[Ventana, Frankie] Une vie après l'autre ou l'incarnation des possibles
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[Ventana, Frankie] Une vie après l'autre ou l'incarnation des possibles
Auteur : Frankie Ventana
Titre : Une vie après l'autre ou l'incarnation des possibles.
Editeur : Kyklos
Nombre de page : 174
ISBN : 978-2-918406-04-4
Livre lu dans le cadre du partenariat avec l'éditeur
Quatrième de couverture :
D’incidences en coïncidences se forgent d’improbables destins : celui de Gabrielle aura été de rencontrer, un soir de décembre 1982, Lila von Haffen, pianiste classique adulée. Leurs existences vont s’imbriquer en dépit de l’empreinte que nulle gloire, nul génie, nul talent n’effacera. De cette étrange nuit où chacune se trouve dans l’attente d’un événement indéfini, la première va s’enfermer dans sa destinée tandis que la seconde s’en délivrera par le suicide.
Vingt ans plus tard, Gabrielle entre en possession d’une correspondance signée de la main de la virtuose. Elle se lance alors sur ses traces, à travers l’Europe jusqu’en Argentine.
Ce voyage la conduira à accepter son destin cristallisé en la personne de Lila von Haffen…
Mon appréciation :
J’ai trouvé ce livre, qui d’un premier abord pourrait sembler très accessible racontant une histoire simple dont les événements s’enchaînent naturellement, d’une grande profondeur et d’une extrême complexité.
Il pourrait nous apparaître comme racontant le destin de deux femmes, artistes, musiciennes et interprètes dont la vie sentimentale est plutôt chaotique et qui n’arrivent pas à se défaire d’un passé un peu lourd et invasif.
Les concepts développés :
En réalité au travers de cette histoire, Frankie Ventana semble questionner des notions complexes de l’ordre, dans un premier temps, du personnel et de l’intime propres au statut de l’artiste et de son engagement, puis, débouche ensuite sur des notions plus générales relatives à la tradition et à la postérité. Elle vient ainsi, d’une certaine manière, bousculer un peu l’idée reçue et simpliste selon laquelle la motivation principale d’un artiste serait en quelque sorte d’assurer son passage vers l’au-delà, en laissant des traces de son activité et de son individualité pour s’assurer une « immortalité » toute relative parce qu’indéniablement fantasmée.
Du coup il n’est pas anodin qu’elle ait choisi des artistes interprètes pour faire état de ces démonstrations. Et je dois dire que, personnellement, n’étant ni musicien, ni interprète, et n’ayant aucune notion ni culture musicales, j’ai eu beaucoup de mal à en discerner les enjeux et je ne suis, du reste, pas persuadé d’en avoir percé tous les secrets.
Néanmoins il me semble que la particularité d’un artiste interprète, d’un pianiste comme c’est le cas ici, est sa relation particulière avec l’immédiateté. C’est ici et maintenant et pas ailleurs ni demain ! Il en ressort inévitablement une grande pression, il faut assumer et avoir le courage d’affronter cet instant. La vie, ce n’est pas autre chose, et c’est en substance ce que Frankie Ventana nous dit, c’est aussi ici et maintenant que ça se passe et quelque soit son passif, quelques soient ses douleurs, ses souffrances, ses démons et ses fantômes, ben, faut y aller, il faut s’arranger de sa peur, en se donnant une chance de laisser parler son cœur… Oublier sa raison pour que, seules, parlent les mains… C’est là le jeu du pianiste !
Ainsi Frankie Ventana nous parle du temps mais aussi et surtout de la maturité et de ce qui constitue ce long cheminement pour accéder à cet état de grâce, pourrait-on dire, ou plus simplement pour être en phase avec soi-même et le monde dans le lequel on vit.
Pour être.
Pour être ici et maintenant !
Frankie Ventana, pour conduire sa démonstration, choisit donc de confronter le destin de deux femmes, toutes deux pianistes.
Lila Von Haffen est un personnage excentrique, star adulée, interprète de génie, elle est en tout et pour tout dans l’immédiateté. Elle n’a jamais enregistré (enfin presque !) ses interprétations, elle ne se produit qu’en concert, elle recherche une communion parfaite entre elle et le public, elle se nourrit de son public pour créer des instants d’exception d’une beauté et d’une magie rare, en conséquence elle ne revient jamais sur scène et ne donne jamais suite aux rappels de fin de spectacle. On ne peut vivre ni créer deux fois le même instant de grâce !
La tradition et la postérité, le passé et le futur sont dans cette démarche opposés au présent et à l’instant... L’art est-il un héritage pour le futur, et un artiste, sous prétexte qu’il s’est nourri, a digéré, intégré et réinterprété un patrimoine artistique doit-il être de fait un voyageur en partance pour la postérité ? Est-il vraiment nécessaire de laisser quelques traces pour prouver sa valeur ou justifier son statut d’artiste ?
Le parcours de Lila Von Haffen semble nous prouver que non. L’important n’étant pas là ! Néanmoins, bien qu’ayant une carrière comblée, ce personnage reste empli d’insatisfaction. Elle prend la pleine mesure du vide et de la solitude qui habite sa vie.
A contrario Gabrielle Deforest, prodige du piano, pressentie comme une future interprète de génie, plus jeune que Lila, est pour l’heure quasiment incapable de jouer en public. « Elle n’a pas le goût pour l’exhibition », dit-on. A travers ce personnage se questionne la notion de maturité. Aboutir à la maturité artistique est un long parcours qui s’accompagne d’un profond et délicat travail sur soi, qui touche à l’intime et au sensible et dans lequel entrent en jeu toutes les sphères de sa vie. Il faut vaincre ses peurs, s’en affranchir ou les domestiquer. L’artiste en recherche et en devenir doit lutter contre la fatalité, contre sa fatalité, ses démons intérieurs et ses fantômes. C’est un travail délicat et traumatisant… mais c’est un travail indispensable ! Gabrielle, mal préparée, mise en échec, a mis de côté sa passion artistique. Elle a compris qu’elle ne peut l’épanouir sans au préalable régler quelques blessures ou désordres intimes ou personnels.
La mise en parallèle de ces deux destins, et la vision que Frankie Ventana nous en offre semble nous dire que ces deux aspects, la sphère de l’intime, du personnel et celle de l’artistique, ne peuvent cohabiter. Le livre s’intitule « Une Vie après l’Autre », et bien qu’on puisse le prendre et l’interpréter à divers degrés, comme étant par exemple un passage de relais d’un artiste à un autre, il laisse aussi supposer que l’épanouissement et le génie artistique sont incompatibles avec un épanouissement plus commun, celui de la vie quotidienne.
Néanmoins le sous-titre est aussi très révélateur : « l’Incarnation des Possibles » et offre une échappatoire, un espoir. Il insiste sur le caractère conscient et volontaire de ses choix de vie. Pour pouvoir incarner, donner vie et réalité, à ses possibles, encore faut-il avoir pleinement conscience de ceux-ci, les avoir clairement identifiés et reconnus. Ce qui est loin d’être évident et est un cheminement intime et personnel complexe et dangereux dont l’enjeu est une parfaite adéquation de son être au monde environnant… Vivre son instant ! Ce roman nous raconte donc le cheminement de ces deux héroïnes, une longue, lente et complexe incarnation de leurs possibles.
Et sous cet exemple chacun, artiste ou pas, est libre de composer son parcours comme il l’entend, libre d’incarner et de composer avec ses possibles dans l’ordre qu’il désire et selon ses priorités…
Dans le fond c’est de cela dont il s’agit. Ici, dés le début du roman, on parle de composition. Composition d’une œuvre avec comme matériel des notes et des rythmes, composition d’une vie avec comme matière l’ensemble de ses possibles.
Le roman d’un point de vue formel :
Le roman est court, treize chapitres qui se lisent plutôt facilement. Le style est limpide la plupart du temps, plutôt travaillé, un brin savant parfois.
Le roman d’une manière générale se compose comme une œuvre musicale, enfin me semble-t-il, n’étant pas compositeur moi-même, il me semble qu’il correspond à l’idée que je pourrais me faire d’une composition musicale.
Le roman utilise plusieurs styles formels. Dés le début nous suivons les aventures du narrateur, Gabrielle Deforest, qui nous raconte son parcours et avec qui nous partageons tout. Certains passages font référence à des souvenirs de Gabrielle et nous sommes, avec elle, plongé dans le passé. Et enfin il y a les lettres, la correspondance de Lila Von Haffen, dans laquelle elle raconte et nous informe sur son parcours intime et sa recherche d’authenticité.
Comme dit précédemment le roman s’appuie sur des thématiques denses et complexes qui trouvent aussi dans leur mise en forme un certain écho.
En effet les thématiques du temps : le présent et l’instantanéité (l’interprétation musicale, le vécu) – le passé, l’histoire et la tradition (Chopin, la musique, l’art et le patrimoine) – le futur, le questionnement sur la postérité (le devenir de l’artiste et de son œuvre) est aussi développé par les moyens formels mis en place. La plus belle démonstration illustre la thématique de la postérité qui est mise en relief par ces lettres post-mortem, écrites et rédigées après la mort de leur auteur. C’est une belle idée pour évoquer le devenir de l’artiste et son questionnement par rapport aux traces laissées à ses contemporains et le devenir de son œuvre après sa mort. Une belle idée pour dire que peut-être la vie d’un artiste est aussi l’une de ses œuvres et qu’elle est conçue et régie selon les mêmes principes…
D’autre part le roman englobe également l’espace. C’est un grand voyage à travers l’Europe qui aboutit en Argentine. Le temps se combine à l’espace et se développe en trois dimensions.
Le roman, donc, semble être calqué sur une œuvre musicale. Il a un rythme, parfois une musicalité proche de la poésie (surtout dans les lettres). Le rythme est donné par la succession des chapitres mais aussi et surtout par leur construction interne. D’ailleurs le premier chapitre donne le ton, et il ne faut pas 2 paragraphes à l’auteur pour nous donner à entendre une pièce de Chopin.
