué plusieurs enfants.
On l’appelait l’Homme aux murmures.
Des murmures que Jake a entendus. A la porte de sa maison.
Et si tout recommençait ?
Mon avis :
Bienvenue à Fetherbank. Une ville très calme. C’est là que Tom a décidé de poursuivre sa vie, avec son fils Jake. Tom est écrivain, comme nous le prouve les premières pages du roman pendant lesquels il s’adresse à son fils. Tom fait de son mieux, il se sent dépassé par la mort brutale de sa femme. Il a l’impression de ne pas comprendre son fils, de ne pas faire assez pour lui, se demandant sans arrêt ce que Rebecca, sa femme, aurait fait à sa place. Oui, l’ombre de Rebecca plane sur Tom, sur Jake, elle est beaucoup plus sympathique que l’héroïne de Daphné du Maurier. Rebecca était tout amour pour son mari, pour son fils, et elle l’est encore, par-delà son décès.
Sans le savoir, ils arrivent tous les deux au mauvais endroit, au mauvais moment. Ils ne peuvent se douter qu’un enfant de l’âge de Jake a été retrouvé mort, deux mois après sa disparition, et que l’enquête piétine. Personne n’en parle – sauf quelques enfants à l’école. Personne ne parle non plus de la mort violente de l’ancien locataire de la maison achetée par Tom, maison choisie sur photo par son fils Jake. Encore un secret bien gardé.
Puis, les phénomènes paranormaux débutent. Il est le propre de la littérature fantastique (je pense notamment au Tour d’écrou d’Henry James) d’avoir au coeur de son intrigue un enfant particulièrement sensible qui perçoive des entités que les adultes, bien plus rationnels, ne soupçonnent pas, ou plus. Tom était aussi sensible que son fils à son âge, et, d’ailleurs, sa propre perception de certains faits, son écriture, prouve qu’il n’a pas temps perdu que cela. A lui de s’abandonner, d’oublier les conventions, si j’ose dire. Fréquents dans la littérature fantastique, oui, nettement moins dans la littérature policière. Et pourtant : il est, dans le roman policier aussi, des victimes qui ne trouvent pas l’apaisement, et elles se trouvent ainsi, si j’ose dire, matérialisées. Les victimes sont souvent les grandes oubliées, au profit des criminels.
Oui, ce roman nous emporte, finalement, sur plusieurs temporalités, l’affaire en cours renvoie à une affaire jugée, classée, qui a eu lieu vingt ans plus tôt et qui a laissé des traces : cinq jeunes garçons ont été assassinés, quatre corps ont été retrouvés. Le policier en charge de l’enquête à l’époque, Pete Willis, continue de rendre visite au tueur – parce qu’il n’a jamais dit ce qu’il avait fait du cinquième corps. Dire que le policier, qui se trouve de plus vivre non loin du lieu où le nouveau meurtre a eu lieu, reste très marqué par ce qui s’est passé est peu dire. La discipline que Pete s’impose est liée à sa volonté de ne pas sombrer. Est-ce facile, quand l’on voit que Carter, le tueur, fascine, qu’il existe un véritable business autour des criminels, que des femmes sont presque prêtes à se jeter à leurs pieds. Même s’il est enfermé, un tueur parvient encore à nuire – alors que peu, finalement, parlent au nom des victimes. Et pourtant, nous les voyions, dans ce livre, les victimes, nous les découvrons, nous passons beaucoup de temps avec l’une d’entre elles, qui sait bien, se doute bien que tout est prétexte pour, finalement, en finir avec elle. Les tueurs, celui du passé, celui du présent, ne sont jamais idéalisés, excusés. Avoir une enfance difficile n’est pas rare. S’en détacher est indispensable pour grandir. S’en sortir est possible, avec plus ou moins de séquelles, avec de grandes difficultés à bâtir des liens avec les autres. A construire sa propre famille aussi, sa vie d’adulte (sa carrière est trop réducteur).
Avant de terminer ma chronique, je me rends compte qu’en parlant de transmission, je n’ai pas parlé de ces comptines typiquement anglaise, qui rythmaient déjà les romans d’Agatha Christie. Il en est une ici aussi, plus inquiétante qu’apaisante, parce que sa transmission se fait en secret, furtivement, comme un moyen de ne pas oublier le danger qui rôde.
L’espoir est-il possible ? Pas toujours. Il faut beaucoup de force pour le conserver.
Auteur : Alex North
Edition : du Seuil
Nombre de pages : 400 pages
Présentation de l’éditeur :
Si tu laisses la porte entrebâillée, les murmures viendront se glisser…
Un écrivain veuf, Tom, et son fils de 8 ans, Jake, emménagent dans une nouvelle ville.
