[Joy, David] Nos vies en flammes
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[Joy, David] Nos vies en flammes
Titre : Nos vies en flammes (When These Mountains Burn)
Auteur : David JOY
Traduction : Fabrice POINTEAU
Parution : 2020 en anglais (Etats-Unis), 2022 en français (Sonatine)
Pages : 352
Présentation de l'éditeur :
Veuf et retraité, Ray Mathis mène une vie solitaire dans sa ferme des Appalaches. Dans cette région frappée par la drogue, la misère sociale et les incendies ravageurs, il contemple les ruines d’une Amérique en train de sombrer. Le jour où un dealer menace la vie de son fils, Ray se dit qu’il est temps de se lever. C’est le début d’un combat contre tout ce qui le révolte. Avec peut-être, au bout du chemin, un nouvel espoir.
Au sommet de son art, David Joy nous offre avec Nos vies en flammes une oeuvre magistrale. Après Ce lien entre nous (2020), unanimement salué par la critique et les libraires, il nous prouve une fois de plus l’étendue de son talent.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
David Joy est né en 1983 à Charlotte, en Caroline du Nord. Titulaire d’une licence d’anglais obtenue avec mention à la Western Carolina University, il y poursuit naturellement ses études avec un master spécialisé dans les métiers de l’écrit. Il a pour professeur Ron Rash, qui l’accompagnera et l’encouragera dans son parcours d’écrivain. Après quelques années d’enseignement, David Joy reçoit une bourse d’artiste du Conseil des arts de la Caroline du Nord. Son premier roman, Là où les lumières se perdent, remporte un franc succès et est finaliste du prix Edgar du meilleur premier roman en 2016.
David Joy vit aujourd’hui à Webster, en Caroline du Nord, au beau milieu des Blue Ridge Mountains, et partage son temps entre l’écriture, la chasse, la pêche et les travaux manuels.
Avis :
Dans ce coin des Appalaches - déjà ravagé par le chômage et l’exode - que les incendies de forêt menacent désormais de faire partir en fumée, Raymond Mathis, garde forestier retraité, s’accroche à sa ferme, où il vit seul depuis qu’un cancer a emporté sa femme et que son fils s’enfonce toujours un peu plus dans la drogue. Un jour qu’il se voit forcé par les dealers de régler les lourdes créances de son fils en échange de sa vie, il décide de prendre les choses en mains en lieu et place de la police.
L’Amérique de David Joy est celle des oubliés et des défavorisés, ceux qui, rivés à une région économiquement moribonde, ne connaissent que la dureté d’une vie sans espoir, le combat quotidien pour, au mieux, une poignée de dollars qui n’assurera qu’à peine les besoins fondamentaux d’une vie dépourvue d’horizon. Cette Amérique est devenue le terreau des addictions en tout genre, alcool, médicaments et drogues, seules fenêtres ouvertes sur quelques instants d’oubli et de respiration. Des opioïdes bon marché prescrits sur ordonnance aux méthamphétamines et à l’héroïne, ces habitants sont de plus en plus nombreux à se muer en ombres squelettiques que l’on retrouve un jour sans vie au coin d’une rue, la seringue encore au bras, venant grossir les statistiques accablantes que le comté affiche sur des panneaux au bord des routes.
Le fils de Ray est l’un d’entre eux, embarqué sur un toboggan vers l’enfer, au fur et à mesure que l’oubli temporaire exige toujours plus de doses, toujours plus d’argent, et que, pour entretenir la combustion intérieure qui le détruit progressivement, il se retrouve réduit aux pires extrémités. Impuissant, Ray assiste à la lente et irrépressible déchéance de son fils, qui, avant de le mener inévitablement vers la mort, le place à la merci de la violence de trafiquants tellement sûrs de leurs collusions au sein de la police et des autorités que rien ne semble pouvoir les arrêter. Faisant frissonner le lecteur d’effroi et de dégoût, la narration laisse monter le désespoir jusqu’au paroxysme qui déclenche la révolte de Ray, subitement las de trop subir.
Classiquement nouée autour d’un trafic, de victimes et d’une vengeance, l’intrigue s’enroule de manière violente et accablante autour de personnages qui crèvent les pages. C’est qu’ils sont partiellement nourris par le propre vécu de l’auteur, issu d’une ces familles pauvres des Appalaches, jeune consommateur de comprimés en tout genre qui a su ensuite éviter les drogues dures, contrairement à un entourage aujourd’hui décimé. Sa révolte à lui, c’est dans son roman et ses articles qu’il l’exprime, tel celui qui figure en postface, où il dénonce la responsabilité de laboratoires pharmaceutiques dans le développement de la crise des opioïdes aux Etats-Unis depuis les années quatre-vingt-dix. Marketing à tout crin, sous-estimation intentionnelle des risques d’addiction : la cupidité a mené – et continue à mener – chaque année à la mort plusieurs centaines de milliers d’Américains, en tête desquels les plus pauvres et défavorisés.
Peinture sociale en même temps que roman policier, un livre noir, dont les personnages, découpés sur le fond d’incendies menaçants et rampants, semblent les victimes d’un monde en perdition, sur la brèche d’un enfer prêt à l’engloutir.