La plupart des chapitres démarrent par la description d’un lieu, de la ville dans laquelle l’héroïne se trouve. Cette description fortement détaillée nous dit en quelques lignes les faits marquants de son histoire et expose les particularités de son patrimoine. A travers la description d’un lieu, y est encore ici évoqué le temps, le passé, l’histoire et la tradition. Les chapitres se poursuivent, avec, entre deux événements, quelques incursions dans des souvenirs anciens, avant de finir par une lettre écrite par Lila. Cette lettre venant clore le chapitre d’une façon toujours un peu énigmatique, pleine de question comme une introduction vers le chapitre suivant et une ouverture vers d’autres possibles.
Néanmoins je dois dire que, même si je crois en comprendre la mise en forme et que celle-ci me paraît cohérente par rapport à la thématique générale du livre, à savoir la musique, et aux concepts développés, j’émets quelques réserves sur le résultat.
J’ai trouvé le livre riche et intéressant, extrêmement dense et la façon dont tout cela est mis en œuvre extrêmement intelligent et malin.
Mais j’ai trouvé l’ensemble, finalement, très laborieux.
A mon sens, ce roman me paraît ou trop court ou trop long.
Trop court, parce que parfois j’aurais aimé quelques développements supplémentaires, j’aurais aimé que les points de vue et les concepts soient un peu plus développés. Après tout dans un roman on a la place pour décrire, expliquer et renseigner de façon à ce que quelque soit le lecteur, il puisse quand même y trouver son compte. Là, parfois, n’étant pas musicien, je m’y suis senti un peu étranger.
J’ai trouvé certains passages finalement assez obscurs, notamment certains passages de lettres ou certaines considérations sur la musique… Je pense entre autres au passage où Lila, Gabrielle et d’autres spécialistes dissertent sur la musique et la personnalité de Chopin, en évoquant les thèmes du nationalisme slave, du classicisme-romantique, des images d’Epinal, en passant par Nietzsche, Leibowitz, Mozart et Jim Morrison !… Tout ça en 2 pages, c’est costaud quand même ! C’est une conversation qui s’adresse plutôt à des connaisseurs ou à des mélomanes avertis.
Trop long, parce que j’ai beaucoup aimé la tentative qui a été amorcée en concevant ce roman comme une composition musicale. Ce principe aurait pu trouver une parfaite adéquation en collant plus, parfois, avec la poésie, qui elle est régie par des principes qui relèvent de la musique. Certains passages de lettres sont indéniablement poétiques, certaines tournures de phrases, certaines conclusions. Le roman en conséquence gagnerait à être épuré, presque minimaliste, d’une facture et d’une conception parfaite et léchée, chantant ou grinçant, d’une approche sûrement plus abrupte, mais plus profonde et résonnante. Ici, on est un peu entre deux et j’ai trouvé les chapitres un peu inégaux dans leur densité tant formelle que conceptuelle et événementielle. Notamment celui qui décrit la rencontre improbable avec Marylou, la camionneuse mélomane. Ce chapitre est d’une limpidité et d’une clairvoyance qui introduit bien la problématique existentielle traversée par Gabrielle. Mais en même temps ce personnage truculent ne cadre pas avec les autres personnages du roman et avec l’ambiance générale du livre qui est plutôt mélancolique. Ce chapitre est plutôt drôle, Marylou est une caricature.
Conclusion :
Pour résumer donc, ce livre, ce roman, n’est pas d’une approche évidente. Il m’a semblé extrêmement riche et complexe et ceci d’autant plus qu’il est court.
Néanmoins, sa lecture en reste malgré tout facile et on peut aisément y prendre beaucoup de plaisir à le lire sans avoir à trop se torturer les méninges. Le récit, l’histoire, dont je n’ai pas trop parlé est assez palpitante et on a très envie de connaître le mystère qui se cache derrière le suicide de Lila Von Haffen.
D’autre part, pour qui aime la musique, ou pour qui est musicien lui-même, il trouvera un ravissement supplémentaire à le lire parce qu’il développe des thèmes propre à la création artistique et à l’interprétation musicale. En outre il est extrêmement bien documenté, il y a en amont une véritable connaissance de l’œuvre de Chopin, tant d’un point de vue technique que conceptuel. Personnellement, et pour cause, je suis un peu passé à côté de cette dimension, et c’est aussi ce qui a fait que ma lecture en a été un peu laborieuse parfois.
Finalement l’un dans l’autre, je crois que c’est une lecture qui questionne beaucoup, divertit aussi et n’est pas inutile, d’autant aussi qu’il est souvent lucide quand au milieu artistique en général dont il condamne la superficialité avec virulence et beaucoup d’ironie et qu’il vient par là donner toutes ses lettres de noblesse à l’honnêteté et à l’authenticité d’une démarche artistique quand elle est questionnée dans ses fondements.
J’ai beaucoup appris en le lisant…
Invité- Invité
Re: [Ventana, Frankie] Une vie après l'autre ou l'incarnation des possibles
Ansault, voici un message de la part de l'auteur et de l'éditeur:
"De la part de Frankie Ventana et de Kyklos Editions, un très grand merci pour cette critique de qualité.
Vous avez analysé ce texte de façon quasi professionnelle et nous en sommes touchés.
Cordialement
Virginie"
"De la part de Frankie Ventana et de Kyklos Editions, un très grand merci pour cette critique de qualité.
Vous avez analysé ce texte de façon quasi professionnelle et nous en sommes touchés.
Cordialement
Virginie"
Thot- Admin
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Re: [Ventana, Frankie] Une vie après l'autre ou l'incarnation des possibles
Euh, ben... merci les filles !
Invité- Invité
Re: [Ventana, Frankie] Une vie après l'autre ou l'incarnation des possibles
Une fois achevée la lecture de ce livre, je suis restée sans voix. Cela va peut-être vous paraître exagéré, mais je sentais que je n'étais plus moi-même, que des cordes profondes vibraient en moi.
Je vous préviens d'emblée, il me sera très difficile de retranscrire fidèlement tout mon ressenti.
Gabrielle et Lila, à quelques détails près, des images en miroir. La première a appris la musique grâce à son père mais semble avoir un lien peu affectif avec lui. C'est un père exigeant, recherchant la performance. Quant à la mère, Gabrielle pensera longtemps qu'elle est morte mais la vérité est qu'elle a disparu, qu'elle a quitté ce qui ne lui convenait peut-être pas, d'une façon ou d'une autre.
Le mariage, conclus semble-t-il sans grande réflexion, n'est pas source d'épanouissement.
Gabrielle recherchera du réconfort dans les bras de divers hommes, ce qui ne l'amènera pas non plus à plus d'épanouissement.
Elle vit une relation peu convaincante avec une personne plutôt intéressée par son travail sur Lila Von Haffen et laisse sa vie de couple en suspens, n'osant pas encore divorcer et tourner définitivement la page. Je pense que beaucoup de femmes pourraient s'identifier à elle.
Nous savons peu sur le lien entre Gabrielle et sa fille mais force est de constater qu'elle est peu présente dans sa vie.
Qu'en est-il de Lila ? Un père disparu, un beau-père abuseur, une mère rejetante. Mais elle retrouve une figure paternelle en la personne de Basensky, vit une grande histoire d'amour tumultueuse et est aimée par d'autres.
Elle a eu une fille dont on ignore l'identité du père et sera absente de sa vie.
Il y a à mon sens beaucoup d'associations intrapsychiques à faire entre ces deux histoires de vie.
Que représente Lila pour Gabrielle ? Pourquoi l'attire-t-elle tant ? Pourquoi s'identifie-t-elle à elle ?
Il me semblait parfois que Lila aurait pu ne pas exister comme personne à proprement parler, mais juste comme un idéal du Moi de Gabrielle.
Lila, le jour de ses 40 ans (coincidence ?), se rebelle. Elle, qui a toujours été anticonformiste, arrivant nu-pieds aux représentations et se comportant d'une manière qui « choque » le public mais celui-ci ne pouvait rester insensible à son génie et à son charme.
Elle choisit de « tuer » son ancienne image pour vivre autrement en harmonie avec ses convictions les plus profondes.
Autre figure de l'anticonformisme, Marylou, qui brave beaucoup d'idées reçues et devient camionneuse, s'accomplit dans ce métier principalement masculin et aime écouter Chopin.
Gabrielle, met brutalement fin à sa carrière. Elle a besoin de se retrouver, de faire un travail sur elle-même avant de trouver le chemin qui lui conviendrait le mieux.
La forte personnalité de Lila et sa capacité à braver la bienséance hypocrite et l'ordre établi la fascinent.
L'identification est forte. Être « autrement » est donc possible !
Cette enquête menée par Gabrielle est un processus psychothérapeutique aboutissant à une meilleure compréhension de soi et à une meilleure acceptation du Moi, gage d'un bon équilibre psychologique.
A la fin de cette quête de soi, sous couvert d'une enquête sur Lila, Gabrielle arrive à dépasser ses blocages et angoisses et arrive à être enfin en paix avec elle-même.
A noter, ses rêves dont la signification est plus que parlante. Clin d'œil aux théories psychanalytiques sur l'activité onirique.
Ce livre est d'une richesse impressionnante. J'ai adoré les belles descriptions des lieux visités par l'héroïne et les nombreuses références et annotations explicatives.
Je suis ignorante en matière de musique, je ne connais Chopin que de nom mais le livre de Mme Ventana m'a appris que la musique peut être porteuse d'émotions, de sentiments et véhiculer des messages.
C'est un moyen de communication subtil, c'est le fil qui relie beaucoup de personnages du livre et se transmet même aux autres générations (la fille de Gabrielle et Isabel).
