[Lupano, Wilfrid & Fert, Stéphane] Blanc autour
4 participants
Partage lecture :: Nos critiques :: BD, Mangas :: BD
Page 1 sur 1
Votre avis
[Lupano, Wilfrid & Fert, Stéphane] Blanc autour
Titre : Blanc autour
Auteur : Wilfrid Lupano et Stéphane Fert
éditeur : éditions Dargaud
Nombre de pages : 144 pages
Présentation de l’éditeur :
1832, Canterbury. Dans cette petite ville du Connecticut, l’institutrice Prudence Crandall s’occupe d’une école pour filles. Un jour, elle accueille dans sa classe une jeune noire, Sarah. La population blanche locale voit immédiatement cette « exception » comme une menace. Même si l’esclavage n’est plus pratiqué dans la plupart des États du Nord, l’Amérique blanche reste hantée par le spectre de Nat Turner : un an plus tôt, en Virginie, cet esclave noir qui savait lire et écrire a pris la tête d’une révolte sanglante. Pour les habitants de Canterbury, instruction rime désormais avec insurrection.
Mon avis :
A moins d’avoir vécu totalement coupé de la littérature et de la culture, nous avons tous entendu parler de la guerre de Sécession, opposant les confédérés et les unionistes, ou, pour faire encore plus court, les esclavagistes et les anti-esclavagistes. Mais connaissons-nous seulement les actions qui se sont passées avant cette guerre ? Pas vraiment, ce qui est pour moi une version optimiste de « non ». J’ajoute que, si quelqu’un vient sur mon blog pour m’expliquer que « tout le monde était esclavagiste au XIXe siècle et que c’était normal, je ne vois pas ce qui te choque » (spoiler, c’est déjà arrivé qu’on me le dise), je ne perds pas mon temps à expliquer que non, tout le monde ne l’était pas, non, tout le monde ne l’admettait pas.
Parmi ces pionniers, se trouve Prudence Crandall. Elle est institutrice, elle dirige une école pour jeunes filles de bonne famille dans le Connecticut, dans les années 1830. Est-il besoin de préciser que ce sont des jeunes filles blanches ? Non, pas vraiment. Un jour, elle accueille une jeune fille noire : elle aussi veut apprendre, surtout qu’elle a des questions bien précises sur certains phénomènes physiques, et qu’elle possède donc une vraie curiosité intellectuelle. Hors de question pour les habitants de Canterbury que leurs filles aillent à l’école avec elle. Prudence Crandall ouvre donc son école exclusivement aux jeunes filles de couleur, peu importe de quel État elles viennent. Ce n’est pas les ennuis qui commencent, ce sont les ennuis qui continuent, qui s’amplifient, au point de ne plus être des ennuis, mais des actes de malveillance, de violence, de brutalité inouïe. Faut-il que l’instruction des femmes de couleur fassent peur aux Blancs bien pensant pour en arriver à de telles actions ? Oui. Les bons notables croyaient fermement que Nat Turner, dont la légende sous-tend le récit, était devenu un révolté parce qu’il était un esclave qui savait lire. Cela prouve simplement que leur instruction ne leur permet pas vraiment de réfléchir.
Ce n’est pas que le récit soit difficile à lire, c’est qu’il montre à quel point l’homme est capable du pire. Le meilleur est plus difficile à trouver. Laisser libre cours à ses pulsions, à sa bassesse, blesser, tuer, ne semble pas si compliqué. Et à ceux qui diraient que c’est le passé, c’est loin… Non. Je crains qu’il ne faille d’un rien pour que les pires pulsions ne s’expriment à nouveau. Si tant est qu’elles ne s’expriment pas déjà.
