[Roucheux, Marion] Les chairs impatientes
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[Roucheux, Marion] Les chairs impatientes
Titre : Les chairs impatientes
Auteur : Marion Roucheux
éditeur : Belfond
Nombre de pages : 192 pages
Présentation de l’éditeur :
Six mois après la naissance de son deuxième enfant, une jeune femme est admise en maison de repos au bord d’un lac de montagne. En retournant skier seule pour la première fois depuis longtemps, elle rencontre un homme qui va réveiller son corps.
Dans une langue poétique et crue, Les chairs impatientes raconte un certain désir féminin dévorant qui ne veut plus renoncer à rien et peut tout renverser sur son passage : famille aimante, réputation, carrière.
Mon avis :
Ma première mission, en écrivant cet avis, est d’éviter les phrases toutes faites, passe-partout, parce qu’un roman vaut toujours mieux que des formules toutes faites. Nous suivons le parcours d’une femme, tout le récit est fait de son point de vue, à travers ses souvenirs, à travers ce qu’elle vit, ce qu’elle souhaite, ce qu’elle espère. Ce qui m’a frappé en premier, c’est l’absence de prénoms. Seul son mari, Antoine, est prénommé dans ce récit, tous les autres personnages sont définis par les liens qui l’unissent à elle ou par leur profession, leur « raison sociale » (je pense à ses patients, notamment).
Et c’est ce qui m’a frappé, dans ce roman qui parle d’un sujet dont on commence seulement à parler : la dépression post-partum. Elle s’est remise de la naissance de son premier enfant, même si, dans ses souvenirs, le lecteur se rend compte que s’occuper de son premier enfant n’a pas été facile, que son mari ne m’a pas semblé à son écoute à l’époque, et qu’elle était affreusement seule. Elle parle de sa mère, de ses soeurs aînées, où sont-elles ? Note personnelle : ma mère m’a toujours dit qu’elle avait été soutenue par sa mère et par sa soeur aînée, que ce soit par une aide matérielle (préparation des repas) ou morale, et par mon père, aussi (ce n’est pas forcément évident). Pourquoi le personnage principal est-elle si seule face à la maternité ? C’est Antoine qui se rend compte qu’elle ne va vraiment plus bien du tout alors que leur fils a six mois. Heureusement, ou malheureusement, ils sont aisés, et la jeune femme peut aller en maison de repos, à la montagne, elle peut y faire du ski sans que cela pose de problèmes pécuniers – ni sans que personne ne s’inquiète qu’il puisse lui arriver quelque chose. Certes, elle a un traitement, certes, elle voit un médecin, quotidiennement, mais je trouve qu’elle reste souvent seule, livrée à elle-même, comme si on lui offrait une thérapie convenue, toute en main, comme si chaque dépression n’était pas unique. Oui, Antoine, son mari, est aux petits soins à son retour, mais il ne voit pas, il ne comprend pas, alors que la narratrice va comprendre peu à peu pourquoi elle va si mal.
Il lui faudra pour cela une rencontre – avec un homme. Un homme qui ne sait rien d’elle, qui ne sait rien de sa vie et qui va voir avant tout son corps – parce que nous sommes des corps, non des entités spirituelles. La narratrice a un corps qu’elle se réapproprie, un corps qui a porté deux enfants, un ventre qui n’est plus celui qu’elle avait avant – et elle le dit. Et on ne parle pas assez des bouleversements que la maternité entraine, et certains de ne surtout pas vouloir que l’on en parle.
J’ai lu ce roman quasiment d’une traite, parce que le rythme est prenant, l’on lit au rythme auquel l’héroïne se réapproprie son corps puis sa vie. Le langage est précis, cru dans les scènes intimes – parce que nommer est important : mettre un voile pudique sur certaines choses, c’est aussi cacher ces fameuses certaines choses.
Les chairs impatientes est un roman qui peut bousculer le lecteur – et n’est-ce pas aussi ce que l’on demande à un roman ?
Auteur : Marion Roucheux
éditeur : Belfond
Nombre de pages : 192 pages
Présentation de l’éditeur :
Six mois après la naissance de son deuxième enfant, une jeune femme est admise en maison de repos au bord d’un lac de montagne. En retournant skier seule pour la première fois depuis longtemps, elle rencontre un homme qui va réveiller son corps.
