[Reinhardt, Eric] L'amour et les forêts

Lu en mai 2021. Voici la critique écrite à l'époque :

C'est l'histoire d'une femme, Bénédicte Ombredanne, cultivée, professeur agrégé de lettres, qui vit dans la terreur des abus psychologiques constants et croissants d'un mari sadique et complexé. Le plus troublant est que la protagoniste la vit à l'intérieur, sans rien révéler à l'extérieur, sauf lors d'une deuxième rencontre avec un écrivain qu’elle admire et à qui elle raconte toute la misère de sa vie.

Éric Reinhardt estime que ce roman peut aider de nombreuses femmes en situation de maltraitance. Qu'il en soit ainsi, malgré l'angoisse, parfois suffocante, que l'on éprouve en découvrant le crescendo progressif et constant du harcèlement sadique subi par Bénédicte Ombredanne, tout au long de treize ans de mariage. Il y a un moment de rébellion, qui est vite étouffé. Et cette profonde souffrance elle la somatise au travers de nombreuses maladies, jusqu'à la dernière qui la libère enfin d'elle-même. Non pas qu'elle soit prisonnière du mari. Elle est prisonnière d'elle-même, de sa soumission, d'un sentiment de culpabilité, ou de la crainte de ce que les autres vont dire, ou des centaines de raisons qu'elle peut avoir pour rester dans cet enfermement intérieur féroce.

Et cela se produit pourtant quotidiennement dans nos sociétés avancées, où la maltraitance est un crime, où les femmes peuvent divorcer, dénoncer, être légalement protégées, des sociétés où cette protection est un droit auquel elles renoncent, car le harcèlement annule la capacité de réaction et crée chez la victime une situation dans laquelle plus que la peur, elle éprouve une panique paralysante qui l'empêche de sortir, d'exploser, de crier, de s'échapper, de défendre son intégrité et son territoire en tant que personne.

J'ai lu dans la présentation du livre que Bénédicte Ombredanne était considérée comme une Madame Bovary moderne. Mais qu'ont en commun Bénédicte Ombredanne et Emma Bovary? Les maris respectifs, Jean-François Ombredanne et Charles Bovary ? Non, rien du tout. Bénédicte vit secrètement une situation de harcèlement et d'abus psychologiques constants. Emma Bovary, déçue de son mariage, a une vie secrète en dehors de lui, ce qui lui apporte satisfaction et bonheur même si cela conduit finalement à la ruine, à une impasse et au suicide. Emma vit dans une société où l'adultère est impensable, il doit être clandestin. Bénédicte vit dans une société dans laquelle elle peut divorcer, dénoncer son partenaire, et où même avoir une liaison n'est pas mal vu. Oui, elles mènent toutes les deux une vie secrète, mais celle d'Emma est risquée, gratifiante, même si tout s'effondre. La vie de Bénédicte est aussi secrète et risquée mais jamais enrichissante. Elle ne tente jamais rien pour se libérer de sa torture.

Le livre est très bien écrit, avec des descriptions très sensibles des situations et des ressentis. Son énorme qualité littéraire qui conduit souvent le lecteur à se sentir très mal à l’aise, ne peut être mise en doute. Il révèle surtout les tortures secrètes que des milliers de femmes subissent et si cela pouvait, un tant soit peu, influencer des changements et interférer positivement avec la passivité sociale encore notable envers les abus, le but serait atteint.

Merci Dulcie pour ta critique  

Tu n'ajoutes ni les références du roman, ni une image de la couverture.

ICI tu vas trouver un guide pour mettre en page tes critiques.

Mais oui, pardon Joëlle. Je l'ajoute de suite.
Petite précision qui vaut pour la plupart des critiques postées sur le forum : j'utilise une liseuse. Je vais donc chercher une image sur le net et je ne donne pas le nombre de pages parce qu'il est toujours différent de la version papier.