Comme souvent dans la bande dessinée, j’ai été sensible aux jeux des couleurs qui montrent la magnificence de la nature, le passage des jours, le déferlement de la violence aussi, et la douleur, le deuil qui s’ensuit. Je l’ai un peu moins été au graphisme proprement dit. Cela ne m’a pas empêché d’être sensible aux nombreux messages transmis par ce livre, par ces interrogations, notamment sur ce que l’on enseigne et comment on l’enseigne : « Je veux bien apprendre Alexandre le Grand, « L’Iliade », Christophe Colomb, le Mayflower… Mais j’ai besoin de comprendre la différence entre un ignoble massacre et une conquête héroïque. Parce que je ne la vois pas, mademoiselle. Je ne la vois pas. »
Ou encore : « Apprenez docilement la culture des blancs ! Vénérez les écrivains des blancs, l’histoire écrite par les blancs ! Les noms des hommes célèbres blancs ! La philosophie des blancs ! Gavez-vous du monde des blancs ! A la fin vous serez toujours aussi noires. »
Ne ratez surtout pas, à la fin du volume, le dossier sur la Canterbury Female School, et sur ce que l’on sait du devenir de Prudence Candrall et de ses élèves : son engagement pour l’éducation, la justice sociale et l’égalité pour les Afro-Américains ne s’est pas arrêté à la fermeture de son école.
Auteur : Wilfrid Lupano et Stéphane Fert
éditeur : éditions Dargaud
Nombre de pages : 144 pages
Présentation de l’éditeur :
1832, Canterbury. Dans cette petite ville du Connecticut, l’institutrice Prudence Crandall s’occupe d’une école pour filles. Un jour, elle accueille dans sa classe une jeune noire, Sarah. La population blanche locale voit immédiatement cette « exception » comme une menace. Même si l’esclavage n’est plus pratiqué dans la plupart des États du Nord, l’Amérique blanche reste hantée par le spectre de Nat Turner : un an plus tôt, en Virginie, cet esclave noir qui savait lire et écrire a pris la tête d’une révolte sanglante. Pour les habitants de Canterbury, instruction rime désormais avec insurrection.
Mon avis :
A moins d’avoir vécu totalement coupé de la littérature et de la culture, nous avons tous entendu parler de la guerre de Sécession, opposant les confédérés et les unionistes, ou, pour faire encore plus court, les esclavagistes et les anti-esclavagistes. Mais connaissons-nous seulement les actions qui se sont passées avant cette guerre ? Pas vraiment, ce qui est pour moi une version optimiste de « non ». J’ajoute que, si quelqu’un vient sur mon blog pour m’expliquer que « tout le monde était esclavagiste au XIXe siècle et que c’était normal, je ne vois pas ce qui te choque » (spoiler, c’est déjà arrivé qu’on me le dise), je ne perds pas mon temps à expliquer que non, tout le monde ne l’était pas, non, tout le monde ne l’admettait pas.
Parmi ces pionniers, se trouve Prudence Crandall. Elle est institutrice, elle dirige une école pour jeunes filles de bonne famille dans le Connecticut, dans les années 1830. Est-il besoin de préciser que ce sont des jeunes filles blanches ? Non, pas vraiment. Un jour, elle accueille une jeune fille noire : elle aussi veut apprendre, surtout qu’elle a des questions bien précises sur certains phénomènes physiques, et qu’elle possède donc une vraie curiosité intellectuelle. Hors de question pour les habitants de Canterbury que leurs filles aillent à l’école avec elle. Prudence Crandall ouvre donc son école exclusivement aux jeunes filles de couleur, peu importe de quel État elles viennent. Ce n’est pas les ennuis qui commencent, ce sont les ennuis qui continuent, qui s’amplifient, au point de ne plus être des ennuis, mais des actes de malveillance, de violence, de brutalité inouïe. Faut-il que l’instruction des femmes de couleur fassent peur aux Blancs bien pensant pour en arriver à de telles actions ? Oui. Les bons notables croyaient fermement que Nat Turner, dont la légende sous-tend le récit, était devenu un révolté parce qu’il était un esclave qui savait lire. Cela prouve simplement que leur instruction ne leur permet pas vraiment de réfléchir.
Ce n’est pas que le récit soit difficile à lire, c’est qu’il montre à quel point l’homme est capable du pire. Le meilleur est plus difficile à trouver. Laisser libre cours à ses pulsions, à sa bassesse, blesser, tuer, ne semble pas si compliqué. Et à ceux qui diraient que c’est le passé, c’est loin… Non. Je crains qu’il ne faille d’un rien pour que les pires pulsions ne s’expriment à nouveau. Si tant est qu’elles ne s’expriment pas déjà.
