[Romains, Jules] Le vin blanc de la Villette

Titre : Le vin blanc de la Villette
Auteur : Jules Romains
éditeur : Folio
Nombre de pages : 176 pages

Présentation de l’éditeur :

«Bénin disait à Broudier :
– On pourrait boire une chopine à l’Ambassade. L’Ambassade leur plaisait par sa situation, par son intimité avec le port et par son éloignement d’avec tant de choses de ce monde. Leur âme s’y sentait à l’aise.
La salle ne manquait jamais ni d’un débardeur, ni d’un charbonnier, ni d’un éclusier, ni d’un camionneur, ni d’un cocher d’omnibus, ni même d’un buveur qui ne fût rien que cela.
-L’Ambassade, disait Bénin, m’aide à comprendre l’immortalité.
La conversation ne souffrait pas de la mobilité des causeurs. Un propos commencé avec un charbonnier, il n’était pas rare qu’on le poursuivît avec un second charbonnier, sans presque s’apercevoir que le premier avait quitté la salle pour rejoindre sa péniche ou son attelage. Bénin et Broudier n’avaient jamais trouvé un tel goût au vin blanc.»

Mon avis :

Bienvenu dans la rentrée littéraire 1923 !
Le livre, recueil de nouvelles, nous raconte un Paris qui n’existe plus, un Paris où les très riches côtoyaient les très pauvres, les domestiques, les ouvriers, tous ceux qui font des petits métiers. Je vous rassure : ils ne les voient pas, ils ne s’abaissent pas à les voir, encore moins à les regarder.
Ce recueil de nouvelles nous raconte des faits totalement oubliés, occultés, les grandes grèves, pendant lesquels les ouvriers étaient capables de s’unir, la troupe, qui était appelé en renfort, parfois de fort loin, pour sécuriser la capitale, les conducteurs d’omnibus, unis pour bloquer un quartier. Les 1er mai en France ont bien changé, et même si notre condition de vie n’est plus du tout la même, il serait bon de retrouver une même union face aux injustices. L’on était capable de se soulever parce qu’en Espagne, Ferrer avait été fusillé pour ses idées, ou parce que le Tsar avait réprimé dans le sang une manifestation d’ouvriers pacifistes : hommes, femmes, enfants, vieillards, personne n’avait été épargnés. Un massacre, que l’on a complètement oublié.
Jules Romains nous mène au plus de près de ses petits gens qui vivent de leur mieux, qui se racontent, ou plutôt partagent leurs souvenirs. Un auteur à redécouvrir, pour ceux qui ne le connaîtraient pas déjà.

C'est bien tentant ce recueil de nouvelles : je n'ai rien lu de Jules Romains en plus.

Merci Elea !
C'est un recueil de nouvelles, mais il y a un fil conducteur, les personnages se racontent les uns les autres les événements liés à des grèves ou à leur engagement face à des actions révoltants (comme le militant espagnol Ferrer, fusillé).