[Croset-Calisto, Magali] La révolution du No Sex
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[Croset-Calisto, Magali] La révolution du No Sex
La révolution du No Sex
Petit traité d'asexualité et d'abstinence
Magali Croset-Calisto
Éditions de l'Observatoire
17 Mai 2023
123 pages
ISBN : 979-10-329-2829-5
Petit traité d'asexualité et d'abstinence
Magali Croset-Calisto
Éditions de l'Observatoire
17 Mai 2023
123 pages
ISBN : 979-10-329-2829-5
Résumé de couverture :
Le sexe serait-il en berne ? 43 % de nos 15-24 ans n’auraient pas eu de rapport sexuel au cours des douze derniers mois : comment expliquer cette révolution du No Sex chez les jeunes ? S’agit-il d’un phénomène mondial ? Durable ? Est-il possible de n’éprouver aucune attirance pour personne ? Quelle différence y a-t-il entre asexualité et abstinence ? Qu’en est-il de la libido ? De la masturbation ? Pourquoi le No Sex dérange-t-il toujours autant ? L’hypersexualisation de notre société serait-elle à l’origine de la sobriété sexuelle du moment ? Une "récession" est-elle déjà en cours ?
Mêlant approche historique, enjeux socio-sexologiques et témoignages éloquents, la sexologue Magali Croset-Calisto répond ici à toutes ces interrogations et analyse l’abstinence et l’asexualité par-delà les problématiques de l’intime en questionnant leur place et leur signification dans notre civilisation.
Un petit traité instructif, bienveillant et déculpabilisant.
Mon avis :
C'est une lecture intéressante sur un sujet assez peu représenté encore, mais je ne suis pas sûre que ce petit ouvrage m'ait apporté beaucoup plus qu'une introduction. En peu de pages, il aborde de nombreux angles, ce qui fait que l'ensemble m'a paru manquer de fond. J'imagine que le but est davantage d'initier une réflexion que d'apporter une somme de connaissances.
L'autrice présente, dans cet ouvrage bien construit et étayé, la place du refus de la sexualité dans notre société actuelle, avec un point de vue féministe et dans le respect des orientations sexuelles de tout un chacun.
Elle explique tout d'abord ce qu'est l'asexualité, orientation sexuelle qui fait partie à présent du spectre LGBT (les personnes se nomment ACE, 1 à 4% de la population se dit asexuelle) : une absence d'attirance sexuelle pour d'autres personnes. Elle peut s'ajouter à l'aromantisme (ne pas être amoureux.se) ou non. On peut être en couple ou non, dans ce cas sans pratiquer de relations sexuelles, on peut avoir une pratique sexuelle de masturbation ou pas du tout, c'est en somme assez varié.
Les personnes abstinentes refusent la sexualité pour un temps, ce refus peut être choisi ou subi.
Dans la première partie, l'autrice définit cette catégorie, et nous donne un aperçu de ce que c'est que d'être asexuel.le dans une société hypersexualisée, répercutant la dénonciation de l'emprise du porno sur les jeunes générations, avec les risques sur la violence des comportements sexuels, ou encore en termes d'addictions, aux contenus pornographiques ou à un certain type de rapports sexuels.
Cette réflexion sur notre société aujourd'hui mène à une deuxième partie : les raisons de ne pas faire l'amour, qu'elles soient individuelles ou qu'elles traduisent une tendance générale qui se fait jour, en réaction au tout-marchand, aux excès en tout genre et à la nécessité criante de préserver la vie, de penser à soi et retrouver un vrai désir, ressenti profondément et non manipulé par les injonctions sociales, pour la sexualité et pour l'autre en général. L'autrice évoque le fait que ce rejet devenu véritable orientation sexuelle découle également de la nécessité de sortir de relations hétéronormées avec la pénétration pour objectif. Cette réflexion globale m'a paru vraiment intéressante - c'est d'ailleurs la raison pour laquelle ma fille aînée m'a offert ce livre, pour que je situe mieux l'asexualité dans la communauté LGBT (et pour tout dire, que je voie si je m'y identifie, car je n'ai plus de relation amoureuse ni sexuelle depuis 2019 et... je suis surprise de bien le vivre et de vouloir continuer comme ça, d'où ma propre réflexion sur cette question).
La dernière partie m'a à la fois intéressée en faisant le parallèle entre l'asexualité ou l'abstinence voulue et l'amour courtois, ce qui a toujours été un très fort intérêt littéraire chez moi (notamment les romans de chevalerie), et perdue, dans les considérations psychanalytiques sur la pulsion de vie et de mort (Eros et Thanatos), ainsi que la sublimation. Cette partie est un peu trop détachée d'exemples, donc abstraite. Elle induit en plus l'idée que des personnes abstinentes veulent juste faire une parenthèse pour retrouver un vrai désir et de belles relations (très bien), ce qui ne peut être le cas chez des personnes réellement asexuelles.
Cette lecture m'a amenée à me demander si la psychanalyse, qui est un domaine intéressant, sort un peu de concepts forcément patriarcaux et hétéronormés, si elle évolue et suit les tendances impulsées par les nouvelles générations.
J'ai apprécié cette lecture de qualité, sans être emballée : 4/5. Elle est très bien pour une découverte du sujet, ou pour une lecture éclairante sur un fait de société qui va prendre de l'ampleur dans les temps à venir.
Citations :
En 2022, 43% des 15-24 ans déclaraient ne pas avoir eu de rapports sexuels durant les douze derniers mois. Cela représente presque un jeune sur deux, ce n'est pas rien. (page 9)
Dans une société centrifuge, il est facile de s'oublier en cours de route. Une période d'abstinence permet à certaines personnes de calmer le rythme, de s'extraire de l'accélération pour mieux se recentrer, se ressourcer. (page 30)
Aujourd'hui, le DSM 5 (cinquième édition) dissocie à juste titre les troubles de l'hypolibido et de l'asexualité. Cela permet aux personnes asexuelles de revendiquer leur droit à la non-pathologisation de leur mode de fonctionnement. Mais notons que cela ne date que de huit ans... (page 45)
Si l'approche "positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles" définit le concept de "santé sexuelle", est-ce à dire que le non-désir de rapport sexuel ou de sexualité devient suspect ? Synonyme de "mauvaise santé sexuelle" ou de "santé sexuelle défaillante" ? (page 46)
À ce propos, l'épuisement relationnel est au couple ce que l'épuisement professionnel est au travail. (page 68)
Pour toute personne qui prend en compte le monde là où il en est, demain est incertain. C'est dans ce contexte anxiogène qu'il faut résister et tenter d'apporter à nos jeunes générations les outils pour améliorer leur futur mais aussi la force psychologique et la confiance en la vie. Coûte que coûte. (page 78)
Le modèle du patriarcat et de la domination masculine répugne bon nombre de femmes (celles des jeunes générations surtout). La nouveauté depuis #MeToo est qu'elles l'expriment haut et fort, quitte à susciter un mépris goguenard voire de la haine chez certains... et plus étonnamment chez certaines aussi, à lire les tribunes et prises de position antiféministes qu'affichent quelques-unes avec virulence, comme si leur propre survie auprès du pouvoir établi en dépendait. (page 87)
L'articulation et l'alliance entre générations me semblent plus que jamais de mise pour comprendre et anticiper les enjeux économiques, écologiques et éthiques de demain. (page 95)
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