[Levison, Iain] Les stripteaseuses ont toujours besoin de conseils juridiques
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[Levison, Iain] Les stripteaseuses ont toujours besoin de conseils juridiques
Les stripteaseuses ont toujours besoin de conseils juridiques (The Whistleblower)
Auteur : Iain Levison
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Emmanuelle et Philippe Aronson
Éditions : Liana Levi (29 Août 2024)
ISBN : 979-1034909537
242 pages
Quatrième de couverture
Mille dollars de l’heure. Un tarif qui ne se refuse pas quand on est avocat commis d’office obligé de passer ses journées, dimanches compris, à plancher sur les dossiers attristants de petits malfaiteurs sans envergure. Puis à négocier des peines avec un procureur plus puissant que soi mais tellement moins compétent. Alors Justin Sykes, lassé par ce quotidien déprimant, accepte pour ce tarif de se mettre, un soir par semaine, au service des filles d’un gentlemen’s club et de passer la nuit dans le motel d’en face. Sans trop chercher à comprendre. Parce que, c’est bien connu, les stripteaseuses ont toujours besoin de conseils juridiques.
Mon avis
Jubilatoire !
C’est avec impatience que j’attends chaque nouveau titre de Iain Levison. Il m’emporte à chaque fois et il se renouvelle tout le temps. Il met en scène des personnes ordinaires, avec un quotidien calme, et qui se retrouvent face à des situations déstabilisantes, voire troublantes mais a priori pas dangereuses. Pourtant les faits prouvent plus ou moins rapidement le contraire : l’équilibre de leur vie n’est plus le même et il arrive même que le danger rode….
Dans ce dernier roman, on fait connaissance avec Justin Sykes, un avocat commis d’office qui gère une cinquantaine d’affaire de front. Afin de gagner du temps et de ne pas se retrouver obligé d’aller jusqu’au procès, il négocie les peines avec le procureur. Le plus souvent ils tombent d’accord. Mais, dernièrement, ça se complique pour un homme dont le délit ne mérite pas les six ans de prison envisagés par le procureur. Justin s’interroge. Ça sent « la magouille », comme si le but était de « faire un exemple » mais pourquoi ? L’enjeu serait-il politique ? Tout cela le lasse, ses journées manquent de fantaisie.
Aussi, lorsqu’on lui propose, pour mille dollars, de donner une heure par semaine de son temps pour dispenser des conseils à des jeunes femmes employées dans un club de striptease, il dit oui. Même s’il y a une clause un peu surprenante : passer la nuit dans le motel d’en face… Une fois réfléchi, Justin cède, ce n’est pas si compliqué et les soirées au calme lui permettront d’avancer ses dossiers. Il n’est pas sans remarquer quelques petites bizarreries … Les mille dollars ne le rendent pas amnésique mais ça aide bien à ne pas s’appesantir sur les étrangetés, au demeurant, non dérangeantes.
Les stripteaseuses sont assez attachantes quand elles viennent lui expliquer leurs petites et grosses galères. Et lui, Justin, il essaie de faire de son mieux. Parfois maladroit, parfois méfiant, il pense quand même plus aux autres qu’à lui.
Je suis totalement fan du style « l’air de rien » de l’auteur. Il veut donner l’impression d’être détaché, de raconter une histoire pas forcément digne d’intérêt, comme vu de loin ou d’en haut alors que c’est tout le contraire, chaque détail est pensé. De plus, il « égratigne » le système judiciaire des Etats-Unis (cinquante états, cinquante façons de gérer la justice) et justifie son propos.
« Ce ne sont pas vos actes qui caractérisent le crime, mais l’endroit où vous vous trouvez. »
Suivant la berge du fleuve où vous fumez du cannabis, vous vous retrouvez en tort ou pas…. Il explique que les jugements sont posés en fonction des fautes et des personnes mais que ce n’est pas toujours adapté et réfléchi. Il y a pas mal d’informations sur la justice en Amérique et c’est très intéressant d’en comprendre le fonctionnement, les rouages.
« Il sait qu’il est quasiment impossible qu’on gagne, qu’il est un kamikaze fonçant droit sur le navire de guerre du système judiciaire. »
J'ai beaucoup aimé le mélange politique/justice/malfrats et la façon dont les fils sont reliés sans qu’on le voie forcément arriver.
C’est avec une ironie de bon aloi, un humour décalé (parfois on rit jaune) que Iain Levison nous captive, nous scotche aux pages. Car son récit est addictif, il faut le dire. Un excellent remède contre la morosité !