Comme souvent dans la bande dessinée, j’ai été sensible aux jeux des couleurs qui montrent la magnificence de la nature, le passage des jours, le déferlement de la violence aussi, et la douleur, le deuil qui s’ensuit. Je l’ai un peu moins été au graphisme proprement dit. Cela ne m’a pas empêché d’être sensible aux nombreux messages transmis par ce livre, par ces interrogations, notamment sur ce que l’on enseigne et comment on l’enseigne : « Je veux bien apprendre Alexandre le Grand, « L’Iliade », Christophe Colomb, le Mayflower… Mais j’ai besoin de comprendre la différence entre un ignoble massacre et une conquête héroïque. Parce que je ne la vois pas, mademoiselle. Je ne la vois pas. »
Ou encore : « Apprenez docilement la culture des blancs ! Vénérez les écrivains des blancs, l’histoire écrite par les blancs ! Les noms des hommes célèbres blancs ! La philosophie des blancs ! Gavez-vous du monde des blancs ! A la fin vous serez toujours aussi noires. »
Ne ratez surtout pas, à la fin du volume, le dossier sur la Canterbury Female School, et sur ce que l’on sait du devenir de Prudence Candrall et de ses élèves : son engagement pour l’éducation, la justice sociale et l’égalité pour les Afro-Américains ne s’est pas arrêté à la fermeture de son école.
Sharon- Modérateur
-
Nombre de messages : 13271
Age : 46
Localisation : Normandie
Emploi/loisirs : professeur
Genre littéraire préféré : romans policiers et polars
Date d'inscription : 01/11/2008
Re: [Lupano, Wilfrid & Fert, Stéphane] Blanc autour
Mon ressenti
Dans la petite ville Canterbury, tout se passe bien et tout se déroule suivant un quotidien bien rodé. Mais c’est sans compter la pétillante Mademoiselle Prudence Crandall, la directrice de l’école de jeunes filles bien sous tous rapports, attendant chacune leur prince charmant…. Ha j’oubliai, elles sont toutes « blanches » de peau ; en 1832, on ne fait pas de mélange même si à cette époque les « noirs » sont libres mais non pas les mêmes droits.
Aussi, Mlle Prudence Crandall décrète que sa pension n’accueillera que des jeunes filles « noires ». 30 ans avant l’abolition de l’esclavage. En parallèle à cet acte qui l’a peut être influencé, l’histoire d’un esclave et d’un prédicateur afro-américain qui ont mené une révolte dans le sud des Etats-Unis.
Alors évidemment dans cette petite bourgade, les esprits sont peu ouverts à de la nouveauté et sont promptes à jeter l’opprobre sur les nouvelles venues. Ils redoutent tous qu’une nouvelle flambée de violence pointe le nez dans ce village paisible.
Rapidement, les dissensions se font sentir et la colère gronde. Les clans se forment pour défendre ce que chacun croit au plus profond de lui comme étant l’unique vérité. Les femmes et les hommes s’opposent : avec elles, les minorités, la tolérance, la soif de liberté et de savoir ; avec eux la communauté, le racisme, la domination, la peur du changement. Il n’est pas facile d’insuffler des changements sans résistance, mais il y a parfois des personnes qui savent y faire et amener bon gré mal gré quelques petites avancés.
Si l’histoire est forte, les différents personnages nous amènent à la voir sous plusieurs axes possibles. Les auteurs apportent par petites touches des idées simples autour du droit au savoir, du courage, d’émancipation, du respect. Ce sont encore des valeurs qui de nos jours ont encore tout leur sens et nous devons continuellement les ramener au-devant de la scène de notre quotidien. Nous avons encore du chemin à faire…
Un coup de cœur
A découvrir
Dans la petite ville Canterbury, tout se passe bien et tout se déroule suivant un quotidien bien rodé. Mais c’est sans compter la pétillante Mademoiselle Prudence Crandall, la directrice de l’école de jeunes filles bien sous tous rapports, attendant chacune leur prince charmant…. Ha j’oubliai, elles sont toutes « blanches » de peau ; en 1832, on ne fait pas de mélange même si à cette époque les « noirs » sont libres mais non pas les mêmes droits.
