[Peyrefitte, Roger] Les amitiés particulières
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Votre avis sur : Les amitiés particulières
[Peyrefitte, Roger] Les amitiés particulières
Auteur : PEYREFITTE, Roger
Écrivain français - (1907 - 2000)
Titre : Les amitiés particulières
parution : 1945
Entions : Livre de poche
Nombre de pages : 442
Quatrième de couverture :
L'univers clos de jeunes garçons qu'enserre la discipline d'un collège religieux. L'internat de Saint-Claude est le royaume d'élection des ''amitiés particulières''. On les cultive en secret dans cette atmosphère où, un jour d'octobre pénètre le brillant élève de 3e, Georges de Sarre, âgé de 14 ans. Séduit par la beauté angélique d'Alexandre Motier, son cadet de 18 mois, qui se trouve dans une autre classe. Georges parvient, en dépit de tous les obstacles, à conquérir l'amitié de l'enfant.
La grande qualité d'âme d'Alexandre préservera de toute équivoque la pureté de leur sentiment : le reflet du soleil sur une chevelure, la complicité d'un regard, l'éclat d'une lèvre, la chaleur d'un main, le pacte scellé par un échange de sang, les petits billets, les rendez-vous furtifs, voilà de quoi s'alimente et se fortifie leur amitié. Elle est devenue une religion pour le plus jeune qui va jusqu'à dire à son ami : < < Je t'aime plus que le vie. > >
Georges parvient à apaiser la vigilance un moment alertée du Supérieur et du père Lauzon, leur directeur de conscience, et une délation les affranchira d'une autre surveillance, celle du perspicace, de l'inquiétant père de Trennes. Mais ils sont surpris un jour en flagrant délie d'apartés. Cette fois ce sera la séparation définitive, et pour les deux enfants, finalement vaincus, un affreux déchirement. Le père Lauzon obtient de Georges, plus souple que son jeune ami, la restitution des billets d'Alexandre qu les reçoit de la main même de son directeur de conscience. Quel sera le dénouement de la tragédie qui, à ce moment se joue en silence dans l'âme de cet enfant secret, demeuré d'une inflexible rigueur ?
Quand à Georges qui malgré ses torts, a eu de beaux élans de générosité, saura-t-il surmonter sa souffrance ? Il serait vain de vouloir faire passer ici toute la substance de cette œuvre riche et forte où l'auteur sonde des profondeurs interdites. Ce chef-d’œuvre d'analyse psychologique, faite de mesure et de tact, est aussi un livre nourri de poésie et de symboles où ne cesse de briller une érudition qui se laisse pourtant oublier tant elle fait corps avec le récit.
Mon avis :
Très belle histoire, très triste histoire !
Tout au long du livre, j'ai été révoltée par ces religieux mais c'est certainement parce que je vois les choses avec l'évolution des idées qui sont celles de mon époque. Il faut préciser que l'action se déroule au début du 20ème siècle, sans que l'année exacte ne soit jamais précisée. Je pense dans les années quarante, juste avant ou après guerre...
Le roman nous entraine, je pourrai même dire nous enferme dans un collège et pensionnat catholique. La discipline est stricte et le temps réservé à la prière et aux bondieuseries est ridiculement important. Oui, c'était vraiment ridicule ! Autre temps, autres mœurs... mais tout de même ! On a de la peine à imaginer que c'était comme ça. Je pense que même les fervents catholiques d'aujourd'hui, se rendent compte de l'absurdité de toutes ces simagrées qui je ne vois pas ce qu'elles pouvaient avoir de proche avec la foi. C'est justement la seule chose que je reproche au livre. L'auteur aurait pu abréger les passages où il nous décrit trop tout ce qui tourne autour de la religion (messes, prières, etc.) car le lecteur s'en fou. Il lit un roman sentimental et pas un missel. Hormis ce fait, nous avons là, une belle histoire d'amitié, on pourrait dire d'amour naissant entre deux garçons.
La fin est tragique. Elle met en évidence la bêtise humaine, en particulier, la stupidité de ceux qui se disent ''bien pensant'' mais il faut le préciser, l'action se déroule dans les années quarante et l'on doit se repositionner dans le contexte. En fait, peut-être que le roman a tout simplement mal vieilli. Je pense qu'il est l’ancêtre des romans dits ''gay'' d'aujourd'hui.