Est-ce un hasard si la descendance est aussi féminine ?
Quel est donc ce message ? Osons remettre en question certains acquis, osons questionner notre âme et suivre ce que nous dicte notre coeur. Mais avant, « Gnothi seauton » comme le disait Socrate.
Les chapitres sont courts, aérés et facilitent beaucoup la lecture. Le style est riche et complexe tout en paraissant simple.
A mon avis, il est normal que le livre soit court. Le reste du travail sera fait par le lecteur...
L'auteur ne fait que véhiculer la musique qui ouvrira notre esprit et notre cœur et nous incitera à faire un voyage à travers nous-même. Elle nous donne quelques clés, à nous de trouver les bonnes portes.
J'ai aussi beaucoup apprécié la sobriété de la couverture. Ceci rejoint parfaitement l'esprit du livre qui ne cherche pas à séduire à tout prix le lecteur mais à le toucher, à l'inviter à réfléchir. On est loin de la littérature incitatrice au consumérisme...
Ce livre m'a marquée, bouleversée !
Oui, Mme Ventana, la musique a résonné en moi et pas qu'un peu...
Il m'arrive rarement de vouloir relire un livre mais celui-ci , je le relirai pour saisir d'autres subtilités qui m'ont sûrement échappé.
Ceci est mon humble avis sur ce livre mais comme le disait si justement Saskia quand Gabrielle a cru voir une ressemblance entre elle et Lila: « Tout dépend de la personne qui regarde et de ce qu'elle veut y voir »
Un grand bravo à l'auteur et aux éditions Kyklos dont je guetterai attentivement les prochaines sorties.
Je vous préviens d'emblée, il me sera très difficile de retranscrire fidèlement tout mon ressenti.
Gabrielle et Lila, à quelques détails près, des images en miroir. La première a appris la musique grâce à son père mais semble avoir un lien peu affectif avec lui. C'est un père exigeant, recherchant la performance. Quant à la mère, Gabrielle pensera longtemps qu'elle est morte mais la vérité est qu'elle a disparu, qu'elle a quitté ce qui ne lui convenait peut-être pas, d'une façon ou d'une autre.
Le mariage, conclus semble-t-il sans grande réflexion, n'est pas source d'épanouissement.
Gabrielle recherchera du réconfort dans les bras de divers hommes, ce qui ne l'amènera pas non plus à plus d'épanouissement.
Elle vit une relation peu convaincante avec une personne plutôt intéressée par son travail sur Lila Von Haffen et laisse sa vie de couple en suspens, n'osant pas encore divorcer et tourner définitivement la page. Je pense que beaucoup de femmes pourraient s'identifier à elle.
Nous savons peu sur le lien entre Gabrielle et sa fille mais force est de constater qu'elle est peu présente dans sa vie.
Qu'en est-il de Lila ? Un père disparu, un beau-père abuseur, une mère rejetante. Mais elle retrouve une figure paternelle en la personne de Basensky, vit une grande histoire d'amour tumultueuse et est aimée par d'autres.
Elle a eu une fille dont on ignore l'identité du père et sera absente de sa vie.
Il y a à mon sens beaucoup d'associations intrapsychiques à faire entre ces deux histoires de vie.
Que représente Lila pour Gabrielle ? Pourquoi l'attire-t-elle tant ? Pourquoi s'identifie-t-elle à elle ?
Il me semblait parfois que Lila aurait pu ne pas exister comme personne à proprement parler, mais juste comme un idéal du Moi de Gabrielle.
Lila, le jour de ses 40 ans (coincidence ?), se rebelle. Elle, qui a toujours été anticonformiste, arrivant nu-pieds aux représentations et se comportant d'une manière qui « choque » le public mais celui-ci ne pouvait rester insensible à son génie et à son charme.
Elle choisit de « tuer » son ancienne image pour vivre autrement en harmonie avec ses convictions les plus profondes.
Autre figure de l'anticonformisme, Marylou, qui brave beaucoup d'idées reçues et devient camionneuse, s'accomplit dans ce métier principalement masculin et aime écouter Chopin.
Gabrielle, met brutalement fin à sa carrière. Elle a besoin de se retrouver, de faire un travail sur elle-même avant de trouver le chemin qui lui conviendrait le mieux.
La forte personnalité de Lila et sa capacité à braver la bienséance hypocrite et l'ordre établi la fascinent.
L'identification est forte. Être « autrement » est donc possible !
Cette enquête menée par Gabrielle est un processus psychothérapeutique aboutissant à une meilleure compréhension de soi et à une meilleure acceptation du Moi, gage d'un bon équilibre psychologique.
A la fin de cette quête de soi, sous couvert d'une enquête sur Lila, Gabrielle arrive à dépasser ses blocages et angoisses et arrive à être enfin en paix avec elle-même.
A noter, ses rêves dont la signification est plus que parlante. Clin d'œil aux théories psychanalytiques sur l'activité onirique.
Ce livre est d'une richesse impressionnante. J'ai adoré les belles descriptions des lieux visités par l'héroïne et les nombreuses références et annotations explicatives.
Je suis ignorante en matière de musique, je ne connais Chopin que de nom mais le livre de Mme Ventana m'a appris que la musique peut être porteuse d'émotions, de sentiments et véhiculer des messages.
C'est un moyen de communication subtil, c'est le fil qui relie beaucoup de personnages du livre et se transmet même aux autres générations (la fille de Gabrielle et Isabel).
Est-ce un hasard si la descendance est aussi féminine ?
Quel est donc ce message ? Osons remettre en question certains acquis, osons questionner notre âme et suivre ce que nous dicte notre coeur. Mais avant, « Gnothi seauton » comme le disait Socrate.
Les chapitres sont courts, aérés et facilitent beaucoup la lecture. Le style est riche et complexe tout en paraissant simple.
A mon avis, il est normal que le livre soit court. Le reste du travail sera fait par le lecteur...
L'auteur ne fait que véhiculer la musique qui ouvrira notre esprit et notre cœur et nous incitera à faire un voyage à travers nous-même. Elle nous donne quelques clés, à nous de trouver les bonnes portes.
J'ai aussi beaucoup apprécié la sobriété de la couverture. Ceci rejoint parfaitement l'esprit du livre qui ne cherche pas à séduire à tout prix le lecteur mais à le toucher, à l'inviter à réfléchir. On est loin de la littérature incitatrice au consumérisme...
Ce livre m'a marquée, bouleversée !
Oui, Mme Ventana, la musique a résonné en moi et pas qu'un peu...
Il m'arrive rarement de vouloir relire un livre mais celui-ci , je le relirai pour saisir d'autres subtilités qui m'ont sûrement échappé.
Ceci est mon humble avis sur ce livre mais comme le disait si justement Saskia quand Gabrielle a cru voir une ressemblance entre elle et Lila: « Tout dépend de la personne qui regarde et de ce qu'elle veut y voir »
Un grand bravo à l'auteur et aux éditions Kyklos dont je guetterai attentivement les prochaines sorties.
Dernière édition par Thot le Sam 6 Mar 2010 - 15:10, édité 1 fois
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Re: [Ventana, Frankie] Une vie après l'autre ou l'incarnation des possibles
A vous lire tous les deux, Thot et Ansault, on a du mal à imaginer que ce livre ne fait que 174 p. tellement il a l'air riche !
Vous avez su éveiller ma curiosité, bravo ! je vais donc le commander.
Vous avez su éveiller ma curiosité, bravo ! je vais donc le commander.
Invité- Invité
Re: [Ventana, Frankie] Une vie après l'autre ou l'incarnation des possibles
Caesonia a écrit:
Vous avez su éveiller ma curiosité, bravo ! je vais donc le commander.
On pourra donc en discuter tous ensemble
Thot- Admin
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Re: [Ventana, Frankie] Une vie après l'autre ou l'incarnation des possibles
Voici un message de l'éditeur qui fait chaud au coeur:
"Vénéré comme le dieu de la parole créatrice, de l’écriture et du
calcul, considéré comme le scribe des dieux et la mesure du temps, ce protecteur des scribes, jouait un rôle important lors du jugement dernier, durant la cérémonie de la pesée du cœur. "
Thot, je pense que vous avez choisi là le meilleur pseudo que vous pouviez trouver.
De la part de Frankie Ventana et de son éditeur, un grand merci pour avoir "déchiffré" l'essence même de ce roman.
Virginie
"Vénéré comme le dieu de la parole créatrice, de l’écriture et du
calcul, considéré comme le scribe des dieux et la mesure du temps, ce protecteur des scribes, jouait un rôle important lors du jugement dernier, durant la cérémonie de la pesée du cœur. "
Thot, je pense que vous avez choisi là le meilleur pseudo que vous pouviez trouver.
De la part de Frankie Ventana et de son éditeur, un grand merci pour avoir "déchiffré" l'essence même de ce roman.
Virginie
Thot- Admin
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Re: [Ventana, Frankie] Une vie après l'autre ou l'incarnation des possibles
Bravo Thot, je trouve que ton avis complète le mien en insistant davantage sur la dimension psychologique et humain edes personnages et ce qui constitue leur histoire personnelle. C'est intéressant tout ce que tu en dis et il est vrai que le parallélisme entre les 2 personnages dans leur quête pourrait faire l'objet d'une étude approfondie y compris en les passant au travers du filtre psychanalytique...
Finalement il y aurait encore une multitude de points à développer !
Petite précision : il me semble que l'on connaît parfaitement l'identité du père de la fille de Lila, enfin c'est comme ça que je l'ai compris, il me semble que le père de sa fille est son grand-père... enfin que le père et le grand-père sont une seule et même personne.
[edit]... Nos messages se sont télescopés...
"Bravo Thot"... que dis-je : "Doublement bravo !"
Finalement il y aurait encore une multitude de points à développer !
