[Lapertot, Céline] Ce qu'il nous faut de remords et d'espérance
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[Lapertot, Céline] Ce qu'il nous faut de remords et d'espérance
Titre : Ce qu'il nous faut de remords et d'espérance
Auteur : Céline LAPERTOT
Parution : 2021 (Viviane Hamy)
Pages : 224
Présentation de l'éditeur :
À 10 ans, Roger Leroy vit comme une trahison l’arrivée dans sa vie de son demi-frère, Nicolas Lempereur. C’est le début d’une haine que rien ni personne ne saura apaiser.
Bien des années plus tard, Roger, garde des Sceaux d’un gouvernement populiste, œuvre à la réhabilitation de la peine de mort. Nicolas, lui, est une véritable rock star, pacifiste et contre toute forme de discrimination. Un fait divers impliquant un pédophile récidiviste rallie bientôt l’opinion publique à la cause du garde des Sceaux, et la peine de mort est rétablie. Mais quand Nicolas est accusé du meurtre d’une jeune femme et clame son innocence, la querelle fraternelle qui l’oppose à Roger devient alors un enjeu sociétal et moral. Ce qu’il nous faut de remords et d’espérance est la chronique annoncée d’une tragédie contemporaine ; un roman coup de poing, criant de vérité.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Céline Lapertot est professeur de français à Strasbourg. Depuis l’âge de 9 ans, elle ne cesse d’écrire. Avec ses trois romans, Et je prendrai tout ce qu’il a à prendre, Des femmes qui dansent sous les bombes et Ne préfère pas le sang à l’eau, - plébiscités unanimement aussi bien par les lecteurs que par les médias tels que Le Monde des livres, L’Express ou Télérama et les libraires -, elle s’est imposée comme un écrivain au talent prometteur de la littérature française contemporaine.
Dans Ce qui est monstrueux est normal, son récit autobiographique, elle établit un lien entre celle qu’elle fut jadis – une enfant qui sourit en permanence pour cacher sa détresse et qui découvrira bien trop tôt que toutes les mères et tous les pères ne sont pas comme ceux des autres, pétris d’amour et de bienveillance – et la femme qu’elle est aujourd’hui. À travers de courts chapitres, elle offre donc un texte intime et sans pathos qui permet au lecteur d’approcher et de découvrir au plus près un cheminement singulier.
Avis :
Une haine viscérale, dont les racines remontent à l’enfance, oppose Roger Leroy, garde des Sceaux d’un gouvernement populiste, à son demi-frère, Nicolas Lempereur, rock star aux idées larges. Leur querelle prend un tour inédit, lorsque, à peine Roger vient-il de faire rétablir la peine de mort grâce à l’indignation provoquée par la récidive d’un tueur pédophile, Nicolas est accusé du meurtre d’une jeune femme.
Quarante ans après son abolition en France, la peine de mort et la question de son rétablissement continuent de peser dans les sondages et les déclarations de certains politiques. Céline Lapertot prend ici le contre-pied, dans un vibrant plaidoyer alignant scènes fortes, phrases percutantes et moments d’émotion : si, dans sa peur et sa colère, la foule trouve en la mort du criminel une vengeance et un apaisement à son angoisse, la peine capitale n’a jamais fait baisser la criminalité, juste rendu irréversibles les erreurs judiciaires.
Mais, si cette histoire fait froid dans le dos, ce n’est certainement pas seulement pour les exécutions auxquelles elle nous fait assister, rendant l’acte concret pour que chacun en mesure bien toute la réalité. C’est aussi largement pour ce qu’elle pointe des actuelles dérives sociétales qui permettent aux populistes de prétendre s’imposer. Roger, mégalomane puisant l’essentiel de ses motivations dans ses failles et rancunes personnelles, n’est entouré que du cynisme et de l’arrivisme de ses conseillers. Ayant trouvé, dans le rétablissement de la peine de mort, l’opportunité commode de sortir du lot, mais aussi un exutoire à la colère qui l’étouffe depuis l’enfance, il fait feu de tout bois sans la moindre vergogne, surfant sur l’émotivité de l’opinion et l’emballement des réseaux sociaux. Son entêtement n’a d’égal que son aveuglement, et aucune considération, fut-ce la vie de son propre frère, ne lui rend jamais le moindre discernement : un comportement et une absence de garde-fous dont, bien au-delà de l’exemple ici de la peine de mort, on imagine aisément le danger quand ils mettent en jeu la conduite d’un pays.
Ce livre choc qui n’a pas peur des mots, fussent-ils triviaux, dénonce un bien peu reluisant échiquier politique et médiatique. Balayant les autres pièces (nommées King, Királynö ou reine en hongrois, Maréchal...) grâce à une opinion publique dont les réseaux sociaux favorisent les jugements hâtifs et la manipulation par l’émotion, émergent des Leroy, qui, emportés par leur arrivisme et leurs névroses, n’hésitent pas à brandir n’importe quel argument populiste pour devenir calife à la place de Lempereur. Accablant. (4/5)
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