[Balavoine, Lisa] Un garçon, c'est presque rien
2 participants
Page 1 sur 1
Votre avis
[Balavoine, Lisa] Un garçon, c'est presque rien
Titre : Un garçon, c'est presque rien
Auteur : Lisa Balavoine
Editeur : Rageot
Nombre de pages : 256 pages
Présentation de l’éditeur :
Une chambre d’hôpital. Dans le lit, un garçon. À côté, une fille, qui attend qu’il se réveille. Au travers du coma de Roméo, son histoire : pourquoi, comment, la vie l’a-t-elle amené là ?
Mon avis :
Je commence la rédaction de mon avis et je raisonne en professeure, parce que j’ai très envie de faire découvrir ce titre à mes troisièmes. Soucis : certains adultes pourraient être choqués par le réalisme de ce qui est raconté ? C’est justement ce qui est intéressant dans ce livre, le réalisme des situations racontées, et c’est bien le problème.
Roméo, le narrateur, est un garçon hors-norme, un garçon qui ne rentre pas dans les cases, et qui ne veut pas y rentrer. En revanche, il est des personnes – beaucoup – qui ne voit pas plus loin que les clichés dont ils ont la tête remplie, et qui essaient de le faire rentrer dans ces fameuses cases. Ses parents sont les premiers à vouloir le faire entrer dans cette norme, eux qui assurent ses besoins matériels, le questionnent sur sa scolarité et pensent qu’il a un problème – forcément, puisqu’il n’est pas dans leur norme. Il est cependant un adulte qui ne demande rien à Roméo, avec lequel il peut être lui : son oncle, le frère de son père, qui n’est pas non plus vraiment dans la norme (disquaire, célibataire après des échecs amoureux).
Plus nous avançons dans le récit, plus nous nous rendons compte qu’il ne s’agit pas seulement de ce harcèlement ordinaire que l’on regarde peu, mais qu’il s’agit aussi de parler d’un autre phénomène de société dont on parle encore moins, le revenge porn, si ce n’est pour accabler les jeunes filles, les jeunes femmes qui en sont victimes, donnant l’impunité à ceux qui sont les auteurs de ce harcèlement en ligne.
Oui, ce roman est, à travers le personnage de Roméo, son raisonnement, une réflexion sur ce qu’est la masculinité aujourd’hui. Il est ce que l’on attend d’un jeune homme, ce que l’on tolère même d’un homme, ce que l’on accepte pas de lui, et Roméo ne veut pas être ce genre d’homme. Auprès de lui, Justine, une jeune fille féministe, qu’il amène aussi à se questionner sur ce qu’est le féministe, pour que cela ne reste pas seulement un mot. J’ai apprécié aussi qu’au sein de ce lycée, l’infirmière, la professeure de français puis le proviseur se comportent comme des adultes responsables.
Un dernier mot pour la forme que prend ce livre, ces vers libres qui épousent les pensées de Roméo. Cela m’a semblé faciliter la lecture, avec le décalage qu’elle offre un contraste entre la gravité des sujets traités et la poésie de l’écriture.
Un beau roman à faire découvrir.
Auteur : Lisa Balavoine
Editeur : Rageot
Nombre de pages : 256 pages
Présentation de l’éditeur :
Une chambre d’hôpital. Dans le lit, un garçon. À côté, une fille, qui attend qu’il se réveille. Au travers du coma de Roméo, son histoire : pourquoi, comment, la vie l’a-t-elle amené là ?
Mon avis :
Je commence la rédaction de mon avis et je raisonne en professeure, parce que j’ai très envie de faire découvrir ce titre à mes troisièmes. Soucis : certains adultes pourraient être choqués par le réalisme de ce qui est raconté ? C’est justement ce qui est intéressant dans ce livre, le réalisme des situations racontées, et c’est bien le problème.
Roméo, le narrateur, est un garçon hors-norme, un garçon qui ne rentre pas dans les cases, et qui ne veut pas y rentrer. En revanche, il est des personnes – beaucoup – qui ne voit pas plus loin que les clichés dont ils ont la tête remplie, et qui essaient de le faire rentrer dans ces fameuses cases. Ses parents sont les premiers à vouloir le faire entrer dans cette norme, eux qui assurent ses besoins matériels, le questionnent sur sa scolarité et pensent qu’il a un problème – forcément, puisqu’il n’est pas dans leur norme. Il est cependant un adulte qui ne demande rien à Roméo, avec lequel il peut être lui : son oncle, le frère de son père, qui n’est pas non plus vraiment dans la norme (disquaire, célibataire après des échecs amoureux).
Plus nous avançons dans le récit, plus nous nous rendons compte qu’il ne s’agit pas seulement de ce harcèlement ordinaire que l’on regarde peu, mais qu’il s’agit aussi de parler d’un autre phénomène de société dont on parle encore moins, le revenge porn, si ce n’est pour accabler les jeunes filles, les jeunes femmes qui en sont victimes, donnant l’impunité à ceux qui sont les auteurs de ce harcèlement en ligne.
