[Auster, paul] Le livre des illusions
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[Auster, paul] Le livre des illusions
Poche: 382 pages
Editeur : Actes Sud (6 mai 2003)
Collection : Babel
ISBN-10: 2742743693
ISBN-13: 978-2742743698
Résumé du livre (quatième de couverture de l'éditeur)
David Zimmer a perdu sa femme et ses fils dans un accident d'avion. Au bord de la dépression, anéanti devant la télévision, son attention est soudain retenue par un acteur du cinéma muet, un certain Hector Mann, disparu depuis 1929. Pour la première fois depuis des mois, David est sous le charme; ce virtuose du septième art parvient à le faire rire et, pour cette simple raison, pour ce petit miracle, David décide de se lancer dans l'écriture de la filmographie du personnage. Loin de tout, rien ni personne ne peut l'atteindre, jusqu'au soir où une inconnue débarque chez lui et, sous la menace, lui impose un très long voyage. Elle a pour mission de l'amener le plus rapidement possible au chevet d'Hector Mann; l'acteur, en train de mourir, appellerait David pour lui léguer un étrange héritage.
Mon point de vue sur ce roman
Est-ce une coïncidence ? Ou bien Auster s’est-il inspiré de Djian ? Je pencherai plutôt pour la coïncidence. En tout cas, lorsque j’ai commencé à lire ce de Paul Auster, j’ai réalisé qu’il traitait du même thème que le roman de Philippe Djian Vers chez les blancs . Ou, en mettant les choses au mieux, que la toile de fond des deux livres présentait de réelles analogies. Le fait qu’ils soient les deux romanciers contemporains que je préfère m’a entraîné, au fur et à mesure que j’ai découvert ce rapport, à faire des allers-retours incessants entre les deux romans. J’avais été passionné par la lecture du roman de Djian, je l’ai été autant (et peut-être davantage encore) par la lecture du livre des illusions de Paul Auster.
Dans les deux romans, la vie d’un homme, le narrateur de l’histoire, est brisée à la suite d’un accident d’avion dans lequel meurent sa femme et ses enfants. Situation extrême, mais que chacun d’entre nous peut d’autant plus facilement imaginer Peut-on imaginer pire situation dans une vie ?
Dans les deux romans, les narrateurs sont : un romancier chez Djian ; un spécialiste du cinéma et traducteur de Chateaubriand pour Auster.
Dans les deux romans, ils sont confrontés à la création artistique, à ses douleurs, à ses rapports avec la souffrance, et surtout, au sens que la création donne leur vie.
A partir de ce point de départ commun, et comme il fallait s’y attendre, les deux œuvres vont diverger fortement par leur construction, leurs thèmes secondaires, leur écriture, chacune d’elles conservant pourtant une force indubitable qui fait paraître fade beaucoup de petits romans nombrilistes et intimistes dans l’air du temps.
David Zimmer n’attend plus rien de la vie. Sa femme Helen et ses deux garçons sont morts dans un accident d’avion. Il est devenu alcoolique et vit dans un brouillard cotonneux en s’apitoyant sur son sort et en rêvant son suicide. Un soir, il voit à la télé un extrait d’un vieux film d’Hector Mann. Et pour la première fois depuis l’accident, il rit.
« Cela peut sembler sans importance, mais c’était la première fois depuis juin que je riais de quoi que ce fût et en sentant ce spasme inattendu monter dans ma poitrine et se mettre à chahuter mes poumons, je compris que je n’avais pas encore touché le fond, qu’il restait en moi quelque chose qui souhaitait continuer à vivre ».
Il entreprend alors ce qui n’avait jamais été fait, une étude fouillée, exhaustive, de l’œuvre d’Hector Mann, cinéaste génial et méconnu du cinéma muet, disparu depuis 1929.
« J’ai écrit le livre en moins de neuf mois. Le manuscrit terminé comptait plus de trois cents pages dactylographiées, et chacune de ces pages avait représenté pour moi un combat ».
Le livre est publié. David Zimmer passe à autre chose, il commence un travail passionnant : la traduction des « mémoires d’outre-tombe » de Chateaubriand. Et puis, l’invraisemblable se produit. Hector Mann, que tout le monde croyait mort, vit toujours, caché en Californie. Il veut rencontrer David Zimmer. Alma Grund, une jeune femme, vient chercher David Zimmer pour le conduire à Hector. Et David se laisse finalement convaincre. Et peu à peu, la vie extraordinaire et méconnue d’Hector Mann va lui être révélée par Alma. La vie, mais aussi tout un pan immense de son œuvre cinématographique, quatorze films que jamais personne n’a vu et qu’il va être le seul à pouvoir visionner en partie. Tous ces films inédits d’Hector Mann seront en effet détruits lorsque David les aura visionnés.
