[McDaniel, Tiffany] L'été où tout a fondu
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Moulin-à-Vent
Cassiopée
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[McDaniel, Tiffany] L'été où tout a fondu
Titre : L'été où tout a fondu (The Summer That Melted Everything)
Auteur : Tiffany McDANIEL
Traduction : François HAPPE
Parution : en anglais (Etats-Unis) en 2016, en français (Gallmeister) en 2022
Pages : 480
Présentation de l'éditeur :
Été 1984 à Breathed, Ohio. Hanté par la lutte entre le bien et le mal, le procureur Autopsy Bliss publie une annonce dans le journal local : il invite le diable à venir lui rendre visite. Le lendemain, son fils Fielding découvre un jeune garçon à la peau noire et aux yeux d’un vert intense planté devant le tribunal, qui se présente comme le diable en personne. Cet enfant à l’âme meurtrie, heureux d’être enfin le bienvenu quelque part, serait-il vraiment l’incarnation du mal ? Dubitatifs, les adultes le croient en fugue d’une des fermes voisines, et le shérif lance son enquête. Se produisent alors d'étranges événements qui affectent tous les habitants de Breathed, tandis qu’une vague de chaleur infernale frappe la petite ville.
Porté par une écriture incandescente, L’été où tout a fondu raconte la quête d’une innocence perdue et vient confirmer le talent exceptionnel d’une romancière à l’imaginaire flamboyant.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Tiffany McDaniel vit dans l’Ohio, où elle est née. Son écriture se nourrit des paysages de collines ondulantes et de forêts luxuriantes de la terre qu’elle connaît. Elle est également poète et plasticienne.
En 2002, elle a dix-sept ans et la découverte de secrets de famille déclenche son envie d’écrire. En 2003, elle achève une première version de Betty, qu’elle envoie à des agents littéraires. Mais c’est seulement en 2017 que le prestigieux éditeur américain Knopf, maison littéraire du groupe Penguin, s’intéresse au roman. Les droits de publication à l’étranger sont cédés dans plusieurs pays, dont la France et l’Angleterre. Betty paraît en 2020. Le livre est un immense succès et remporte de nombreux prix littéraires : Prix du Roman Fnac 2020, Prix America du meilleur roman étranger 2020, Roman étranger préféré des libraires du Palmarès Livres Hebdo 2020, Prix des libraires du Québec 2021, Prix Libr’à Nous 2021 du meilleur roman étranger, Prix 2022 du club des irrésistibles des bibliothèques de Montréal.
L'été où tout a fondu, écrit quelques années après Betty, trouvera un éditeur en moins d’un mois : il s’agit donc du premier roman publié de Tiffany McDaniel, même si c’est le 5e ou 6e dans l’ordre d’écriture.
Tiffany McDaniel a obtenu le titre de Chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres en juillet 2021.
Avis :
Ebranlé dans sa vision manichéenne du monde depuis qu’il a contribué à une terrible erreur judiciaire, le procureur Autopsy Bliss espère s’éclaircir les idées sur les notions du Bien et du Mal en s’y confrontant personnellement. Alors qu’il vient de publier une annonce invitant le diable à venir le rencontrer, se présente un jeune garçon noir aux yeux verts qui prétend incarner le Mal. Pensant plutôt avoir affaire à un banal fugueur, Bliss l’accueille comme un fils en attendant les résultats de l’enquête lancée par le shérif : une hospitalité que ses voisins ne voient pas tous d’un bon œil, surtout lorsque, concomitamment, leur petite ville de l’Ohio se retrouve affectée, à la fois par une vague de chaleur exceptionnelle, et par une série de faits étranges, propres à échauffer davantage encore les esprits...
C’est le fils cadet de Bliss, Fielding, aujourd’hui un vieil homme marginal et insociable, qui raconte tristement cette année 1984, qui, comme celle de George Orwell, devait aliéner les habitants de Breathed jusqu’à leur faire perdre tout bon sens et les placer, marionnettes manipulées par les ficelles de la peur, sous l’emprise d’un Mal d’autant plus pernicieux qu’il se cachait, sans cornes ni pieds fourchus, sous les apparences de la morale. Cet été-là, celui de ses treize ans, scinde à jamais la vie de Fielding entre un avant plein d’insouciance et un après brisé par la violence des hommes. Alors que peu à peu le drame se noue, menant l’univers familial des Bliss à la désintégration, le garçon prend brutalement la mesure de l’intolérance, du racisme et de l’homophobie, qui, sous couvert d’une foi bigote et de principes étroits, empoisonnent une certaine Amérique attachée à ses convictions bien-pensantes.