Petite précision : il me semble que l'on connaît parfaitement l'identité du père de la fille de Lila, enfin c'est comme ça que je l'ai compris, il me semble que le père de sa fille est son grand-père... enfin que le père et le grand-père sont une seule et même personne.
[edit]... Nos messages se sont télescopés...
"Bravo Thot"... que dis-je : "Doublement bravo !"
Invité- Invité
Re: [Ventana, Frankie] Une vie après l'autre ou l'incarnation des possibles
Ansault a écrit:
Petite précision : il me semble que l'on connaît parfaitement l'identité du père de la fille de Lila, enfin c'est comme ça que je l'ai compris, il me semble que le père de sa fille est son grand-père... enfin que le père et le grand-père sont une seule et même personne.
Aha...très intéressant. Cela m'a échappé Ansault. Il me semble que ce n'est pas très explicite mais j'aurais du le comprendre...
Thot- Admin
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Re: [Ventana, Frankie] Une vie après l'autre ou l'incarnation des possibles
Autant commencer par le principal, ce livre m’a beaucoup plu.
Dès le début du roman, le lecteur est embarqué dans l’histoire de ces deux femmes attachantes dont le destin a basculé 20 ans auparavant. Pourquoi Lila Von Haffen, pianiste célèbre et adulée, s’est-elle suicidée et pourquoi Gabrielle, dont la carrière était prometteuse, a-t-elle arrêté le piano ? Le mystère s’épaissit lorsque Gabrielle reçoit une lettre anonyme qui semble mettre en doute le suicide de Lila. Mais que s’est-il réellement passé ? Le lecteur n’a qu’une envie : plonger dans la suite du roman pour en apprendre davantage !
On pense à un roman policier mais très vite on s’aperçoit que c’est autre chose. C’est d’abord une belle histoire d’amour que l’on découvre à travers les lettres que Lila a écrites à son amant, lettres dont le texte est joliment écrit, un peu triste et même mélancolique. C’est aussi une histoire d’amour et de fascination de la part de Gabrielle pour Lila et le modèle qu’elle représente, à tel point qu’on se demande plusieurs fois comment l’histoire va se terminer... C’est aussi un hommage à la musique classique et à Chopin et on a presque l’impression d’entendre le piano en lisant le livre. Enfin, c’est une belle réflexion sur la vie, sur l’amour, sur la quête du bonheur et sur les choix à faire tout au long de l’existence.
Le titre Une vie après l’autre, et surtout le sous-titre L’incarnation des possibles, sont bien choisis, ils résument vraiment tout le contenu du livre et le fait que dans la vie tout est possible, tout est une question de choix et de chemins pris pour accomplir son destin…
Enfin, j’ai beaucoup aimé l’écriture de Frankie Ventana, toute en finesse et sensibilité, cette manière subtile qu’elle a d’imbriquer la quête de Gabrielle, les lettres de Lila et la musique de Chopin, c’est très réussi !
Un grand merci aux Editions Kyklos et à Partage lecture pour cette très jolie découverte...
Dès le début du roman, le lecteur est embarqué dans l’histoire de ces deux femmes attachantes dont le destin a basculé 20 ans auparavant. Pourquoi Lila Von Haffen, pianiste célèbre et adulée, s’est-elle suicidée et pourquoi Gabrielle, dont la carrière était prometteuse, a-t-elle arrêté le piano ? Le mystère s’épaissit lorsque Gabrielle reçoit une lettre anonyme qui semble mettre en doute le suicide de Lila. Mais que s’est-il réellement passé ? Le lecteur n’a qu’une envie : plonger dans la suite du roman pour en apprendre davantage !
On pense à un roman policier mais très vite on s’aperçoit que c’est autre chose. C’est d’abord une belle histoire d’amour que l’on découvre à travers les lettres que Lila a écrites à son amant, lettres dont le texte est joliment écrit, un peu triste et même mélancolique. C’est aussi une histoire d’amour et de fascination de la part de Gabrielle pour Lila et le modèle qu’elle représente, à tel point qu’on se demande plusieurs fois comment l’histoire va se terminer... C’est aussi un hommage à la musique classique et à Chopin et on a presque l’impression d’entendre le piano en lisant le livre. Enfin, c’est une belle réflexion sur la vie, sur l’amour, sur la quête du bonheur et sur les choix à faire tout au long de l’existence.
Le titre Une vie après l’autre, et surtout le sous-titre L’incarnation des possibles, sont bien choisis, ils résument vraiment tout le contenu du livre et le fait que dans la vie tout est possible, tout est une question de choix et de chemins pris pour accomplir son destin…
Enfin, j’ai beaucoup aimé l’écriture de Frankie Ventana, toute en finesse et sensibilité, cette manière subtile qu’elle a d’imbriquer la quête de Gabrielle, les lettres de Lila et la musique de Chopin, c’est très réussi !
Un grand merci aux Editions Kyklos et à Partage lecture pour cette très jolie découverte...
yaki- Grand sage du forum
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Re: [Ventana, Frankie] Une vie après l'autre ou l'incarnation des possibles
Thot a écrit:Ansault a écrit:
Petite précision : il me semble que l'on connaît parfaitement l'identité du père de la fille de Lila, enfin c'est comme ça que je l'ai compris, il me semble que le père de sa fille est son grand-père... enfin que le père et le grand-père sont une seule et même personne.
Aha...très intéressant. Cela m'a échappé Ansault. Il me semble que ce n'est pas très explicite mais j'aurais du le comprendre...
C'était le beau-père de Lila, il me semble, le second époux de sa mère après que son véritable père soit mort en Normandie -sans doute durant le débarquement-.
J'ai donc lu ce roman intriguée par vos critiques , je remercie d'ailleurs les éditions Kyklos et Partage lecture de m'avoir permis cette découverte.
Il n'est effectivement pas très long mais la trame , malgré un récit linéaire, est particulièrement complexe. Encore que ce terme pourrait donner une impression de difficulté qui n'a pas lieu d'être. Cet ouvrage est très abordable grâce au style limpide de l'auteur et aux chapitres plutôt courts et bien aérés.
Je ne reviendrai pas ici sur l'histoire, les relations entre les personnages, la psychologie, profonde et juste à mon sens, qui découle de ces vies. Je ne crois pas non plus qu'il aurait fallu développer davantage. La concision rend le récit plus vivant, provoque un certain effet de simultanéité entre le temps du récit et celui de la lecture.
L'intrigue est bien menée, petit à petit, jusqu'à son terme...Les personnages sont tous très riches quoiqu'un peu trop entiers, sans véritables nuances. Un petit coup de coeur pour le personnage de Thomas qui représente pour moi un de ces êtres profondément gentils, capable d'abnégation et qui paient chèrement cette pureté d'intention puisqu'ils restent constamment au bord du chemin des autres avec leur souffrance...
J'ai pour ma part particulièrement apprécié l'érudition de l'auteur et toutes les connaissances qui ponctuent le roman. J'avoue être passée rapidement sur les quelques paragraphes où il est question de la technique du pianiste, cela n'ayant aucune répercussion pour moi qui ne connait que le son de cet instrument. Par contre, les références faites à Chopin sont extrêmement intéressantes et m'ont incitée à l'écouter, à aller à la rencontre de ce personnage.
Les descriptions de lieux sont très poétiques, les faits historiques savamment dilués... on parcourt une bonne partie de ce qui a fait le XXe siècle à travers les pérégrinations de Gabrielle et la vie de Lila .
Je confirme donc l'appréciation générale : ce roman est excellent . L'intrigue titille suffisamment pour qu'on veuille aller au bout de l'histoire, le style est littéraire, très poétique par moment et le lecteur attentif en ressort encore un peu moins bête ...
Invité- Invité
Re: [Ventana, Frankie] Une vie après l'autre ou l'incarnation des possibles
En premier lieu, un immense merci aux éditions Kylkos et à Thot pour cette belle découverte. Je pense me pencher régulièrement sur les romans de cette édition.
Je garderais un très bon souvenir de cette œuvre et je la range sagement dans un coin pour m’y replonger car je pense que j’ai laissé passer certaines choses. Et peut être, le lire après avoir découvert un peu l’univers de Chopin…On verra mais en tout cas cela donne envie. Le fait de ne pas être adepte de musique classique m’a gênée et m’a certainement empêché de tout saisir. En tout cas, l’auteur a le talent de nous inviter à découvrir son univers.
La plupart des critiques précédentes soulignent le style très riche de l’écriture, en disant ne pas avoir été gênés malgré tout. Je dois reconnaître que j’ai eu parfois quelques difficultés à m’y faire. Les phrases sont souvent longues. Il y a beaucoup de descriptions et de qualificatifs. Les paragraphes et les indications musicales ne m’ont parlés et je m’y sentie étrangère. J’ai du parfois relire certains passages mais je vous rassure, je ne le regrette pas.
Le destin croisé de ces deux femmes permet de toucher plusieurs thèmes. La passion, la célébrité, la seconde chance, le choix de sa vie…
Le principal qui m’a touché est la place d’une passion dans la vie privée. Surement car je travaille dans un milieu professionnel qui nécessite une forte passion (l’élevage de chiens) et que je me suis un peu retrouvée dans les personnages.
Lila qui a plongé assez tardivement dans le monde de la musique. Cela lui permit de guérir des épreuves et souffrances. Malgré tout, elle s’est rendu compte que la musique et encore plus la célébrité lui volaient des instants privés importants. La passion n’apporte pas tout et l’épanouissement personnel est indispensable. Si l’on oublie cet aspect, on risque de s’y perdre. Elle ne parvient à s’occuper de sa fille, à assumer sa célébrité et à respecter ses valeurs personnelles.
Lila a été obligé de choisir et de partir pour recommencer à zéro.
