[Claudel, Paul] Connaissance de l'Est
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[Claudel, Paul] Connaissance de l'Est
Connaissance de l'Est
Paul Claudel
Editions Poésie/Gallimard
Avis
Après Larbaud, encore un poète voyageur. Mais celui-ci a beaucoup plus de bagages et le présent recueil, où les questions religieuses, marotte chez Claudel, sont seulement évoquées à quelques endroits et encore de manière allusive, tient pour nombre de lecteurs le haut du pavé. Connaissance de l’Est rassemble des cartes postales rapportées de Chine.
Jardins, temples, arbres exotiques, fleuves, paysages, animaux, aquarellisés sur papier de riz dans une prose poétique rimbaldienne de très grande facture, se dressent sous nos yeux. L’auteur aborde aussi le théâtre, la philosophie, la calligraphie, bref, tout ce qui fait la culture chinoise. Il nous arrive même de plus percevoir les choses, trop hypnotisé par le son divin de son instrument. Car Claudel n’est jamais limité par des dimensions qui le finissent et qui l’empêcheraient de comprendre l’infini où les dimensions n’existent pas. A la fois matériel et immatériel, partout en même temps, dans chaque être, chaque objet, il insuffle et restitue vie avec une puissance d’évocation inimitable.
Et je m’étonnerai toujours, sur notre planète acharnée à sa perte, que l’art puisse survivre ; quand l’Homme, le plus évolué des êtres vivants, qui entre divin et bestialité éprouve tant de mal à viser le juste milieu, aura avalé sa langue, tous ses concepts, et disparaîtra, j’espère qu’il restera ça pour montrer aux petits bonhommes verts que nous n’étions dans le fond pas si mauvais.
Voici, puisque nous parlons d’animaux, un extrait du Porc :
"C’est une bête solide et toute d’une pièce ; sans jointure et sans cou, ça fonce en avant comme un soc. Cahotant sur ses quatre jambons trapus, c’est une trompe en marche qui quête, et toute odeur qu’il sent, y appliquant son corps de pompe, il l’ingurgite. Que s’il a trouvé le trou qu’il faut, il s’y vautre avec énormité. Ce n’est point le frétillement du canard qui entre à l’eau, ce n’est point l’allégresse sociable du chien ; c’est une jouissance profonde, solitaire, consciente, intégrale. Il renifle, il sirotte, il déguste, et l’on ne sait s’il boit ou s’il mange ; tout rond, avec un petit tressaillement, il s’avance et s’enfonce au gras sein de la boue fraîche ; il grogne, il jouit jusque dans le recès de sa triperie, il cligne de l’œil. Amateur profond, bien que l’appareil toujours en action de son odorat ne laisse rien perdre, ses goûts ne vont point aux parfums passagers des fleurs ou de fruits frivoles ; en tout il cherche la nourriture : il l’aime riche, puissante, mûrie, et son instinct l’attache à ces deux choses, fondamental : la terre, l’ordure…"
(Comme diraient nos amis chinois : à méditer)
Invité- Invité
Re: [Claudel, Paul] Connaissance de l'Est
Un auteur qu'il me plairait de découvrir.
Merci pour cette critique.
Merci pour cette critique.
Invité- Invité
Re: [Claudel, Paul] Connaissance de l'Est
Bien que n'étant pas très attirée par ce type de lecture, ton ressenti sur ce livre permet d'ouvrir la réflexion sur des sujets extrêmement intéressants... Merci à toi
Invité- Invité
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