[Erdrich, Louise] La malédiction des colombes
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[Erdrich, Louise] La malédiction des colombes
[Erdrich, Louise] La malédiction des colombes
Titre : La malédiction des colombes
Auteur : Louise Erdrich
Éditeur : Albin Michel
Nombre de pages : 496
Résumé:
"L’homme répara le fusil et la balle glissa en douceur dans la chambre. Il l’essaya plusieurs fois, puis se leva et se tint au-dessus du berceau... L’homme épaula le fusil. Autour de lui, dans la pièce close, l’odeur du sang frais montait de toute part."
Considérée comme l’une des grandes voix de la littérature américaine contemporaine, Louise Erdrich bâtit, livre après livre, une œuvre polyphonique à nulle autre pareille. Dans ce roman riche et dense, elle remonte le fil de l’histoire collective et individuelle, explore le poids de la culpabilité et le prix de l’innocence.
Depuis toujours, la petite ville de Pluto, Dakota du Nord, vit sous "la malédiction des colombes" : les oiseaux dévorent ses maigres récoltes comme le passé dévore le présent. Nous sommes en 1966 et le souvenir de quatre innocents lynchés cinquante ans auparavant hante toujours les esprits. En écoutant les récits de son grand-père indien qui fut témoin du drame, Evelina, une adolescente pleine d’insouciance, prend conscience de la réalité et de l’injustice…
Mon avis:
Louise Erdrich sait raconter les histoires. Le lecteur, telle Evelina qui écoute son grand-père Mooshum, se laisse entraîner par le récit des évènements de Pluto, les yeux ébahis et les oreilles grandes ouvertes. En effet, ce roman polyphonique raconte la vie de plusieurs personnages, Evelina, le juge Coutts, le prédicateur Billy et sa femme Marn, le médecin raciste Cordelia. Chacun a une vie passionante à l'image des premiers pionniers du Dakota. Car l'ensemble de ces voix et de ces péripéties construit la grande Histoire de Pluto, ce village peuplé d'indiens et de métisses issus de quatre anciennes familles (Milk, Harp, Peace, Coutts). Petit à petit, on découvre tous les habitants et l'histoire prend forme autour de cet ancien meurtre d'une famille du village et du lynchage des indiens présumés coupables. Mooshum et son frère Shamengva sont les deux ancêtres qui ont la mémoire du village. Ces deux personnages apportent l'humour et la magie au récit. Il faut vraiment entrer dans ce livre et au-delà des 200 premières pages, le lecteur a pris place au sein de cette communauté. C'est un roman très riche et bien construit. Il témoigne surtout de l'ostracisme envers les Indiens mais aussi des abus religieux, de l'homosexualité, de la drogue et la délinquance. Il y des passages d'émotion et aussi d'humour, notamment le récit de la fête d' Halloween avec Mooshum, ce grand-père amoureux et farfelu. Je recommande ce livre à ceux qui aiment les grandes aventures humaines ancrées dans l'histoire d'une région et d'un peuple.
Invité- Invité
Re: [Erdrich, Louise] La malédiction des colombes
J'ai moi aussi beaucoup apprécié ce roman.
Je l'ai trouvé à la fois instructif (je ne connaissais pas du tout les indiens ojibwe) et très fort.
J'ai apprécié son côté roman à suspense en forme de puzzle : le témoignage des différents narrateurs apporte des infos parcellaires mais finalement, à la fin, tout se met en place.
Le seul élément qui m'a moins plu est la parenthèse d'Evelina lorsqu'elle quitte Pluto pour l'université. J'ai trouvé qu'on s'éloignait un peu trop de l'intrigue et que cela n'apportait pas grand chose à l'histoire.
Je l'ai trouvé à la fois instructif (je ne connaissais pas du tout les indiens ojibwe) et très fort.
J'ai apprécié son côté roman à suspense en forme de puzzle : le témoignage des différents narrateurs apporte des infos parcellaires mais finalement, à la fin, tout se met en place.
Le seul élément qui m'a moins plu est la parenthèse d'Evelina lorsqu'elle quitte Pluto pour l'université. J'ai trouvé qu'on s'éloignait un peu trop de l'intrigue et que cela n'apportait pas grand chose à l'histoire.
Invité- Invité
Re: [Erdrich, Louise] La malédiction des colombes
J'aime beaucoup les romans de Louise Erdrich et celui là ne déroge pas à la règle. Il faut effectivement prendre patience avant de pénétrer dans l'histoire. Les vies s'entremêlent et la fin apporte la clé. Elle construit toujours ses livres avec la même architecture, plusieurs histoires, plusieurs époques, de vieilles légendes indiennes mélangées à un christianisme complexe avec souvent un personnage religieux fort mais finalement tourmenté, un drame ancien mais qui explique le pourquoi de la vie de tous ses personnages. Ce n'est jamais un coup de cœur mais j'ai toujours beaucoup de plaisir à découvrir ses romans. Il faut lire "Love medecine" si ce n'est pas déjà fait, c'est celui que j'ai préféré.