Dans un nouveau milieu, elle s’occupe d’une jeune fille alors qu’elle ne sait jamais occupé de sa propre fille. Elle respecte des valeurs humaines et naturelles auxquelles elle accorde de l’importance. Des valeurs difficiles à concilier avec notre société moderne et encore plus une célébrité envahissante.
Gabrielle est touchante par son manque de confiance en elle. Son éducation, le manque d’amour et de reconnaissance de son père en sont les principales responsables. Elle a la passion également mais sa faiblesse l’empêche d’exprimer tout son talent. Là aussi, elle ne parvient pas à se responsabiliser. Elle ne prend pas de décision par rapport à sa vie amoureuse. Elle ne veut pas partager sa musique avec sa fille. Elle ne parvient pas à dire à Lucas ce qu’elle pense véritablement au fond d’elle. Elle ne vit qu’à travers Lila et se contente de lui rendre hommage. Le voyage qu’elle va entreprendre pour découvrir la vérité va lui permettre de s’ouvrir et s’épanouir. Seulement à partir de là, elle va s’assumer et prendre des risques.
Je ressors de ces deux destins que la passion ne peut se vivre et s’exprimer complètement que si l’on respecte sa vie personnelle et son épanouissement.
Je ressors également de ce livre avec une jolie leçon de vie. Les personnages ont toujours le choix de reprendre leur destin en main et de choisir une autre vie. Il n’est jamais trop tard, ni impossible de rebondir. Message d’espoir et de courage !
Il est vrai que ce court roman est intriguant car plus on y réfléchit et plus on perçoit tout ce que l’auteur aborde. Il a le talent de l’aborder sans imposer au lecteur. Chaque lecteur a choisi de faire ressortir l'aspect qui l'avait le plus marqué et il est différent suivant chacun.
Olorin fait ressortir l'importance de tout donner ici et maintenant. En relisant sa critique, je me suis dit "Oui en effet " mais ce n'est pas l'aspect qui m'a marqué le plus. Certainement car il ne correspond pas à mon caractère.
Ce livre encore plus qu'un autre parle à chaque lecteur de façon différente en fonction de son histoire, de son caractère, de ses opinions... Je trouve cela impressionnant de voir tant de différence !
Merci à l'auteur pour ce talent. Merci à ce forum pour ce partage qui élargit nos points de vue et nos lectures.
Je garderais un très bon souvenir de cette œuvre et je la range sagement dans un coin pour m’y replonger car je pense que j’ai laissé passer certaines choses. Et peut être, le lire après avoir découvert un peu l’univers de Chopin…On verra mais en tout cas cela donne envie. Le fait de ne pas être adepte de musique classique m’a gênée et m’a certainement empêché de tout saisir. En tout cas, l’auteur a le talent de nous inviter à découvrir son univers.
La plupart des critiques précédentes soulignent le style très riche de l’écriture, en disant ne pas avoir été gênés malgré tout. Je dois reconnaître que j’ai eu parfois quelques difficultés à m’y faire. Les phrases sont souvent longues. Il y a beaucoup de descriptions et de qualificatifs. Les paragraphes et les indications musicales ne m’ont parlés et je m’y sentie étrangère. J’ai du parfois relire certains passages mais je vous rassure, je ne le regrette pas.
Le destin croisé de ces deux femmes permet de toucher plusieurs thèmes. La passion, la célébrité, la seconde chance, le choix de sa vie…
Le principal qui m’a touché est la place d’une passion dans la vie privée. Surement car je travaille dans un milieu professionnel qui nécessite une forte passion (l’élevage de chiens) et que je me suis un peu retrouvée dans les personnages.
Lila qui a plongé assez tardivement dans le monde de la musique. Cela lui permit de guérir des épreuves et souffrances. Malgré tout, elle s’est rendu compte que la musique et encore plus la célébrité lui volaient des instants privés importants. La passion n’apporte pas tout et l’épanouissement personnel est indispensable. Si l’on oublie cet aspect, on risque de s’y perdre. Elle ne parvient à s’occuper de sa fille, à assumer sa célébrité et à respecter ses valeurs personnelles.
Lila a été obligé de choisir et de partir pour recommencer à zéro.
Dans un nouveau milieu, elle s’occupe d’une jeune fille alors qu’elle ne sait jamais occupé de sa propre fille. Elle respecte des valeurs humaines et naturelles auxquelles elle accorde de l’importance. Des valeurs difficiles à concilier avec notre société moderne et encore plus une célébrité envahissante.
Gabrielle est touchante par son manque de confiance en elle. Son éducation, le manque d’amour et de reconnaissance de son père en sont les principales responsables. Elle a la passion également mais sa faiblesse l’empêche d’exprimer tout son talent. Là aussi, elle ne parvient pas à se responsabiliser. Elle ne prend pas de décision par rapport à sa vie amoureuse. Elle ne veut pas partager sa musique avec sa fille. Elle ne parvient pas à dire à Lucas ce qu’elle pense véritablement au fond d’elle. Elle ne vit qu’à travers Lila et se contente de lui rendre hommage. Le voyage qu’elle va entreprendre pour découvrir la vérité va lui permettre de s’ouvrir et s’épanouir. Seulement à partir de là, elle va s’assumer et prendre des risques.
Je ressors de ces deux destins que la passion ne peut se vivre et s’exprimer complètement que si l’on respecte sa vie personnelle et son épanouissement.
Je ressors également de ce livre avec une jolie leçon de vie. Les personnages ont toujours le choix de reprendre leur destin en main et de choisir une autre vie. Il n’est jamais trop tard, ni impossible de rebondir. Message d’espoir et de courage !
Il est vrai que ce court roman est intriguant car plus on y réfléchit et plus on perçoit tout ce que l’auteur aborde. Il a le talent de l’aborder sans imposer au lecteur. Chaque lecteur a choisi de faire ressortir l'aspect qui l'avait le plus marqué et il est différent suivant chacun.
Olorin fait ressortir l'importance de tout donner ici et maintenant. En relisant sa critique, je me suis dit "Oui en effet " mais ce n'est pas l'aspect qui m'a marqué le plus. Certainement car il ne correspond pas à mon caractère.
Ce livre encore plus qu'un autre parle à chaque lecteur de façon différente en fonction de son histoire, de son caractère, de ses opinions... Je trouve cela impressionnant de voir tant de différence !
Merci à l'auteur pour ce talent. Merci à ce forum pour ce partage qui élargit nos points de vue et nos lectures.
Invité- Invité
Re: [Ventana, Frankie] Une vie après l'autre ou l'incarnation des possibles
Mon avis :
Gabrielle, autrefois pianiste de talent, écrit aujourd’hui des biographies et notamment celle d’une autre célèbre pianiste, Lila Von Haffen, livre qui a connu un grand succès. Il faut dire que Lila fascine encore : devenue célèbre dans les années 60, elle envoûtait les âmes autant qu’elle dérangeait par son comportement rebelle. Une fois le concert terminé, elle ne saluait pas le public, ne faisait pas de rappels. Ce qui plaisait aux uns agaçait les autres mais tous étaient d’accord sur son génie et le talent qu’elle avait pour retranscrire à la perfection les œuvres de Chopin. Seulement, Lila s’est laissée enfermée dans ce personnage qu’elle s’est construite et s’est perdue. Aussi a-t-elle décidé d’en finir avec la vie et s’est suicidée en 1983, dans sa propriété de Lintz, en Autriche, qu’elle a hérité de son père. Or, Gabrielle reçoit une correspondance de Lila avec un homme dont elle était amoureuse. Les dates ne correspondent pas avec son suicide car l’une d’elle est datée de 2003. Serait-ce un plaisantin qui, profitant du regain d’intérêt pour Lila, aurait décidé de faire parler de lui ? Elle décide d’enquêter et va donc remonter le cours de la vie de Lila au travers des lieux de son enfance, de son adolescence et de sa fin de vie. On se rend vite compte que plus que la recherche de la vérité, c’est surtout et avant une quête initiatique pour Gabrielle. Elle a beaucoup de points communs avec Lila et à l’aube de ses quarante ans, elle est, tout comme Lila en 1983, au bord du gouffre, sur la brèche. Elle aussi s’est construite une carapace pour affronter les blessures de la vie et se retrouve donc seule, perdue, ne sachant plus qui elle est, ce qu’elle veut, où elle va. De plus, sa rencontre avec Lila, peu de temps avant le suicide de cette dernière, la hante encore. Pourquoi ? Qu’ont-elles partagé cette nuit-là ? Les personnages sont très charismatiques. On s’attache sans mal à Lila et à Gabrielle, se demandant comment tout cela va se finir. Plus qu’un roman, Frankie VENTANA nous offre une réelle leçon de vie en nous montrant qu’il faut savoir rester fidèle à soi-même, garder son identité, oui, mais comment, lorsque la vie vient nous chahuter, mettre des obstacles en travers de notre route ? Comment ensuite sortir de la carapace que l’on s’est construite ? Faut-il accuser le destin ? Non, il vient nous dire que chaque homme est maître de sa vie. Seules nos actions ou celles des autres ont des conséquences qui viennent interagir sur nous. Libres à nous de nous enfermer dans un cocon, de fuir ou de faire table rase du passé et d’aller de l’avant… Ce retour dans le passé de Lila est pour Gabrielle une deuxième chance de reprendre sa vie en main, de s’affirmer et de redevenir actrice de sa vie.
J’adore ce genre de livre qui, sous couvert d’une histoire, nous raconte bien plus, nous pousse à nous interroger, sur le sens de la vie, sur nous.
Un grand merci à Partage lecture et aux éditions Kyklos pour ce livre. Sans l’avis de Thot et d’Ansault, je pense que je n’aurai jamais été vers ce livre et je serai passée à côté d’une belle découverte. Un grand coup de cœur !
Un extrait qui m'a marquée :
"Sache que la prédestination n'est que prétexte à fuir indéfiniment, jusqu'à ce que l'on se trouve à court de souffle.
