[Benoit, Pierre] Kœnigsmark
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Quel est votre avis sur ce roman classique ?
[Benoit, Pierre] Kœnigsmark
Kœnigsmark
Pierre Benoit
Le Livre de Poche
Albin Michel
1934
254 pages
Pierre Benoit
Le Livre de Poche
Albin Michel
1934
254 pages
Résumé site Livre de Poche :
Peu de temps après son arrivée en Allemagne, au château du grand-duché de Lautenbourg-Detmold où il a été appelé comme précepteur du fils unique du grand-duc Frédéric-Auguste, Raoul Vignerte, un jeune Français, tombe amoureux fou de la grande-duchesse Aurore. En faisant des recherches à la bibliothèque du château, Vignerte découvre un terrible secret. Entraîné par sa passion, négligeant toute prudence, il va dès lors se trouver plongé au cœur d'un drame.
Kœnigsmark, premier roman de Pierre Benoit, qui devait en écrire plus de quarante, possède toutes les qualités qui lui assurèrent un immense succès : un cadre pittoresque, une atmosphère mystérieuse et envoûtante, une intrigue pleine de péripéties, un héros idéaliste, une femme fascinante.
Mon avis :
C'est encore une relecture, faite avec grand-plaisir. On ne lit plus guère Pierre Benoit aujourd'hui, et c'est bien dommage ! Ses romans sont légers et comportent leur dose d'aventures, avec une touche de mystère voire de fantastique, tout en étant toujours instructifs et bien écrits.
Le récit se déroule dans les tranchées de la Première guerre mondiale, à la veille d'un important combat. Alors que le narrateur et Vignerte ont sympathisé, ils sentent que cette nuit devra être celle du récit des profondes préoccupations de ce dernier. L'histoire commence alors que Raoul Vignerte, jeune étudiant en histoire pauvre et besogneux, mais qui rêve de connaître le luxe et la facilité, se voit offrir une proposition alléchante : il s'agit de devenir le précepteur d'un jeune élève, au grand-duché de Lautenbourg, État imaginaire d'Allemagne, pour une somme rondelette qui le mettra à l'abri du besoin. Mais son vieux professeur l'avertit : on ne meurt pas souvent de mort naturelle au grand duché...
Raoul s'adapte bien à son nouvel emploi, donne ses leçons sans encombres, avec de bons résultats, et investit l'extraordinaire bibliothèque du château pour ses recherches. Une seule ombre au tableau de sa réussite : il devait rencontrer Aurore-Anna, la grande-duchesse, et lui lire de la poésie, mais elle néglige de recourir à ses services. Il faudra bien des efforts à Raoul pour qu'Aurore, fière cavalière d'origine russe, consente à abaisser son regard jusqu'à lui. Mais elle le voit, elle a besoin de lui, confiance en lui, et le dévouement du jeune homme pour elle ne connaît plus de bornes. C'est pour elle qu'il mènera l'enquête au sein même du château et débusquera des ennemis imprévus, tout en tâchant de la protéger, jusqu'à ce que la guerre soit déclarée et les sépare...
Le roman prend assez vite une tournure de romance entre Raoul et Aurore ; pourtant cette relation reste chaste, semée de traces d'humour et d'attendrissement. Aurore est un tel personnage qu'elle est magnifique et drôle en même temps, aussi douce qu'elle peut être impitoyable, sauvage même. L'atmosphère des lieux est prenante, les personnages bien campés et intrigants. L'écriture est classique et élégante, sans affectation, et ne gêne jamais l'action ni les dialogues. Je ne reprocherais qu'une chose au roman : il pêche par manque de clarté, d'explicite. Les sous-entendus voulus à l'époque ne sont plus très clairs aujourd'hui - il m'a semblé comprendre que la grande-duchesse ne dédaignait pas les charmes de sa suivante Mélusine, par exemple.
Pour la petite histoire, Kœnigsmark est le premier livre de la collection du Livre de Poche : celui que j'ai a une couverture différente de celui que j'avais auparavant, hérité de mes grands-parents, mais il porte bien le numéro 1 sur la tranche. Je me suis défait du précédent par amitié, le donnant à un ami proche, qui l'avait lui-même prêté et se désolait de ne plus avoir "le numéro 1". 4,5/5
Voici la couverture d'origine :
Citations :
Deux mois de guerre nous avaient liés plus que n’auraient pu le faire dix ans de paix. (page 13)
Entre autres précieux conseils, il venait de me donner la démonstration que, dans la vie, il peut arriver qu’un indifférent fasse pour vous davantage qu’un ami. (page 34)
« Il y a à Lautenbourg une assez riche matière pour ceux qui, comme nous, ont mission d’écrire l’histoire. Écrivons-la, en nous gardant de la tentation d’y participer. » (page 48)
Mais comme on sent qu’elle s’est amusée à ces procédés par lesquels les autres s’efforcent de créer leur beauté. On voit la sienne sourire d’y avoir eu recours. Elle ne les emploie que pour mieux prouver qu’ils ne sauraient lui être indispensables. (page 95)
Me dévouer ! Je vous le demande ! Qu’est-ce qui pouvait bien me pousser à croire que cette femme éblouissante et hautaine avait besoin de mon dévouement obscur… (page 115)
Elle répugnait au lieu commun autant que le chat à une bouillie d’herbes. (page 130)
Mais ce qu’elle préférait à tout, c’était la chasse solitaire, à travers la pluie et le vent, sans piqueurs, sans valets ni rabatteurs ; la chasse avec un chien, et l’imprévu. (page 139)
elea2020- Grand sage du forum
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Re: [Benoit, Pierre] Kœnigsmark
Le premier roman publié par Pierre Benoît. On y trouve déjà beaucoup des éléments qui le caractérise.
