[Ockrent, Christine] Le livre noir de la condition des femmes
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[Ockrent, Christine] Le livre noir de la condition des femmes
Quatrième de couverture
Ce que vivent les femmes, aujourd'hui, dans de nombreuses régions du monde, est insupportable, et on ne le sait pas assez. Aucune tradition, aucune coutume, aucune religion ne justifie qu'on assassine, qu'on brûle, qu'on lapide, qu'on viole une femme parce qu'elle est une femme. Rien ne justifie qu'on mutile les petites filles, qu'on les vende ou qu'on les prostitue. Rien ne justifie qu'on asservisse les femmes, qu'on les humilie, qu'on les prive des droits élémentaires de la personne. Et dans les pays comme le nôtre où l'égalité des droits ne leur est plus contestée, leurs conditions de vie demeurent plus difficiles que celles des hommes. Un monde noir, donc ? Oui, mais un monde qui peut encore changer partout des femmes se battent et ouvrent des brèches, réveillent l'espoir, gagnent du terrain. Ce livre, constitué d'articles, de portraits, de témoignages, de synthèses d'études internationales, révèle la face cachée de la condition des femmes, aujourd'hui.
Ma critique
Dirigé par Christine Ockrent, ce pavé se révèle assez facile à lire (malgré son contenu) car il s’agit en fait d’une compilation d’articles d’une quarantaine de contributeurs. Quoique le terme facile à lire ne soit pas si approprié... Car ce livre compile tout ce que l’homme fait subir à sa semblable de part le monde. A commencer par l’hexagone d’où le machisme n’est pas totalement exclu et où l’on peine à trouver un équilibre, une parité. Où l’esclavage moderne par la précarité reste une réalité. Où les violences ne sont pas éradiquées et auraient même tendance à devenir une habitude dans certains quartiers. Où certains hommes civilisés, acquis à un certain nombre de progrès, prennent régulièrement l’avion à destination de pays lointains pour s’y rassasier de chair fraîche. Mais si l’Europe a encore un nombre conséquent de combats à mener sur le terrain de l’égalité homme/femme, que dire du reste du monde ? Saviez-vous que certains pays connaissent un déficit de femmes ? Oui, en comptant bien, il manque des femmes sur cette planète. Où sont-elles ? Mortes et enterrées dès la naissance, parce que femmes... C’est le cas en Palestine (sans parler des viols et incestes que le blocus israélien « provoque" dans les territoires de par la promiscuité), c’est le cas en Chine, en Inde, au Bangladesh, au Pakistan... On tue les filles à la naissance parce qu’elles ne rapportent pas assez économiquement et coûtent même de l’argent à cause de la dot ; parce qu’avoir un garçon est plus valorisant ; parce que la politique de l’enfant unique en Chine donne rarement gain de cause à la naissance d’une fille... Rien qu’en Asie, il manquerait 90 millions de femmes !
Quand on ne les fait pas mourir, elles sont violées. Comme ce fut le cas au Rwanda ou en Bosnie. Pourquoi ? Parce que c’est un moyen de reconquête ethnique et de guerre psychologique. On peut aussi les réduire en esclavage, souvent consenti par méconnaissance des droits. C’est le cas en Afrique (pratique apportée parfois ici en Europe), c’est le cas dans les pays arabes. On peut aussi les diminuer physiquement et moralement en leur ôtant toute capacité au plaisir : excision (ablation du clitoris) et infibulation (suture des petites lèvres en glissant un tube dans une petite ouverture pour les menstruations et l’urine) comme en Somalie que l’on appelle aussi le Pays des femmes cousues... L’imagination dans le domaine de la domination masculine semble ne pas avoir de limites. Mais le pire existe, sorte de mix de tout ce que je viens d’évoquer, et a donné un nom nouveau au registre des horreurs humaines : le féminicide. Cette pratique qui consiste à tuer des femmes commence seulement à interroger les chercheurs. Meurtres de femmes, mais sous la forme d’un phénomène collectif. Il ne s’agît pas là de la folie d’un sérial-killer, mais de la folie de plusieurs individus, qui se connaissent ou pas, mais qui prennent le même terrain de chasse pour dominer, humilier et tuer des femmes. Femmes qu’ils méprisent, pour qui ils ont de la haine, sans que l’on sache vraiment pourquoi puisque pour l’instant, ces malades tuent en toute impunité. Ils ont une capitale, sorte de Las Vegas démentielle, une petite ville mexicaine sise sur la frontière avec les USA : Ciudad Juarez. Cette petite ville industrielle (rebaptisée la Cité des mortes) attire les populations rurales avec ces maquiladoras (des usines d’assemblages qui recrutent à tout va pour leur production...), dont de nombreuses jeunes filles et jeunes femmes. En 1993, les premiers cadavres ont été découverts... Violées, torturées, parfois mutilées, rien n’a été épargné à ces jeunes filles. Le sentiment d’impunité est tel que les cadavres sont laissés à l’abandon, quasiment dans la rue, et parfois au même endroit depuis plusieurs années. Car les meurtres n’ont pas cessés... A l’heure actuelle, il y aurait 400 victimes et environ 500 disparitions inexpliquées. Il y a encore quelques jours c'est une militante féministe, Susana Chavez qui a été retrouvé mutilée et tuée. Nombre d’hypothèses courent les rues, mais moins vite que les meurtriers semble t-il. Et en Europe on « s’extasie » encore sur Jack l’éventreur...
Ce livre fait froid dans le dos mais il reste indispensable. Et encore une fois, n’allons pas imaginer que nous sommes à l’abri sur notre vieux continent. Les massacres et viols de Bosnie se sont produits à 1500 km de Paris (Sarajevo est plus proche de nous que Malaga). Des jeunes filles ont été brûlées vives dans certaines de nos cités. Des familles africaines « respectables » emploient encore des esclaves dans leurs foyers. Et les statistiques policières font état de 48 000 viols annuels dans l’hexagone... A quoi s'ajoute 400 victimes mortes de violences conjugales. Les barbares n’ont pas de couleur, pas de signes distinctifs, pas de religion (encore que les pays musulmans soient propices à de nombreuses exactions), pas de classe sociale. Livre noir, sans conteste.
Edité chez XO Editions; 777 pages
Dernière édition par marsiho le Jeu 20 Jan 2011 - 14:39, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: [Ockrent, Christine] Le livre noir de la condition des femmes
Merci marsiho, ta critique fait en effet froid dans le dos...
J'ai entendu que la Chine envisageait de renoncer à la politique de l'enfant unique, les avortements et les infanticides, quand l'enfant est une fille, ayant complètement vidé certaines régions de présence féminine (certains hommes devant du coup renoncer au mariage).
J'ai entendu que la Chine envisageait de renoncer à la politique de l'enfant unique, les avortements et les infanticides, quand l'enfant est une fille, ayant complètement vidé certaines régions de présence féminine (certains hommes devant du coup renoncer au mariage).
Invité- Invité
Re: [Ockrent, Christine] Le livre noir de la condition des femmes
Merci Marsiho de ta critique; tu m'as donné envie de le lire.
Re: [Ockrent, Christine] Le livre noir de la condition des femmes
Superbe critique Marsiho ! Livre indispensable je pense...
Invité- Invité
Re: [Ockrent, Christine] Le livre noir de la condition des femmes
Il l'est effectivement. Encore plus pour les hommes.
Invité- Invité
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