[Rostand, Edmond] L'Aiglon
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[Rostand, Edmond] L'Aiglon
L'Aiglon
Edmond Rostand
Bibebook
409 pages
ISBN : 978-2-8247-1647-3
Edmond Rostand
Bibebook
409 pages
ISBN : 978-2-8247-1647-3
Présentation de couverture :
L’Aiglon est un drame d'Edmond Rostand écrit en 1900 et représenté pour la première fois à Paris, au Théâtre Sarah Bernhardt, le 15 mars 1900. Interdite sous l’Occupation, la pièce fut jouée pendant deux ans consécutifs au Théâtre du Châtelet devant des salles combles. L’Aiglon, fils de Napoléon, cherche qui il est par rapport à son père, et cherche à marcher dans ses traces.
Mon avis :
Cyrano de Bergerac étant un de mes livres (et personnages) préférés, j'ai découvert avec intérêt et plaisir cet autre personnage historique, qui n'est autre que le fils de Napoléon, celui qui devait devenir Roi de Rome, mais qui termina sa vie dans un rôle subalterne à la cour de son grand-père l'empereur d'Autriche.
La pièce est construite en 6 actes, tous intitulés de manière symbolique, par "les ailes", avec un adjectif adapté, selon les étapes de l'intrigue et le destin peut-être superbe qui se présente au Duc de Reichstadt, Napoléon II. La pièce commence alors que, jeune homme fragile de santé, gâté à la Cour bien qu'un peu abandonné par sa mère, Marie-Louise, l'ex-impératrice, il prend peu à peu conscience de son sang, et organise une sorte de résistance pour cultiver le souvenir de son père. Hélas, il souffre d'un manque de confiance en lui, couplé à une conscience cruelle de sa nature, si différente de celle de son père - et Metternich, le froid chancelier, ne se prive pas d'alimenter ses doutes...
A l'approche d'une fête mémorable au château de Schoenbrünn, le jeune homme fait des rencontres surprenantes, parfois au sein même de sa maison, comme le grenadier Flambeau, infiltré parmi les agents de police qui surveillent le Duc, et qui cache bien son secret, ou encore sa tante, la Comtesse Camerata, Napoléone, qui lui propose de l'aider à s'enfuir. Le régime de Louis-Philippe ne plaît pas à tous, nous sommes en 1830, et l'aura d'un Napoléon ferait le plus grand bien au moral de la France. Pétri de doutes et d'incertitudes, Franz, duc de Reichstadt, accepte de redevenir le fils de Napoléon, et sent grandir en lui des promesses d'avenir. Mais Metternich et le policier en chef Sedlinsky veillent, et c'est dans un bal masqué que les conspirateurs devront se trouver, déjouer les pièges et agir. Lorsque le complot les amènera à la plaine de Wagram, le Duc reverra-t-il son pays et son peuple qui l'attendent ?
Le destin du jeune Duc est éminemment romantique, d'une part, et son personnage complexe, son ironie et son auto-dérision touchent le coeur et attirent la sympathie, autant que sa vie peut émouvoir ; pour autant, le vrai panache est assuré par des personnages plus secondaires, mais qui donnent à la pièce une allure de roman d'aventures, de cape et d'épée, aussi héroïque qu'il est nécessaire : la Comtesse Camerata, hardie et déterminée, qui prend les risques les plus fous et se révèle aussi invincible que son illustre frère ; Flambeau, enfin, l'obscur, le sans-grade, le témoin de première main de ces soldats fidèles qui ont tant aimé leur chef. Certaines scènes prennent une force proprement hallucinante, comme les visions de Franz sur le champ de bataille de Wagram, et, comme un fil rouge, le vers de Rostand occupe la scène avec la même chair, le même naturel, que dans Cyrano. J'ai retrouvé avec émotion la façon unique qu'il a de découper un alexandrin en plusieurs répliques pour faire fuser le trait d'esprit. Je n'oublierai pas non plus la gouaille alliée au sublime dans les répliques de Flambeau, celui qui aime "le luxe", le gratuit d'une belle action jusqu'à griller sa vie (ne rappelle-t-il pas quelqu'un non plus ?). C'est une pièce forte qui, malgré des longueurs, ou un manque de dynamisme dans certaines scènes intermédiaires, doit produire de l'effet sur les planches. J'aimerais vraiment la voir au théâtre, et je la relirai très certainement : la langue, l'esprit de Rostand est un refuge brillant où l'on peut tout oublier. (4,5/5)
Citations :
LE DUC
Je ne suis pas le moins du monde prisonnier !
Mais... je suis le second à lire mon courrier. (II, 2)
FLAMBEAU
Et sans lui [à Napoléon] devoir, comme vous, des chandelles,
C'est nous qui cependant lui restâmes fidèles ! (II, 9)
LE DUC, à MARMONT
Mais les mille petites lettres... ce sont eux !
Et vous ne seriez rien sans l'armée humble et noire
Qu'il faut pour composer une page d'histoire ! (II, 9)
FLAMBEAU
(...) C'est vrai, mais mon défaut
C'est d'en faire toujours un peu plus qu'il ne faut !
Aux consignes, toujours, j'ajoute quelque chose
J'aime me battre avec, à l'oreille, une rose ! (II, 9)
LE DUC
(...) Ah ! je la sens ce soir assez vaste, mon âme,
Pour qu’un peuple y vienne prier !
Il me semble que j’ai pour âme Notre-Dame !... (V,2)
LE DUC
Je ne peux pourtant – rentrons là-bas –
Souffrir qu’on m’assassine et que je n’y sois pas ! (V, 2)
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