Oui, ce roman est, à travers le personnage de Roméo, son raisonnement, une réflexion sur ce qu’est la masculinité aujourd’hui. Il est ce que l’on attend d’un jeune homme, ce que l’on tolère même d’un homme, ce que l’on accepte pas de lui, et Roméo ne veut pas être ce genre d’homme. Auprès de lui, Justine, une jeune fille féministe, qu’il amène aussi à se questionner sur ce qu’est le féministe, pour que cela ne reste pas seulement un mot. J’ai apprécié aussi qu’au sein de ce lycée, l’infirmière, la professeure de français puis le proviseur se comportent comme des adultes responsables.
Un dernier mot pour la forme que prend ce livre, ces vers libres qui épousent les pensées de Roméo. Cela m’a semblé faciliter la lecture, avec le décalage qu’elle offre un contraste entre la gravité des sujets traités et la poésie de l’écriture.
Un beau roman à faire découvrir.
Sharon- Modérateur
-
Nombre de messages : 13271
Age : 46
Localisation : Normandie
Emploi/loisirs : professeur
Genre littéraire préféré : romans policiers et polars
Date d'inscription : 01/11/2008
Re: [Balavoine, Lisa] Un garçon, c'est presque rien
Voilà un texte qui m’a déstabilisée. J’ai du mal à le qualifier de roman, même s’il est ainsi identifié par l’éditeur. Des mots, des bouts de phrases suspendus… Lisa Balavoine s’est affranchie des codes. De tous les codes. Les points ne ferment plus les phrases, les alinéas n’en font qu’à leur tête. Et les majuscules sont bien présentes. Même sans point.
Au début, j’ai pensé ne pas finir. Je me suis dit que je lui donnais sa chance, que je lisais 10 % avant d’arrêter. Entre temps, j’ai eu le fil à la patte et j’ai plongé dans les pensées de ce garçon. Je suis restée perturbée par la forme, et, ma lecture achevée, je suis incapable de dire si j’ai apprécié malgré ce format si particulier, ou si ce… style a renforcé les paroles de Roméo.
Roméo. Ah Roméo ! Il est né garçon. Mais ils sont si violents, si cruels. Il dénote au milieu d’eux. Être gentil et sensible est anormal ? Mais pourquoi être normal, si c’est devenir ainsi ?
Isolé, que ce soit au bahut ou à la maison (les parents sont nuls, mention spéciale à la mère qui est à vomir), pas tout à fait comme les autres, Roméo est un antihéros.
Avoir des personnages atypiques, sur fond de sujets primordiaux pour des ados, ça fait du bien.
Citations :
« personne ne me regarde, personne ne me connaît, je m’appelle Roméo et je rêve souvent que j’explose en plein vol. »
« La violence, la colère, la brutalité
Ils font des grands gestes
Ils gueulent, ils pensent qu’il faut crier,
Que pour se faire entendre il faut parler plus fort
Et piétiner les autres jusqu’à les écraser. »
« Je suis ce garçon de nulle part
Ce garçon qui avance au hasard »
Au début, j’ai pensé ne pas finir. Je me suis dit que je lui donnais sa chance, que je lisais 10 % avant d’arrêter. Entre temps, j’ai eu le fil à la patte et j’ai plongé dans les pensées de ce garçon. Je suis restée perturbée par la forme, et, ma lecture achevée, je suis incapable de dire si j’ai apprécié malgré ce format si particulier, ou si ce… style a renforcé les paroles de Roméo.
Roméo. Ah Roméo ! Il est né garçon. Mais ils sont si violents, si cruels. Il dénote au milieu d’eux. Être gentil et sensible est anormal ? Mais pourquoi être normal, si c’est devenir ainsi ?
Isolé, que ce soit au bahut ou à la maison (les parents sont nuls, mention spéciale à la mère qui est à vomir), pas tout à fait comme les autres, Roméo est un antihéros.
Avoir des personnages atypiques, sur fond de sujets primordiaux pour des ados, ça fait du bien.
Citations :
« personne ne me regarde, personne ne me connaît, je m’appelle Roméo et je rêve souvent que j’explose en plein vol. »
« La violence, la colère, la brutalité
Ils font des grands gestes
Ils gueulent, ils pensent qu’il faut crier,
Que pour se faire entendre il faut parler plus fort
Et piétiner les autres jusqu’à les écraser. »
« Je suis ce garçon de nulle part
Ce garçon qui avance au hasard »
Sujets similaires
» [Fenton, Liz & Steinke, Lisa] À nos vies (presque) parfaites
» [Schoepfer, Marie] Lisa au pays des Cigales - Lisa sous le ciel de Camargue
» [Balavoine, Cécile] Une fille de passage.
» [Balavoine, Séverine] Montagnes, petit renne et embrouilles pour Noël
» [Roughan, Howard] Un mensonge presque parfait
» [Schoepfer, Marie] Lisa au pays des Cigales - Lisa sous le ciel de Camargue
» [Balavoine, Cécile] Une fille de passage.
» [Balavoine, Séverine] Montagnes, petit renne et embrouilles pour Noël
» [Roughan, Howard] Un mensonge presque parfait
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum