[Salines, Georges et Amimour, Azdyne] Il nous reste les mots
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Il nous reste les mots
Georges Salines et Azdyne Amimour
Robert Laffont
2020
ISBN : 978-2-286-16569-7
192 pages
Georges Salines et Azdyne Amimour
Robert Laffont
2020
ISBN : 978-2-286-16569-7
192 pages
Résumé de couverture :
" Ce dialogue inattendu avec un homme musulman, tolérant, et pourtant père de djihadiste, représentait une extraordinaire opportunité de montrer qu'il nous était possible de parler. Si un tel échange avait lieu entre nous, alors nous pouvions abattre les murs de méfiance, d'incompréhension, et parfois de haine, qui divisent nos sociétés. " Georges Salines.
" Aujourd'hui, c'est avant tout une histoire de confiance et d'amitié qui nous unit. Nous avons appris à nous apprécier, pour comprendre, ensemble, et prévenir. Nous avons remonté le temps, tissé le fil de nos vies et de celles de nos enfants. Pour qu'une telle horreur ne se répète jamais plus. " Azdyne Amimour.
Georges Salines a perdu sa fille Lola dans l'attentat du 13 novembre 2015 au Bataclan. Elle avait vingt-huit ans.
De sa rencontre avec Azdyne Amimour, père de l'un des assaillants, a émergé un dialogue inédit. Georges Salines porte la mémoire de sa fille et de nombreuses autres victimes, tandis qu'Azdyne Amimour cherche à comprendre comment son fils a pu commettre des actes qu'il condamne sans appel. Poussés par une curiosité mutuelle, tous deux se racontent et déroulent le récit de " leur " 13-Novembre.
Au fil de cette conversation, un profond respect est né entre ces deux pères que tout aurait pourtant dû opposer. Leur témoignage nourrit une réflexion apaisée sur la radicalisation, l'éducation et le deuil. Parce que s'il reste les mots, il reste aussi l'espoir.
Mon avis :
Le sujet est dur, mais je ne dirais pas pour autant "âmes sensibles s'abstenir", car dans cet échange entre deux pères meurtris, pour essayer de comprendre ce qui est arrivé à leurs enfants, pourquoi l'une a été victime de la tuerie du Bataclan, et l'autre se trouvait dans les djihadistes meurtriers, l'approche est pudique et tout en nuances. C'est d'un échange émouvant et vrai qu'il s'agit.
Le soir du 13 novembre 2015, et dans le tourbillon des jours suivants, deux familles vivent une expérience radicalement différente l'une de l'autre, tout pourrait les séparer, et pourtant, une certaine idée de l'humanité, qui ne cède devant rien, les met en présence, les rapproche, met en parallèle leur trajectoire jusqu'en ce point
fatal.
Lola Salines, jeune libraire qui adorait son métier, assiste au concert des Eagles of Death Metal (une amie avait des places, elle l'a invitée). Ses parents ne savent rien, ils seront alertés par les frères de Lola plus tard dans la nuit, quand il apparaît évident qu'elle n'en a pas réchappé.
Azdyne Amimour sait depuis longtemps que son fils est parti rejoindre Daech en Syrie, il le croit sur le front, à mille lieues d'imaginer que Samy est rentré en France via la Belgique, et se trouve parmi les tueurs.
Les deux hommes se rencontrent, décident d'échanger sur le parcours de leurs enfants, leur histoire familiale ; ils s'interrogent sur leur propre rapport à leur culture, à la religion, la politique, le voyage et les civilisations étrangères. Ils parlent d'islam, d'athéisme, de porosité aux théories du complot, ils cherchent des raisons. Ils racontent également leur engagement postérieur aux événements, ce qu'ils ont voulu, ce dont ils se sont gardés. Ils évoquent le chagrin, la perte irrémédiable, les réactions des autres, la résilience aussi.
J'ai aimé ce livre et je l'ai lu facilement : des réflexions m'ont intéressée, et vers la fin, ils évoquent des pistes pour combattre la radicalisation des jeunes, notamment des pistes pour la société. J'ai apprécié les passages dans lesquels Georges Salines évoque son athéisme, et j'ai lu avec émotion la lettre que chacun des pères adresse à l'enfant de l'autre, tout à la fin.
Il m'a manqué peut-être une qualité littéraire, je suis toujours un peu déçue par les essais ou témoignages, qui se lisent facilement, mais s'oublient ensuite. Toutefois, la démarche d'ouverture, d'altruisme, d'acceptation, reste gravée, je n'oublierai pas cette amitié qui se tisse au fil des mots, dans la sincérité, sans jugement... Puisque de ces ruines il reste les mots.
Extraits :
"L'identité ne peut être uniquement un héritage, elle doit être aussi un gage d'avenir." Azdyne Amimour (chapitre "La radicalisation d'un fils", page 37)
"Bien sûr, la priorité des policiers était d'arrêter le massacre et ils ont dû pour cela abattre les assaillants, je le comprends tout à fait ; mais j'aurais préféré qu'ils soient appréhendés vivants, si cela avait été possible, et condamnés à une longue peine. Je suis contre le caractère définitif de la peine de mort, qui nous prive d'explications à tous. En quelque sorte, elle place le condamné à l'abri du regard et du jugement de ses victimes. Une fois mort, je perds le pouvoir de lui pardonner, mais également celui de lui refuser mon pardon." Georges Salines ("Maintenant que la jeunesse...", page 160)
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