[Moné-nembo, Tierno] Le roi de kahel
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[Moné-nembo, Tierno] Le roi de kahel
Auteur : Tierno Moné Nembo
Editeur : Seuil
Année : 2010
Nombre de pages : 335
Résumé de l'éditeur
En posant le pied en Afrique, Aimé Victor Olivier vient de réaliser un rêve d'enfant : conquérir la région hostile du Fouta-Djalon. L'ingénieur intrépide promet aux peuls d'y construire une ligne de chemin de fer. c'est sans compter la méfiance de ce peuple fier et redoutable. Bravant tous les dangers et la méfiance du peuple Peuls, cet aventurier deviendra le favori du roi et un héros de l'actuelle Guinée.
En quelques mots
Le roi de Kahel est l'histoire romancée de l'épopée coloniale d'un personnage réel, Aimé Victor Olivier de Sanderval, du 29 novembre 1879, date à laquelle il s'est rendu pour la première fois à Timbo par le bateau, au 24 mars 1919, date de sa chronique nécrologique. Timbo était alors l' une des neuf provinces de la fédération du Fouta Djallon, en Guinée. Cette région avait été colonisée par les Peuls du XIIIème au XVIème siècle avant d'être islamisée puis gouvernée par un Almâmi, selon un modèle théocratique à partir de 1725, en vertu de la loi islamique. Timbo, devint la capitale du Fouta Djalon jusqu'à l'arrivée des colonialistes français. Les explorateurs portugais avaient installé des comptoirs commerciaux dès le XVème siècle sur les côtes de l'Afrique de l'Ouest. Ils pratiquèrent le commerce de l'or, de l'ivoire et la traite des esclaves et furent bientôt supplantés par les Britanniques et les Français. L'action de ce roman se déroule lorsque les Européens lancèrent des missions d'exploration dans l'arrière pays et raconte comment Aimé Victor de Sanderval jeta les bases de la colonisation.
Pour écrire ce roman, l'auteur, Guinéen, exilé au Sénégal puis en Côte d'Ivoire, docteur es sciences de l'Université de Lyon, semble s'être beaucoup documenté. En particulier, il a eu accès aux archives de la famille de Sanderval et aux archives départementales de Caen.
Aimé Victor Olivier de Sanderval est présenté comme un passionné de l'Afrique, ayant toujours souhaité devenir explorateur, savant et poète par la même occasion, grâce aux récits de son oncle Simonet puis de l'abbé Garnier, son précepteur. Il souhaitait devenir " le souverain des sauvages" et se mit à dévorer les récits des explorateurs puis à écrire aux sociétés savantes de géographie. Ingénieur, inventeur de la roue à moyeux suspendus (la roue à rayons), constructeur de la toute première usine de vélocipèdes, marié et père de deux enfants, il décida de partir en Afrique à l'âge de 40 ans. Il se rendit à Lisbonne et obtint des informations précises sur le climat et sur les moeurs des Indigènes. La plupart des factories lui appartenaient déjà et il s'était fait construire une maison à Boulam, sur la côte de Guinée, bien avant son voyage. Il rêvait de coloniser le Fouta Djallon et monta une petite colonne de tirailleurs sénégalais et un équipage de 15 hommes, recruta un interprète Peul et un cuisinier Servère. Accueilli par le consul anglais, il fut recommandé à son ami Lawrence, métis, roi des Nalons et allié des Peuls, dans le Cassini. Il souhaitait instruire les Indigènes, construire un chemin de fer et fonder la première nation de Noirs et de Blancs. Autorisé par l'Almâmi à fouler ses terres, il s'initia au nalou et au peul, signa avec les tribus le droit d'ouvrir des factories et cartographia la zone. Pour lui éviter la décapitation, ses interprêtes lui inventèrent un lien de parenté avec le roi de France. Il traversa le pays jusqu'à Kahel. Ebloui par le paysage, il décida d'y bâtir son royaume. Reçu à Timbo chez l'Almami, il exposa son projet et rencontra Pathé et Bocar-Bino, ses neveux et chefs de guerre. Malgré une fièvre dont il faillit mourir, il poursuivit son périple et devint l'ami du roi de Koïn. Il tomba amoureux de sa femme Dalanda.
