[Strauss, Lee] Une enquête de Ginger Gold - tome 2 : Le manoir des mauvais esprits

Titre : Une enquête de Ginger Gold - tome 2 : Le manoir des mauvais esprits
Auteur : Lee Strauss
éditeur : City éditions
Nombre de pages : 320 pages

Présentation de l’éditeur :

Ginger Gold reçoit une lettre de sa belle-soeur lui demandant de venir toutes affaire cessantes à Bray Manor, la demeure familiale.
A son arrivée, Ginger découvre qu’on lui a demandé son aide pour une affaire de… fantômes ! La comtesse douairière est persuadée qu’un mauvais esprit hante les lieux. Rien de bien méchant jusqu’à présent.
Le « fantôme » se contente de voler des petits objets et de faire tourner en bourrique les invités de Bray Manor. Mais lorsqu’un bal est organisé en l’honneur des vétérans de la Grande Guerre et qu’un cadavre est découvert après la fête sur la piste de danse, tout change.
Détective amateur, Ginger va devoir mener l’enquête et elle est bien persuadée d’une chose : le meurtrier n’est pas un revenant, mais bel et bien un être de chair et de sang…

Mon avis :

Ce tome 2 est ainsi plutôt un tome 3 (c’est à partir du 4 que, je le pense, la numérotation d’origine est respectée). Ginger Gold a ouvert sa boutique de vêtement, Hailey poursuit ses études de médecine, tout va donc pour le mieux jusqu’à ce qu’elle reçoive une lettre de sa jeune belle-soeur, Félicia, petite soeur de Daniel, son défunt mari. Ginger lui avait promis qu’elle leur rendrait visite, à elle et à sa grand-mère Ambrosia, mais… elle vient d’ouvrir sa boutique de vêtements, elle est donc très occupée. Surtout, elle craint de retourner au manoir : la dernière fois qu’elle y est allée, c’était en compagnie de son mari, et elle s’imagine mal, non seulement se retrouver dans le manoir sans lui, mais surtout se rendre sur sa tombe, manière de se confronter, à nouveau, à la mort de cet homme qu’elle a aimé et que d’une certaine manière elle aime encore. Puis, Félicia lui annonce qu’Ambrosia pense le manoir hanté, ce n’est sans doute rien, simplement une femme âgée qui oublie où elle a laissé ses affaires. Seulement… Félicia ne se contente pas de lui envoyer une lettre, elle lui téléphone aussi (et dans les années 20, c’était vraiment rarissime) : Félicia elle aussi a constaté des phénomènes anormaux, et s’inquiète véritablement. Ginger, Hailey et Boss (le chien de Ginger) partent donc en train (Hailey n’a pas vraiment confiance en la manière de conduire de Ginger) en direction du manoir. En écrivant ses mots, je me rends compte que les deux jeunes femmes me rappellent un autre duo d’enquêtrices, celles mises en scène par T.E. Kinsey.

Alors oui, au début, cette affaire ne semble pas très grave. Elle nous permet cependant de nous rappeler à quel point les classes sociales jouaient (jouent encore ?) un rôle en Angleterre. Le manoir est un gouffre financier, et maintenant que la fortune de Ginger n’est plus là pour le maintenir à flot, Ambrosia ne sait plus trop comment l’entretenir. Félicia, elle, ne manque pas d’idées, mais sa grand-mère les apprécie peu, puisque n’importe qui ou presque peut désormais entrer dans le manoir. Elle les appréciera encore moins quand un crime sera commis dans le parc de son manoir. On ne le répètera jamais assez : un anglais bien élevé ne meurt pas chez autrui, il meurt chez lui. Seulement, qui a bien pu vouloir assassiner cette jeune fille, fiancé à un hobereau local, revenu défiguré de la guerre ? Bien plus de personnes qu’on ne le pense, elle semblait faire l’unanimité contre elle, même sa propre soeur reconnait ses défauts, en dépit de tout l’amour qu’elle portait à Angela.

Si Ginger enquête, c’est avant tout pour aider sa belle-soeur à retrouver sa sérénité. C’est aussi parce qu’un homme, surgi de son passé, un passé auquel elle ne veut plus penser (en liens avec ses activités pendant la guerre) pourrait bien être lié à cette mort. En tout cas, il est lié à Félicia, et Ginger sait très bien que l’amour n’a rien à voir dans tout cela, en tout cas, par pour le capitaine. Comme souvent, la clef du mystère est à rechercher dans le passé de la victime, même si l’on ne sait jamais quel fait a pu être important pour le (futur) meurtrier. D’ailleurs, l’on peut se demander si la victime elle-même s’est rendu compte des conséquences de certains de ses actes. Je ne pense pas. Mais, à la lecture du roman, j’ai tout de même l’impression qu’il reste des zones d’ombres, non sur le meurtre, mais sur le passé commun de Félicia et ses amies. Alors je ne pense pas que cela arrive dans le futur (il reste vingt-et-un tomes à traduire, et je me demande s’ils le seront un jour) mais il serait bon de consacrer un ouvrage à ses années de guerre, qui furent formatrice pour toutes et satisferait la curiosité des lectrices. J’ajoute qu’il est un autre petite fait qui m’a gêné, non, pas la présence des fantômes, mais une affirmation, au détour des pensées de Ginger qui auraient à mes yeux mériter quelques explications.