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Cassiopée- Admin
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Re: [Levison, Iain] Les stripteaseuses ont toujours besoin de conseils juridiques
Merci Cassiopée pour ta critique
louloute- Grand sage du forum
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Re: [Levison, Iain] Les stripteaseuses ont toujours besoin de conseils juridiques
Beau récit
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Re: [Levison, Iain] Les stripteaseuses ont toujours besoin de conseils juridiques
« Ça fait onze ans que j’essaie de sauver le monde, et le monde continue de courir à sa perte. » Las et désabusé, l’avocat commis d’office Justin Sykes n’en poursuit pas moins, en Sisyphe dévoué, sa désespérante défense de la veuve et de l’orphelin, lorsqu’on lui propose mille dollars de l’heure pour donner des conseils juridiques aux stripteaseuses du Kittie Gentleman’s Club, une boîte minable de la banlieue de Philadelphie. L’affaire a beau paraître louche, notre homme et narrateur, si lucide dans son humour noir quant aux travers de la justice américaine, se laisse naïvement embarquer dans cet inattendu et lucratif à-côté.
Bien sûr, ses ennuis ne font que commencer. Et tandis qu’il continue à se démener avec sa pile de dossiers, riant jaune des injustes absurdités de la machine judiciaire américaine quand les peines souvent se négocient, sans procès, entre avocat et procureur, un procureur élu et tenu de faire campagne, par conséquent largement plus politique que compétent, la balance de la justice penchant toujours de toute façon du côté du pouvoir et de l’argent pourvu qu’elle respecte cette « seule et unique règle incontournable : l’injustice ne peut être flagrante », Sykes se retrouve confronté au monde de la grande criminalité, de ses accointances jusqu’au coeur de l’appareil judiciaire et au risque de se retrouver lui-même l’une de ces causes perdues dont il se fait habituellement le défenseur. Heureusement, le personnage a de la ressource et de la chance, et, entre frisson et sourire chez le lecteur, saura jongler en maître avec les pièces dont il dispose dans ce consternant jeu de dupes.
Entré dans l’écriture avec le récit ironique des petits boulots de ses débuts, Iain Levison n’a depuis cessé, usant de la dynamique du polar et d’un humour noir fabuleusement caustique, de dénoncer dans ses romans les réalités politiques et sociales aux Etats-Unis. Après la précarité et la relégation de toute une partie de la population américaine, après les dysfonctionnements de l’armée et du système politique, c’est cette fois l’échec de la justice qui fait ici l’objet d’une charge férocement satirique.
Comme toujours chez cet auteur, c’est original, fantaisiste et facétieux, mais surtout, dans cette distanciation moqueuse qui ne se prend pas au sérieux, cela envoie mine de rien du bois pour un portrait sans concession d’une Amérique en pleine faillite démocratique. (4/5)
Bien sûr, ses ennuis ne font que commencer. Et tandis qu’il continue à se démener avec sa pile de dossiers, riant jaune des injustes absurdités de la machine judiciaire américaine quand les peines souvent se négocient, sans procès, entre avocat et procureur, un procureur élu et tenu de faire campagne, par conséquent largement plus politique que compétent, la balance de la justice penchant toujours de toute façon du côté du pouvoir et de l’argent pourvu qu’elle respecte cette « seule et unique règle incontournable : l’injustice ne peut être flagrante », Sykes se retrouve confronté au monde de la grande criminalité, de ses accointances jusqu’au coeur de l’appareil judiciaire et au risque de se retrouver lui-même l’une de ces causes perdues dont il se fait habituellement le défenseur. Heureusement, le personnage a de la ressource et de la chance, et, entre frisson et sourire chez le lecteur, saura jongler en maître avec les pièces dont il dispose dans ce consternant jeu de dupes.
Entré dans l’écriture avec le récit ironique des petits boulots de ses débuts, Iain Levison n’a depuis cessé, usant de la dynamique du polar et d’un humour noir fabuleusement caustique, de dénoncer dans ses romans les réalités politiques et sociales aux Etats-Unis. Après la précarité et la relégation de toute une partie de la population américaine, après les dysfonctionnements de l’armée et du système politique, c’est cette fois l’échec de la justice qui fait ici l’objet d’une charge férocement satirique.
Comme toujours chez cet auteur, c’est original, fantaisiste et facétieux, mais surtout, dans cette distanciation moqueuse qui ne se prend pas au sérieux, cela envoie mine de rien du bois pour un portrait sans concession d’une Amérique en pleine faillite démocratique. (4/5)
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