[Comann, Page] Souviens-toi de Sarah
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[Comann, Page] Souviens-toi de Sarah
Souviens-toi de Sarah
Auteur : Page Comann
Éditions : M + éditions (2 Juin 2022)
ISBN : 978-2-38211-068-3
482 pages
Quatrième de couverture
Diane, éditrice chez Sandwood Publishing à Londres, reçoit un manuscrit anonyme. Une jeune adolescente, Sarah, y confie sa vie de misère dans les années sombres de l'Angleterre des années 60. Elle y avoue aussi les crimes qu'elle a dû commettre pour échapper à son destin. Vraie confession ou habile fiction d'un écrivain contemporain ? Bouleversée par ce manuscrit, Diane cherche à en retrouver l'auteur et part sur les lieux où Sarah dit avoir vécu et souffert. Dans sa quête de vérité, elle traverse les paysages époustouflants d'Irlande et d'Écosse. Mais ce qui commence comme une enquête littéraire vire à l'horreur.
Mon avis
La vie n’est qu’une succession de choix avec lesquels Dieu nous demande de bricoler nos existences.
Écrit à quatre mains, ce roman est exceptionnel tant sur le fond que la forme. Il nous fait voyager dans le temps et dans les magnifiques paysages d’Irlande et d’Ecosse qui malgré leur beauté, cachent de bien vilaines personnes…..
Diane est éditrice et comme toutes les personnes qui travaillent dans ce milieu, elle reçoit, souvent, des manuscrits. Parfois, elle les zappe car le temps manque pour tout lire. Ce jour-là, c’est un de « ses » auteurs, Ashley, qui en feuillette un lorsqu’elle arrive. Devant son enthousiasme, elle décide de voir par elle-même ce que vaut cet écrit. Et elle est conquise ! Ce récit étant anonyme, si elle veut le publier, il faut retrouver celle qui l’a rédigée car ce doit être Sarah, la personne qui raconte son histoire dans le texte qu’elle a découvert. Avec les informations glanées dans sa lecture, Diane décide de mener l’enquête afin de vérifier l’exactitude des faits, rencontrer éventuellement ceux qui sont évoqués et surtout faire signer l’écrivain rédacteur !
Elle part de pas grand-chose mais bouleversée par ce qu’elle a perçu, elle fonce. Elle veut savoir, et le lecteur également, car elle transmet son désir de compréhension. C’est un recueil dans lequel on « rentre » dès les premières pages, on est captivé et on ne peut pas le laisser. La construction du texte alterne « le journal de Sarah » et les événements des années 60 avec l’époque contemporaine et les recherches. Je me suis demandée si les auteurs s’étaient partagés le travail avec ces deux entrées. Est-ce que l’un écrivait le passé et l’autre le présent ? Ce serait intéressant de savoir comment ils s’y sont pris pour la rédaction et les échanges afin de faire avancer leur fiction.
Lorsque Diane enquête, le parallèle entre le journal et ce qu’elle découvre sur place est fait. C’est très astucieux car cela évite toute forme de lassitude entre les deux aspects et c’est incroyable comme les choses s’emboîtent à la perfection entre les deux époques. Pas une fausse note et un texte fort, puissant. On suit Sarah, une jeune femme, qui subit des galères suite au décès de sa mère. Elle souffre, cherche des alliés, se bat, tombe amoureuse, se fait manipuler mais on sent bien que tout cela pourrait, malheureusement, être possible et c’est sans aucun doute pour cette raison que ce livre est émouvant, poignant. Diane, de son côté, comprend assez vite que ses investigations dérangent. Pourquoi ? Est-ce que ce passé a un impact sur le présent ? Qui veut l’empêcher de connaître la vérité ? Elle se sent en danger, qui croire ou ne pas croire ? Quelle est la part du mensonge, de la fourberie dans ce qu’elle voit, entend lorsqu’elle observe ou rencontre des personnes ?
Lorsque les deux auteurs décrivent les lieux, on s’y croirait (ça ferait un film magnifique), on visualise la côte sauvage, on sent le vent, la pluie, la tourbe, on est sur place, partie prenante de chaque action. On a le souhait de sauver Sarah, de lui offrir une vie meilleure, on s’identifie à Diane dans sa volonté de comprendre. J’ai pensé au film « Philoména » et à ces personnes qui pensent faire ce qui est bien alors qu’elles ont tout faux, parce qu’elles ont le cerveau « formaté ». Qu’il est dur de se rebeller contre les institutions bien pensantes et quel courage pour ceux qui agissent ! J’ai aimé que Sarah éprouve le besoin d’écrire comme si cet acte l’aidait à avancer.
Le style est magnifique, l’écriture profonde. C’est un livre vraiment complet, travaillé avec des personnages étoffés. J’ai été bluffée par cette collaboration. C’est impressionnant car ce n’est pas léger, il y a une réelle recherche, les sujets évoqués questionnent, d’autant plus que ce n’est pas si loin que ça dans le passé… brr… C’est un vrai coup de cœur.
NB : pourquoi le nom : Page Comann ?
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