[Espitallier, Jean-Michel] Cow-boy
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[Espitallier, Jean-Michel] Cow-boy
Titre : Cow-boy
Auteur : Jean-Michel ESPITALLIER
Parution : 2020
Editeur : Inculte
Pages : 144
Présentation de l'éditeur :
Le grand-père de Jean-Michel Espitallier était cow-boy. Un vrai cow-boy d’Amérique, au bout du bout du Far West : en Californie. Dans sa jeunesse, il a quitté ses Alpes natales pour aller tenter la fortune dans ces contrées lointaines, qui concentraient alors toute l’espérance et tout l’or du monde. Et puis, pour une raison ignorée, il est revenu. Il a vécu le reste de son âge dans son coin de France, au milieu de montagnards taiseux dont il faisait partie, lui aussi.
De cet aïeul propre à susciter des légendes, on ne sait presque rien. Son histoire est comme un trou de mémoire dans la mythologie familiale.
Tour à tour enquête, western, histoire de l’univers en accéléré, peinture de la vie quotidienne des cow-boys californiens, voyage fantastique à travers le continent américain, méditation sur la mémoire, ce récit reconstitue le parcours de ce personnage inconnu. Jusqu’à la belle histoire d’amour qui l’unit à la grand-mère de l’auteur.
D’une grande diversité de cadences et de styles, ce livre joue de toute la puissance de la littérature pour redonner vie à nos fantômes et reconstituer les choses disparues. Surtout celles que l’on n’a pas vues.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Né en 1957, Jean-Michel Espitallier est l’auteur d’une vingtaine de livres, dont Salle des machines (Flammarion, 2015), Tourner en rond : de l’art d’aborder les ronds-points, (PUF, 2016), De la célébrité : théorie et pratique (Pocket, 2016), Syd Barrett, le rock et autres trucs (Le Mot et le Reste, 2017). Ses deux ouvrages sur la poésie contemporaine, Pièces détachées et Caisse à outils (Pocket, 2011 et 2013) sont devenus des classiques. La première année est son premier roman.
Avis :
A l’aube du XXe siècle, le grand-père de Jean-Michel Espitallier a quitté ses Alpes natales pour la Californie. Après une quinzaine d’années passées dans la peau d’un cow-boy, il est revenu au pays, y a pris femme avant d’y fonder une famille, mettant à jamais fin à toute velléité d’un ailleurs et d’une autre vie. Cet épisode soigneusement tenu par les siens dans la discrétion de l’oubli n’en finit pas d’intriguer l’auteur…
Construire un livre sur du vide était une gageure, que Jean-Michel Espitallier a brillamment réussie. Car, du parcours de cet aventureux grand-père, il ne reste que le regret chez son petit-fils de n’en rien savoir du tout. Butant indéfiniment sur un silence familial rendu irrévocable par le décès de son père, par ailleurs étonnamment indifférent au sujet, l’auteur a transmué sa frustration en un ouvrage atypique, original dans sa forme, où la reconstitution historique teintée d’ironie grinçante devient, par défaut, la seule réponse possible aux questions d’une imagination condamnée à tourner dans le vide.
Retraçant le parcours des candidats européens à l’immigration américaine jusqu’à leur entrée, puis leur installation, sur le nouveau continent, le texte nous entraîne dans une traversée de l’histoire et des vastes étendues qui mènent au Far West, au fil d’une restitution documentée et réaliste qui semble toujours se défendre d’un trop grand sérieux. Non content de nous faire sourire par l’impertinente causticité et par l’audace sans fard de son franc-parler, l’auteur s’amuse aussi à casser les codes de l’écriture classique, dans une série d’exercices de style originaux et surprenants, souvent à double tranchant. A mes yeux tantôt amusants, tantôt irritants, ils m’ont parfois lassée, comme certaines de ces listes à n’en plus finir ou ces juxtapositions poétiques de mots, mais ils s’assortissent indéniablement d’une grande maîtrise de style et d’une plume d’une remarquable beauté.
Toute cette ironie incisive et sans concession ne parvient jamais à masquer la justesse et la sensibilité d’un texte qui exhale un sentiment doux-amer de mélancolie. S’y laisse deviner un destin aux ailes coupées, celui d’un homme peut-être resté emprisonné dans un carcan familial et social, où sentiments et aspirations personnelles n’avaient guère droit de cité. Au point de disparaître quasiment sans trace dans l’oubli, enfouis dans un néant devant lequel, un siècle plus tard, l’auteur est, bien à regret, obligé de s'incliner. (4/5)
Re: [Espitallier, Jean-Michel] Cow-boy
Merci Cannetille pour ta critique
louloute- Grand sage du forum
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