[Besson, Philippe] Ceci n'est pas un fait divers
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[Besson, Philippe] Ceci n'est pas un fait divers
Ceci n’est pas un fait divers
Philippe Besson
paru aux éditions Julliard
le 5 janvier 2023
208 pages
résumé:
"Papa vient de tuer maman".
Passée la sidération, deux enfants brisés vont devoir se débattre avec le chagrin, la colère, la culpabilité. Et réapprendre à vivre.
Philippe Besson s’empare d’un sujet de société qui ne cesse d’assombrir l’actualité : le féminicide. En romancier du sensible, il y apporte un éclairage singulier, adoptant le point de vue des enfants des mères tuées par leur conjoint, dont on ne parle que trop rarement. Avec pudeur et sobriété, ce roman, inspiré de faits réels, raconte la difficulté de vivre l’après, pour ces victimes invisibles.
mon avis:
Ceci n’est pas un fait divers c’est la vie d’une famille détruite par une phrase “papa vient de tuer maman” . Sous les yeux de Léa, 13 ans, son père a assassiné sa mère de 17 coups de couteau. Ce roman sous la narration du grand frère raconte l’histoire d’un frère, d’une sœur qui avec l’aide de leur grand-père maternel essaie d’affronter l’horreur de ce féminicide.
Léa est traumatisée, elle ne parle plus, son frère abandonne tout pour l’aider, essayer de s’en sortir après un tel drame, est-ce possible ?
C’est un roman terrible,percutant, il se lit facilement, les chapitres sont courts.
Ceci n’est pas un fait divers, ceci arrive beaucoup trop souvent et est tiré d’une histoire vraie. Combien de femmes comme Alice meurent sous les coups de leur compagnon. Combien de femmes comme Alice se taisent sous les menaces et cachent ce dont elles ont honte. Combien de femmes comme Alice demandent de l’aide mais n’en obtiennent pas, il suffit parfois d’être présent au bon moment, de savoir écouter, de ne pas détourner le regard. Ce livre est fort, lisez le car en parler ne peut qu’aider.
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Jeetca- Grand sage du forum
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Re: [Besson, Philippe] Ceci n'est pas un fait divers
L'histoire racontée par Philippe Besson pourrait ressembler à un fait divers, les féminicides ayant été considérés comme tels pendant des années...
Mais dès le titre, l'auteur proclame que ce n'est pas un fait divers. Et effectivement, il ne va cesser de le démontrer dans tout son livre. Il ne fait pas que raconter l'histoire de ce jeune homme de 19 ans, dont la vie bascule le jour où sa soeur de 13 ans l'appelle pour lui annoncer la mort, l'assassinat de leur mère par leur père. Il utilise des mots puissants pour prouver, s'il y en a encore besoin pour certains, que cette atrocité n'est pas qu'une anecdote de plus.
Philippe Besson ne fait jamais dans le larmoyant, pourtant ses phrases sont percutantes, les idées sont transmises et la claque ressentie en fermant le livre est là. J'aime cette écriture légère qui parvient à nous livrer une histoire vraie, horrible avec tous les ressentis et les émotions qu'on peut attendre avec une telle lecture. Il ne force pas le trait et pourtant sa mission est remplie.
Hormis l'importance de telles oeuvres pour que les choses avancent, que les mentalités changent et que ces féminicides cessent enfin, il est à noter la place considérable qui est laissée aux victimes soit disant collatérales. Ce jeune homme, sa soeur adolescente, le père de la défunte, des vies à jamais brisées. Car il n'y pas qu'une victime et la prouesse de Philippe Besson est de nous le prouver, nous montrer à quel point cette jeune adolescente sera à jamais marquée.
C'est un vrai coup de coeur, coup de sang par moment devant les mots prononcés par certaines personnes, coup au coeur tout au long du roman.
Mais dès le titre, l'auteur proclame que ce n'est pas un fait divers. Et effectivement, il ne va cesser de le démontrer dans tout son livre. Il ne fait pas que raconter l'histoire de ce jeune homme de 19 ans, dont la vie bascule le jour où sa soeur de 13 ans l'appelle pour lui annoncer la mort, l'assassinat de leur mère par leur père. Il utilise des mots puissants pour prouver, s'il y en a encore besoin pour certains, que cette atrocité n'est pas qu'une anecdote de plus.
Philippe Besson ne fait jamais dans le larmoyant, pourtant ses phrases sont percutantes, les idées sont transmises et la claque ressentie en fermant le livre est là. J'aime cette écriture légère qui parvient à nous livrer une histoire vraie, horrible avec tous les ressentis et les émotions qu'on peut attendre avec une telle lecture. Il ne force pas le trait et pourtant sa mission est remplie.
Hormis l'importance de telles oeuvres pour que les choses avancent, que les mentalités changent et que ces féminicides cessent enfin, il est à noter la place considérable qui est laissée aux victimes soit disant collatérales. Ce jeune homme, sa soeur adolescente, le père de la défunte, des vies à jamais brisées. Car il n'y pas qu'une victime et la prouesse de Philippe Besson est de nous le prouver, nous montrer à quel point cette jeune adolescente sera à jamais marquée.
C'est un vrai coup de coeur, coup de sang par moment devant les mots prononcés par certaines personnes, coup au coeur tout au long du roman.
lilalys- Grand expert du forum
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Re: [Besson, Philippe] Ceci n'est pas un fait divers
Comme c'est un coup de cœur pour toi Lilalys, il faudrait que tu mettes le lien dans "coup de cœur de mars" pour que ton vote compte lorsqu'on fera la liste pour le challenge "partage lecture". Merci
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Jeetca- Grand sage du forum
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Re: [Besson, Philippe] Ceci n'est pas un fait divers
Ok Jeetca. Je ne savais pas. Je n’ai jamais mis dans la rubrique coup de cœur pour ceux que j ai eus précédemment. J y vais de ce pas.
lilalys- Grand expert du forum
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Re: [Besson, Philippe] Ceci n'est pas un fait divers
Cela fait plusieurs années que le narrateur, dix-neuf ans, a quitté la Gironde et le domicile familial pour ses études à Paris, lorsqu’un coup de téléphone affolé de sa petite sœur Léa, treize ans, le foudroie en quelques mots soufflés d’une voix blanche : « Papa vient de tuer maman. » Alors qu’il accourt aussitôt sur place, l’atroce réalité lui explose au visage : dans la maison investie par les gendarmes, le corps sans vie de sa mère, lardé de dix-sept coups de couteau, gît sur le sol de la cuisine ; son père en fuite est recherché pour meurtre ; sa sœur, témoin de l’agression, s’est réfugiée dans un mutisme traumatisé.
Depuis le premier récit de Léa jusqu’à l’épreuve du procès, en passant par les obsèques, le calvaire des dépositions et la confrontation au père qu’ils culpabilisent de ne pas parvenir à haïr tout à fait, les deux adolescents ne sortent de la sidération que pour se retrouver perdus dans un enfer sans fond, les menant peu à peu, brisés, à l’effondrement psychique. Tout d’abord incapable de mesurer combien le traumatisme est en train de dévorer sa cadette repliée sur son silence et ses cauchemars, le jeune homme s’absorbe, entre mauvaise conscience et ressentiment, dans sa réminiscence des signes avant-coureurs de la tragédie, ceux que personne, et pas même lui, n’a su regarder en face.
Déni de l’entourage, omerta familiale, incurie policière – la victime s’était vue refuser un dépôt de plainte pour violence conjugale –, ont définitivement enfermé le couple dans une spirale mortifère, chaque velléité d’indépendance de l’épouse maltraitée accroissant la fureur et la violence d’un homme narcissique et dominateur, persuadé de son droit de possession. Même si longtemps considéré comme passionnel et bénéficiant de circonstances atténuantes, le féminicide est un « crime de propriétaire », qui dit beaucoup des mentalités patriarcales héritées d’une longue tradition de domination masculine.
Inspiré de faits réels, le récit coule avec sobriété, dans une concision simplement efficace qui n’évite pas les poncifs, mais adopte le point de vue inédit des enfants. Et même si l’on ne peut se défendre totalement d’un vague sentiment de creux, voire d’opportunisme sur un sujet à la mode, l’on ne reste pas indifférent à cette fratrie, expulsée de chez elle et soudain privée de tout repère, qui doit affronter, bientôt rattrapée par la culpabilité, le deuil d’une mère en même temps que la monstruosité d’un père. Un père qui n’a d’ailleurs pas perdu son autorité parentale...
Enfin, et peut-être surtout, ce fait divers qui n’en est pas un nous interpelle sur notre responsabilité collective, parfois de témoins trop volontiers sourds et muets, plus largement pour ce qui peut bien autoriser certains hommes à penser posséder un tel droit de propriété sur leurs femmes qu’il leur donne sur elles pouvoir de vie et de mort. « Nous ne devions pas juger seulement un fait divers, mais un fait social. Nous ne devions pas parler d’une dispute conjugale qui aurait mal tourné, mais bien de l’aboutissement d’un continuum de violence et de terreur. Nous ne devions pas parler d’un meurtre, mais de la volonté d’un homme d’affirmer son pouvoir, d’asseoir sa domination. Et de l’aveuglement de la société. Et de la peur de nommer. » (3,5/5)
Depuis le premier récit de Léa jusqu’à l’épreuve du procès, en passant par les obsèques, le calvaire des dépositions et la confrontation au père qu’ils culpabilisent de ne pas parvenir à haïr tout à fait, les deux adolescents ne sortent de la sidération que pour se retrouver perdus dans un enfer sans fond, les menant peu à peu, brisés, à l’effondrement psychique. Tout d’abord incapable de mesurer combien le traumatisme est en train de dévorer sa cadette repliée sur son silence et ses cauchemars, le jeune homme s’absorbe, entre mauvaise conscience et ressentiment, dans sa réminiscence des signes avant-coureurs de la tragédie, ceux que personne, et pas même lui, n’a su regarder en face.
Déni de l’entourage, omerta familiale, incurie policière – la victime s’était vue refuser un dépôt de plainte pour violence conjugale –, ont définitivement enfermé le couple dans une spirale mortifère, chaque velléité d’indépendance de l’épouse maltraitée accroissant la fureur et la violence d’un homme narcissique et dominateur, persuadé de son droit de possession. Même si longtemps considéré comme passionnel et bénéficiant de circonstances atténuantes, le féminicide est un « crime de propriétaire », qui dit beaucoup des mentalités patriarcales héritées d’une longue tradition de domination masculine.
Inspiré de faits réels, le récit coule avec sobriété, dans une concision simplement efficace qui n’évite pas les poncifs, mais adopte le point de vue inédit des enfants. Et même si l’on ne peut se défendre totalement d’un vague sentiment de creux, voire d’opportunisme sur un sujet à la mode, l’on ne reste pas indifférent à cette fratrie, expulsée de chez elle et soudain privée de tout repère, qui doit affronter, bientôt rattrapée par la culpabilité, le deuil d’une mère en même temps que la monstruosité d’un père. Un père qui n’a d’ailleurs pas perdu son autorité parentale...
Enfin, et peut-être surtout, ce fait divers qui n’en est pas un nous interpelle sur notre responsabilité collective, parfois de témoins trop volontiers sourds et muets, plus largement pour ce qui peut bien autoriser certains hommes à penser posséder un tel droit de propriété sur leurs femmes qu’il leur donne sur elles pouvoir de vie et de mort. « Nous ne devions pas juger seulement un fait divers, mais un fait social. Nous ne devions pas parler d’une dispute conjugale qui aurait mal tourné, mais bien de l’aboutissement d’un continuum de violence et de terreur. Nous ne devions pas parler d’un meurtre, mais de la volonté d’un homme d’affirmer son pouvoir, d’asseoir sa domination. Et de l’aveuglement de la société. Et de la peur de nommer. » (3,5/5)
Re: [Besson, Philippe] Ceci n'est pas un fait divers
Au 24/07/2024, on dénombrait 78 féminicides depuis le début de l'année.
51 enfants ont perdu leur mère et 11 enfants étaient présents lors de l’assassinat.
Le texte de Philippe Besson nous raconte les enfants. Leur façon de réagir, d’appréhender la violence et la mort de la mère. Les regrets de l’ainé, le désespoir de la cadette, l’indifférence de la police (ici gendarmerie).
Sans le grand-père, les enfants n’auraient même pas pu avoir des vêtements, récupérer leurs affaires de toilettes, de classe… etc.
La victime avait essayé de déposer une plainte, prise avec beaucoup trop de légèreté par le représentant de l’ordre.
L’auteur décrit, avec talent, la très triste réalité de nôtre pays qui n’a pas encore réussi à protéger les femmes et leurs enfants d’hommes « pervers narcissiques » ou autres énergumènes violents. C’est aussi très souvent hélas, quand enfin elles décident de partir, de se libérer de l’emprise qu’elles sont battues à mort.
Ceci n’est pas un fait divers !
Ceci est une triste réalité !
Une lecture à partager abondamment !
Les lectures de Joëlle.
51 enfants ont perdu leur mère et 11 enfants étaient présents lors de l’assassinat.
Le texte de Philippe Besson nous raconte les enfants. Leur façon de réagir, d’appréhender la violence et la mort de la mère. Les regrets de l’ainé, le désespoir de la cadette, l’indifférence de la police (ici gendarmerie).
Sans le grand-père, les enfants n’auraient même pas pu avoir des vêtements, récupérer leurs affaires de toilettes, de classe… etc.
La victime avait essayé de déposer une plainte, prise avec beaucoup trop de légèreté par le représentant de l’ordre.
L’auteur décrit, avec talent, la très triste réalité de nôtre pays qui n’a pas encore réussi à protéger les femmes et leurs enfants d’hommes « pervers narcissiques » ou autres énergumènes violents. C’est aussi très souvent hélas, quand enfin elles décident de partir, de se libérer de l’emprise qu’elles sont battues à mort.
Ceci n’est pas un fait divers !
Ceci est une triste réalité !
Une lecture à partager abondamment !
Les lectures de Joëlle.
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