[Cesarini, David] Adolf Eichmann

Le cas Eichman est aujourd'hui exemplaire où comment un bureaucrate ordinaire qui n'était au départ ni un sadique, ni un antisémite devient l'expert nazi des questions juives et organise les convois de la mort vers Auschwitz. Il y fait preuve d'une redoutable efficacité tout en restant, côté vie personnelle, un bon père de famille et un homme aimable.

Enlevé à l'étranger pour être jugé en Israël et pendu en 1962, il n'aura de cesse de répéter pour toute défense qu'il n'avait fait qu'obéir aux ordres. Comme beaucoup l'ont fait depuis ...

La philosophe Hannah Arrendt en fera un cas d'école sur "la banalisation du mal".

Voici donc l'itinéraire de ce criminel de bureau avec des documents nouveaux et une exploration beaucoup plus importante de sa personnalité. Au terme d'un beau travail d'historien, David Cesarini montre avec un réalisme effrayant comment, consciemment, Eichmann devint ce bourreau zélé.

En refermant ce livre, on se souviendra que chacun est responsable de ses actes, que tout le monde n'ait pas obligé de suivre tout le monde et qu'il existe également un devoir moral universel de résistance.

Ce n'est pas une référence littéraire, mais il y a un film exceptionnel sur la question avec Kenneth Branagh, intitulé "Conspiracy".

C'est un huis clos dans un château de la banlieue berlinoise en 1943, entre tous les hauts fonctionnaires de l'Allemagne nazie, et qui consistait à entériner la solution finale d'un point de vue technico-administratif.

La réunion était menée d'une main de fer dans un gant de velours par Heydrich, le "bourreau de Prague", un proche du Führer. Où l'on voit là aussi la technocratie aveugle prenant le pas sur la conscience et la raison. Kenneth Branagh y est étourdissant de vérité et m'a inspiré une terreur panique.

S'agissant d'Hannah Arendt, je crois qu'elle a condamné la peine capitale infligée à Eichmann. Je n'ai pas lu son livre, "Le Procès Eichmann", mais pour en avoir lu un compte rendu, il me semble qu'elle estimait qu'en condamnant ce nazi à la mort, les anciennes victimes prendraient la place du bourreau, ce qui serait un glissement moral tragique et lourd de conséquences.

Enfin...