[Donovan, Gerard] Julius Winsome
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Votre avis sur "Julius Winsome" de Gerard Donovan
[Donovan, Gerard] Julius Winsome
Auteur : Gerard Donovan
Titre : Julius Winsome
Editeur : Seuil
Nombre de pages : 252
Quatrième de couverture :
Julius Winsome, quinquagénaire, vit solitaire dans un chalet au coeur de la forêt du Maine. Fils et petit-fils d'anciens combattants qui lui ont transmis leur horreur de la violence, Julius ne chasse pas, contrairement aux hommes virils de la région. Il préfère chérir ce que son père aimant lui a légué : les milliers de livres qui tapissent son chalet et le Lee-Enfield, ce fusil rapporté par son grand-père anglais des tranchées de la Première Guerre mondiale. Son unique compagnon est son chien Hobbes. La mort de ce dernier, abattu par un chasseur, déclenche chez cet homme doux une fureur meurtrière. Les halles crépitent alors dans la forêt enneigée. Julius Winsome est l'histoire tendue et émouvante d'un " étranger" à la fois hypersensible et détaché, amoureux de la langue et misanthrope. Avatar du Meursault de Camus, qui tuait "à cause du soleil ", Julius Winsome tue à cause de la neige, symbole de pureté et de deuil. Écrit dans un style puissant et poétique, ce récit d'amour, de vengeance et de mort est à l'image du paysage, âpre, froid, cinglant. C'est aussi un hymne à la nature et à ses créatures sauvages.
Mon avis :
Ni polar, ni thriller, l'histoire est d'une parfaite simplicité : un homme d'une cinquantaine d'années vit seul dans son petit chalet au milieu de la forêt, quelque part dans le Maine. Son seul compagnon est son chien Hobbes. Ses journées s'étirent, immuables et paisibles : lire au coin du feu (Julius possède 3282 livres), s'occuper de Hobbes, nourrir les oiseaux du jardin, planter des fleurs... bref, une petite vie qui semblerait monotone mais qui lui convient parfaitement. Sans la présence des chasseurs qui envahissent les bois à chaque saison, ce serait presque le paradis.
Un jour d'hiver, Julius entend des coups de fusil bien près de sa maison. Et quelques heures plus tard, il trouve le cadavre de son chien. Abattu à bout portant.
Que se passe-t-il dans la tête de cet homme si paisible ? La mort de son chien le fait vaciller, c'est son petit univers qui s'écroule, c'est à nouveau la solitude qui va s'installer... Un tel crime peut-il rester impuni ? Sûrement pas. Pour Julius l'heure de la vengeance à sonné...
J'ai lu ici et là, notamment de la part de critiques professionnels que Julius se transforme en tueur fou. Je ne suis pas tout à fait d'accord...
Curieusement, et malgré les actes de Julius, une sorte de connivence s'installe avec le lecteur. J'ai fini par me mettre à la place de Julius et comprendre son geste. Une empathie certaine. Y a-t-il de la folie dans sa décision ? Je n'en suis pas certaine... La fin du roman, qui m'a un peu dérangée, me conforte dans ma pensée. C'est là d'ailleurs la grande force du roman. car si l'auteur nous livre quelques éléments de la vie de Julius, et notamment ses rapports avec son père, le spectre des guerres passées, la rencontre avec Claire, il évite de tomber dans le piège de l'explication psychologique. La vengeance de Julius est simplement décrite, l'écrivain ne juge pas son personnage, il se borne à nous le montrer agissant en accord avec ses propres principes et sa logique. L'homme et la nature se confondent, glacé et hostile mais empreint d'une certaine pureté.
L'atmosphère du roman rappelle à la fois Rick Bass (dans Winter) car la nature y est merveilleusement décrite ainsi que le quotidien de Julius, qui vit en harmonie avec la forêt et les saisons. Et puis j'ai évidemment pensé à Edward Abbey car la décision de Julius, excessive et lourde de conséquences, n'est pas sans évoquer certains passages de romans d'Abbey.
