[Rivera Letelier, Hernán] L'autodidacte, le boxeur et la reine du printemps
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[Rivera Letelier, Hernán] L'autodidacte, le boxeur et la reine du printemps
Titre : L'autodidacte, le boxeur et la reine du printemps (El autodidacta)
Auteur : Hernán RIVERA LETELIER
Traduction : François GAUDRY
Parution : en espagnol (Chili) en 2019, en français en 2023 (Métailié)
Pages : 112
Présentation de l'éditeur :
Eleazar Luna est ouvrier dans l’une des dernières mines de salpêtre du désert d’Atacama. Il suit des cours du soir et découvre la poésie avec ferveur, et avec elle l’écriture, puis l’amour. Mais la jeune femme qui le fait chavirer s’intéresse à quelqu’un d’autre, un rival exceptionnel : un jeune boxeur qui fait tourner la tête de toutes les femmes de la ville.
Le cadre martien du désert d’Atacama où les fleurs n’éclosent qu’une fois par an et ne durent que 24 heures, la dureté du travail dans les mines de salpêtre, captivent le lecteur, les personnages extraordinaires et dérisoires sont très impressionnants et attachants. Le charme du conteur est incontestable, il nous prend dans ses filets immédiatement.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Hernán Rivera Letelier est né en 1950 à Talca, il a toujours vécu dans le désert d'Atacama. Longtemps mineur dans des compagnies salpêtrières, à la fermeture de la mine "Pedro de ValdiviaI », il émigre à Antofagasta, il a 20 ans et suit des cours du soir pour apprendre à lire et à écrire, puis fait des études secondaires. Son premier roman, La Reine Isabel chantait des chansons d'amour (1994) a reçu le Prix de Littérature du Conseil National du Livre, récompense qu'il a obtenu aussi en 1996 pour Le Soulier rouge de Rosita Quintana, confirmant ainsi son talent et sa voix exceptionnelle au sein de la littérature chilienne des années 1990.
Avis :
Mineur comme son père avant lui dans les mines de salpêtre du Chili, Hernan Rivera Letelier a appris à lire et à écrire en suivant des cours du soir. En 1988, alors presque quadragénaire, il s’est mis à écrire des poèmes, puis des romans, qui, bientôt remarqués, en ont fait une figure de la littérature chilienne. Ses livres font apparaître son double, Eleazar Luna, que l’on retrouve ici, adolescent plein de rêves et d’espoirs d’évasion, sur l’austère fond d’une éphémère bourgade minière, perdue en plein désert d’Atacama.
En ces lieux arides et reculés, parmi les plus hostiles de la planète, la vie ne s’accroche en îlots provisoires que le temps de l’extraction du nitrate. La pampa chilienne en recèle les plus grands gisements existants. Quand un site est épuisé, la Compagnie démonte les baraquements et la petite agglomération minière part s’installer plus loin, entraînant sa population ouvrière dans une nouvelle installation temporaire. Les conditions de travail sont rudes, tout particulièrement pour les poseurs de rail, réputés de vraies bêtes indomptables, dures à la tâche, immunisées contre la peur par leur résistance à l’alcool. C’est parmi ces brutes épaisses qu’Eleazar, le narrateur, doit faire ses preuves, puis, quand tous sont anéantis de fatigue, trouver encore l’énergie nécessaire à ses cours du soir. Le jeune homme inculte découvre dans les livres le plaisir de la connaissance, puis, bientôt, le pouvoir créatif des mots : une révélation pour cet humble qui n’a jusqu’ici connu qu’un monde brutal et dépourvu de beauté.
Mais Eleazar n’est pas le seul à aspirer à une vie meilleure. Son ami Rosario Fierro, désinvolte bourreau des coeurs au physique avantageux, compte sur son entraînement acharné de boxeur novice pour se faire un nom. « L’un représentant la force et l’autre la jugeote », tous deux se retrouvent rivaux dans la conquête de Leda, la fille de la patronne de leur pension, elle-même tout à ses rêves d’émancipation, fondés sur sa naïve confiance en sa beauté. A l’occasion de la Fête du Printemps et de l’organisation par la Compagnie de trois concours - poésie, boxe et beauté -, les trois jeunes gens, pour leur heur ou malheur, vont confronter leurs rêves à la réalité. Les espoirs d’une vie mènent parfois au meilleur comme au pire…
De son expérience, l’auteur a tiré un roman d’une frappante humilité, qui interroge sur les choix et les chances des uns et des autres dans la course de l’existence. Partis du même point avec chacun ses rêves et ses atouts, les trois personnages de cette sorte de fable, tantôt drôle, tantôt dramatique, ne parviendront pas tous à la destination espérée. Lui qui, au soir de sa vie, mesure le chemin parcouru, s’en souvient avec une émouvante modestie. (4/5)
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