[Khadra, Yasmina] L'écrivain

L'écrivain

Auteur : Yasmina Khadra
Editeur : Pocket
Nombres de pages: 288


Quatrième de couverture :

Caché « quelque part en Algérie », Yasmina Khadra a signé trois romans policiers, ce qui lui a valu d’être « le pseudonyme le plus recherché » par les islamistes de son pays. Depuis, il n’a cessé de susciter des interrogations en France, en Europe et dans le monde arabe. Dans son pays, notamment, la presse unanime a loué son authenticité de romancier et de témoin de la tragédie algérienne. Aujourd’hui, il a le pouvoir de décliner son identité, de lever le voile sur un mystère qu’il n’a pas voulu, et de raconter enfin comment il fut embrigadé dans une carrière militaire, lui qui s’est toujours voué à devenir poète. « J’ai été éjecté de ma famille, c’est un fait : une initiative malheureuse de mon père. Et j’ai été adopté par l’armée, que je quitte sans rancune ; elle m’a élevé, je l’ai servie, je crois, avec dignité et courage. Je n’ai jamais cherché à dévier de la voie qu’on m’avait tracée. Je ne me suis jamais rebellé. Mais je n’ai jamais renoncé à ce que j’estime être plus fort qu’un destin : ma vocation d’écrivain. J’ai continué à écrire dans un monde qui me refusait cette liberté-là, et j’ai réalisé mon rêve, peut-être grâce à lui : les interdits forgent les volontés inflexibles. »



Mon appréciation :

Un livre autant saisissant quand on pense que les souvenirs sont réelles. Une enfance contrôlé par un père, par les militaires. La fin est superbement bien cadré, car il reste entre deux choix, soit continuer le militaire ou pas et ne plus avoir de père.
Un livre qui peut paraitre un peu long mais il en vaut la peine

Ma note : 17.5/20

Dans ce roman d'inspiration autobiographique, Mohammed Moulessehoul, alias Yasmina Khadra nous raconte son enfance. Placé très jeune chez les Cadets, à l'école militaire, il nous fait partager ses angoisses d'enfant, ses incompréhensions. Comment son père chéri, dont il est la fierté, a-t-il pu l'envoyer dans une institution réservée aux orphelins de la guerre? Il va donc falloir se soumettre à la discipline, accepter avec fatalité les abus de pouvoir et surtout tenter de comprendre le pourquoi de cet "abandon".
Nous suivons donc le petit Mohammed dans sa découverte de la vie et de la part de fatalité qu'elle comporte. Ses brefs retours dans sa famille lors des vacances ne seront pour lui que des occasions de constater combien le passé est irrémédiablement révolu. Il va donc falloir se tourner vers l'avenir, se construire un avenir. C'est ainsi que le petit garçon va s'en remettre au pouvoir des mots. De la lecture libératrice, porte ouverte sur le monde, à l'écriture, il n'y a qu'un pas qu'il franchit avec brio. Devenir écrivain: voilà sa vocation. Mais peut-on écrire librement en Algérie, peut-on s'exprimer sans entrave alors que l'on est assujetti à l'armée? Tous les passages du roman qui traitent de la lecture et de l'écriture sont extrêmement intéressants. L'auteur ne s'interdit aucune référence dans la narration de sa découverte du plaisir des mots. Il parle aussi bien de ses lectures d'enfant type "six compagnons" que des grands écrivains. De même pour l'écriture, il relate avec autant de détails et de plaisir ses premiers succès que ses échecs, ses excès, en particulier dûs à l'emphase adolescente!
Je dirai, en résumé, que c'est un récit qui séduit entre autres, par son humilité et que cela renforce le sentiment de réalité.

De la période d'adaptation au milieu à l'affirmation de soi, notre héros traverse des moments de désespoir, d'apathie, de rébellion que l'auteur nous transcrit dans un style très agréable. Les descriptions sont magnifiques, les relations entre les personnages relatées avec justesse, de nombreux passages sont empreints de poésie: bref, l'écriture de Yasmina Khadra est pour moi un régal! Une chose est sûre, je ne vais pas m'arrêter là dans la découverte de cet auteur.

Merci à vous deux pour vos sentiments sur cette lecture. Oui ce livre, "L'écrivain", est une réussite je pense. C'est un réel plaisir de découvrir un auteur de cette façon, après avoir lu nombre de ses écrits. Il est des écrivains que l'on devine et auxquels nous nous intéressons au fur et à mesure que nous les lisons... J'ai, personnellement, commencé par lire"Ce que le jour doit à la nuit", puis de nombreux autres titres. Et se faire une idée de toute personne écrivant avec son cœur avant tout, sur des sujets qui le touchent, qui le révoltent, qui l'attirent et se promènent dans son esprit, au travers de plusieurs de ses volumes est une chance, est quelque chose de captivant. Pouvoir ensuite en savoir plus ou confirmer nos impressions au travers d'une œuvre, on le devine, autobiographique reste pour ma part la cerise sur le gâteau! Et j'espère qu'il poursuivra sa cuisine pour que je puisse en manger des parts et des parts... En attendant il m'en reste encore à découvrir et j'y reviens avec le sourire, même si les textes dont nous nous abreuvons traduisent la tragédie, ainsi que la terreur d'un peuple. Nous y vivons aussi des moments privilégiés parce qu'il aime sa terre et ses paysages, et surtout il aime écrire.