Le wilderness contre la civilisation ? Ce qui est certain, c'est que par delà les actes de cet homme solitaire, c'est ce constat qui s'impose. Dans une interview, Jim Harrison a dit, en parlant de sa magnifique nouvelle, Légendes d'automne, que si on gratte un tout petit peu le vernis de la civilisation d'un homme, on retrouve rapidement le primitif qui sommeille. Julius lit beaucoup, surtout de la poésie, mais aussi Shakespeare. Dans les oeuvres du grand écrivain anglais, la vengeance est omniprésente. Et n'oublions pas que le nom du chien, Hobbes, est celui du philosophe à qui l'on doit cette affirmation : "l'homme est un loup pour l'homme". Le choix du nom n'est donc pas innocent... Car à bien y réfléchir, et si l'on se place du point de vue de Julius, ce n'est pas lui le barbare, mais bien ces envahisseurs, ces chasseurs assoiffés de sang, qui imposent leur loi et bouleversent sa vie.
Voilà, que dire de plus ? C'est un beau roman, un roman noir grande classe, qui donne à réfléchir sur la nature humaine, et dans lequel on sent passer le souffle du vent et l'âpreté de l'hiver.
Titre : Julius Winsome
Editeur : Seuil
Nombre de pages : 252
Quatrième de couverture :
Julius Winsome, quinquagénaire, vit solitaire dans un chalet au coeur de la forêt du Maine. Fils et petit-fils d'anciens combattants qui lui ont transmis leur horreur de la violence, Julius ne chasse pas, contrairement aux hommes virils de la région. Il préfère chérir ce que son père aimant lui a légué : les milliers de livres qui tapissent son chalet et le Lee-Enfield, ce fusil rapporté par son grand-père anglais des tranchées de la Première Guerre mondiale. Son unique compagnon est son chien Hobbes. La mort de ce dernier, abattu par un chasseur, déclenche chez cet homme doux une fureur meurtrière. Les halles crépitent alors dans la forêt enneigée. Julius Winsome est l'histoire tendue et émouvante d'un " étranger" à la fois hypersensible et détaché, amoureux de la langue et misanthrope. Avatar du Meursault de Camus, qui tuait "à cause du soleil ", Julius Winsome tue à cause de la neige, symbole de pureté et de deuil. Écrit dans un style puissant et poétique, ce récit d'amour, de vengeance et de mort est à l'image du paysage, âpre, froid, cinglant. C'est aussi un hymne à la nature et à ses créatures sauvages.
Mon avis :
Ni polar, ni thriller, l'histoire est d'une parfaite simplicité : un homme d'une cinquantaine d'années vit seul dans son petit chalet au milieu de la forêt, quelque part dans le Maine. Son seul compagnon est son chien Hobbes. Ses journées s'étirent, immuables et paisibles : lire au coin du feu (Julius possède 3282 livres), s'occuper de Hobbes, nourrir les oiseaux du jardin, planter des fleurs... bref, une petite vie qui semblerait monotone mais qui lui convient parfaitement. Sans la présence des chasseurs qui envahissent les bois à chaque saison, ce serait presque le paradis.
Un jour d'hiver, Julius entend des coups de fusil bien près de sa maison. Et quelques heures plus tard, il trouve le cadavre de son chien. Abattu à bout portant.
Que se passe-t-il dans la tête de cet homme si paisible ? La mort de son chien le fait vaciller, c'est son petit univers qui s'écroule, c'est à nouveau la solitude qui va s'installer... Un tel crime peut-il rester impuni ? Sûrement pas. Pour Julius l'heure de la vengeance à sonné...
J'ai lu ici et là, notamment de la part de critiques professionnels que Julius se transforme en tueur fou. Je ne suis pas tout à fait d'accord...
Curieusement, et malgré les actes de Julius, une sorte de connivence s'installe avec le lecteur. J'ai fini par me mettre à la place de Julius et comprendre son geste. Une empathie certaine. Y a-t-il de la folie dans sa décision ? Je n'en suis pas certaine... La fin du roman, qui m'a un peu dérangée, me conforte dans ma pensée. C'est là d'ailleurs la grande force du roman. car si l'auteur nous livre quelques éléments de la vie de Julius, et notamment ses rapports avec son père, le spectre des guerres passées, la rencontre avec Claire, il évite de tomber dans le piège de l'explication psychologique. La vengeance de Julius est simplement décrite, l'écrivain ne juge pas son personnage, il se borne à nous le montrer agissant en accord avec ses propres principes et sa logique. L'homme et la nature se confondent, glacé et hostile mais empreint d'une certaine pureté.
L'atmosphère du roman rappelle à la fois Rick Bass (dans Winter) car la nature y est merveilleusement décrite ainsi que le quotidien de Julius, qui vit en harmonie avec la forêt et les saisons. Et puis j'ai évidemment pensé à Edward Abbey car la décision de Julius, excessive et lourde de conséquences, n'est pas sans évoquer certains passages de romans d'Abbey.