A travers cette narration palpitante d’un bout à l’autre du livre, Paul Auster mène avec brio une réflexion sur la signification de l’art. Que représente l’œuvre d’art pour un artiste si celui-ci, de façon délibérée, refuse de la montrer à qui que ce soit ? Pourquoi Frieda, l’épouse d’Hector Mann, veut-elle absolument faire disparaître ces films alors qu’elle a tant œuvré avec Hector pour leur réalisation ?
« Petit à petit, c’était devenu un principe esthétique en soi. Alors même qu’elle continuait à travailler avec Hector, elle devait avoir eu le sentiment qu’il ne s’agissait plus de faire des films. Il s’agissait de fabriquer quelque chose afin de le détruire. C’était ça, l’œuvre, et tant que toute trace de l’œuvre n’aurait pas été détruite, l’œuvre n’existerait pas. Elle ne commencerait à exister qu’au moment de son anéantissement –et alors, tandis que la fumée s’élèverait dans le jour brûlant du Nouveau-Mexique, elle disparaîtrait. »
Mais le roman de Paul Auster est d’une grande richesse thématique.
Que représente une vie d’homme, nous dit Paul Auster, sans la création ? Et quelle peut être l’importance de cette vie, si la création reste cachée ? Pour que la vie d’Hector prenne tout son sens, il faut que ses films les plus importants, détruits par le feu, puissent enfin être vus de tous. Peut-être Alma a-t-elle réussi à préserver les films ?
« S’il en est ainsi, alors les films d’Hector ne sont pas perdus. Ils n’ont que disparu et, tôt ou tard, quelqu’un surviendra qui ouvrira par hasard la porte de la chambre où Alma les a cachés, et l’histoire reprendra du début.
Je vis dans cet espoir ».
A travers l’histoire extraordinaire de la vie d’Hector, racontée par Alma, à travers l’amour qui naît, avec difficultés, entre David et Alma les deux admirateurs de l’œuvre d’Hector, à travers l’oubli progressif de la douleur de David ainsi que l’importance que va prendre la traduction des « mémoires d’outre-tombe » dans sa vie, Paul Auster déploie son immense talent narratif avec une maestria époustouflante. Le livre des illusions est un roman qui fera date dans l’œuvre magistrale de Paul Auster.
Invité- Invité
Re: [Auster, paul] Le livre des illusions
Waou, ça c'est de la critique
ça me donne même envie de le lire, alors que ce n'est pas du tout le style qui m'attire en ce moment
ça me donne même envie de le lire, alors que ce n'est pas du tout le style qui m'attire en ce moment
Invité- Invité
Re: [Auster, paul] Le livre des illusions
Merci Saphyr. Tu verras, tu ne regretteras pas.
Je suis infoutu d'intégrer un sondage ! Quand je choisis dans la liste des forums "autres auteurs", tout s'évapore, et je suis viré directement !
Mais bon, je finirai bien par apprendre !
Je suis infoutu d'intégrer un sondage ! Quand je choisis dans la liste des forums "autres auteurs", tout s'évapore, et je suis viré directement !
Mais bon, je finirai bien par apprendre !
Invité- Invité
Re: [Auster, paul] Le livre des illusions
Le sondage vient d'apparaître !
Je suppose que c'est un des modérateurs qui s'en est occupé ?
Merci les modérateurs !
Je suppose que c'est un des modérateurs qui s'en est occupé ?
Merci les modérateurs !
Invité- Invité
Re: [Auster, paul] Le livre des illusions
Très belle critique . :<;9:
Sara2a- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 3030
Age : 54
Localisation : Porto-Vecchio
Genre littéraire préféré : Thrillers, fantastiques et un peu de tout ce qui peut me tomber sous les yeux .
Date d'inscription : 24/01/2010
Re: [Auster, paul] Le livre des illusions
J'ai vraiment envie de le lire, merci pour cette belle critique !! :<;9:
Re: [Auster, paul] Le livre des illusions
Merci, Sara2a et Astazie. Si vous lisez ce roman, vous ne serez pas déçues.
