[Butcher, Jim] Dresden Files - Tome 4: Le chevalier de l'été

Harry Dresden – Magicien
Trouve tout et n’importe quoi. Enquêtes paranormales. Consultations & Conseils. Prix attractifs.
Pas de philtre d’amour, de porte-monnaie inépuisables ou autres grotesqueries

Depuis que son ex-petite amie l’a quitté pour en apprendre plus sur ses nouveaux appétits sanguinaires, tout va mal pour Harry. Il ne peut plus payer son loyer, ses amis ne lui parlent plus, et il n’a pas pris une douche depuis… allez savoir.
Le seul magicien professionnel de Chicago n’est plus qu’une loque humaine. Il pensait avoir touché le fond, mais non : la Reine de la Cour d’Hiver des Fées lui fait une offre qu’il ne peut refuser, s’il veut racheter sa liberté auprès de sa marraine féerique… et conjurer sa malchance. Pour cela, il doit retrouver l’assassin du Chevalier de l’Eté et innocenter la Reine de l’Hiver.
Simple, n’est-ce pas ? Mais Harry se méfie des intrigues politiques du monde des fées. Il n’a pas tort : il a tôt fait de découvrir que le sort du monde dépend de son succès !
On ne lui met pas la pression, déjà…

Le quatrième volet des aventures du séduisant (au vu de cette aventure ça se discute, je vous l'accorde) et malchanceux (là, en revanche...) Harry Houdini Dresden. Un volet plus profond, plus sombre aussi, dont l'histoire plus touffue, plus riche, nous tient en haleine avec une efficacité inégalée dans les trois précédents. On se surprend même à douter qu'Harry puisse s'en sortir...

Heureusement, toute cette gravité est une fois de plus généreusement assaisonnée de l'humour mordant dont l'auteur a le secret.
Un exemple ? Rien de plus facile.
Harry face à une assemblée de mages qui envisagent très sérieusement de le massacrer par vampires interposés... On s'attend à trembler, à se ronger les ongles. En bref, on s'apprête à faire tout ce qu'on fait d'habitude quand notre chouchou est en danger de mort. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'on ne le fait pas... Mais on a surtout envie de pouffer bien fort au milieu de ces mages tellement sérieux, et de lâcher un "Bon, Harry, arrête les frais mon garçon ! Tu t'es suffisamment ridiculisé comme ça !"

D'ailleurs, le Harry en question a salement perdu de sa superbe depuis sa dernière mésaventure et c'est ce qui fait la force de ce tome. A bas ! les héros que rien ne peut abattre, aussi indéboulonnables qu'une statue de Staline avant la chute, avec des dents alignées et un brushing impeccable, même après être passés sous un bataillon de trolls... Bref, marre de ces machines déguisées en être humain !
Harry est en plein dépression, et même la fin du monde lui paraît bien dérisoire à côté de ses propres problèmes. Il ne se contente même pas d'être déprimé - trop facile, le minet manucuré qui fond en larmes au moment stratégique pour que le lecteur (la lectrice ) lui prête illico un mouchoir et une épaule compatissante - il pousse le vice jusqu'à devenir repoussant. Harry ne se lave plus, il mord tout ce qui s'approche, y compris - surtout - ceux qui lui veulent du bien, et il cherche les coups de pieds aux fesses avec une application toute professionnelle. Que du bonheur !

Pour emballer tout ça, Jim Butcher nous livre une galerie de portraits pour le moins hétéroclites et ambiguë, bourrée de méchants pas si méchants, de gentils pas si gentils, de héros qui s'ignorent, et d'autres qui feraient mieux de repartir à l'académie pour quelques sessions de rattrapage.
Les cours féeriques de l'été et de l'hiver, dans lesquelles se déroulent plusieurs des scènes-clefs du récit, sont à la fois lumineuses et glauques à souhait. On s'y promène avec une véritable appréhension vissée au ventre, appréhension entrecoupée de quelques rares instants d'émerveillement. Ces fées-là sont en effet des fées anglo-saxonnes : des esprits fondamentalement néfastes pour les humains, sans le moindre rapport avec les adorable libellules de Disney.

Le chevalier de l'été est, à mon sens, le plus abouti et le plus réussi des quatre premiers tomes de cette série.
Un régal, de la première à la dernière phrase !