[Barbey d'Aurevilly, Jules] Une vieille maîtresse
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[Barbey d'Aurevilly, Jules] Une vieille maîtresse
Titre : Une vieille maîtresse
Auteur : Jules BARBEY D'AUREVILLY
Parution : 1851 (1979 chez Folio Classique)
Pages : 544
Présentation de l'éditeur :
Un homme, Marigny, pris entre une sylphide et une catin. La sylphide, c'est sa femme, Hermangarde ; la catin : Vellini, une Espagnole qui n'est même pas belle mais lui a empoisonné le cœur, le sexe et le sang. Marigny, retiré dans le Cotentin, s'est juré de rompre. Mais, un jour qu'il se promène à cheval le long de la mer, il retrouve Vellini ; et la pure Hermangarde, dans une des scènes les plus «diaboliques» de l'œuvre de Barbey, sous une effroyable tempête de neige, assistera, collée à la fente d'une fenêtre, aux furieux ébats du couple et manquera d'en mourir. «Tu passeras sur le cœur de la jeune fille que tu épouses pour me revenir !» avait prédit la Vellini.
Un mot sur l'auteur :
Jules Amédée Barbey d'Aurevilly (1808-1889) est originaire du Cotentin. Romancier, nouvelliste, essayiste, poète, critique littéraire, journaliste, dandy et polémiste, il fut surnommé "Le Connétable des lettres". Son oeuvre la plus célèbre aujourd'hui est son recueil de nouvelles Les Diaboliques, où l'insolite et la transgression lui valurent d'être taxé d'immoralisme.
Avis :
Après dix ans d’une liaison passionnée et orageuse avec une mystérieuse et fantasque Andalouse au tempérament de feu, le séduisant et donjuanesque Ryno de Marigny tombe profondément amoureux de la sage Hermangarde de Polastron, une jeune beauté blonde qu’il décide d’épouser. C’est compter sans la détermination à le reconquérir de son ancienne maîtresse, La Vellini, qui ne tarde pas à rôder autour de la demeure des jeunes mariés, à Barneville dans le Cotentin…
En partie inspirée d’une expérience amoureuse de l’auteur, cette histoire d’un homme malgré lui incapable de se détacher de sa maîtresse, et qui finit par briser la vie de son couple, fit scandale lors de sa publication, suscitant la réprobation morale et religieuse d’un public habitué au fort engagement catholique de l’auteur. Pourtant, rien dans ce roman n’est aussi manichéen que le simple triomphe du Mal sur le Bien, de la passion charnelle sur la pure vertu, que semblent à première vue incarner les figures si contrastées de la démoniaque Vellini et de la séraphique Hermangarde.
Ici, point de cruauté ni de manipulation perverse comme dans Les Liaisons dangereuses de Laclos, opposant, d’un côté, les libertins, de l’autre, leurs victimes : chez Barbey d’Aurevilly, aucun des personnages ne mène le jeu, mais tous le subissent avec un égal malheur. Ryno est sincère dans son amour pour Hermangarde, mais, tout comme sa sulfureuse maîtresse, s’avère prisonnier d’une addiction subie comme une malédiction, d’une fatale domination de la chair sur un esprit vaincu et une raison perdue, comme si un maléfice les liait à jamais dans une relation destructrice, voire vampirique, symbolisée par leur pacte de sang. La blanche épouse quant à elle, une fois revenue de son idolâtrie pour son mari, se mure dans sa blessure et son orgueil, se statufiant en être de glace privé de toute capacité de pardon, et laissant, sans dialogue et sans la moindre lutte, le champ libre au feu de sa rivale.
Dans le cadre d’un Cotentin sauvage propice à toutes les légendes et tous les ensorcellements, Barbey d’Aurevilly nous livre, dans un style de haute volée, une peinture et une analyse en profondeur de comportements humains, que la bonne société d’alors observe, commente et condamne sans comprendre. L’on ne s’étonnera dès lors plus que Théophile Gautier ait déclaré à son propos que "Depuis la mort de Balzac, nous n'avons pas encore vu un livre de cette valeur et de cette force." (4/5)
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