[Chalandon, Sorj] La légende de nos pères
3 participants
Page 1 sur 1
Votre avis sur "La légende de nos pères" de Sorj Chalandon
[Chalandon, Sorj] La légende de nos pères
La légende de nos pères
Auteur : Sorj Chalandon
Edtions : Grasset
Nombre de pages : 254 pages
Quatrième de couverture :
Un matin, Lupuline Beuzaboc se présente au biographe.
Tescelin, le père de Lupuline, ancien cheminot du Nord de la France, était un Résistant, un partisan de l'Armée des ombres. Dédaigneux des hommages, il n'a raconté sa bravoure qu'à sa fille. Alors, pour ses 85 ans, Lupuline veut offrir à son père les mémoires de son combat. Elle veut ramener son passé glorieux en pleine lumière. Le vieil homme est réticent. Embarrassé. En colère même de tout ce tapage. Et puis il accepte.
Marcel Frémaux va s'atteler à cet ouvrage avec passion. Pierre Frémaux, son père, fut un Résistant. Comme le vieux Beuzaboc, un partisan de l'Armée des ombres, silencieux et dédaigneux des hommages. Mais son père n'a jamais rien raconté. Et il est mort, laissant son fils sans empreinte de lui. En écoutant Beuzaboc, c'est son père que le biographe veut entendre. En retraçant sa route, il espère enfin croiser son chemin. Mais rien ne se passe comme il le pensait. Et plus Beuzaboc raconte, plus le doute s'installe. C'est par une poignée de mains, que le biographe et le vieil homme avaient scellé leur pacte de mémoire. Ensemble, ils franchiront les portes de l'enfer.
Mon appréciation :
J'ai commencé à lire cet auteur avec "Une promesse" que j'avais bien aimé. J'avais trouvé le livre très original, j'ai donc voulu découvrir son nouveau titre "La légende de nos péres". Je dois dire que j'ai été assez déçue ; heureusement que le livre était court car j'aurais eu du mal à le finir.
Je m'attendais à plus d'actions : le livre est lent, mou. La seule chose que j'ai retrouvée dans ces deux livres c'est une ambiance étouffante ajoutée à la lourdeur de l'été et finalement on s'endort.
J'ai apprécié les passages qui parlent des exploits de résistance mais ils sont bien rares et je trouve que ce livre est plutôt une introspection des deux personnages principaux qu'un livre relatant la résistance.
Dommage, je me suis ennuyée.
Ma note : 5/10
Invité- Invité
Re: [Chalandon, Sorj] La légende de nos pères
J'ai adoré ce livre. En effet, ce n'est pas un livre sur la résistance, c'est un livre sur la mémoire et la transmission de celle-ci.
Que transmet-on à nos enfants ? Ce que l'on est ou ce qu'ils croient que nous sommes?
Pierre Frémaux avait de nombreuses choses à raconter. Il en a transmis une partie à son fils aîné mais son cadet n'était pas prêt à l'entendre pendant son enfance. Devenu adulte, ce dernier se rend compte qu'il ne sait rien de son père et s'en veut.
Tescelin Beuzaboc a partagé avec sa fille ses quelques souvenirs. L'enfant a bu ses paroles mais a trouvé les récits bien plats pour des "aventures de résistant". Elle a harcelé son père pour qu'il lui raconte des choses toujours plus précises et excitantes. Devait-il la décevoir?
Ce livre ne juge pas. Il montre plutôt comment la mémoire familiale se retrouve faussée par les sentiments, les disponibilités, les attentes ou angoisses de chacun. Mais est-ce le plus important entre parents et enfants? Par contre, dès qu'une personne extérieure, objective, entre en lisse, la vérité s'impose...
Que transmet-on à nos enfants ? Ce que l'on est ou ce qu'ils croient que nous sommes?
Pierre Frémaux avait de nombreuses choses à raconter. Il en a transmis une partie à son fils aîné mais son cadet n'était pas prêt à l'entendre pendant son enfance. Devenu adulte, ce dernier se rend compte qu'il ne sait rien de son père et s'en veut.
Tescelin Beuzaboc a partagé avec sa fille ses quelques souvenirs. L'enfant a bu ses paroles mais a trouvé les récits bien plats pour des "aventures de résistant". Elle a harcelé son père pour qu'il lui raconte des choses toujours plus précises et excitantes. Devait-il la décevoir?