Invité- Invité
Re: [Erdrich, Louise] La malédiction des colombes
Mon avis
Parmi les différents romans que j’ai lus de Louise Erdrich, celui-ci est certainement un des plus exigeants (au niveau de la concentration pour ne pas perdre le fil) mais surtout un des plus aboutis.
Nous sommes en 1966, dans le Dakota du Nord, pas très loin d’une petite ville nommé Pluto, près d’une réserve où vivent la plupart des indiens. Evelina, est une adolescente gaie, sans complexe, elle écoute souvent les récits de son grand-père et petit à petit, elle va réaliser que son peuple n’est pas toujours respecté, écouté, entendu et que les spoliations sont nombreuses.
Dans ce recueil polyphonique, les histoires des différents personnages sont teintées de désespérance, quelques fois d’un peu d’humour ou d’ironie. Il y a des associations improbables, des faits divers terriblement injustes, une vie difficile mais un attachement profond à la communauté, aux racines. Les jeunes ont le poids du passé ardu de leurs aînés sur le dos, ils portent la mémoire de ceux qui ont souffert, de ceux qui souffrent encore mais ne renoncent jamais.
Plusieurs voix se succèdent, la plupart en s’exprimant à la première personne, mais on sait tout de suite de qui il s’agit (de plus un index des familles est présent en fin d’ouvrage). Le vocabulaire et le phrasé sont adaptés à chaque narrateur. L’écriture est belle, fluide (merci à la traductrice pour son travail). L’auteur a un réel talent de conteuse. Entre les explications sur les traditions, la vie à cette époque, les rappels du passé, aucune fausse note ne se fait sentir. Ce qu’évoque Louise Erdrich est détaillé avec précision, les émotions sont rapportées et transmises avec beaucoup de justesse.
On découvre l’évolution de la bourgade de Pluto et de la réserve sur plusieurs générations, les liens qui se sont créés, ceux qui ont construit ou détruit les amitiés, les hommes et les femmes car certains actes sont extrêmement destructeurs et on n’en sort pas indemne.
Comme souvent avec Louise Erdrich, je me suis régalée, m’attachant aux personnages, me révoltant contre l’iniquité, contre la violence, contre l’irrespect. Avec doigté elle parle des maux rencontrés par ses protagonistes : alcoolisme, délinquance, problème de drogue, pauvreté, emprise des sectes etc…Elle démontre combien l’histoire collective des indiens influence les générations à venir. Elle est une porte-parole et elle le fait divinement bien, sans juger, sans pathos, simplement avec ce qu’elle est, ce qu’elle vit, transmettant dans chaque mot la voix de tous ceux qu’elle représente.
Parmi les différents romans que j’ai lus de Louise Erdrich, celui-ci est certainement un des plus exigeants (au niveau de la concentration pour ne pas perdre le fil) mais surtout un des plus aboutis.
Nous sommes en 1966, dans le Dakota du Nord, pas très loin d’une petite ville nommé Pluto, près d’une réserve où vivent la plupart des indiens. Evelina, est une adolescente gaie, sans complexe, elle écoute souvent les récits de son grand-père et petit à petit, elle va réaliser que son peuple n’est pas toujours respecté, écouté, entendu et que les spoliations sont nombreuses.
Dans ce recueil polyphonique, les histoires des différents personnages sont teintées de désespérance, quelques fois d’un peu d’humour ou d’ironie. Il y a des associations improbables, des faits divers terriblement injustes, une vie difficile mais un attachement profond à la communauté, aux racines. Les jeunes ont le poids du passé ardu de leurs aînés sur le dos, ils portent la mémoire de ceux qui ont souffert, de ceux qui souffrent encore mais ne renoncent jamais.
Plusieurs voix se succèdent, la plupart en s’exprimant à la première personne, mais on sait tout de suite de qui il s’agit (de plus un index des familles est présent en fin d’ouvrage). Le vocabulaire et le phrasé sont adaptés à chaque narrateur. L’écriture est belle, fluide (merci à la traductrice pour son travail). L’auteur a un réel talent de conteuse. Entre les explications sur les traditions, la vie à cette époque, les rappels du passé, aucune fausse note ne se fait sentir. Ce qu’évoque Louise Erdrich est détaillé avec précision, les émotions sont rapportées et transmises avec beaucoup de justesse.
On découvre l’évolution de la bourgade de Pluto et de la réserve sur plusieurs générations, les liens qui se sont créés, ceux qui ont construit ou détruit les amitiés, les hommes et les femmes car certains actes sont extrêmement destructeurs et on n’en sort pas indemne.
Comme souvent avec Louise Erdrich, je me suis régalée, m’attachant aux personnages, me révoltant contre l’iniquité, contre la violence, contre l’irrespect. Avec doigté elle parle des maux rencontrés par ses protagonistes : alcoolisme, délinquance, problème de drogue, pauvreté, emprise des sectes etc…Elle démontre combien l’histoire collective des indiens influence les générations à venir. Elle est une porte-parole et elle le fait divinement bien, sans juger, sans pathos, simplement avec ce qu’elle est, ce qu’elle vit, transmettant dans chaque mot la voix de tous ceux qu’elle représente.
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