[Orsenna, Erik & Saint-Aubin, Isabelle (de)] Géopolitique du moustique
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[Orsenna, Erik & Saint-Aubin, Isabelle (de)] Géopolitique du moustique
Titre : Petit précis de mondialisation 4 : Géopolitique du moustique
Auteur : Erik ORSENNA - Dr Isabelle de SAINT-AUBIN
Parution : 2017 (Fayard)
Pages : 288
Présentation de l'éditeur :
Cette histoire du moustique dans la mondialisation racontée avec humour et précision par Erik Orsenna nous fait découvrir : l’effroi, causé par tous les maladies provoquées par ce minuscule insecte, l’humilité dont doit faire preuve l’homme dans sa recherche de résultat (car la vie n’est qu’une longue suite de remises en cause), et une forme d'émerveillement qui vise à mieux vivre en humain grâce au moustique.
« Les moustiques viennent de la nuit des temps (250 millions d'années), mais ils ne s'attardent pas (durée de vie moyenne : 30 jours). Nombreux (3 564 espèces), volontiers dangereux (plus de 700 000 morts humaines chaque année), ils sont répandus sur les cinq continents (Groenland inclus). Quand ils vrombissent à nos oreilles, c’est une histoire qu'ils nous racontent : leur point de vue sur la mondialisation. Une histoire de frontières abolies, de mutations permanentes, de luttes pour survivre, de santé planétaire, mais aussi celle des pouvoirs humains (vertigineux) qu’offrent les manipulations génétiques. Allons-nous devenir des apprentis sorciers ? Toutefois, ne nous y trompons pas, c'est d'abord l'histoire d'un couple à trois : le moustique, le parasite et sa proie (nous, les vertébrés). Après le coton, l'eau et le papier, je vous emmène faire un nouveau voyage pour tenter de mieux comprendre notre terre. Guyane, Cambodge, Pékin, Sénégal, Brésil, sans oublier la mythique forêt Zika (Ouganda) : Je vous promets des surprises et des fièvres ! »
« Pour un tel périple dans le savoir, il me fallait une alliée. Personne ne pouvait mieux jouer ce rôle que le docteur Isabelle de Saint Aubin, élevée sur la rive du fleuve Ogooué, au coeur d'un des plus piquants royaumes du moustique. »
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Né en 1947, Erik Orsenna est écrivain et membre de l'Académie française. Après des études de philosophie, de sciences politiques et d'économie, il devient enseignant-chercheur, puis docteur d'Etat en finance internationale et en économie du développement à l'Université de Paris I et à l'École normale supérieure. En 1981, il travaille au ministère de la Coopération, aux côtés de Jean-Pierre Cot. Conseiller culturel à l'Élysée de 1983 à 1984, il seconde Roland Dumas sur les questions africaines au ministère des Affaires étrangères au début des années 1990. Parallèlement maître des requêtes au Conseil d'État en décembre 1985, il est nommé conseiller d'État en 2000. Erik Orsenna fait partie du Haut Conseil de la Francophonie. Auteur de nombreux ouvrages, essais et romans, il reçoit le Prix Goncourt en 1988 (L'Exposition coloniale, Seuil). Inclassable explorateur et conteur invétéré, il a raconté la mondialisation à travers le coton, l'eau, le papier, le moustique, les villes et les cochons, Il est ambassadeur de l'Institut Pasteur. Auteur de nombreux succès, dont, récemment, Beaumarchais, un aventurier de la liberté (Stock, 2019) et Cochons, voyage aux pays du Vivant, 2020.
Avis :
Il n’y a que l’Antarctique et l’Islande qui leur échappent encore. Partout ailleurs, ils sont des nuées, éphémères mais sans cesse renouvelées – sept générations en un an – et donc dotées d’une capacité d’adaptation qui les rend quasi invincibles. Et ils tuent. Dengue, chikungunya, zika, fièvre jaune, paludisme... : responsables de plus de 800 000 décès humains par an, les moustiques sont notre premier ennemi sur cette planète. Pourtant, les éradiquer pourrait avoir des conséquences plus terribles encore...
Après ses trois autres « précis de mondialisation » sur le coton, l’eau et le papier, Erik Orsenna, alors ambassadeur de l’Institut Pasteur – il occupe le siège du scientifique à l’Académie française –, s’intéresse en 2017 à la « géopolitique du moustique ». Pour tout comprendre de ces petits mais costauds envahisseurs, il s’est rendu dans les pays où ils sévissent le plus, a rencontré d’éminents spécialistes de l’Institut Pasteur, à Paris, Dakar, Cayenne et Phnom Penh, et, avec une précision teintée d’humour, mêle ses réflexions, elles aussi souvent piquantes, à cet ouvrage de vulgarisation scientifique co-écrit avec sa compagne, l’angiologue Isabelle de Saint Aubin.
Le texte est intéressant, voire souvent fascinant, et a de quoi faire frémir. Car le constat est sans appel. Ce ne sont pas seulement le moustique et ses multiples espèces qui, toujours plus résistants, apprennent à conjurer toutes nos tentatives pour les vaincre. Les parasites, virus et bactéries, dont ils sont aujourd’hui les vecteurs les plus efficaces – loin devant les tiques, chauves-souris et autres hôtes déjà bien inquiétants dans ce livre – et que nous n’avons pas encore tous rencontrés – la covid-19 n’a surgi au grand jour qu’après la rédaction de cet ouvrage –, sont eux aussi tellement intelligents et opportunistes dans leur stratégies de survie qu’ils rendent inutile, et même dangereuse, toute velléité de destruction de leurs porteurs actuels. Sans parler des multiples espèces indispensables que la disparition du moustique condamnerait à périr d’inanition, tous ces organismes tueurs auraient vite fait de trouver une solution de rechange, peut-être plus terrible encore pour nous, pauvres Goliaths pourtant prompts à jouer les apprentis sorciers, autrefois à coups de produits chimiques, aujourd’hui, à l’aide de la génétique.
Documenté et instructif, ce mémento sur le moustique se lit comme un roman, parfois drôle, souvent étonnant, riche de pistes de réflexion dont on regrette seulement que ce format ne se prête à leur développement. Citons en deux, à méditer au son crispant de cet insecte si détesté : « Voilà le secret pour survivre : l’adaptation ! (…) de là, venait peut-être la fragilité et la noblesse de l’espèce humaine. Elle voulait changer la vie. Et la vie se vengeait. Il est vrai que, si notre espèce voulait tant « changer la vie », c’était à son seul bénéfice. » « Quand la dynamique de l’espèce l’emporte sur la revendication de l’individu, il y a gros à parier que la vitalité générale y gagne. » (4/5)
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