Re: [Joy, David] Nos vies en flammes
Mon avis
Il reconstruisait une vie sur des poutres qui avaient été rongées par les flammes et se retrouvait sidéré et sans voix quand ce qu’il avait construit s’écroulait autour de lui.
Raymond Mathis est retraité, il vit dans une ferme des Appalaches, seul avec sa vieille chienne. Sa femme est décédée et il pense régulièrement à elle, souffrant de son absence. Il a fun fils, Ricky, qui passe de temps en temps, lorsqu’il n’est pas là le plus souvent, pour voler ce qui peut l’être, allant même jusqu’à récupérer des couverts dépareillés. Tout ce qu’il peut monnayer pour se procurer de la drogue.
Ray est révolté par tout ce qui est lié à la drogue. Il trouve que les policiers ne font pas ce qu’il faut, que les trafiquants entraînent des gosses dans la dépendance aux opiacées. Et il voit Ricky qui plonge, qui doit de plus en plus d’argent. Le paternel est à bout, il n’en peut plus jusqu’au jour où un événement le force à agir, il n’a plus rien à perdre. On l’accompagne, douloureusement, dans sa lutte.
On suit aussi Denny, un pauvre gars, issu d’une famille Cherokee. Il cherche sa place en permanence, ne la trouve pas, essaie de se passer de drogue, n’y arrive pas, recommence…. On voudrait tant l’aider car comme on dit, il a sans doute « bon fond »….
Mais rien n’est simple dans cette région en feu à tout point de vue (les incendies font rage, l’alcool brûle les estomacs, les stupéfiants incendient les esprits …) Le chômage est le quotidien de beaucoup de personnes et toutes les magouilles sont bonnes pour se faire un peu de fric.
David Joy met en scène, une fois de plus, les laissés pour compte de l’Amérique, ceux qu’on oublie, qui galèrent, qui survivent parfois. Ses personnages, ses descriptions sont sans fard. La violence est omniprésente, c’est noir, terriblement dur à lire tant on cherche la moindre lueur d’espoir.
On a plusieurs points de vue, celui des enquêteurs, des trafiquants, des familles … L’auteur parle aussi de racisme, des différentes cultures qui se croisent, de l’environnement … Le profil psychologique des individus est réfléchi, l’auteur sait de quoi il parle. La postface est bouleversante car on apprend que Joy n’a pas eu une vie facile et aurait pu succomber lui aussi.
Le lecteur n’est pas épargné, le contenu est tragique, terriblement dur à lire mais l’écriture (merci au traducteur) sèche, directe, nous scotche aux pages car c’est ça la force de Joy, nous immerger dans ses histoires quitte à nous laisser le cœur en vrac….
Il reconstruisait une vie sur des poutres qui avaient été rongées par les flammes et se retrouvait sidéré et sans voix quand ce qu’il avait construit s’écroulait autour de lui.
Raymond Mathis est retraité, il vit dans une ferme des Appalaches, seul avec sa vieille chienne. Sa femme est décédée et il pense régulièrement à elle, souffrant de son absence. Il a fun fils, Ricky, qui passe de temps en temps, lorsqu’il n’est pas là le plus souvent, pour voler ce qui peut l’être, allant même jusqu’à récupérer des couverts dépareillés. Tout ce qu’il peut monnayer pour se procurer de la drogue.
Ray est révolté par tout ce qui est lié à la drogue. Il trouve que les policiers ne font pas ce qu’il faut, que les trafiquants entraînent des gosses dans la dépendance aux opiacées. Et il voit Ricky qui plonge, qui doit de plus en plus d’argent. Le paternel est à bout, il n’en peut plus jusqu’au jour où un événement le force à agir, il n’a plus rien à perdre. On l’accompagne, douloureusement, dans sa lutte.
On suit aussi Denny, un pauvre gars, issu d’une famille Cherokee. Il cherche sa place en permanence, ne la trouve pas, essaie de se passer de drogue, n’y arrive pas, recommence…. On voudrait tant l’aider car comme on dit, il a sans doute « bon fond »….
Mais rien n’est simple dans cette région en feu à tout point de vue (les incendies font rage, l’alcool brûle les estomacs, les stupéfiants incendient les esprits …) Le chômage est le quotidien de beaucoup de personnes et toutes les magouilles sont bonnes pour se faire un peu de fric.
David Joy met en scène, une fois de plus, les laissés pour compte de l’Amérique, ceux qu’on oublie, qui galèrent, qui survivent parfois. Ses personnages, ses descriptions sont sans fard. La violence est omniprésente, c’est noir, terriblement dur à lire tant on cherche la moindre lueur d’espoir.
On a plusieurs points de vue, celui des enquêteurs, des trafiquants, des familles … L’auteur parle aussi de racisme, des différentes cultures qui se croisent, de l’environnement … Le profil psychologique des individus est réfléchi, l’auteur sait de quoi il parle. La postface est bouleversante car on apprend que Joy n’a pas eu une vie facile et aurait pu succomber lui aussi.
Le lecteur n’est pas épargné, le contenu est tragique, terriblement dur à lire mais l’écriture (merci au traducteur) sèche, directe, nous scotche aux pages car c’est ça la force de Joy, nous immerger dans ses histoires quitte à nous laisser le cœur en vrac….
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