Là intervient la chance que l'on doit s'accorder.
A partir du moment où tu auras décidé de la direction que tu veux prendre, ne te retourne pas, ne t'encombre plus de cet excès de bagages que sont la vanité et sa cohorte de sentiments vains."
Gabrielle, autrefois pianiste de talent, écrit aujourd’hui des biographies et notamment celle d’une autre célèbre pianiste, Lila Von Haffen, livre qui a connu un grand succès. Il faut dire que Lila fascine encore : devenue célèbre dans les années 60, elle envoûtait les âmes autant qu’elle dérangeait par son comportement rebelle. Une fois le concert terminé, elle ne saluait pas le public, ne faisait pas de rappels. Ce qui plaisait aux uns agaçait les autres mais tous étaient d’accord sur son génie et le talent qu’elle avait pour retranscrire à la perfection les œuvres de Chopin. Seulement, Lila s’est laissée enfermée dans ce personnage qu’elle s’est construite et s’est perdue. Aussi a-t-elle décidé d’en finir avec la vie et s’est suicidée en 1983, dans sa propriété de Lintz, en Autriche, qu’elle a hérité de son père. Or, Gabrielle reçoit une correspondance de Lila avec un homme dont elle était amoureuse. Les dates ne correspondent pas avec son suicide car l’une d’elle est datée de 2003. Serait-ce un plaisantin qui, profitant du regain d’intérêt pour Lila, aurait décidé de faire parler de lui ? Elle décide d’enquêter et va donc remonter le cours de la vie de Lila au travers des lieux de son enfance, de son adolescence et de sa fin de vie. On se rend vite compte que plus que la recherche de la vérité, c’est surtout et avant une quête initiatique pour Gabrielle. Elle a beaucoup de points communs avec Lila et à l’aube de ses quarante ans, elle est, tout comme Lila en 1983, au bord du gouffre, sur la brèche. Elle aussi s’est construite une carapace pour affronter les blessures de la vie et se retrouve donc seule, perdue, ne sachant plus qui elle est, ce qu’elle veut, où elle va. De plus, sa rencontre avec Lila, peu de temps avant le suicide de cette dernière, la hante encore. Pourquoi ? Qu’ont-elles partagé cette nuit-là ? Les personnages sont très charismatiques. On s’attache sans mal à Lila et à Gabrielle, se demandant comment tout cela va se finir. Plus qu’un roman, Frankie VENTANA nous offre une réelle leçon de vie en nous montrant qu’il faut savoir rester fidèle à soi-même, garder son identité, oui, mais comment, lorsque la vie vient nous chahuter, mettre des obstacles en travers de notre route ? Comment ensuite sortir de la carapace que l’on s’est construite ? Faut-il accuser le destin ? Non, il vient nous dire que chaque homme est maître de sa vie. Seules nos actions ou celles des autres ont des conséquences qui viennent interagir sur nous. Libres à nous de nous enfermer dans un cocon, de fuir ou de faire table rase du passé et d’aller de l’avant… Ce retour dans le passé de Lila est pour Gabrielle une deuxième chance de reprendre sa vie en main, de s’affirmer et de redevenir actrice de sa vie.
J’adore ce genre de livre qui, sous couvert d’une histoire, nous raconte bien plus, nous pousse à nous interroger, sur le sens de la vie, sur nous.
Un grand merci à Partage lecture et aux éditions Kyklos pour ce livre. Sans l’avis de Thot et d’Ansault, je pense que je n’aurai jamais été vers ce livre et je serai passée à côté d’une belle découverte. Un grand coup de cœur !
Un extrait qui m'a marquée :
"Sache que la prédestination n'est que prétexte à fuir indéfiniment, jusqu'à ce que l'on se trouve à court de souffle.
Là intervient la chance que l'on doit s'accorder.
A partir du moment où tu auras décidé de la direction que tu veux prendre, ne te retourne pas, ne t'encombre plus de cet excès de bagages que sont la vanité et sa cohorte de sentiments vains."
Invité- Invité
Re: [Ventana, Frankie] Une vie après l'autre ou l'incarnation des possibles
Mon avis :
Dès les premières pages, j’ai été conquise par la plume de l’auteure. Riche et travaillé, le style d’écriture n’en est pas moins accessible et fluide, touchant ainsi un équilibre qui procure au lecteur à la fois un moment de culture et de détente.
Très vite, le côté structuré de l’œuvre nous offre un parfaite clarté dans la lecture. Les chapitres eux-mêmes sont scindés en quatre parties distinctes. D’abord, la présentation (historique, architecturale, etc.) du lieu d’investigation de Gabrielle Deforest. Ces « sous-chapitres » sont riches en références instructives et permettent de situer le décor presque visuellement, telles des mises en scènes cinématographiques.
Ensuite, le déroulement de l’enquête, souvent au moyen d’un dialogue entre Gabrielle et un autre personnage jusqu’alors inconnu, distille au fur et à mesure de l’œuvre de plus amples informations sur Lila von Haffen, célèbre virtuose disparue vingt ans auparavant.
La troisième partie se réduit généralement à une simple et efficace phrase transitoire : le parallèle direct entre les deux protagonistes de l’histoire.
C’est ainsi que le lecteur glisse sans la moindre anicroche vers la dernière partie du chapitre, une correspondance de Lila von Haffen . Textes sombres et mélancoliques, à l’image de l’état d’esprit de la virtuose au moment de sa subite disparition.
En elle-même, l’histoire explore bon nombre de thèmes et de réflexions. En voici, à titre d’exemple, ceux qui semblent les plus récurrents : le parallèle et la dualité.
Les similitudes se ressentent tout d’abord à travers les destins de Lila et de Gabrielle. Les deux femmes sont dotées d’un talent exceptionnel, partagent une passion commune, ont des démons étrangement ressemblants. Les vies se succèdent selon un schéma a priori semblable : Gabrielle suit les traces de Lila (au sens figuré comme au sens propre), elle-même sur celles de Chopin.
Mais au final, l’accent est mis sur leurs choix différents, nés de leurs caractères uniques, et menant à trois fins dissociables.
On dénote ainsi à la fois l’éloge et la condamnation des notions de destin et de fatalité. L’œuvre entière semble nous dire « Si tout destin est tracé, ce sont nos choix qui dirigent la plume.»
En matière de dualité, on retrouve par exemple le personnage central de l’histoire, la virtuose charismatique et intrigante Lila von Haffen. Elle possède en effet une double personnalité : côté face, il y a l’idole publique et médiatique, une Lila excentrique, anti-conventionnelle, sûre d’elle, de sa musique et de son interprétation. Elle est l’image de l’audace et de la réussite (cette face est mise en valeur par le personnage de Marilou, qui ose un changement radical de vie, inspirée par la virtuose qu’elle admire tant). Elle est celle que l’on veut suivre, la meneuse d’idées, le modèle atypique.
Sa facette personnelle, celle de la femme une fois l’artiste endormie, est tout à fait autre : on y découvre l’angoisse, la déception, l’insatisfaction, le désespoir et, plus opposé encore, l’incertitude.
Dans cette double personnalité, il n’est guère question d’hypocrisie, mais plutôt de la magie que la musique opère sur elle. Son art la sublime, la transcende, l’hypnotise.
Il est impressionnant de voir à quel point les sensations, liées à la musique comme aux sentiments humains, sont retranscrites avec une empathie juste et touchante. Les mots vont droits au cœur et font mouche, l’histoire est prenante. Les thèmes et sujets de réflexions sont légion.
Bref, ce livre est un énorme coup de cœur qui, une fois la quatrième de couverture refermée, laisse au lecteur du rêve et de multiples sujets à méditer sur quelques mesures de Chopin.
Un immense merci aux éditions Kyklos et à Thot pour cette fabuleuse découverte, mais aussi à Frankie Ventana pour cette aventure qu'elle nous a magnifiquement fait vivre au rythme de cette oeuvre.
Dès les premières pages, j’ai été conquise par la plume de l’auteure. Riche et travaillé, le style d’écriture n’en est pas moins accessible et fluide, touchant ainsi un équilibre qui procure au lecteur à la fois un moment de culture et de détente.
Très vite, le côté structuré de l’œuvre nous offre un parfaite clarté dans la lecture. Les chapitres eux-mêmes sont scindés en quatre parties distinctes. D’abord, la présentation (historique, architecturale, etc.) du lieu d’investigation de Gabrielle Deforest. Ces « sous-chapitres » sont riches en références instructives et permettent de situer le décor presque visuellement, telles des mises en scènes cinématographiques.
Ensuite, le déroulement de l’enquête, souvent au moyen d’un dialogue entre Gabrielle et un autre personnage jusqu’alors inconnu, distille au fur et à mesure de l’œuvre de plus amples informations sur Lila von Haffen, célèbre virtuose disparue vingt ans auparavant.
La troisième partie se réduit généralement à une simple et efficace phrase transitoire : le parallèle direct entre les deux protagonistes de l’histoire.
C’est ainsi que le lecteur glisse sans la moindre anicroche vers la dernière partie du chapitre, une correspondance de Lila von Haffen . Textes sombres et mélancoliques, à l’image de l’état d’esprit de la virtuose au moment de sa subite disparition.
En elle-même, l’histoire explore bon nombre de thèmes et de réflexions. En voici, à titre d’exemple, ceux qui semblent les plus récurrents : le parallèle et la dualité.
Les similitudes se ressentent tout d’abord à travers les destins de Lila et de Gabrielle. Les deux femmes sont dotées d’un talent exceptionnel, partagent une passion commune, ont des démons étrangement ressemblants. Les vies se succèdent selon un schéma a priori semblable : Gabrielle suit les traces de Lila (au sens figuré comme au sens propre), elle-même sur celles de Chopin.
Mais au final, l’accent est mis sur leurs choix différents, nés de leurs caractères uniques, et menant à trois fins dissociables.