Le wilderness contre la civilisation ? Ce qui est certain, c'est que par delà les actes de cet homme solitaire, c'est ce constat qui s'impose. Dans une interview, Jim Harrison a dit, en parlant de sa magnifique nouvelle, Légendes d'automne, que si on gratte un tout petit peu le vernis de la civilisation d'un homme, on retrouve rapidement le primitif qui sommeille. Julius lit beaucoup, surtout de la poésie, mais aussi Shakespeare. Dans les oeuvres du grand écrivain anglais, la vengeance est omniprésente. Et n'oublions pas que le nom du chien, Hobbes, est celui du philosophe à qui l'on doit cette affirmation : "l'homme est un loup pour l'homme". Le choix du nom n'est donc pas innocent... Car à bien y réfléchir, et si l'on se place du point de vue de Julius, ce n'est pas lui le barbare, mais bien ces envahisseurs, ces chasseurs assoiffés de sang, qui imposent leur loi et bouleversent sa vie.
Voilà, que dire de plus ? C'est un beau roman, un roman noir grande classe, qui donne à réfléchir sur la nature humaine, et dans lequel on sent passer le souffle du vent et l'âpreté de l'hiver.
Dernière édition par Ironman le Dim 7 Mar - 15:21, édité 1 fois (Raison : Ajout de la couverture)
Invité- Invité
Re: [Donovan, Gerard] Julius Winsome
Merci pour cette critique qui donne envie ! Je l'ai acheté tout à l'heure, je le lirais prochainement.
Invité- Invité
Re: [Donovan, Gerard] Julius Winsome
J'ai voté très bon, pourtant, j'ai moyennement apprécié cette lecture.
C'est un très beau texte, comme expliqué plus haut. La nature, l'amour, la solitude, la violence, les thèmes sont forts. Aucun doute, voilà un très beau roman. Mais qui n'a pas su me toucher.
D'abord, je ne suis vraiment pas fan de chiens... et non, c'est comme ça, rien à faire, je ne ressens aucune affinité pour ces animaux. La moitié du texte concernant l'amour du personnage principal pour son chien, forcément, je suis passée à côté. Et pourtant, il est magnifique, ce texte, je m'en suis bien rendu compte. Amis des chiens, lisez ce roman, vous allez adorer.
D'autre part, le suspense est bien présent. Bien construit, même. Oui, oui, je vous l'ai dit, c'est un très bon livre. Le problème, c'est que, prise par le suspense, j'ai lu le texte trop vite pour pouvoir vraiment apprécier sa beauté.
Dommage pour moi, assurément... C'est uniquement une question de goût. Un peu comme une robe de haute couture d'excellente qualité, mais qui ne me plairait pas.
Je vous conseille donc d'essayer, car je suis certaine que beaucoup d'entre vous apprécieront énormément ce beau thriller.
C'est un très beau texte, comme expliqué plus haut. La nature, l'amour, la solitude, la violence, les thèmes sont forts. Aucun doute, voilà un très beau roman. Mais qui n'a pas su me toucher.
D'abord, je ne suis vraiment pas fan de chiens... et non, c'est comme ça, rien à faire, je ne ressens aucune affinité pour ces animaux. La moitié du texte concernant l'amour du personnage principal pour son chien, forcément, je suis passée à côté. Et pourtant, il est magnifique, ce texte, je m'en suis bien rendu compte. Amis des chiens, lisez ce roman, vous allez adorer.
D'autre part, le suspense est bien présent. Bien construit, même. Oui, oui, je vous l'ai dit, c'est un très bon livre. Le problème, c'est que, prise par le suspense, j'ai lu le texte trop vite pour pouvoir vraiment apprécier sa beauté.
Dommage pour moi, assurément... C'est uniquement une question de goût. Un peu comme une robe de haute couture d'excellente qualité, mais qui ne me plairait pas.
Je vous conseille donc d'essayer, car je suis certaine que beaucoup d'entre vous apprécieront énormément ce beau thriller.
Pistou 117- Grand sage du forum
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Date d'inscription : 09/06/2010
Re: [Donovan, Gerard] Julius Winsome
Merci pour vos critiques, je viens de lire la quatrième de couverture, ça me plait bien! Je l'ajoute à ma liste
Invité- Invité
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