[Georget, Philippe] Une ritournelle ne fait pas le printemps
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[Georget, Philippe] Une ritournelle ne fait pas le printemps
Une ritournelle ne fait pas le printemps
Auteur : Philippe Georget
Éditions : Jigal (17 Septembre 2019)
ISBN : 978-2377220823
266 pages
Quatrième de couverture
Un Vendredi Saint à Perpignan. Comme chaque année depuis cinq siècles, la procession de la Sanch se met en marche. Soudain, quelques pétards brisent le silence et la panique gagne la procession. Quand le calme revient, un pénitent ensanglanté reste étendu à terre, poignardé. Au même moment un violent hold-up se produit, non loin de là, dans une bijouterie... L'enquête conduit très vite le lieutenant Sebag des ruelles encombrées du quartier gitan de Saint-Jacques aux appartements feutrés de la bonne société catholique catalane.
Mon avis
Douce France …
Et oui, douce France comme la chanson du fou chantant, dont il va être question dans ce roman. Charles Trenet était propriétaire d’une maison Perpignan et cette dernière va être liée à l’intrigue. Pourquoi ? Parce que son possesseur vient d’être assassiné au cours de la procession de la Sanch pendant la semaine sainte. Cette tradition perdure depuis de nombreuses années. Les pénitents de la Confrérie de la Sanch revêtent la caparutxa, noire pour les pénitents et rouge pour le Régidor qui symbolise le condamné à mort que les confrères accompagnent au gibet. Au rythme des tambours, des chants funèbres, le cortège s’ébranle suivi par des adeptes et des curieux. L’homme qui a été tué était un des participants. Qui a commis ce crime et pourquoi ? En parallèle, une bijouterie, située non loin du lieu où se déroule ce rassemblement, vient d’être braquée. Le lieutenant Sebag et son équipe vont se retrouver confrontés à deux enquêtes sans lien apparent….mais je ne vous apprendrai rien en écrivant que tout n’est qu’apparence justement ….
Ce roman a été une belle lecture pour plusieurs raisons.
La ville de Perpignan en toile de fond est un beau décor. Sous des apparences de soleil et de légèreté, on s’aperçoit que, comme partout, on peut y rencontrer la misère et des difficultés.
Le personnage du libraire est un point d’orgue, une de ses subtilités qui change le récit, lui apportant une part d’humanité. De plus, cette rencontre permet à Sebag de montrer une part cachée de lui-même.
Le cheminement des individus liés à la procession est intéressant. On découvre ce qui les unit ou les divise, l’importance de la Sanch a un moment donné de leur vie. Le poids des traditions est lourd, les secrets également…
La « présence » en filigrane du fou chantant apporte un plus à toute l’intrigue. Des faits réels ou romancés sont associés à l’histoire avec intelligence et c’est un vrai climat qui s’instaure ainsi.
L’ensemble des protagonistes est réfléchi, étoffé, on va plus loin qu’une présentation basique. Il y a un vrai contexte porteur de sens. Chacun a une part d’ombre en rapport avec son histoire personnelle, son passé. Certains essaient d’oublier, d’autres veulent avancer, et il reste ceux qui se résignent ou se taisent et qu’il faut alors bousculer un tantinet pour qu’ils s’expriment.
Au-delà de toutes ces considérations, il y a le style et l’écriture de Philippe Georget, un phrasé qui résonne en vous, parce qu’il délivre, entre les lignes, des messages qui vont plus loin que l’enquête, qui entraînent une réelle réflexion sur le sens qu’on veut donner à sa vie, à son quotidien, à ses relations aux autres. Il ne se contente pas de nous dérouler les investigations des enquêteurs, il parle aussi de la vie, la leur et celles de ceux qu’on côtoie au fil des chapitres.
Un excellent roman policier mais pas que… il y a également une approche sociétale. Trouver sa place dans une cité n’est pas si évident qu’on peut l’imaginer. Des « codes » régissent les enjeux et les « rôles » des citoyens comme sur un immense échiquier et dès qu’un pion trompe la règle générale, tout s’écroule et devient différent. L’auteur nous rappelle avec brio, qu’il suffit de peu pour qu’on bascule d’un côté ou d’un autre, car il y a des événements qui se vivent et d’autres qu’on se doit de taire (au nom de quoi ? vaste question, ah, le qu’en dira-t-on a encore de beaux jours devant lui) ….
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