On dénote ainsi à la fois l’éloge et la condamnation des notions de destin et de fatalité. L’œuvre entière semble nous dire « Si tout destin est tracé, ce sont nos choix qui dirigent la plume.»
En matière de dualité, on retrouve par exemple le personnage central de l’histoire, la virtuose charismatique et intrigante Lila von Haffen. Elle possède en effet une double personnalité : côté face, il y a l’idole publique et médiatique, une Lila excentrique, anti-conventionnelle, sûre d’elle, de sa musique et de son interprétation. Elle est l’image de l’audace et de la réussite (cette face est mise en valeur par le personnage de Marilou, qui ose un changement radical de vie, inspirée par la virtuose qu’elle admire tant). Elle est celle que l’on veut suivre, la meneuse d’idées, le modèle atypique.
Sa facette personnelle, celle de la femme une fois l’artiste endormie, est tout à fait autre : on y découvre l’angoisse, la déception, l’insatisfaction, le désespoir et, plus opposé encore, l’incertitude.
Dans cette double personnalité, il n’est guère question d’hypocrisie, mais plutôt de la magie que la musique opère sur elle. Son art la sublime, la transcende, l’hypnotise.
Il est impressionnant de voir à quel point les sensations, liées à la musique comme aux sentiments humains, sont retranscrites avec une empathie juste et touchante. Les mots vont droits au cœur et font mouche, l’histoire est prenante. Les thèmes et sujets de réflexions sont légion.
Bref, ce livre est un énorme coup de cœur qui, une fois la quatrième de couverture refermée, laisse au lecteur du rêve et de multiples sujets à méditer sur quelques mesures de Chopin.
Un immense merci aux éditions Kyklos et à Thot pour cette fabuleuse découverte, mais aussi à Frankie Ventana pour cette aventure qu'elle nous a magnifiquement fait vivre au rythme de cette oeuvre.
Nephtys- Grand expert du forum
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Re: [Ventana, Frankie] Une vie après l'autre ou l'incarnation des possibles
Il m'a été très difficile de rédiger cet avis, sans doute parce que certains faits trouvaient trop de raisonnance dans ma vie personnelle. Mais tel n'est pas le sujet de cet avis.
Tout d'abord, je me suis interrogée sur le lien qui unit Gabrielle à Lila tant leurs destin paraissent inexorablement liés bien qu'elles semblent les exactes opposées : l’une ne joue qu’en public et refuse les enregistrements, l’autre ne se sent bien qu’en studio et peine à jouer sur scène. Pourtant, des faits les rapprochent : une enfance sans amour maternel, une vie amoureuse frustrante, une difficulté à être mère. Gabrielle renonce à sa carrière à la mort de Lila, et pourtant demeure obsédée par Lila. En fait, l'un des motifs est que le public a cherché à faire revivre Lila à travers elle. Jouer devenait alors prendre une place qui n’était pas la sienne, et perdre son identité.Gabrielle n’en continuera pas moins de se chercher. Elle est devenue écrivain, elle est donc toujours une artiste mais elle elle rédige la vie des autres, et plus spécialement la vie de Lila comme si elle était incapable de vivre la sienne
Qui est véritablement Lila ? Tant de voix se mêlent dans le roman pour nous dire qui elle était : la biographie de Gabrielle, une notice biographique trouvée sur Internet. Puis, ce sont les lettres, envoyées à Gabrielle qui nous permettent de connaître la vraie Lila, qui fut seule, même quand elle était unanimement adulée. Au cours de sa quête, Gabrielle va rencontrer les proches de Lila. Chacun expose tour à tour ce qu’il savait d’elle, ce qu’elle a bien voulu lui livrer. Eux-même se sont forgés une image d'elle, morcelée, parcellaire, qui n'a rien à voir avec son identité profonde.
Cette quête va aussi amener Gabrielle à s'interroger sur sa vie. En cherchant la vérité sur la mort de Lila, Gabrielle se cherche elle-même. Elle se reconstruit autant qu'elle reconstruit l'itinéraire de Lila, qui va la mener dans des lieux que l'Histoire a profondément marqué et où la musique a son importance. La musique, ses interprètes, ses professeurs. Si un artiste cherche à passer à la postérité, il lui reste, après les concerts, les enregistrements, une troisième voie : l'enseignement. Transmettre son art tout en n'étouffant pas la personnalité de son élève est essentiel et à ce jeu, Sergeï a pleinement réussi, lui qui enseigne à Gabrielle et fait d'elle une pianiste à part entière. Même Lila, à sa manière, a réussi à former une jeune pianiste, en dehors des voies conventionnelles.
La musique est omniprésente, et se retrouve dans la musique des mots. Chaque phrase est soigneusement ciselée, chaque chapitre est harmonieusement construit. Ce roman est court mais possède une extraordinaire densité, perceptible dès le titre. "L'incarnation des possibles" prouve que chacun peut prendre son destin en main, changer radicalement de voie, et tant pis si cela bouscule les clichés. La fin grandiose de Lila, dans un feu purificateur qui anéantit à la fois la pianiste et l'histoire de la famille est ce que l'on attend d'une pianiste éblouissante. L'épilogue du roman (c'est ainsi que je considère le chapitre treize, qui se déroule trois ans après le chapitre douze) nous montre des personnages apaisés, parce qu'ils ont réussi à débuter une nouvelle vie.
Un grand merci aux éditions Kyklos, au forum Partage-Lecture et à Thot pour cette belle découverte littéraire et musicale.
PS : pour ceux qui n'ont jamais joué une œuvre de Chopin, je me permets de conseiller de découvrir ses œuvres avant ou même pendant la lecture de ce roman.
Tout d'abord, je me suis interrogée sur le lien qui unit Gabrielle à Lila tant leurs destin paraissent inexorablement liés bien qu'elles semblent les exactes opposées : l’une ne joue qu’en public et refuse les enregistrements, l’autre ne se sent bien qu’en studio et peine à jouer sur scène. Pourtant, des faits les rapprochent : une enfance sans amour maternel, une vie amoureuse frustrante, une difficulté à être mère. Gabrielle renonce à sa carrière à la mort de Lila, et pourtant demeure obsédée par Lila. En fait, l'un des motifs est que le public a cherché à faire revivre Lila à travers elle. Jouer devenait alors prendre une place qui n’était pas la sienne, et perdre son identité.Gabrielle n’en continuera pas moins de se chercher. Elle est devenue écrivain, elle est donc toujours une artiste mais elle elle rédige la vie des autres, et plus spécialement la vie de Lila comme si elle était incapable de vivre la sienne
Qui est véritablement Lila ? Tant de voix se mêlent dans le roman pour nous dire qui elle était : la biographie de Gabrielle, une notice biographique trouvée sur Internet. Puis, ce sont les lettres, envoyées à Gabrielle qui nous permettent de connaître la vraie Lila, qui fut seule, même quand elle était unanimement adulée. Au cours de sa quête, Gabrielle va rencontrer les proches de Lila. Chacun expose tour à tour ce qu’il savait d’elle, ce qu’elle a bien voulu lui livrer. Eux-même se sont forgés une image d'elle, morcelée, parcellaire, qui n'a rien à voir avec son identité profonde.
Cette quête va aussi amener Gabrielle à s'interroger sur sa vie. En cherchant la vérité sur la mort de Lila, Gabrielle se cherche elle-même. Elle se reconstruit autant qu'elle reconstruit l'itinéraire de Lila, qui va la mener dans des lieux que l'Histoire a profondément marqué et où la musique a son importance. La musique, ses interprètes, ses professeurs. Si un artiste cherche à passer à la postérité, il lui reste, après les concerts, les enregistrements, une troisième voie : l'enseignement. Transmettre son art tout en n'étouffant pas la personnalité de son élève est essentiel et à ce jeu, Sergeï a pleinement réussi, lui qui enseigne à Gabrielle et fait d'elle une pianiste à part entière. Même Lila, à sa manière, a réussi à former une jeune pianiste, en dehors des voies conventionnelles.
La musique est omniprésente, et se retrouve dans la musique des mots. Chaque phrase est soigneusement ciselée, chaque chapitre est harmonieusement construit. Ce roman est court mais possède une extraordinaire densité, perceptible dès le titre. "L'incarnation des possibles" prouve que chacun peut prendre son destin en main, changer radicalement de voie, et tant pis si cela bouscule les clichés. La fin grandiose de Lila, dans un feu purificateur qui anéantit à la fois la pianiste et l'histoire de la famille est ce que l'on attend d'une pianiste éblouissante. L'épilogue du roman (c'est ainsi que je considère le chapitre treize, qui se déroule trois ans après le chapitre douze) nous montre des personnages apaisés, parce qu'ils ont réussi à débuter une nouvelle vie.
Un grand merci aux éditions Kyklos, au forum Partage-Lecture et à Thot pour cette belle découverte littéraire et musicale.
PS : pour ceux qui n'ont jamais joué une œuvre de Chopin, je me permets de conseiller de découvrir ses œuvres avant ou même pendant la lecture de ce roman.
Sharon- Modérateur
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Re: [Ventana, Frankie] Une vie après l'autre ou l'incarnation des possibles
waou ben ça c'est de la critique !!
Invité- Invité
Re: [Ventana, Frankie] Une vie après l'autre ou l'incarnation des possibles
Tout cela m'intrigue, et me tente fortement; en tout cas le sujet m'intérresse
Invité- Invité
Re: [Ventana, Frankie] Une vie après l'autre ou l'incarnation des possibles
En effet!!!Isis a écrit:waou ben ça c'est de la critique !!
Et cela donne vraiment envie de découvrir l'oeuvre!
