[Hemingway, Ernest] Au-delà du fleuve et sous les arbres
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[Hemingway, Ernest] Au-delà du fleuve et sous les arbres
[Hemingway, Ernest] Au-delà du fleuve et sous les arbres
Titre : Au-delà du fleuve et sous les arbres
Auteur : Ernest Hemingway (1950)
Editeur : Gallimard (Folio)
Nombre de pages : 416
Challenge Nobel n°1
Né en 1899 dans l’Illinois (USA), Ernest Hemingway devient journaliste et s’engage, en 1917, comme ambulancier sur le front italien. Après la guerre, il poursuit en Europe son activité de journaliste et d’écrivain. En 1936, il devient correspondant des forces républicaines espagnoles. Egalement correspondant pendant la 2ème guerre mondiale, il couvre le débarquement et la libération de Paris. Il voyage beaucoup les années suivantes (Europe et Cuba). Il reçoit le prix Pulitzer pour « Le Vieil Homme et la mer » en 1952, puis le prix Nobel de littérature en 1954. Malade et diminué, il se suicide en 1961.
Présentation de l’éditeur :
« Ils passèrent dans la gondole, et ce fut de nouveau le même enchantement : la coque légère et le balancement soudain quand on monte, et l'équilibre des corps dans l'intimité noire une première fois puis une seconde, quand le gondoliere se mit à godiller, en faisant se coucher la gondole un peu sur le côté, pour mieux la tenir en main.
- Voilà, dit la jeune fille. Nous sommes chez nous maintenant et je t'aime. Embrasse-moi et mets-y tout ton amour.
Le colonel la tint serrée et la tête rejetée en arrière ; il l'embrassa jusqu'à ce que le baiser n'eût plus qu'un goût de désespoir ».
Mon point de vue :
Le titre s’inspire des dernières paroles du général T. J. Jackson (tué pendant la guerre de Sécession), « Non, non, traversons le fleuve et reposons-nous à l’ombre des arbres… », et c’est bien de l’apprentissage du renoncement qu’il s’agit ici.
Le Colonel Richard Cantwell, officier de l’armée américaine d’occupation, stationne à Trieste, en 1946. Il a 51 ans mais sa participation aux combats des deux guerres l’ont usé – pour retourner à Venise, « sa »ville ardemment défendue contre les Autrichiens pendant la 1ère guerre mondiale, il a dû mentir au médecin militaire, pas tout à fait dupe, et doper son cœur malade. Tout au long du chemin, les souvenirs affluent, impossibles à partager avec son jeune chauffeur, « spécimen de la triste Amérique ».
Vieux loup solitaire et blessé, le Colonel ne se plaît qu’en la compagnie d’anciens soldats, passés par le feu des armes, et se sent de plus en plus étranger au monde. Il lutte contre la tentation du découragement (« Allons, mon garçon, se dit-il. Aucun cheval appelé « Morbide » n’a jamais gagné une course »), et s’accroche à ce qui maintient en vie, la beauté d’une ville et de ses œuvres d’art, les échanges complices avec d’anciens compagnons, la chasse au canard et l’amour d’une comtesse vénitienne de 19 ans, Renata, « Mon dernier et seul et véritable amour ». A elle, il va « tout » raconter et auprès d'elle, amante, fille, amie, se réchauffer doucement.
Tout le roman est baigné par une colère sourde, une révolte contre la déchéance et la mort qui s’approche, cherchant à s’apaiser mais sans cesse ravivée, dans une tension permanente et douloureuse.
Au-delà du fleuve et sous les arbres n’est certes pas le meilleur roman d’Hemingway, le fameux « style maigre » et les thèmes habituels de l’auteur (valorisation du courage, de l’autorité virile…) pouvant sembler être poussés à la caricature, mais ce dernier combat d’un homme qui doit dire adieu à la vie et à ses valeurs est particulièrement touchant, d’autant que l’on ne peut s’empêcher d’y voir, rétrospectivement, le début de la descente aux enfers de l’auteur, qui, lui aussi usé et blessé, commence à cette époque à sombrer dans la dépression et l’alcoolisme. Le monde devient inhospitalier pour les vieux héros et Venise elle-même n’est plus fréquentable que pour ses lieux mythiques, encore préservés des touristes et des profiteurs de guerre. Seule Renata, ou peut-être l’image que le Colonel se fait d’elle, restera comme une lueur flamboyante dans ces ténèbres.
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