Premier roman publié de l’auteur, L’été où tout a fondu a pourtant été écrit plusieurs années après Betty, le livre multi-récompensé qui a fait connaître Tiffany McDaniel. Les deux récits se déroulent dans son Ohio natal, au coeur de la « Bible Belt », ce quart sud-est américain caractérisé par la prédominance d’un protestantisme rigoriste et fondamentaliste. Tandis que Betty y dénonce les conséquences du racisme et du sexisme sur l’existence d’une jeune métisse, cette fois l’auteur en met en évidence les racines profondes. Ici le diable se cache au plus secret des convictions religieuses, sous les traits d’un prédicateur vengeur, Elohim – Dieu dans l’Ancien Testament –, qui, au nom d’une morale chrétienne archi-conservatrice et arriérée, fournit aux peurs de ses concitoyens l’éternel bouc émissaire de la différence.
Ce récit initiatique, éblouissant de clairvoyance et d’empathie, qui nous parle avec tant de poésie de tolérance, d’indulgence et de compassion au fil d’une tragédie construite sur un très ancien héritage ancré au plus profond de la culture américaine, révèle, bien plus encore que Betty, une grande voix de la littérature états-unienne. Très grand coup de coeur. (5/5)
Cassiopée- Admin
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Re: [McDaniel, Tiffany] L'été où tout a fondu
C'est noté Cannetille. Merci! XX
Moulin-à-Vent- Grand sage du forum
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Re: [McDaniel, Tiffany] L'été où tout a fondu
Où là merci Cannetille, ta critique m'a scotché, bien envie de le noté
louloute- Grand sage du forum
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Re: [McDaniel, Tiffany] L'été où tout a fondu
Mon avis
Publié une première fois, en mai 2019, par les éditions Joëlle Losfeld (et traduit par Christophe Mercier), ce roman a été réédité chez Gallmeister après le succès de Betty du même auteur.
1984, Autopsy Bliss, est procureur à Breathed, une petite ville de l’Ohio. Il se pose beaucoup de questions sur la justice et son application, ne risque-t-on pas de faire des erreurs et comment les réparer si … ? Voulant se heurter au Mal pour, entre autres, mieux comprendre le Bien, il passe une annonce où il invite le diable. Drôle d’idée mais après tout, pourquoi pas ?
Le lendemain, le fils du procureur, Fielding (qui est maintenant âgé et nous raconte l’histoire) se trouve face à un jeune garçon, Sal, à la peau noire et aux yeux verts surprenants. Ce dernier lui dit qu’il est le diable. Autopsy pense que c’est un fugueur et l’accueille chez lui le temps que le shérif fasse des démarches pour que sa famille le récupère. Sal s’installe, presque comme un fils supplémentaire dans cette famille peu ordinaire.
L’atmosphère est lourde, on est en pleine canicule. De plus, depuis que cet adolescent est arrivé, il se passe des événements bizarres. Dans cette bourgade, le racisme, le sectarisme, l’intransigeance sont forts. Certains se cachent derrière la religion mais il n’y a pas de cohérence entre leurs actes et leur foi… Sal est un individu troublant, fascinant, pas seulement pour ceux qui le croisent dans la ville mais également pour le lecteur. Le lieu a de l’importance, on sent au départ une communauté soudée mais un grain de sable et tout s’écroule. Était-ce une union de façade ? Sal est-il le catalyseur qui fait que chacun se montre tel qu’il est réellement ?
Celui qui revient sur les faits passés, est maintenant un homme solitaire, limite asocial. Il a du recul, analyse le passé mais sans s’appesantir. Est-ce qu’un adolescent peut être le mal incarné ou l’apporter ?
De nombreux thèmes sont abordés dans ce recueil. Tiffany McDaniel ouvre des pistes de réflexion. Son écriture (merci au traducteur) lumineuse, puissante, donne de la profondeur à son écrit. Ses personnages, (celui de la mère de famille est très intéressant) sont captivants ; originaux. J’ai apprécié d’observer l’évolution de chacun, leurs failles, leurs forces et la façon dont ils s’y prennent pour avancer malgré les difficultés. J’émets juste un petit bémol sur l’année 1984, j’avais plutôt l’impression d’être trente ou cinquante ans en arrière.
NB : j’ai adoré le gâteau d’anniversaire des treize ans !
Publié une première fois, en mai 2019, par les éditions Joëlle Losfeld (et traduit par Christophe Mercier), ce roman a été réédité chez Gallmeister après le succès de Betty du même auteur.
1984, Autopsy Bliss, est procureur à Breathed, une petite ville de l’Ohio. Il se pose beaucoup de questions sur la justice et son application, ne risque-t-on pas de faire des erreurs et comment les réparer si … ? Voulant se heurter au Mal pour, entre autres, mieux comprendre le Bien, il passe une annonce où il invite le diable. Drôle d’idée mais après tout, pourquoi pas ?
Le lendemain, le fils du procureur, Fielding (qui est maintenant âgé et nous raconte l’histoire) se trouve face à un jeune garçon, Sal, à la peau noire et aux yeux verts surprenants. Ce dernier lui dit qu’il est le diable. Autopsy pense que c’est un fugueur et l’accueille chez lui le temps que le shérif fasse des démarches pour que sa famille le récupère. Sal s’installe, presque comme un fils supplémentaire dans cette famille peu ordinaire.
L’atmosphère est lourde, on est en pleine canicule. De plus, depuis que cet adolescent est arrivé, il se passe des événements bizarres. Dans cette bourgade, le racisme, le sectarisme, l’intransigeance sont forts. Certains se cachent derrière la religion mais il n’y a pas de cohérence entre leurs actes et leur foi… Sal est un individu troublant, fascinant, pas seulement pour ceux qui le croisent dans la ville mais également pour le lecteur. Le lieu a de l’importance, on sent au départ une communauté soudée mais un grain de sable et tout s’écroule. Était-ce une union de façade ? Sal est-il le catalyseur qui fait que chacun se montre tel qu’il est réellement ?
Celui qui revient sur les faits passés, est maintenant un homme solitaire, limite asocial. Il a du recul, analyse le passé mais sans s’appesantir. Est-ce qu’un adolescent peut être le mal incarné ou l’apporter ?
De nombreux thèmes sont abordés dans ce recueil. Tiffany McDaniel ouvre des pistes de réflexion. Son écriture (merci au traducteur) lumineuse, puissante, donne de la profondeur à son écrit. Ses personnages, (celui de la mère de famille est très intéressant) sont captivants ; originaux. J’ai apprécié d’observer l’évolution de chacun, leurs failles, leurs forces et la façon dont ils s’y prennent pour avancer malgré les difficultés. J’émets juste un petit bémol sur l’année 1984, j’avais plutôt l’impression d’être trente ou cinquante ans en arrière.
NB : j’ai adoré le gâteau d’anniversaire des treize ans !
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Cassiopée- Admin
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Re: [McDaniel, Tiffany] L'été où tout a fondu
Alors tu rêvais de le lire Cassiopée, tu as dû être contente ! Il donne envie en tout cas, après ta critique et celle de Cannetille.
elea2020- Grand sage du forum
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Date d'inscription : 02/01/2020
Re: [McDaniel, Tiffany] L'été où tout a fondu
Malgré vos bonnes appréciations, je ne suis pas très tentée. Trop déçue par "Betty, sans doute.
Cassiopée, tu dis : Son écriture (merci au traducteur) lumineuse, puissante, donne de la profondeur à son écrit
Veux-tu dire par là que le traducteur a parfaitement bien fait son travail ou qu'il a plutôt magnifié le texte original ?
Je dis cela parce que j'attache beaucoup d'importance à la traduction et suis souvent contrariée par les piètres prestations.
Cassiopée, tu dis : Son écriture (merci au traducteur) lumineuse, puissante, donne de la profondeur à son écrit
Veux-tu dire par là que le traducteur a parfaitement bien fait son travail ou qu'il a plutôt magnifié le texte original ?
Je dis cela parce que j'attache beaucoup d'importance à la traduction et suis souvent contrariée par les piètres prestations.
Dulcie- Grand expert du forum
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Re: [McDaniel, Tiffany] L'été où tout a fondu
Je n'ai lu que la traduction donc je ne peux pas comparer mais je pense que le traducteur a très bien fait son travail puisque je n'ai pas trouvé de faute de goût et que le texte m'a marquée.
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Cassiopée- Admin
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