D'abord son goût pour les récits dans les récits. Le narrateur initial ne joue qu'un rôle minimal : l'histoire est avant tout celle que lui raconte Vignerte, et il y a un passage assez long où c'est la duchesse qui raconte son passé à Vignerte, qui le répète au narrateur initial.
Les personnages féminins jouent un rôle majeur dans tous les livres de Pierre Benoît que j'ai lus (et leurs noms commencent très souvent par la première lettre de l'alphabet). Il y a des fois où ce sont des femmes fatales, dont le rôle principal est la fascination qu'elles exercent sur le héros masculin ; c'est par exemple le cas d'Antinéa (L'Atlantide) ou d'Alzire (Le désert de Gobi). À l'opposé, on a par exemple Agar, qui est l'héroïne à part entière du Puits de Jacob. La duchesse Aurore se situe quelque part entre les deux : elle est très attirante et énigmatique pour Vignerte, mais elle ne reste pas constamment distante, car on découvre plus tard les choses de son point de vue.
Le cadre n'a pas encore l'exotisme qu'on trouvera très souvent dans ses œuvres suivantes, mais il présente tout de même un caractère atmosphérique et assez mystérieux.
C'est quelque chose que j'ai remarqué dans plusieurs livres de Pierre Benoît : il y a des choses parfois importantes qu'il laisse le lecteur deviner sans les exprimer directement. En général, je trouve ça plutôt agréable.
Je me suis cependant posé la même question concernant la relation Aurore/Mélusine. Il y a une réplique du mari d'Aurore qui - à en juger par la réaction de Vignerte lorsqu'il l'entend - suggère manifestement au sujet des deux femmes quelque chose de très inconvenant pour l'époque. Mais le siècle qui s'est écoulé depuis la parution du livre a en effet rendu le sous-entendu moins clair.
D'abord son goût pour les récits dans les récits. Le narrateur initial ne joue qu'un rôle minimal : l'histoire est avant tout celle que lui raconte Vignerte, et il y a un passage assez long où c'est la duchesse qui raconte son passé à Vignerte, qui le répète au narrateur initial.
Les personnages féminins jouent un rôle majeur dans tous les livres de Pierre Benoît que j'ai lus (et leurs noms commencent très souvent par la première lettre de l'alphabet). Il y a des fois où ce sont des femmes fatales, dont le rôle principal est la fascination qu'elles exercent sur le héros masculin ; c'est par exemple le cas d'Antinéa (L'Atlantide) ou d'Alzire (Le désert de Gobi). À l'opposé, on a par exemple Agar, qui est l'héroïne à part entière du Puits de Jacob. La duchesse Aurore se situe quelque part entre les deux : elle est très attirante et énigmatique pour Vignerte, mais elle ne reste pas constamment distante, car on découvre plus tard les choses de son point de vue.
Le cadre n'a pas encore l'exotisme qu'on trouvera très souvent dans ses œuvres suivantes, mais il présente tout de même un caractère atmosphérique et assez mystérieux.
elea2020 a écrit:Je ne reprocherais qu'une chose au roman : il pêche par manque de clarté, d'explicite. Les sous-entendus voulus à l'époque ne sont plus très clairs aujourd'hui - il m'a semblé comprendre que la grande-duchesse ne dédaignait pas les charmes de sa suivante Mélusine, par exemple.
C'est quelque chose que j'ai remarqué dans plusieurs livres de Pierre Benoît : il y a des choses parfois importantes qu'il laisse le lecteur deviner sans les exprimer directement. En général, je trouve ça plutôt agréable.
Je me suis cependant posé la même question concernant la relation Aurore/Mélusine. Il y a une réplique du mari d'Aurore qui - à en juger par la réaction de Vignerte lorsqu'il l'entend - suggère manifestement au sujet des deux femmes quelque chose de très inconvenant pour l'époque. Mais le siècle qui s'est écoulé depuis la parution du livre a en effet rendu le sous-entendu moins clair.
Outremer- Apprenti
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Re: [Benoit, Pierre] Kœnigsmark
Merci Elea et Outremer pour votre critique
louloute- Grand sage du forum
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Re: [Benoit, Pierre] Kœnigsmark
J’ai reconnu la couverture d’origine !!!
J’ai lu ce roman il y a très très longtemps, il devait appartenir à ma tante jeune fille et je l’ai lu à mon tour à l’adolescence , inutile de préciser que je n’en ai que de vagues souvenirs
J’ai lu ce roman il y a très très longtemps, il devait appartenir à ma tante jeune fille et je l’ai lu à mon tour à l’adolescence , inutile de préciser que je n’en ai que de vagues souvenirs
marie do- Grand sage du forum
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Re: [Benoit, Pierre] Kœnigsmark
Oui @Marie-Do, cette couverture est marquante. J'ai découvert pour la première fois ce roman dans la bibliothèque de mes grands-parents, ma grand-mère adorait Pierre Benoit.
elea2020- Grand sage du forum
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Re: [Benoit, Pierre] Kœnigsmark
On a toutes les deux un bel héritage, c’est toujours ça de pris !elea2020 a écrit:Oui @Marie-Do, cette couverture est marquante. J'ai découvert pour la première fois ce roman dans la bibliothèque de mes grands-parents, ma grand-mère adorait Pierre Benoit.
marie do- Grand sage du forum
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