Dans une langue poétique et crue, Les chairs impatientes raconte un certain désir féminin dévorant qui ne veut plus renoncer à rien et peut tout renverser sur son passage : famille aimante, réputation, carrière.
Mon avis :
Ma première mission, en écrivant cet avis, est d’éviter les phrases toutes faites, passe-partout, parce qu’un roman vaut toujours mieux que des formules toutes faites. Nous suivons le parcours d’une femme, tout le récit est fait de son point de vue, à travers ses souvenirs, à travers ce qu’elle vit, ce qu’elle souhaite, ce qu’elle espère. Ce qui m’a frappé en premier, c’est l’absence de prénoms. Seul son mari, Antoine, est prénommé dans ce récit, tous les autres personnages sont définis par les liens qui l’unissent à elle ou par leur profession, leur « raison sociale » (je pense à ses patients, notamment).
Et c’est ce qui m’a frappé, dans ce roman qui parle d’un sujet dont on commence seulement à parler : la dépression post-partum. Elle s’est remise de la naissance de son premier enfant, même si, dans ses souvenirs, le lecteur se rend compte que s’occuper de son premier enfant n’a pas été facile, que son mari ne m’a pas semblé à son écoute à l’époque, et qu’elle était affreusement seule. Elle parle de sa mère, de ses soeurs aînées, où sont-elles ? Note personnelle : ma mère m’a toujours dit qu’elle avait été soutenue par sa mère et par sa soeur aînée, que ce soit par une aide matérielle (préparation des repas) ou morale, et par mon père, aussi (ce n’est pas forcément évident). Pourquoi le personnage principal est-elle si seule face à la maternité ? C’est Antoine qui se rend compte qu’elle ne va vraiment plus bien du tout alors que leur fils a six mois. Heureusement, ou malheureusement, ils sont aisés, et la jeune femme peut aller en maison de repos, à la montagne, elle peut y faire du ski sans que cela pose de problèmes pécuniers – ni sans que personne ne s’inquiète qu’il puisse lui arriver quelque chose. Certes, elle a un traitement, certes, elle voit un médecin, quotidiennement, mais je trouve qu’elle reste souvent seule, livrée à elle-même, comme si on lui offrait une thérapie convenue, toute en main, comme si chaque dépression n’était pas unique. Oui, Antoine, son mari, est aux petits soins à son retour, mais il ne voit pas, il ne comprend pas, alors que la narratrice va comprendre peu à peu pourquoi elle va si mal.
Il lui faudra pour cela une rencontre – avec un homme. Un homme qui ne sait rien d’elle, qui ne sait rien de sa vie et qui va voir avant tout son corps – parce que nous sommes des corps, non des entités spirituelles. La narratrice a un corps qu’elle se réapproprie, un corps qui a porté deux enfants, un ventre qui n’est plus celui qu’elle avait avant – et elle le dit. Et on ne parle pas assez des bouleversements que la maternité entraine, et certains de ne surtout pas vouloir que l’on en parle.
J’ai lu ce roman quasiment d’une traite, parce que le rythme est prenant, l’on lit au rythme auquel l’héroïne se réapproprie son corps puis sa vie. Le langage est précis, cru dans les scènes intimes – parce que nommer est important : mettre un voile pudique sur certaines choses, c’est aussi cacher ces fameuses certaines choses.
Les chairs impatientes est un roman qui peut bousculer le lecteur – et n’est-ce pas aussi ce que l’on demande à un roman ?
Sharon- Modérateur
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Nombre de messages : 13271
Age : 46
Localisation : Normandie
Emploi/loisirs : professeur
Genre littéraire préféré : romans policiers et polars
Date d'inscription : 01/11/2008
Re: [Roucheux, Marion] Les chairs impatientes
Merci Sharon pour ta critique
louloute- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 24590
Age : 56
Localisation : Var, Sanary-sur-mer
Emploi/loisirs : mère au foyer
Genre littéraire préféré : thriller, historique, policier
Date d'inscription : 11/12/2009
Re: [Roucheux, Marion] Les chairs impatientes
Merci Algue et Louloute !
Sharon- Modérateur
-
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Emploi/loisirs : professeur
Genre littéraire préféré : romans policiers et polars
Date d'inscription : 01/11/2008
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