Ce livre ne juge pas. Il montre plutôt comment la mémoire familiale se retrouve faussée par les sentiments, les disponibilités, les attentes ou angoisses de chacun. Mais est-ce le plus important entre parents et enfants? Par contre, dès qu'une personne extérieure, objective, entre en lisse, la vérité s'impose...
Véronique M.- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 1701
Age : 55
Localisation : 04
Emploi/loisirs : prof d'écoles/ lecture randonnée jeux de société, puzzles
Genre littéraire préféré : un peu de tout, romans en tous genres,biographies, essais mais pas trop la science fiction.
Date d'inscription : 12/02/2010
Re: [Chalandon, Sorj] La légende de nos pères
En effet, il ne faut pas s’attendre une histoire de résistance pendant la seconde guerre mondiale. La plus grande partie de ce livre est un huit clos entre un ancien journaliste qui accepte d’écrire la biographie d’un ancien résistant et ce vieil homme, plutôt réticent à ce travail de mémoire. L’atmosphère est lourde de par la canicule de l’été 2003, mais aussi par les tentions qui traversent les deux hommes chacun pour des raisons différentes.
Un très beau livre.
Un très beau livre.
beagle- Membre assidu
-
Nombre de messages : 111
Age : 58
Localisation : isere
Emploi/loisirs : lecture, randonnées, cinema
Genre littéraire préféré : romans contemporains, policiers
Date d'inscription : 21/08/2010
Re: [Chalandon, Sorj] La légende de nos pères
Dès les premières lignes, j'ai été prise à la gorge par l'écriture de Sorj Chalandon. Dans le roman, un biographe professionnel conte, à la demande expresse de sa fille, Lupuline, les souvenirs d'un ancien résistant, Beuzaboc : belle mise en abyme où le narrateur déclare : "Depuis toujours je recherche les mots. Je les veux au plus près, au plus pur, au plus nu." (p. 57) C'est sans doute la propre recherche de Sorj Chalandon qui, dès les premières pages, plante le décor d'une histoire de mémoire et d'émotion.
Alors que le père du narrateur, Brumaire (un ancien résistant effacé), est enterré sous la pluie qu'il aimait tant, le face à face entre le biographe et Beuzaboc se déroulera dans la canicule d'août 2003, un cadre qui marque de manière originale les différences entre les deux hommes. Cette figure du père habite le roman : Beuzaboc, le vieil homme rétif à se livrer et le père que le fils n'a pas réussi à écouter et qu'il aimerait retrouver et honorer à travers Beuzaboc. Le père héros, le père passeur de mémoire, et les mots, les mots "au plus près", les mots qui taisent, qui cachent, les mots qui trahissent.
"Je me sentais très seul. Je pensais à cet homme, à ces hommes, à ce papier tendu par un abbé quelques instants avant la mort. Je voyais leurs dos voûtés, les cheveux brouillons de nuit, leurs joues salies de barbe, leurs chemises ouvertes, leurs pantalons retenus par rien. Je voyais leurs rides au milieu du front, leurs bouches un peu ouvertes, leurs doigts tenant mal le crayon. Je voyais la lumière qui hésitait au seuil de la cellule. Je voyais ces hommes assembler leurs pauvres mots. Je relisais leurs phrases sans plainte, sans douleur, sans le moindre remords offert à leurs bourreaux. Je me demandais comment ces mots avaient pu survivre à ces hommes, continuer leur chemin de mots, revenir plus tard sous nos plumes, dans nos lettres, sur nos lèvres en paix. Je me demandais comment nous avions pu après eux encore écrire "adieux", "amitié" ou "chagrin". Je me demandais ce que seraient devenus nos mots sans les leurs." (p. 128-129)
Il est question de mémoire, de transmission, d'authenticité aussi (le journaliste qu'est Chalandon affleure sous le désir de vérification du narrateur) dans ce roman qui devient un huis-clos étouffant dans la chaleur lilloise, où le rouge des chaussures de Lupuline vient éclairer la grisaille des souvenirs.
Je l'avais déjà bien senti en vrai dans les interviews lues ou entendues de lui, mais il me semble plus... authentique, si je puis me permettre ce sentiment, de découvrir la profonde humanité de Sorj Chalandon à travers ses écrits. Dont, heureusement, il me reste tout ou presque à explorer...
