[Tharreau, Estelle] Digital Way of life 4 - Inhumains

Résumé de l'éditeur :
« Les mains agrippées aux barreaux de sa cellule, le visage incrusté dans ces tubulures d’acier, il bascula cinq ans plus tôt. Le jour où la boule de feu avait emporté leurs visages. »
De cette explosion, Danny gardera une figure scarifiée après une greffe de visage. Quant à Paulin, il conservera un visage artificiel, parfait et inexpressif, suite à une implantation faciale nanotechnologique.
Deux anomalies. Deux monstres prêts à tout pour retrouver leur place dans la communauté des Hommes.

Mon avis :
J'ai moins apprécié cette nouvelle, avec laquelle je ne me suis pas vraiment sentie en phase. Par ailleurs, peut-être aussi ai-je moins vu le rapport avec le numérique, sujet qui m'intéressait particulièrement au début de la série.

Danny Blane et Paulin Levin sont tous deux serveurs dans un restaurant gastronomique patronné par Goran ; tous deux sont amoureux de Télia, la belle serveuse, mais Dan l'emporte largement grâce à son charisme... jusqu'à ce qu'une explosion tue tous les employés des cuisines, laissant Dan et Paulin seuls rescapés, avec de terribles blessures et brûlures.

A l'hôpital, Dan se réveille, le visage enveloppé de bandages - il devra lutter des mois pour retrouver son visage grâce à la greffe et reprendre son travail. Paulin, lui, le timide Paulin, a pu sortir rapidement grâce aux nanotechnologies, qui lui ont rendu un visage et ont même augmenté ses facultés. Alors que Dan doit se montrer patient, Paulin devient la coqueluche des clients, on le réclame au service et sa présence amène sans cesse de nouveaux clients. De ce fait, Télia se met en couple avec lui, jusqu'à ce que le vent tourne, politiquement parlant.

Si l'on y songe, la cruauté est toujours de mise dans cette nouvelle, et la réflexion sur les possibilités que donneraient à la médecine les nouvelles technologies est présente, y compris dans les dérives et la peur que ces nouvelles capacités engendreraient chez les non-augmentés. Mais d'une certaine manière, cette réflexion est amenée brutalement, sans préparation suffisante, et je n'ai pas accroché. La monstruosité est bien plus reflétée par le comportement "normal" des gens que par les malades réparés et augmentés, c'est un fait, mais cela manque de nuance, et la réaction des employés envers Paulin et les autres dans son cas m'a paru déconnectée de la réalité. Et je ne parle même pas du caractère abject de Télia... qui incarne à elle seule la veulerie et la méchanceté humaines qui peuvent se déchaîner lorsqu'un "coupable" est jeté en pâture au public, lorsque le lynchage médiatique se déchaîne sur ses victimes. Peut-être est-ce dû au choix narratif de déléguer le point de vue à Danny, qui est partie prenante dans ce drame, mais je ne vote que "moyennement apprécié", soit 3/5.

Extraits :
"Il bougea légèrement les bras et les jambes, qui répondirent faiblement, mais qui répondirent néanmoins. Vivant. Il était vivant et ne serait pas handicapé : il pourrait marcher, utiliser ses mains, voir, entendre, parler. Miraculé. Ce docteur avait raison : il était un miraculé."

"Danny pensa qu’il rêvait ou que son esprit lui jouait des tours, jusqu’à ce que l’apparition parle. Seule la bouche s’animait, comme si chaque élément de ce visage agissait indépendamment de l’ensemble, comme ceux de ces robots humains glaçants de perfection et d’impassibilité."

"L’infirmière approcha les fins ciseaux médicaux du visage de Danny et trancha la gaze qui émit un bruit poudré et crissant de neige qu’on piétine. Avec concentration et précision, elle coupa et préleva des morceaux de bande qu’elle déposa dans un haricot en inox posé sur le chariot. Au gré de ces prélèvements, Danny sentait une fraîcheur vivifiante caresser sa peau. Il retrouvait sa mobilité faciale comme si on ôtait un masque d’argile qui aurait séché sur sa peau."