Aussi, Mlle Prudence Crandall décrète que sa pension n’accueillera que des jeunes filles « noires ». 30 ans avant l’abolition de l’esclavage. En parallèle à cet acte qui l’a peut être influencé, l’histoire d’un esclave et d’un prédicateur afro-américain qui ont mené une révolte dans le sud des Etats-Unis.
Alors évidemment dans cette petite bourgade, les esprits sont peu ouverts à de la nouveauté et sont promptes à jeter l’opprobre sur les nouvelles venues. Ils redoutent tous qu’une nouvelle flambée de violence pointe le nez dans ce village paisible.
Rapidement, les dissensions se font sentir et la colère gronde. Les clans se forment pour défendre ce que chacun croit au plus profond de lui comme étant l’unique vérité. Les femmes et les hommes s’opposent : avec elles, les minorités, la tolérance, la soif de liberté et de savoir ; avec eux la communauté, le racisme, la domination, la peur du changement. Il n’est pas facile d’insuffler des changements sans résistance, mais il y a parfois des personnes qui savent y faire et amener bon gré mal gré quelques petites avancés.
Si l’histoire est forte, les différents personnages nous amènent à la voir sous plusieurs axes possibles. Les auteurs apportent par petites touches des idées simples autour du droit au savoir, du courage, d’émancipation, du respect. Ce sont encore des valeurs qui de nos jours ont encore tout leur sens et nous devons continuellement les ramener au-devant de la scène de notre quotidien. Nous avons encore du chemin à faire…
Un coup de cœur
A découvrir
Pinky- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 8681
Age : 61
Localisation : Les Sables d'Olonne (85)
Emploi/loisirs : Educatrice spécialisée, peinture, dessin, bricolage, ballade, baignade, tricot, couture
Genre littéraire préféré : Je lis de tout en littérature mais j'ai beaucoup de mal avec les policiers... j'en lis 1 ou 2 dans l
Date d'inscription : 04/06/2008
Re: [Lupano, Wilfrid & Fert, Stéphane] Blanc autour
Merci Pinky et Sharon pour votre critique
louloute- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 24597
Age : 56
Localisation : Var, Sanary-sur-mer
Emploi/loisirs : mère au foyer
Genre littéraire préféré : thriller, historique, policier
Date d'inscription : 11/12/2009
Re: [Lupano, Wilfrid & Fert, Stéphane] Blanc autour
merci Louloute pour ta visite
Pinky- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 8681
Age : 61
Localisation : Les Sables d'Olonne (85)
Emploi/loisirs : Educatrice spécialisée, peinture, dessin, bricolage, ballade, baignade, tricot, couture
Genre littéraire préféré : Je lis de tout en littérature mais j'ai beaucoup de mal avec les policiers... j'en lis 1 ou 2 dans l
Date d'inscription : 04/06/2008
Re: [Lupano, Wilfrid & Fert, Stéphane] Blanc autour
Merci pour ces avis. Une BD qui changera des Tuniques bleues !
elea2020- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 5878
Age : 56
Localisation : 44
Emploi/loisirs : enseignante en reconversion
Genre littéraire préféré : dystopies et classiques, littérature russe
Date d'inscription : 02/01/2020
Re: [Lupano, Wilfrid & Fert, Stéphane] Blanc autour
merci Elea pour ta visite, tout à fait d'accord avec toi...
Pinky- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 8681
Age : 61
Localisation : Les Sables d'Olonne (85)
Emploi/loisirs : Educatrice spécialisée, peinture, dessin, bricolage, ballade, baignade, tricot, couture
Genre littéraire préféré : Je lis de tout en littérature mais j'ai beaucoup de mal avec les policiers... j'en lis 1 ou 2 dans l
Date d'inscription : 04/06/2008
Sujets similaires
» [Lupano, Wilfrid et Panaccione, Grégory] Un océan d'amour
» [Mauvignier, Laurent] Autour du monde
» [Abel, Barbara] Et les vivants autour
» [Silla, Karine] Autour du soleil
» [Collectif] Une journée autour du monde
» [Mauvignier, Laurent] Autour du monde
» [Abel, Barbara] Et les vivants autour
» [Silla, Karine] Autour du soleil
» [Collectif] Une journée autour du monde
Partage lecture :: Nos critiques :: BD, Mangas :: BD
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum