[Musée des Beaux-Arts de Rennes] Et si on parlait d'art ?

Présentation :
"(...) Nous sommes très heureux de ce partenariat avec les commerçants, ce grâce au Carré Rennais. En effet, c'est un véritable moment de partage, de savoir-faire et de dialogue entre deux corps de métiers : le commerçant et le conservateur. Avec ce projet, nous espérons surprendre les visiteurs qui pourront à la fois découvrir des œuvres du musée, mais aussi l'histoire de certains commerces de Rennes, qu'ils ont l'habitude de fréquenter.
Cet événement s'inscrit dans le cadre d'une formule de parcours que nous avons mis en place pour animer les collections permanentes. Intitulés "Et si on parlait d'art ?" (dont la contraction partielle donne ESOP), ces derniers offrent aux visiteurs une déambulation à travers les nombreuses œuvres exposées dans les salles des collections d'art ancien (du XVe au début du XX" siècle)." (Guillaume Kazerouni)

Le livret comporte donc 34 des tableaux de la collection ancienne du Musée, vu chacun par un commerçant et accompagné de 3 textes sur la page de gauche : une présentation brève du tableau et du peintre, un bref historique du commerce et de sa situation dans la ville, et le texte du commerçant lui-même expliquant son choix. Durant la période du projet, de juillet à novembre 2020, les commerçants qui ont participé ont pu exposer dans leur vitrine une reproduction du tableau choisi.

Pour voir quelques pages du livre et sa maquette, le lien ci-dessous est celui des graphistes qui ont réalisé le livret :
https://www.levidepoche.fr/mba-rennes-esop

À noter : l'entrée/la visite du Musée (sauf expositions temporaires) est totalement gratuite.

Mon avis :
J'ai vraiment dégusté ce livre, qui répond à un concept que je ne peux qu'apprécier : choisir un tableau et lui faire correspondre un texte subjectif, expliquant l'attirance ressentie pour lui et les points communs avec le commerce représenté. Ces tableaux, je les ai tous vus et remarqués, certains m'ont aussi séduite et je suis restée longtemps devant. Des tableaux prestigieux s'y trouvent, comme La Chasse au tigre de Rubens, ou encore Le Nouveau-né de Georges de La Tour, mais aussi Véronèse, Boucher... de ces tableaux et grands noms qui vous arrêtent impérieusement. Les textes de présentation disent vraiment l'essentiel sur l'œuvre, c'est instructif, et les reproductions sur la page de droite sont de qualité.

En plus de l'intérêt même de ces tableaux, du plaisir de les retrouver au fil des pages, j'ai pu apprécier une vision psycho-sociale du choix des commerçants ici représentés. Parfois le texte divaguait un peu trop sur le commerce lui-même et c'était moins intéressant ; la plupart du temps, les choix étaient audacieux, voire malicieux, ils apportaient un point de vue original sur la peinture. Je pourrais citer plusieurs exemples :
- le magasin de prêt-à-porter pour femmes enceintes qui choisit Le Nouveau-né de Georges de La Tour, y voyant un lien entre les générations ;
- le magasin d'arts créatifs qui choisit La Classe manuelle, école de petites filles de Richard Hall ;
- le Bistrot culturel et sa Bacchante endormie de Jean-Baptiste Marie Pierre ;
- le Buraliste et sa Révolte du papier timbré de Jean Bernard Chalette ;
- l'opticien et La Femme entre les deux âges, d'un Anonyme, parce qu'elle tient à la main une paire de lorgnons...

Une mention spéciale à la marque japonaise Uniqlo qui habille les jeunes, dont le choix s'est porté sur les Femmes de Plougastel en costume de fête de Jean-Julien Lemordant, peintre breton, se disant attachée à la tradition. Pour moi, c'est un beau geste, respectueux de l'héritage culturel de notre pays.

J'ai remarqué également que ces tableaux datent du XVe au XXe siècle, mais sont pour la plupart compris entre le XVIe et le XVIIe siècle : or, bien peu de commerces peuvent afficher une ancienneté de plus d'un siècle. Mis à part trois-quatre commerces datant d'avant les années 50, tous sont récents, ils ont ouvert après 2010. Le décalage entre l'art qui ne vieillit pas et les commerces qui se succèdent très vite m'a laissé rêveuse.

Je ne sais pas si je peux recommander ce livre, s'il est aussi intéressant quand on n'a pas visité les lieux, mais je l'ai en tout cas apprécié, et je le regarderai régulièrement. (4/5)

Mon tableau préféré :

La Chasse au tigre, de Pierre Paul Rubens, vers 1616 - H. 256 x L. 324 cm

Ma découverte, un peintre qui m'a charmée : Edouard Toudouze, peintre parisien (1848-1907).

Merci Elea pour cette présentation, j'aime beaucoup ton tableau préféré   

louloute a écrit:Merci Elea pour cette présentation, j'aime beaucoup ton tableau préféré   

Il est impressionnant en plus, il prend un mur entier. Je me suis arrêtée longtemps devant.

Merci elea, c'est très intéressant.
Pour le tableau, j'apprécie que ce ne soit pas le cheval qui soit attaqué par le tigre

Dulcie a écrit:Merci elea, c'est très intéressant.
Pour le tableau, j'apprécie que ce ne soit pas le cheval qui soit attaqué par le tigre  

Il doit lui faire mal quand même, on voit ses griffes plantées dans sa croupe. Ça fait mal rien que d'y penser ! Ce tableau est très "sensible", il restitue vraiment les mouvements et les sensations.

Un tableau d'Edouard Toudouze, puisque je l'ai mentionné :



Celui-ci n'est pas au Musée en revanche, mais il y en a plusieurs. On peut en voir d'autres dans le lien ci-dessous :
https://www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com/2019/07/Edouard-Toudouze.html

Ah oui ! Je ne connaissais pas du tout et j'avoue que j'aime bien. Les costumes sont particulièrement travaillés et les couleurs très présentes sans être agressives.

Dulcie a écrit:Ah oui ! Je ne connaissais pas du tout et j'avoue que j'aime bien. Les costumes sont particulièrement travaillés et les couleurs très présentes sans être agressives.

Moi non plus, je ne connaissais pas. Plusieurs de ses tableaux ont des couleurs pâles, comme si c'était une photo surexposée ; c'était plutôt novateur.