Je pense aussi, que l'auteur, qui a été homosexuel au début du 20ème siècle (il est né en 1907) a dû souffrir de sa différence ou peut-être être victime d'abus car il sous-entend beaucoup de choses dans son roman à travers le comportement trouble de certains prêtres chargés de l'éducation des jeunes collégiens (leur caressant les cheveux, les regardant dormir la nuit, les invitant dans leur chambre à boire et fumer.....) mais cela est une autre histoire que je ne connais pas n'ayant jamais lu de biographie sur Roger Peyrefitte...
Quelques citations nécessaires afin de donner une idée de ce roman très particulier :
- Ils se mirent à rire. Georges serra la main de l'enfant. Il était troublé de toucher ces doigts minces. Il gravait dans son cœur ce visage, caressé déjà par tant de regards, par tant de pensées. Le soleil de février enveloppait l'enfant de rayons frileux. Les yeux, que Georges voyait si bien à présent, étaient du même or que la chevelure. Une mèche rebelle tomba sur eux, comme pour les voiler ; l'enfant la rejeta en arrière, d'un aimable mouvement de tête. Etait-ce à dessein de parfaire sa beauté qu'il venait d'aviver l'éclat de ses lèvres avec le bout de sa langue ?
- Il 'arrêta, puis il dit en souriant :
< < Si j'avais su que tu viendrais, j'aurais mis ma cravate rouge. Je l'ai achetée à un camarade, afin d'avoir la même que toi.
- Attention ! dit Georges. C'est la couleur du feu. Ne crains-tu pas de te brûler ? > >
Depuis un moment, il caressait du bout des doigts la main de l'enfant, appuyée près de lui sur la muraille, et cette main venait de saisir tendrement la sienne et la serrait peu à peu de toute sa force.
- < < Je t'aime plus que ma vie. > >
Croyait-il encore, ce jeune garçon, ne parler que le langage de l'amitié ? Georges se tourna vers lui. L'enfant, qui avait fermé les yeux, les rouvrit tout grands, comme s'il sortait d'un rêve, et se redressa.
< < Fumons une cigarette, dit-il.
- Tu veux achever de me griser ?
- Je veux me dégriser. > >
Écrivain français - (1907 - 2000)
Titre : Les amitiés particulières
parution : 1945
Entions : Livre de poche
Nombre de pages : 442
Quatrième de couverture :
L'univers clos de jeunes garçons qu'enserre la discipline d'un collège religieux. L'internat de Saint-Claude est le royaume d'élection des ''amitiés particulières''. On les cultive en secret dans cette atmosphère où, un jour d'octobre pénètre le brillant élève de 3e, Georges de Sarre, âgé de 14 ans. Séduit par la beauté angélique d'Alexandre Motier, son cadet de 18 mois, qui se trouve dans une autre classe. Georges parvient, en dépit de tous les obstacles, à conquérir l'amitié de l'enfant.
La grande qualité d'âme d'Alexandre préservera de toute équivoque la pureté de leur sentiment : le reflet du soleil sur une chevelure, la complicité d'un regard, l'éclat d'une lèvre, la chaleur d'un main, le pacte scellé par un échange de sang, les petits billets, les rendez-vous furtifs, voilà de quoi s'alimente et se fortifie leur amitié. Elle est devenue une religion pour le plus jeune qui va jusqu'à dire à son ami : < < Je t'aime plus que le vie. > >
Georges parvient à apaiser la vigilance un moment alertée du Supérieur et du père Lauzon, leur directeur de conscience, et une délation les affranchira d'une autre surveillance, celle du perspicace, de l'inquiétant père de Trennes. Mais ils sont surpris un jour en flagrant délie d'apartés. Cette fois ce sera la séparation définitive, et pour les deux enfants, finalement vaincus, un affreux déchirement. Le père Lauzon obtient de Georges, plus souple que son jeune ami, la restitution des billets d'Alexandre qu les reçoit de la main même de son directeur de conscience. Quel sera le dénouement de la tragédie qui, à ce moment se joue en silence dans l'âme de cet enfant secret, demeuré d'une inflexible rigueur ?
Quand à Georges qui malgré ses torts, a eu de beaux élans de générosité, saura-t-il surmonter sa souffrance ? Il serait vain de vouloir faire passer ici toute la substance de cette œuvre riche et forte où l'auteur sonde des profondeurs interdites. Ce chef-d’œuvre d'analyse psychologique, faite de mesure et de tact, est aussi un livre nourri de poésie et de symboles où ne cesse de briller une érudition qui se laisse pourtant oublier tant elle fait corps avec le récit.