De retour en France en 1880, il rencontra son ami Jules Charles Roux, passionné comme lui d'aventures coloniales et lui raconta son aventure, "les serpents, les scorpions, les chimpanzés, les comas, les coliques, les menaces de mort et les empoisonnements, la beauté hallucinante du pays, le monde mystérieux des Peuls.". Il demanda au Ministère de soutenir ses traités avec les Peuls et rencontra Ferdinand de Lesseps. Alexandre Dumas écrivit une communication sur son projet, les salons et les cafés à la mode se passionnèrent pour son aventure et de nombreux journaux donnèrent un large écho à son voyage. Mais il n'obtint pas le soutien politique de l'Amiral Cloué, Ministre de la Marine et le docteur Bayol semblait s'intéresser lui aussi à ce projet. Aimé Victor Olivier de Sanderval sollicita auprès de Gambetta la création d'un Ministère des colonies et l'envoi d'une mission officielle auprès des Almâmi de Timbo. Il rejeta des propositions de négociation anglaises et donna de nombreuses conférences en France avant d'être décoré par le roi Louis Ier du Portugal qui lui décerna le titre de Vicomte. La mission revint avec une forte ambassade de Timbo mais le docteur Bayol parvint à faire du Fouta-Djallon un protectorat français. Aimé Victor Olivier de Sanderval repartit pour le Fouta-Djallon en décembre 1887 pour concrétiser ses traités. Il obtint des terres à Kahel du roi Tierno et sauva de la décapitation Mangoné Niang dont il fit son premier sujet. Il fit de Fello Dembi sa capitale, de Diongassi son centre économique et de Bourouwal-Dâra son noeud ferroviaire. Il recruta une armée et ordonna le défrichage de la brousse. Sa place à Conakry lui évitait de gêner ses amis portugais et de tomber sous les intrigues du Ministère de la Marine ; il souhaita esquisser un port et faire un plan de la ville. Il fit frapper la monnaie officielle de son royaume. Mais de retour à Marseille, il apprit que Bayol était devenu gouverneur d'une nouvelle colonie française dont la capitale eé ait Conakry. Il ne fut bientôt plus question au Ministère de lui laisser le Fouta-Djallon. Après la mort de sa femme en 1892, il publia un récit de voyages et retourna au Fouta-Djallon accompagné de son fils Georges. Il rencontra Ballay, le nouveau gouverneur qui ne reconnut aucune valeur à ses traités. L'acquisition par la France du territoire se fit au prix de la décapitation de Bôcar-Biro, le dernier Almâmi. Les rois réunis à Labé reprochèrent à Aimé Victor Olivier de Sanderval la traversée de leurs terres par les tirailleurs parce qu'il était blanc. Auprès de Ballay, il défendit l'autonomie du Fouta-Djallon. Mais Ballay voulait dissoudre le pays Peul dans sa colonie et lui interdit d'y retourner. En 1898, Ballay supprima le statut de protectorat et intégra le territoire dans sa colonie, créant des cantons à la place des provinces et cherchant à neutraliser les aristocrates Peuls et Olivier de Sanderval, à qui il demanda de s'en aller. II rentra en France en 1896 et décéda en 1919.
Ce roman qui a reçu le prix Renaudot 2008, est riche d'informations et de rebondissements. Il est passionnant malgré quelques longueurs et redites. Il est écrit avec beaucoup d'humour. On y découvre les enjeux et les intrigues politiques, les démarches diplomatiques entreprises par les différents acteurs de la colonisation, l'ambiance des sociétés savantes et des cabinets ministériels à l'époque. Le personnage principal est façonné de préjugés qu'il saura remettre en cause lorsqu'il choisira de devenir un Peul parmi les Peuls et de créer des relations d'affaires et d'amitié. Bien que nourries de méfiance réciproque et de distance, ces relations n'en sont pas moins guidées par le soucis de connaitre et de comprendre les habitants de ces contrées éloignées, de s'y fondre et de découvrir dans des conditions sanitaires souvent difficiles, la magie de ce pays et ses paysages éblouissants.
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