[Hanns, Heinz Ewers] Mandragore
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[Hanns, Heinz Ewers] Mandragore
Alraune. Die Geschichte eines lebenden Wesens, traduit en français par Mandragore, est un roman de Hanns Heinz Ewers paru en 1911. Il s'agit du roman le plus célèbre mais aussi le plus controversé de son auteur. Il fait intervenir le personnage de Frank Braun, sorte de Doppelgänger de Ewers, qui est présent dans ses deux autres romans, L'apprenti-sorcier et Vampir.
Dans la continuité du romantisme allemand et d'Achim von Arnim, Ewers y actualise le mythe de la mandragore. Le livre met en scène une Mandragore de chair, jeune fille née de l'insémination artificielle d'une prostituée sexuellement insatiable par le sperme d'un homme guillotiné. Perverse sous le couvert de l'innocence, elle fait figure de femme fatale. Quand elle apprend la vérité sur sa naissance, elle cherche à se venger de son créateur.
Éd. Christian Bourgois.
Le nombre de pages, je ne m'en souviens pas bien. Entre 200 et 300, donc relativement court.
J'ai lu Mandragore de Hanns Heinz Ewers. Bien que j'aie bien aimé, mon bilan reste mitigé. Les nouvelles de cet écrivain, ainsi que son dernier roman — Vampir — sont excellents ; son premier roman, l'Apprenti Sorcier, quoique moins bien écrit à mon goût, contenait déjà toute la subversion dont Ewers est capable — c'est le premier livre que j'aie lu de lui, et je me souviens très nettement de l'effet de coup qu'il me fit à sa lecture, ainsi que de ma fascination pour le personnage de Frank Braun. Ce roman-ci, Mandragore, est écrit dans un style que je qualifierai d'intermédiaire ; l'introduction avec la présentation foisonnante des personnages est un peu confuse et parfois l'on hésite sur qui a dit quoi dans les dialogues (sans que l'identité des personnages n'y joue un rôle très important, cependant). Le coup est atténué ; et d'autre part, je m'attendais à ce qu'il se situe après l'Apprenti Sorcier, mais pourtant c'est un Frank Braun jeune que l'on y croise — cela n'est pas grave, mais m'a étonné, car cela a défié les attentes que j'avais inconsciemment portées sur le livre.
Dans la légende, qu'est-ce qu'une mandragore? Les pendus, au moment de leur mort, peuvent avoir un soudain relâchement des fibres musculaires lisses de leur corps. En d'autres termes, vider leurs entrailles, et éjaculer. Il a longtemps été cru que la semence fécondait le sol de la terre, et que de celle-ci naissait alors une étrange racine, la mandragore. Utilisée dans de nombreux rites magiques, des individus louches venaient la nuit déterrer sous le cadavre la plante. Du fait qu'elle ressemble à un petit être humain, il était cru qu'il fallait absolument se boucher les oreilles en la déterrant, car son premier cri en respirant l'air de la vie était horrible et dangereux (il me semble qu'on en parle même dans Harry Potter, les fans confirmeront). Par la suite, la racine peut être utilisée dans des décoctions magiques, ou arborée comme un trophée amenant à la fois chance au jeu et dans les entreprises, et une curieuse défiance de la part des proches du possesseur de la mandragore. Sur ce point-ci, la légende ressemble à de nombreuses autres, où la possession d'un objet magique apporte un curieux mélange de chance, de malchance, des stigmates et de la jalousie (instinctivement, je repense à l'Agrippa du pays Breton). Petit détour scientifique : en fait, si la mandragore pousse bien au pied d'un cadavre pendu, la raison en est des émanations nitrées qui s'en dégagent plus que de l'éjaculat criminel.
Dans ce livre, Frank Braun, à la vue d'une racine de mandragore, insuffle à son oncle une idée diabolique, que celui-ci va réaliser : la création d'une Mandragore symbolique, en chair et en os. L'oncle récupère alors le sperme d'un tueur en série condamné à la peine capitale, cherche dans les bas-fonds des villes allemandes la prostituée la plus dépravée qu'il puisse trouver, la manipule puis la séquestre, et ensemence celle-ci avec la graine magique. Neuf mois plus tard, naît Mandragore ten Brinken, une jeune fille très étrange, possédant en particulier un don pour manipuler les personnes qu'elle croise — un don particulièrement venimeux. Sur son passage, elle apporte la chance financière à ceux qui en ont la charge, et une malchance morbide aux autres. Des années plus tard, l'oncle meurt, trahi par sa créature, et laisse le soin à Frank Braun de revenir et de tenter sa chance.
Oh, un aspect que j'ai énormément aimé dans ce livre : la relative indécision dans le genre de la jeune fille Mandragore. Elle est si leste à se déguiser en garçon, à jouer à chat avec les genres et à s'amuser de son ambiguïté ; j'aime beaucoup cet aspect-là. C'est quand les limites se brouillent que tout se créée. En revanche, je n'ai pas trop apprécié la facilité trop déconcertante avec laquelle son influence touche toutes les personnes croisant sa route ; c'est bien trop facile — ainsi, cela me gêne, car c'est appauvri, plus que par exemple les pratiques de suggestion que Frank Braun peut faire dans un autre livre comme l'Apprenti Sorcier.[quote]
Invité- Invité
Re: [Hanns, Heinz Ewers] Mandragore
En tout cas un livre qui semble très particulier. Merci pour cette très complète présentation
Tout à fait
(il me semble qu'on en parle même dans Harry Potter, les fans confirmeront).
Tout à fait
Invité- Invité
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