[Huyghe, Christophe] Le Dernier des pauvres
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[Huyghe, Christophe] Le Dernier des pauvres
Le Dernier des pauvres
Christophe Huyghe
Edilivres-Aparis
140 pages
09/04/2018
EAN : 9782414202928
Christophe Huyghe
Edilivres-Aparis
140 pages
09/04/2018
EAN : 9782414202928
Présentation de l'éditeur :
« Oh toi Grand Khaorus, Dieu du désordre, terrible, comment qualifierais-tu cette œuvre que je pose à tes pieds ? Une tragi-comédie ? Une comédie grave ? Une farce sinistre ? »
« Probablement toutes ces choses-là à la fois », réponds-tu dans ta grande mansuétude, plongés que nous sommes au cœur même du quotidien d’une famille dont les préoccupations, les jeux, les rires et les larmes s’entremêlent dans un monde qui court à sa propre catastrophe, notre monde… « Le vide du temps qui les saisit alors serait-il le temps du vide ? » Une donnée socio-économique : le dernier des pauvres est mort. Comment est-ce possible ? Qu’en est-il ? Quelle en sera l’incidence ? Vous lecteurs qui nous regardez, accompagnez-nous vers notre destinée… Balivernes !
Mon avis :
J'ai passé plutôt un bon moment avec cette pièce curieuse et foutraque, où personne ne se prend au sérieux, sinon le "comique de service", justement trop sérieux, et tragique à la fois. C'est une pièce d'un auteur qui aime à reposer sur les paradoxes.
Dans la famille Bidochon - ce n'est pas leur nom, mais comme les parents s'appellent Robert et Raymonde, je me permets - je demande le père, la mère, le fils Denis et la fille Zaza. Nous n'aurons pas Kador, mais Cochonnette, une marionnette qui représente un cochon domestique. Nous sommes dans un monde dystopico-absurde : la famille est enfermée en permanence, l'air étant réputé vicié et toxique (seul Denis a le droit de sortir, parce qu'il fait partie de l'Organisation), la nourriture leur est fournie à domicile sous la forme de la "mixture", sorte de purée dégoûtante d'une consistance gélatineuse, qui finit par nourrir lorsqu'on la mâche très longtemps. Les animaux ont disparu de longue date, et le monde se réduit à une peau de chagrin toujours plus déclinante.
En-dehors des salutations pluriquotidiennes au Grand Khaorus, Dieu du Chaos, chimère formée d'animaux symboliques comme... le mouton (obligé !), il n'y a pas grand-chose à faire, sinon du Jeu dans le Jeu : instaurer des rituels et les reproduire indéfiniment : récit de l'épopée familiale, entretien de non-demande d'emploi, Messe - tout est prétexte à jeux de rôle et, assez vite, au grand foutoir. De plus, la société ordonnée par Khaorus a inversé les valeurs : ce qui est bien est mal et vice-versa, ce qui est de bon goût est de mauvais goût, et surtout, ce qui s'applique davantage à l'esthétique de la pièce : ce qui est de mauvais goût est de bon goût.
La décoration est kitsch, les couleurs criardes, les voix stridentes et exagérées (ça doit donner sur scène !), le bon gros rire qui tache est de mise, le tout coexistant avec une créativité étonnante : les jeux de mots fusent, même les accessoires ou meubles sont utilisés avec esprit, les situations surprenantes se succèdent. J'ai même lu une version du Notre-Père qui vaut bien celle de Prévert, pas piquée des hannetons. On passe un bon moment, et sans doute bien davantage à le voir jouer, mais pour moi, ça ne décolle pas tout à fait. Je reconnais les qualités de création, d'écriture, y compris la mise en scène de l'absurdité philosophique (j'allais écrire "pilosophique", ça collerait bien à un passage débordant de poils) et, en creux, sociale (à noter le sens du titre, pris au sens propre, que je ne peux pas révéler sans en dire trop), mais je n'adhère pas vraiment à cet univers. C'est dommage ! Je fais de mon mieux, mais je ne suis pas, pour cette deuxième lecture de l'auteur qui m'a témoigné une fois encore sa confiance, une lectrice suffisamment admirative, je vais le décevoir. Peut-être serais-je meilleure spectatrice...
Citations :
L'action qui nous occupe se déroule pendant cette période, chez une famille ordinaire, enfin presque, à ceci près qu'elle le sera moins par le seul fait qu'on lui prêtera attention. (Page 2)
En tout cas, c'était plus simple... la morale d'antan... (Elle réfléchit) Enfin pas toujours... Il paraît qu'il y avait des cas complexes où on ne savait plus ce qui était bien ou ce qui était mal. (Page 8 )
Celui-ci la voit arriver un peu comme si, vous savez, elle détenait une vérité capitale qui pourrait, ou sauver l'humanité, ou la plonger définitivement dans le gouffre du néant. (Page 26)
Tout le monde le regarde en silence, en suivant le moindre de ses gestes. Celui-ci marche comme s'il découpait chaque déplacement avec une précision chirurgicale. (Page 49)
elea2020- Grand sage du forum
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