[Wynd, Oswald] Une odeur de gingembre
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[Wynd, Oswald] Une odeur de gingembre
Titre : Une odeur de gingembre
Auteur : Oswald Wynd
Editions : Folio (janvier 2011)
Nombre de pages : 475
Quatrième de couverture :
En 1903, Mary Mackenzie embarque pour la Chine où elle doit épouser Richard Collinsgsworth, l'attaché militaire britannique auquel elle a été promise. Fascinée par la vie de Pékin au lendemain de la Révolte des Boxers, Mary affiche une curiosité d'esprit rapidement désapprouvée par la communauté des Européens. Une liaison avec un officier japonais dont elle attend un enfant la mettra définitivement au ban de la société. Rejetée par son mari, Mary fuira au Japon dans des conditions dramatiques. À travers son journal intime, entrecoupé des lettres qu'elle adresse à sa mère restée au pays ou à sa meilleure amie, l'on découvre le passionnant récit de sa survie dans une culture totalement étrangère, à laquelle elle réussira à s'intégrer grâce à son courage et à son intelligence. Par la richesse psychologique de son héroïne, l'originalité profonde de son intrigue, sa facture moderne et très maîtrisée, Une odeur de gingembre est un roman hors norme.
Quelques mots sur l’auteur :
Né à Tokyo en 1913, Oswald Wynd y vécut jusqu'à l'âge vingt ans. Il est devenu l'un des maîtres du polar que cet sous divers pseudonymes. II ne signa de son nom cet unique roman historique, aux fortes résonances autobiographiques. Une odeur de gingembre s'est imposé dès sa publication, comme un livre culte.
Mon avis :
L'originalité de ce livre (même si cela existe par ailleurs) c’est qu’il est écrit par un homme et que le contenu est d’une part le journal intime d’une femme, d’autre part certaines des lettres qu’elle envoie (entre autres à sa mère et à une amie). On ne voit jamais les réponses à ses courriers, ni des scènes décrites par un narrateur. Tout vient de ses écrits et il est intéressant de voir qu’un homme a su s’exprimer avec une sensibilité toute féminine.
Nous suivons ainsi Mary de 1903 à 1942.
Jeune femme écossaise, elle part en bateau pour la Chine où elle doit épouser Richard, rencontré quelque temps auparavant. Elle quittera ensuite la Chine pour le Japon. A travers son vécu de femme, étouffée dans le rôle qu’on veut lui donner, nous allons l’accompagner dans son combat féministe. Mais surtout nous découvrons ces deux pays, leurs habitudes, leurs mœurs (rien que la nourriture …… Mary vit de grands moments de solitude ….), leur mode pensée etc …. et se posent alors les questions des mariages mixtes, des déracinements de personnes d’une même culture pour aller vivre ailleurs, des styles de vie si différents d’une contrée à l’autre (l’étude des diverses courbettes est un vrai régal) de ce qui paraît incongru à un endroit et si naturel à deux pas de là, des choix d’éducation, de la place de la femme dans différentes sociétés, des relations entre hommes et femmes si délicates lorsqu’on n’est pas dans un environnement connu etc …
On vit avec elle le tsunami, les tremblements de terre et on lit l’évolution de son mode de pensée face à ses situations parce qu’elle s’est, en partie (en partie seulement ! heureusement !) imprégnée du ressenti japonais face à ces phénomènes naturels. « La discipline de ce pays a déjà commencé à s’infiltrer en moi. » « ….consciente comme je ne l’avais jamais été jusque-là de l’insécurité physique presque totale dans laquelle chacun doit passer sa vie entière. » Et c’est tellement vrai même maintenant en 2011 !
J’ai beaucoup aimé l’idée de la malle dans laquelle on entasse ses souvenirs (matériels ou ressentis) et du tri qu’il faudrait faire pour ne remplir qu’une petite valise où on ne garderait que l’essentiel … Que mettrais-je, moi, dans cette petite valise ?
En suivant l’évolution historique de ces deux pays, on voit aussi les changements qui habitent Mary. De page en page, la jeune fille un peu effacée devient femme, mère, battante, combattante, bien décidée à prendre sa vie en mains.
Les deux aspects de ce beau roman (vie de Mary et approche historique) se complètent et permettent de ne pas voir le temps passer, tant on est intéressé pour en savoir plus soit sur la vie de Mary, soit sur les événements du pays concerné.
L’écriture est douce, parfois un peu lente, toute en ressentis puisqu’il s’agit d’écriture au sens noble du terme. Certains pourront penser qu’il se passe peu de choses mais Mary est si attachante dans ses questionnements, ses luttes, ses peurs, ses envies, sa vie, qu’on ne peut pas l’abandonner.
NB : et si vous avez envie de savoir pourquoi le titre est « Une odeur de gingembre », lisez le livre !
Nous suivons ainsi Mary de 1903 à 1942.
