[Bourgon, Dominique] Un sens à la vie

Un sens à la vie



Auteur : Dominique Bourgon
Edition : Seuil
Nombre de pages : 196

Quatrième de couverture

Gardienne d'immeuble dans une cité de Belfort, Dominique Bourgon a vu un jour, par sa fenêtre, tomber le corps d'une jeune femme. Choquée par ce suicide, elle décide alors d'aller parler avec ses voisins pour apprendre à mieux les connaître. Chacun des textes de ce livre est une fiction inspirée du quotidien des habitants de la cité, de leurs existences, de leurs aventures personnelles. Dans une langue tantôt poétique, tantôt fluide et romanesque, tantôt incisive, Dominique Bourgon restitue au plus juste la voix de ceux dont elle a recueilli l'histoire. A travers ces récits, elle dessine une galerie de portraits et un ensemble de situations qui montrent l'univers dur de la cité. Un environnement presque déshumanisé, mais dominé malgré tout par une profonde solidarité. Avec son écriture, Dominique transpose la réalité: " Nous sommes les habitants sensibles d'un quartier sensible."

Mon appréciation

Oui, l'écriture de Dominique Bourgon est sensible. Ces nouvelles se croisent parfois, plaçant un angle d'éclairage de çi, de là, sur des personnages somme toute banals, mais également uniques. A travers des mots simples mais dans une écriture déliée et fine, l'auteur présente le quotidien d'une cité comme il y en a tellement en France (et ailleurs). Chaque nouvelle touche au coeur ; l'humour n'en est pas exempt, mais dans l'ensemble, à chaque point final, c'est un peu de colère qui nous prend. Colère contre ce système qui fabrique des exclus, qui fabrique aussi des déviances (comme la terrible nouvelle Premiers baisers). Et puis parfois l'écriture va encore plus loin, à l'instar de cette femme qui décide d'écrire pour sauvegarder la mémoire des lieux et des personnages Je me suis assise et j'ai compté les morts. On croit avoir fait le tour du talent de l'auteur ? Non, la dernière nouvelle apporte encore une nouvelle dimension, qui n'est pas sans évoquer du Richard Matheson ou du Philip K.Dick quand ils évoquent l'un et l'autre des personnages perdus entre deux univers, celui du réel et celui qu'ils perçoivent : Derniers jours. Pour avoir souvent croisé des personnages de quartiers comme ceux qu'elle décrit, j'aurais aimé avoir ce talent qu'elle possède sans conteste pour les peindre, les décrire, exposer au grand jour cette addition d'âmes différentes, mais toutes blessées. Les mettre en lumière pour dire NON ! Espérons pour l'auteure que sa fonction et son origine sociale très modeste ne seront pas un frein à une reconnaissance méritée. Alors n'hésitez pas, procurez-vous ce livre, ne passez pas à côté.