Invité- Invité
Re: [Ventana, Frankie] Une vie après l'autre ou l'incarnation des possibles
Bonsoir à tous
Je ne sais pas si je suis au bon endroit, totalement perdu l'auteur
Je ne sais pas si je suis au bon endroit, totalement perdu l'auteur
Invité- Invité
Re: [Ventana, Frankie] Une vie après l'autre ou l'incarnation des possibles
Bonsoir Mme Ventana. Sur la page principale du site vous verrez en haut une fenêtre de chat. Il suffit de cliquer sur "se connecter" pour vous joindre à nous.
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Re: [Ventana, Frankie] Une vie après l'autre ou l'incarnation des possibles
[i]
Dernière édition par mimi54 le Ven 1 Avr 2011 - 23:56, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: [Ventana, Frankie] Une vie après l'autre ou l'incarnation des possibles
C'est malheuresement récurrent comme problème quand on s'attend à quelque chose en particulier. Pour ma part, j'évite d'attendre quelque chose d'une oeuvre, je préfère me laisser guider par la lecture. J'ai été trop déçue par certains livres comme ça, et en les relisant plus tard, j'ai apprécié davantage.
C'est peut-être ce que tu devrais faire avec une vie. Laisse passer les mois et relis-le à l'occasion, sans avoir d'attente en particulier cette fois.
Ceci dit, si la musique est bel et bien la toile de fond, le titre en lui-même évoque bien le sujet principal. Il s'agit surtout de se pencher sur les destins similaires ou ressemblant, pour ne parler que de ce thème. Il est clair que cette histoire ne se lit pas en surface. Elle propose une réelle réflexion.
C'est peut-être ce que tu devrais faire avec une vie. Laisse passer les mois et relis-le à l'occasion, sans avoir d'attente en particulier cette fois.
Ceci dit, si la musique est bel et bien la toile de fond, le titre en lui-même évoque bien le sujet principal. Il s'agit surtout de se pencher sur les destins similaires ou ressemblant, pour ne parler que de ce thème. Il est clair que cette histoire ne se lit pas en surface. Elle propose une réelle réflexion.
Nephtys- Grand expert du forum
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Re: [Ventana, Frankie] Une vie après l'autre ou l'incarnation des possibles
Nephtys a écrit:C'est malheuresement récurrent comme problème quand on s'attend à quelque chose en particulier. Pour ma part, j'évite d'attendre quelque chose d'une oeuvre, je préfère me laisser guider par la lecture. J'ai été trop déçue par certains livres comme ça, et en les relisant plus tard, j'ai apprécié davantage.
C'est peut-être ce que tu devrais faire avec une vie. Laisse passer les mois et relis-le à l'occasion, sans avoir d'attente en particulier cette fois.
Ceci dit, si la musique est bel et bien la toile de fond, le titre en lui-même évoque bien le sujet principal. Il s'agit surtout de se pencher sur les destins similaires ou ressemblant, pour ne parler que de ce thème. Il est clair que cette histoire ne se lit pas en surface. Elle propose une réelle réflexion.
elle a un style brouillon, qui m'avait rebutée dans les années d'innocence.....
ce qui ma laisse penser que le style de l'auteur ne me convient pas, et qu'il n'y a pas que le sujet du livre qui ne m'emballe pas.
Invité- Invité
Re: [Ventana, Frankie] Une vie après l'autre ou l'incarnation des possibles
Challenge PB livre 18
Mon avis :
Au vu de la qualité de tout ce qui a été précédemment écrit, il va m’être difficile de construire un avis de qualité, je vais malgré tout m’y efforcer.
Autant le dire tout de suite, je ne pourrais jamais trouver les mots, les phrases pour évoquer tous les échos que ce livre a éveillés ou réveillés en moi. Il y a tant à dire !
C’est un livre qui est écrit comme un patchwork, un puzzle, ce n’est pas « linéaire ».
Les allers-retours « passé présent », les lettres, les ressentis des personnages, les réflexions extérieures, tout cela contribue à une structure qui peut sembler hachée ou confuse et qui déroutera certains lecteurs.
Personnellement, il n’en a rien été et je me suis régalée avec cette lecture.
Ce n’est pas un écrit que j’ai lu d’une traite, sans m’arrêter, en boulimique. Non, il m’a fallu laisser du temps au temps, apprivoiser les personnages, permettre à l’ambiance de s’installer et surtout donner la possibilité aux nombreuses questions évidentes ou cachées de « monter » en moi.
Ce roman n’est pas très long mais il est dense. Il provoque une série d’interrogations qui peuvent nous être renvoyées, occasion de faire le point, de revenir sur sa vie, ses choix.
C’est l’essence même de ce roman que de provoquer des questionnements.
On y retrouve deux femmes, deux artistes, deux pianistes, si différentes et si semblables à la fois, si fortes et si fragiles, si « ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre », liées par un « fil conducteur, mince et tenu » qui semble leur appartenir, puis leur échapper, comme un élastique qui éloigne et qui rapproche …
Deux pianistes aux réactions parfois incontrôlées, parfois choisies, pesées, soupesées, deux femmes qui m’ont fascinée.
L’une voulant comprendre l’autre, menant une « enquête » pour aller plus loin à la rencontre de celle qui a été et qui n’est plus mais aussi à la rencontre d’elle-même ….
« Il disait que cette femme, elle savait tout de la détresse humaine, des instants de bonheur fugitif, de l’heure la plus noire qui précède le lever du soleil à celle, exaltante, qui le voit se coucher. »
Les artistes ont-ils une sensibilité différente ? Les sens exacerbés et les mots, la musique, la peinture etc …. à fleur de peau, au bout des doigts ? Ne vivent-ils que pour, par, à travers leur art ?
Lorsqu’un artiste atteint le sommet de son art, la quasi perfection, vaut-il mieux disparaître et ainsi entrer dans la postérité ou tout faire pour rester au firmament, quitte à être déçu de soi, à décevoir son public et retourner dans l’anonymat ?
"….j’ai soudain réalisé que je ne pourrais plus égaler une telle performance.
La vie m’a tout donné, même ce dont je ne voulais pas. "
"La renaissance est proche si l’on croit en l’incarnation du possible.
Jusqu’à quel point peut-on rester maître de son existence, de ses choix de vie ?
Peu-on tout gérer, tout maîtriser ? A-t-on le temps de peser les choix ou faut-il parfois, prendre une décision dans l’urgence ? Une de ces décisions qui peut bouleverser le cours d’une existence ?
« A partir du moment où tu auras décidé de la direction que tu veux prendre, ne te ….. ».
Je ne vous en dirais pas plus …
Si …. N’hésitez pas à aller à la rencontre de ce livre …
Mon avis :
Au vu de la qualité de tout ce qui a été précédemment écrit, il va m’être difficile de construire un avis de qualité, je vais malgré tout m’y efforcer.
Autant le dire tout de suite, je ne pourrais jamais trouver les mots, les phrases pour évoquer tous les échos que ce livre a éveillés ou réveillés en moi. Il y a tant à dire !
C’est un livre qui est écrit comme un patchwork, un puzzle, ce n’est pas « linéaire ».
Les allers-retours « passé présent », les lettres, les ressentis des personnages, les réflexions extérieures, tout cela contribue à une structure qui peut sembler hachée ou confuse et qui déroutera certains lecteurs.
Personnellement, il n’en a rien été et je me suis régalée avec cette lecture.
Ce n’est pas un écrit que j’ai lu d’une traite, sans m’arrêter, en boulimique. Non, il m’a fallu laisser du temps au temps, apprivoiser les personnages, permettre à l’ambiance de s’installer et surtout donner la possibilité aux nombreuses questions évidentes ou cachées de « monter » en moi.
Ce roman n’est pas très long mais il est dense. Il provoque une série d’interrogations qui peuvent nous être renvoyées, occasion de faire le point, de revenir sur sa vie, ses choix.
C’est l’essence même de ce roman que de provoquer des questionnements.
On y retrouve deux femmes, deux artistes, deux pianistes, si différentes et si semblables à la fois, si fortes et si fragiles, si « ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre », liées par un « fil conducteur, mince et tenu » qui semble leur appartenir, puis leur échapper, comme un élastique qui éloigne et qui rapproche …
Deux pianistes aux réactions parfois incontrôlées, parfois choisies, pesées, soupesées, deux femmes qui m’ont fascinée.
L’une voulant comprendre l’autre, menant une « enquête » pour aller plus loin à la rencontre de celle qui a été et qui n’est plus mais aussi à la rencontre d’elle-même ….
« Il disait que cette femme, elle savait tout de la détresse humaine, des instants de bonheur fugitif, de l’heure la plus noire qui précède le lever du soleil à celle, exaltante, qui le voit se coucher. »
Les artistes ont-ils une sensibilité différente ? Les sens exacerbés et les mots, la musique, la peinture etc …. à fleur de peau, au bout des doigts ? Ne vivent-ils que pour, par, à travers leur art ?
Lorsqu’un artiste atteint le sommet de son art, la quasi perfection, vaut-il mieux disparaître et ainsi entrer dans la postérité ou tout faire pour rester au firmament, quitte à être déçu de soi, à décevoir son public et retourner dans l’anonymat ?
"….j’ai soudain réalisé que je ne pourrais plus égaler une telle performance.
La vie m’a tout donné, même ce dont je ne voulais pas. "
"La renaissance est proche si l’on croit en l’incarnation du possible.
Jusqu’à quel point peut-on rester maître de son existence, de ses choix de vie ?
Peu-on tout gérer, tout maîtriser ? A-t-on le temps de peser les choix ou faut-il parfois, prendre une décision dans l’urgence ? Une de ces décisions qui peut bouleverser le cours d’une existence ?
« A partir du moment où tu auras décidé de la direction que tu veux prendre, ne te ….. ».
Je ne vous en dirais pas plus …
Si …. N’hésitez pas à aller à la rencontre de ce livre …
Cassiopée- Admin
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Localisation : Saint Etienne
Emploi/loisirs : enseignante
Genre littéraire préféré : un peu tout
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