Invité- Invité
Re: [Auster, paul] Le livre des illusions
C'est l'un de mes livres préférés...
et :<;9: pour cette excellente critique !
Je rajouterai simplement que dans "Le livres des illusions", l'écriture de Paul Auster m'a envoûté du début à la fin et j'ai pris un réel plaisir à suivre cette histoire sans jamais deviner le contenu du chapitre suivant...
Cette description très précise des techniques et de leurs effets sur l'écran est fabuleuse. Ce livre a certainement nécessité un gros travail de recherche !
C'est un livre que je relis de temps en temps avec grand plaisir.
et :<;9: pour cette excellente critique !
Je rajouterai simplement que dans "Le livres des illusions", l'écriture de Paul Auster m'a envoûté du début à la fin et j'ai pris un réel plaisir à suivre cette histoire sans jamais deviner le contenu du chapitre suivant...
Cette description très précise des techniques et de leurs effets sur l'écran est fabuleuse. Ce livre a certainement nécessité un gros travail de recherche !
C'est un livre que je relis de temps en temps avec grand plaisir.
Invité- Invité
Re: [Auster, paul] Le livre des illusions
Je n'étais pas attirée par cet auteur, j'ai lu deux critiques de ce livre , dont l'une de Shamash.
Je ne regrette pas mon choix, un véritable coup de cœur. Je l'ai lu avec un véritable plaisir.
Un héros, David Zimmer, effondré de chagrin après le décès brutal de sa femme et de ses fils, rit pour la première fois en regardant un film muet d'un certain Hector Mann . Il décide alors de sortir de son isolement et de voir ses autres films. Il se met à écrire un livre sur ce cinéaste. L'histoire n'en restera pas là, car Hector Mann aurait disparu, mais est-ce possible ? Disparu soixante ans plus tôt, dans des circonstances plus qu'étranges. Hector Mann ne serait pas mort. Zimmer se lance sur les traces de cet homme au destin étonnant et rocambolesque.
De la vie d'Hector Mann, il sort des réflexions sur le cinéma, sur la création, sur les liens entre le regard et l'identité - Paul Auster nous donne une réflexion sur le caractère de l'existence, dans ce livre des illusions.
Ma note : 5/5
Je ne regrette pas mon choix, un véritable coup de cœur. Je l'ai lu avec un véritable plaisir.
Un héros, David Zimmer, effondré de chagrin après le décès brutal de sa femme et de ses fils, rit pour la première fois en regardant un film muet d'un certain Hector Mann . Il décide alors de sortir de son isolement et de voir ses autres films. Il se met à écrire un livre sur ce cinéaste. L'histoire n'en restera pas là, car Hector Mann aurait disparu, mais est-ce possible ? Disparu soixante ans plus tôt, dans des circonstances plus qu'étranges. Hector Mann ne serait pas mort. Zimmer se lance sur les traces de cet homme au destin étonnant et rocambolesque.
De la vie d'Hector Mann, il sort des réflexions sur le cinéma, sur la création, sur les liens entre le regard et l'identité - Paul Auster nous donne une réflexion sur le caractère de l'existence, dans ce livre des illusions.
Ma note : 5/5
Re: [Auster, paul] Le livre des illusions
Mon avis :
Le narrateur est David Zimmer, un professeur du Vermont qui vient de perdre sa femme, Helen et ses deux enfants, Todd et Marco, suite à un crash aérien. Pour ne pas sombrer totalement, il se lance dans la rédaction d'un livre sur un ancien acteur disparu, Hector Mann. Les premières lignes nous expliquent comment il a entamé cette entreprise, décrivent Hector, sa façon d'être et les douze films qu'il a laissés à titre d'héritage. J'ai beaucoup aimé le début puis, le visionnage des douze films et leur description en large et en travers m'ont paru très long mais néanmoins nécessaires : ainsi, Hector nous paraît réel, je me suis plusieurs fois demandé s'il avait réellement existé, s'il s'agissait d'un acteur des années 20. De fil en aiguille, le lecteur s'interroge également sur son devenir : s'agit-il d'une disparition volontaire ou d'un meurtre ? Si elle est volontaire, pourquoi ? D'autant qu'il n'avait aucune raison de disparaître : sa carrière était en train de démarrer et il avait un contrat important sur le feu... Le suspense est donc total et l'on mène l'enquête en même temps que le narrateur. Le tout est assez sombre, empli de tristesse et pessimiste : à ne surtout pas lire lorsque l'on est déprimé, ce n'est clairement pas le livre qui va vous aider à voir la vie du bon côté !!!! Cette plongée dans la vie d'Hector Mann m'a souvent « dérangée », remuée, mise mal à l'aise : à chaque fois que l'on pense qu'il va enfin s'en sortir, il tombe encore plus bas ! Je comprends son sentiment de culpabilité mais je trouve qu'il va beaucoup trop loin dans l’auto flagellation, à la limite du malsain. J'ai trouvé de nombreuses longueurs, j'avais hâte d'en finir, de connaître enfin le fin mot de l'histoire et c'est uniquement cela qui m'a fait tenir, continuer ma lecture...
J'ai par contre trouvé David très touchant, c'est clairement LE personnage qui m'a le plus touchée, je n'ai eu aucun mal à me mettre à sa place, à ressentir de l'empathie pour lui. Tout comme Hector, on le sent au bord du gouffre mais il va se plonger dans la rédaction de son livre pour échapper à la terrible réalité, pour ne pas sombrer totalement. Sa colère et son chagrin sont palpables, le lecteur ne peut que compatir. Alma est également un personnage intéressant et sa rencontre avec David a un peu accru mon intérêt, même s'il a difficilement été maintenu jusqu'à la fin, fin que j'imaginais très différente, plus extraordinaire peut-être...
Un peu déçue par ce livre de Paul AUSTER, d'autant que j'avais beaucoup aimé Brooklyn Follies et je me faisais donc une joie de le lire. J'ai peut-être placé la barre trop haut...
Le narrateur est David Zimmer, un professeur du Vermont qui vient de perdre sa femme, Helen et ses deux enfants, Todd et Marco, suite à un crash aérien. Pour ne pas sombrer totalement, il se lance dans la rédaction d'un livre sur un ancien acteur disparu, Hector Mann. Les premières lignes nous expliquent comment il a entamé cette entreprise, décrivent Hector, sa façon d'être et les douze films qu'il a laissés à titre d'héritage. J'ai beaucoup aimé le début puis, le visionnage des douze films et leur description en large et en travers m'ont paru très long mais néanmoins nécessaires : ainsi, Hector nous paraît réel, je me suis plusieurs fois demandé s'il avait réellement existé, s'il s'agissait d'un acteur des années 20. De fil en aiguille, le lecteur s'interroge également sur son devenir : s'agit-il d'une disparition volontaire ou d'un meurtre ? Si elle est volontaire, pourquoi ? D'autant qu'il n'avait aucune raison de disparaître : sa carrière était en train de démarrer et il avait un contrat important sur le feu... Le suspense est donc total et l'on mène l'enquête en même temps que le narrateur. Le tout est assez sombre, empli de tristesse et pessimiste : à ne surtout pas lire lorsque l'on est déprimé, ce n'est clairement pas le livre qui va vous aider à voir la vie du bon côté !!!! Cette plongée dans la vie d'Hector Mann m'a souvent « dérangée », remuée, mise mal à l'aise : à chaque fois que l'on pense qu'il va enfin s'en sortir, il tombe encore plus bas ! Je comprends son sentiment de culpabilité mais je trouve qu'il va beaucoup trop loin dans l’auto flagellation, à la limite du malsain. J'ai trouvé de nombreuses longueurs, j'avais hâte d'en finir, de connaître enfin le fin mot de l'histoire et c'est uniquement cela qui m'a fait tenir, continuer ma lecture...
J'ai par contre trouvé David très touchant, c'est clairement LE personnage qui m'a le plus touchée, je n'ai eu aucun mal à me mettre à sa place, à ressentir de l'empathie pour lui. Tout comme Hector, on le sent au bord du gouffre mais il va se plonger dans la rédaction de son livre pour échapper à la terrible réalité, pour ne pas sombrer totalement. Sa colère et son chagrin sont palpables, le lecteur ne peut que compatir. Alma est également un personnage intéressant et sa rencontre avec David a un peu accru mon intérêt, même s'il a difficilement été maintenu jusqu'à la fin, fin que j'imaginais très différente, plus extraordinaire peut-être...
Un peu déçue par ce livre de Paul AUSTER, d'autant que j'avais beaucoup aimé Brooklyn Follies et je me faisais donc une joie de le lire. J'ai peut-être placé la barre trop haut...
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