Featherbank. Si charmante et calme en apparence.
Où vingt ans plus tôt, un serial killer a été arrêté après avoir tué plusieurs enfants.
On l’appelait l’Homme aux murmures.
Des murmures que Jake a entendus. A la porte de sa maison.
Et si tout recommençait ?
Mon avis :
Bienvenue à Fetherbank. Une ville très calme. C’est là que Tom a décidé de poursuivre sa vie, avec son fils Jake. Tom est écrivain, comme nous le prouve les premières pages du roman pendant lesquels il s’adresse à son fils. Tom fait de son mieux, il se sent dépassé par la mort brutale de sa femme. Il a l’impression de ne pas comprendre son fils, de ne pas faire assez pour lui, se demandant sans arrêt ce que Rebecca, sa femme, aurait fait à sa place. Oui, l’ombre de Rebecca plane sur Tom, sur Jake, elle est beaucoup plus sympathique que l’héroïne de Daphné du Maurier. Rebecca était tout amour pour son mari, pour son fils, et elle l’est encore, par-delà son décès.
Sans le savoir, ils arrivent tous les deux au mauvais endroit, au mauvais moment. Ils ne peuvent se douter qu’un enfant de l’âge de Jake a été retrouvé mort, deux mois après sa disparition, et que l’enquête piétine. Personne n’en parle – sauf quelques enfants à l’école. Personne ne parle non plus de la mort violente de l’ancien locataire de la maison achetée par Tom, maison choisie sur photo par son fils Jake. Encore un secret bien gardé.
Puis, les phénomènes paranormaux débutent. Il est le propre de la littérature fantastique (je pense notamment au Tour d’écrou d’Henry James) d’avoir au coeur de son intrigue un enfant particulièrement sensible qui perçoive des entités que les adultes, bien plus rationnels, ne soupçonnent pas, ou plus. Tom était aussi sensible que son fils à son âge, et, d’ailleurs, sa propre perception de certains faits, son écriture, prouve qu’il n’a pas temps perdu que cela. A lui de s’abandonner, d’oublier les conventions, si j’ose dire. Fréquents dans la littérature fantastique, oui, nettement moins dans la littérature policière. Et pourtant : il est, dans le roman policier aussi, des victimes qui ne trouvent pas l’apaisement, et elles se trouvent ainsi, si j’ose dire, matérialisées. Les victimes sont souvent les grandes oubliées, au profit des criminels.
Oui, ce roman nous emporte, finalement, sur plusieurs temporalités, l’affaire en cours renvoie à une affaire jugée, classée, qui a eu lieu vingt ans plus tôt et qui a laissé des traces : cinq jeunes garçons ont été assassinés, quatre corps ont été retrouvés. Le policier en charge de l’enquête à l’époque, Pete Willis, continue de rendre visite au tueur – parce qu’il n’a jamais dit ce qu’il avait fait du cinquième corps. Dire que le policier, qui se trouve de plus vivre non loin du lieu où le nouveau meurtre a eu lieu, reste très marqué par ce qui s’est passé est peu dire. La discipline que Pete s’impose est liée à sa volonté de ne pas sombrer. Est-ce facile, quand l’on voit que Carter, le tueur, fascine, qu’il existe un véritable business autour des criminels, que des femmes sont presque prêtes à se jeter à leurs pieds. Même s’il est enfermé, un tueur parvient encore à nuire – alors que peu, finalement, parlent au nom des victimes. Et pourtant, nous les voyions, dans ce livre, les victimes, nous les découvrons, nous passons beaucoup de temps avec l’une d’entre elles, qui sait bien, se doute bien que tout est prétexte pour, finalement, en finir avec elle. Les tueurs, celui du passé, celui du présent, ne sont jamais idéalisés, excusés. Avoir une enfance difficile n’est pas rare. S’en détacher est indispensable pour grandir. S’en sortir est possible, avec plus ou moins de séquelles, avec de grandes difficultés à bâtir des liens avec les autres. A construire sa propre famille aussi, sa vie d’adulte (sa carrière est trop réducteur).
Avant de terminer ma chronique, je me rends compte qu’en parlant de transmission, je n’ai pas parlé de ces comptines typiquement anglaise, qui rythmaient déjà les romans d’Agatha Christie. Il en est une ici aussi, plus inquiétante qu’apaisante, parce que sa transmission se fait en secret, furtivement, comme un moyen de ne pas oublier le danger qui rôde.
L’espoir est-il possible ? Pas toujours. Il faut beaucoup de force pour le conserver.
Sharon- Modérateur
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Age : 46
Localisation : Normandie
Emploi/loisirs : professeur
Genre littéraire préféré : romans policiers et polars
Date d'inscription : 01/11/2008
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