Mon avis :
Très belle histoire, très triste histoire !
Tout au long du livre, j'ai été révoltée par ces religieux mais c'est certainement parce que je vois les choses avec l'évolution des idées qui sont celles de mon époque. Il faut préciser que l'action se déroule au début du 20ème siècle, sans que l'année exacte ne soit jamais précisée. Je pense dans les années quarante, juste avant ou après guerre...
Le roman nous entraine, je pourrai même dire nous enferme dans un collège et pensionnat catholique. La discipline est stricte et le temps réservé à la prière et aux bondieuseries est ridiculement important. Oui, c'était vraiment ridicule ! Autre temps, autres mœurs... mais tout de même ! On a de la peine à imaginer que c'était comme ça. Je pense que même les fervents catholiques d'aujourd'hui, se rendent compte de l'absurdité de toutes ces simagrées qui je ne vois pas ce qu'elles pouvaient avoir de proche avec la foi. C'est justement la seule chose que je reproche au livre. L'auteur aurait pu abréger les passages où il nous décrit trop tout ce qui tourne autour de la religion (messes, prières, etc.) car le lecteur s'en fou. Il lit un roman sentimental et pas un missel. Hormis ce fait, nous avons là, une belle histoire d'amitié, on pourrait dire d'amour naissant entre deux garçons.
La fin est tragique. Elle met en évidence la bêtise humaine, en particulier, la stupidité de ceux qui se disent ''bien pensant'' mais il faut le préciser, l'action se déroule dans les années quarante et l'on doit se repositionner dans le contexte. En fait, peut-être que le roman a tout simplement mal vieilli. Je pense qu'il est l’ancêtre des romans dits ''gay'' d'aujourd'hui.
Je pense aussi, que l'auteur, qui a été homosexuel au début du 20ème siècle (il est né en 1907) a dû souffrir de sa différence ou peut-être être victime d'abus car il sous-entend beaucoup de choses dans son roman à travers le comportement trouble de certains prêtres chargés de l'éducation des jeunes collégiens (leur caressant les cheveux, les regardant dormir la nuit, les invitant dans leur chambre à boire et fumer.....) mais cela est une autre histoire que je ne connais pas n'ayant jamais lu de biographie sur Roger Peyrefitte...
Quelques citations nécessaires afin de donner une idée de ce roman très particulier :
- Ils se mirent à rire. Georges serra la main de l'enfant. Il était troublé de toucher ces doigts minces. Il gravait dans son cœur ce visage, caressé déjà par tant de regards, par tant de pensées. Le soleil de février enveloppait l'enfant de rayons frileux. Les yeux, que Georges voyait si bien à présent, étaient du même or que la chevelure. Une mèche rebelle tomba sur eux, comme pour les voiler ; l'enfant la rejeta en arrière, d'un aimable mouvement de tête. Etait-ce à dessein de parfaire sa beauté qu'il venait d'aviver l'éclat de ses lèvres avec le bout de sa langue ?
- Il 'arrêta, puis il dit en souriant :
< < Si j'avais su que tu viendrais, j'aurais mis ma cravate rouge. Je l'ai achetée à un camarade, afin d'avoir la même que toi.
- Attention ! dit Georges. C'est la couleur du feu. Ne crains-tu pas de te brûler ? > >
Depuis un moment, il caressait du bout des doigts la main de l'enfant, appuyée près de lui sur la muraille, et cette main venait de saisir tendrement la sienne et la serrait peu à peu de toute sa force.
- < < Je t'aime plus que ma vie. > >
Croyait-il encore, ce jeune garçon, ne parler que le langage de l'amitié ? Georges se tourna vers lui. L'enfant, qui avait fermé les yeux, les rouvrit tout grands, comme s'il sortait d'un rêve, et se redressa.
< < Fumons une cigarette, dit-il.
- Tu veux achever de me griser ?
- Je veux me dégriser. > >
DameLecture- Membre connaisseur
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Date d'inscription : 12/06/2021
Re: [Peyrefitte, Roger] Les amitiés particulières
Merci DameLecture pour ta critique
louloute- Grand sage du forum
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