Alors que le père du narrateur, Brumaire (un ancien résistant effacé), est enterré sous la pluie qu'il aimait tant, le face à face entre le biographe et Beuzaboc se déroulera dans la canicule d'août 2003, un cadre qui marque de manière originale les différences entre les deux hommes. Cette figure du père habite le roman : Beuzaboc, le vieil homme rétif à se livrer et le père que le fils n'a pas réussi à écouter et qu'il aimerait retrouver et honorer à travers Beuzaboc. Le père héros, le père passeur de mémoire, et les mots, les mots "au plus près", les mots qui taisent, qui cachent, les mots qui trahissent.
"Je me sentais très seul. Je pensais à cet homme, à ces hommes, à ce papier tendu par un abbé quelques instants avant la mort. Je voyais leurs dos voûtés, les cheveux brouillons de nuit, leurs joues salies de barbe, leurs chemises ouvertes, leurs pantalons retenus par rien. Je voyais leurs rides au milieu du front, leurs bouches un peu ouvertes, leurs doigts tenant mal le crayon. Je voyais la lumière qui hésitait au seuil de la cellule. Je voyais ces hommes assembler leurs pauvres mots. Je relisais leurs phrases sans plainte, sans douleur, sans le moindre remords offert à leurs bourreaux. Je me demandais comment ces mots avaient pu survivre à ces hommes, continuer leur chemin de mots, revenir plus tard sous nos plumes, dans nos lettres, sur nos lèvres en paix. Je me demandais comment nous avions pu après eux encore écrire "adieux", "amitié" ou "chagrin". Je me demandais ce que seraient devenus nos mots sans les leurs." (p. 128-129)
Il est question de mémoire, de transmission, d'authenticité aussi (le journaliste qu'est Chalandon affleure sous le désir de vérification du narrateur) dans ce roman qui devient un huis-clos étouffant dans la chaleur lilloise, où le rouge des chaussures de Lupuline vient éclairer la grisaille des souvenirs.
Je l'avais déjà bien senti en vrai dans les interviews lues ou entendues de lui, mais il me semble plus... authentique, si je puis me permettre ce sentiment, de découvrir la profonde humanité de Sorj Chalandon à travers ses écrits. Dont, heureusement, il me reste tout ou presque à explorer...
Invité- Invité
Re: [Chalandon, Sorj] La légende de nos pères
C'est mon troisième Sorj Chalandon, le premier "Profession du Père", le deuxième "Le jour d'avant", deux chef-d’œuvre, évidemment lire "la légende de nos pères" après ces deux là m'a semblé fade, sans ressort, et même un peu improvisé par moment.
Mais il y a l'écriture fabuleuse de Chalandon, son besoin d’authenticité, de vérité dans les biographies qu'il produit et la souffrance que lui inflige celle-ci, pour cela je l'ai lu entièrement.
Donc mi déçue, je continuerai tout de même à lire du Chalandon, heureuses si vous n'avez pas encore lu les deux premiers titres cités.
Je vote apprécié
Mais il y a l'écriture fabuleuse de Chalandon, son besoin d’authenticité, de vérité dans les biographies qu'il produit et la souffrance que lui inflige celle-ci, pour cela je l'ai lu entièrement.
Donc mi déçue, je continuerai tout de même à lire du Chalandon, heureuses si vous n'avez pas encore lu les deux premiers titres cités.
Je vote apprécié
_________________
Mes listes 2023
Mes listes 2024
----------------------------------------
Tenir debout de Mélissa da Costa
Step- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 11375
Localisation : France
Emploi/loisirs : Lecture, cinéma, animaux, ....
Genre littéraire préféré : Romans contemporains ou non, policiers/thrillers, un peu tout. Pas de BD
Date d'inscription : 12/04/2012
Sujets similaires
» CHALANDON, Sorj
» [Chalandon, Sorj] Une joie féroce
» [Chalandon, Sorj] Une promesse
» [Chalandon, Sorj] Mon traître
» [Chalandon, Sorj] Le quatrième mur
» [Chalandon, Sorj] Une joie féroce
» [Chalandon, Sorj] Une promesse
» [Chalandon, Sorj] Mon traître
» [Chalandon, Sorj] Le quatrième mur
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum