[Apollinaire, Guillaume] Les exploits d'un jeune don Juan
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Votre avis sur "Les Exploits d'un jeune don Juan"
[Apollinaire, Guillaume] Les exploits d'un jeune don Juan
Les Exploits d'un jeune don Juan.
(Roman érotique publié sous couverture muette en 1911)
Auteur : Guillaume Apollinaire
Edition : Folio
Nombre de pages : 109
Quatrième de couverture :
Le jeune Roger ne rêve que de filles et de femmes, de séduction, d'abandons et d'étreintes, d'odeurs et de formes abondantes... Rapidement déniaisé, l'adolescent embrasse, caresse et séduit tout ce qui porte jupon, ne reculant devant aucun fantasme ni aucune perversion pour assouvir ses désirs et parfaire son apprentissage amoureux.
Un roman d'initiation amoureuse et sexuelle, à la fois drôle et provocant, par l'un des plus grands poètes du XXème siècle.
Mon appréciation :
Roger, jeune garçon prépubère, se rend en compagnie de sa mère, de sa tante, une de ses sœurs et leur bonne dans leur maison de campagne. Cette demeure est une grande propriété divisée en un nombre impressionnant de pièces et de recoins, sans parler des dépendances et des installations nécessaires au travail des champs, si bien que les habitants du coin l'avaient appelé "le château". Une chapelle attenante à la bâtisse permettait quelquefois à un prêtre d'un couvent voisin de venir confesser en ce lieu les âmes en perdition des habitants du hameau.
Roger, dans l'innocence de sa jeunesse, prenait régulièrement le bain avec sa jeune sœur. C'est sa mère, sa tante et la bonne qui s'occupaient de laver les enfants. Sa mère en effet, craintive, ne tolérait pas que ces jeunes enfants prennent le bain seuls de peur qu'ils ne se noient.
Jusqu'au jour où... Les caresses appuyées de l'éponge ne laissèrent plus le jeune Roger indifférent et que son sexe se déploya en une impudique turgescence. Ainsi Roger entrait dans une nouvelle ère de son existence et se mit en chasse des charmes enfouies sous les jupes et les jupons de toutes les femmes de son entourage.
Tout au long du roman on assiste à une gradation des situations érotiques au fur et à mesure que l'appétit sexuel de Roger grandit. Ainsi les petites badineries inconséquentes, poussées par une curiosité naissante des choses de l'amour passant par la découverte anatomique du sexe opposé, se transforment vite en situations pornographiques livrées sans fard ni concession et nombre de perversions y passe, gougnottages saphiques, incestes en périodes de menstrues, fornications maïeutiques, scatologies diverses et variées, etc, etc.
Si le roman est de ce point de vue fort imagé, il faut reconnaître que les situations décrites conduisent rapidement le lecteur à un certain dégoût. Il faut avouer que notre regard sur la pornographie à nous lecteurs du 21ème siècle est on ne peut plus formaté et notre vision est en parfait décalage avec l'approche de l'époque d'Apollinaire. Aujourd'hui à l'ère dite des "métro-sexuels", le poil ne fait plus partie des canons esthétiques, les corps sont lisses et imberbes et la sexualité et la pornographie telle qu'elle est montrée ne supporte aucune tache ni aucune souillure. Aujourd'hui nous sommes devenus bien sage et bien tâtillon !
Mais qu'en était-il à l'époque d'Apollinaire ?
Les canons de la beauté étaient quelque peu différents, les femmes étaient appréciées pour leurs rondeurs, et le poil n'était pas pourchassé en vue de son éradication. Les femmes étaient poilues sous les aisselles, c'était ainsi, et personne ne s'en offusquait.
Ainsi...
"Dans la chambre régnait une atmosphère pleine d'odeurs mêlées, exhalées par les corps des servantes, dont les vêtements pendaient à la muraille ou sur le pied du lit. Ces odeurs étaient d'abord très désagréables, mais dés qu'on s'y était habitué on les trouvait plutôt excitantes que suffocantes, c'était la véritable odor di femina : Le parfum qui fait bander."
Ou encore...
"J'approchai mon visage de son cul et sentis sa sueur pénétrante. Son trou du cul gardait encore quelques traces de sa dernière selle. Au-dessous on voyait très bien sa fente fermée, couronnée par des poils châtains. Je la chatouillai doucement aux fesses et au con. Dès que j'eus mis le doigt dedans, elle fit un mouvement et se retourna. Je pus la contempler par-devant. Sa toison était frisée et sentait fortement la pisse, ce que je remarquai en mettant le nez dedans."
Pourtant en 1910, bien que les avant-gardes esthétiques commencent à libérer les esprits, ce début de siècle reste malgré tout sous la coupe du conformisme, du puritanisme et des non-dits du 19ème siècle porté par des idéaux conventionnels.
Que pouvait donc ainsi poussé un poète tel que Guillaume Apollinaire à choquer et outrer ses contemporains de la sorte ? Quel est le but de cette démarche ?
Guillaume Apollinaire de ce point de vue est un précurseur et un avant-gardiste. L'époque dans laquelle il vit lui dicte ses choix esthétiques. En effet il est né en 1880, soit un peu moins de 10 ans après la fin de la guerre franco-prussienne, marquée par de terribles défaites françaises qui coûta la vie à nombre de soldats et de civils. Un véritable désastre pour la nation en somme. En 1911, l'Europe est en équilibre instable et déjà les prémices de la première guerre mondiale sont en place.
Le message de Guillaume Apollinaire face à ces constats, et devant la pénurie démographique présente et pressentie est claire : "Concitoyens, forniquez, forniquez et repeuplez la France si vous voulez que celle-ci rivalise avec les grandes nations de ce monde." C'est pourquoi la force de son message en ces périodes troubles ne saurait tolérer aucun compromis, il ne faut pas s'arrêter à quelques poils, quelques odeurs, ou quelques défaillances hygiéniques, il faut savoir être opportuniste et profiter de toutes les occasions données pour jouir, prendre du plaisir, forniquer et... repeupler la France, et que ceci soit avec votre sœur, votre mère, votre tante, vos bonnes et toutes les paysannes de nos campagnes.
Et évidemment ce message n'en est que plus fort et plus convaincant en le poussant dans ses extrêmes sans jamais se départir d'une forte dose d'humour. Les situations sont imaginaires, improbables, et le style caustique d'Apollinaire les rend savoureuses de drôleries une fois les premiers dégoûts passés.
Voilà ce que je pouvais vous dire de ces Exploits de ce jeune don Juan...
A vous de voir.
PS : je poste ici ce sujet, ne sachant pas très bien où le mettre...
Dernière édition par Elyuna le Lun 2 Sep 2013 - 10:31, édité 1 fois (Raison : Mise aux normes du titre.)
Invité- Invité
Re: [Apollinaire, Guillaume] Les exploits d'un jeune don Juan
Super! Savoureux! J'ai adoré! Et puisn je trouve qu'Apollinaire écrit très très bien!
Invité- Invité
Re: [Apollinaire, Guillaume] Les exploits d'un jeune don Juan
Il me tente bien. Je le note.
Invité- Invité
Re: [Apollinaire, Guillaume] Les exploits d'un jeune don Juan
ça a l'air vraiment bien!!! Bon, à éviter dans les transports en commun , peut-etre.... hihihi
Invité- Invité
Re: [Apollinaire, Guillaume] Les exploits d'un jeune don Juan
L'Histoire en elle-même, intéressante donc sur le fond perd en saveur quant au style, qui certes, est lilial pour rentrer en harmonie avec le narrateur.
Finalement, après une lecture de cet acabit, j'avais encore faim, parce que la forme devrait justement, être le fond qui revient à la surface.
L'analyse psychologique est probante, cependant.
Finalement, après une lecture de cet acabit, j'avais encore faim, parce que la forme devrait justement, être le fond qui revient à la surface.
L'analyse psychologique est probante, cependant.
Invité- Invité
Re: [Apollinaire, Guillaume] Les exploits d'un jeune don Juan
J'avoue que je n'ai pas pu le finir, assez écœurée et lassée, mais j'aime beaucoup ta critique, Ansault, et tu as certainement raison sur l'analyse historique que tu fais.
Quant à l'écriture d'Apollinaire, je préfère de loin sa poésie, très en avance sur son époque, et je suis une inconditionnelle du recueil "Alcools" dont j'ai appris des poèmes par cœur! Du "pont Mirabeau" à "nuit rhénane", de "l'automne malade" à "la chanson du mal aimé", quel régal!
"Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire"
Quant à l'écriture d'Apollinaire, je préfère de loin sa poésie, très en avance sur son époque, et je suis une inconditionnelle du recueil "Alcools" dont j'ai appris des poèmes par cœur! Du "pont Mirabeau" à "nuit rhénane", de "l'automne malade" à "la chanson du mal aimé", quel régal!
"Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire"
Invité- Invité
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