Jeune femme écossaise, elle part en bateau pour la Chine où elle doit épouser Richard, rencontré quelque temps auparavant. Elle quittera ensuite la Chine pour le Japon. A travers son vécu de femme, étouffée dans le rôle qu’on veut lui donner, nous allons l’accompagner dans son combat féministe. Mais surtout nous découvrons ces deux pays, leurs habitudes, leurs mœurs (rien que la nourriture …… Mary vit de grands moments de solitude ….), leur mode pensée etc …. et se posent alors les questions des mariages mixtes, des déracinements de personnes d’une même culture pour aller vivre ailleurs, des styles de vie si différents d’une contrée à l’autre (l’étude des diverses courbettes est un vrai régal) de ce qui paraît incongru à un endroit et si naturel à deux pas de là, des choix d’éducation, de la place de la femme dans différentes sociétés, des relations entre hommes et femmes si délicates lorsqu’on n’est pas dans un environnement connu etc …
On vit avec elle le tsunami, les tremblements de terre et on lit l’évolution de son mode de pensée face à ses situations parce qu’elle s’est, en partie (en partie seulement ! heureusement !) imprégnée du ressenti japonais face à ces phénomènes naturels. « La discipline de ce pays a déjà commencé à s’infiltrer en moi. » « ….consciente comme je ne l’avais jamais été jusque-là de l’insécurité physique presque totale dans laquelle chacun doit passer sa vie entière. » Et c’est tellement vrai même maintenant en 2011 !
J’ai beaucoup aimé l’idée de la malle dans laquelle on entasse ses souvenirs (matériels ou ressentis) et du tri qu’il faudrait faire pour ne remplir qu’une petite valise où on ne garderait que l’essentiel … Que mettrais-je, moi, dans cette petite valise ?
En suivant l’évolution historique de ces deux pays, on voit aussi les changements qui habitent Mary. De page en page, la jeune fille un peu effacée devient femme, mère, battante, combattante, bien décidée à prendre sa vie en mains.
Les deux aspects de ce beau roman (vie de Mary et approche historique) se complètent et permettent de ne pas voir le temps passer, tant on est intéressé pour en savoir plus soit sur la vie de Mary, soit sur les événements du pays concerné.
L’écriture est douce, parfois un peu lente, toute en ressentis puisqu’il s’agit d’écriture au sens noble du terme. Certains pourront penser qu’il se passe peu de choses mais Mary est si attachante dans ses questionnements, ses luttes, ses peurs, ses envies, sa vie, qu’on ne peut pas l’abandonner.
NB : et si vous avez envie de savoir pourquoi le titre est « Une odeur de gingembre », lisez le livre !
Cassiopée- Admin
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Emploi/loisirs : enseignante
Genre littéraire préféré : un peu tout
Date d'inscription : 17/04/2009
Re: [Wynd, Oswald] Une odeur de gingembre
Merci pour cette critique Cassiopée, je vais le noter ce titre de livre.
Re: [Wynd, Oswald] Une odeur de gingembre
Comme dit Cassiopée c'est un auteur qui écrit au nom d'une femme mais en plus une anglaise alors qu'il est Japonais.
J'aime beaucoup l’écriture. L'histoire est belle et triste, on suit Mary dans son nouveau pays la Chine avec un mari qu'elle ne connait pas, puis part au Japon avec les traditions du Japon dont elle va subir leur dureté. Elle va subir ce que peu de femmes auraient pu supporter et ces épreuves vont être une force pour elle de se battre au milieu de ces traditions.
Pour l'odeur du gingembre faudra lire ce journal intime jusqu'au bout. Une fin que j'ai bien aimé.
Je vote beaucoup apprécié, pas un coup de cœur mais presque le truc qui m’empêche un peu de le mettre en coup de cœur c'est le fait qu'on a la correspondance de Mary vers sa mère et son amie mais on n'a pas dans l'autre sens et j'ai trouvé dommage.
Mais je vous le conseille.
J'aime beaucoup l’écriture. L'histoire est belle et triste, on suit Mary dans son nouveau pays la Chine avec un mari qu'elle ne connait pas, puis part au Japon avec les traditions du Japon dont elle va subir leur dureté. Elle va subir ce que peu de femmes auraient pu supporter et ces épreuves vont être une force pour elle de se battre au milieu de ces traditions.
Pour l'odeur du gingembre faudra lire ce journal intime jusqu'au bout. Une fin que j'ai bien aimé.
Je vote beaucoup apprécié, pas un coup de cœur mais presque le truc qui m’empêche un peu de le mettre en coup de cœur c'est le fait qu'on a la correspondance de Mary vers sa mère et son amie mais on n'a pas dans l'autre sens et j'ai trouvé dommage.
Mais je vous le conseille.
louloute- Grand sage du forum
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Re: [Wynd, Oswald] Une odeur de gingembre
Merci pour cette critique louloute.
Je n'avais jamais entendu parler de ce livre.
Je le note.
Je n'avais jamais entendu parler de ce livre.
Je le note.
Invité- Invité
Re: [Wynd, Oswald] Une odeur de gingembre
En lisant ta critique, Cassiopée, je pense tout de suite à "Certaines n'avaient jamais vu la mer" de Julie Otsuka ... Est-ce que je me trompe ?
Invité- Invité
Re: [Wynd, Oswald] Une odeur de gingembre
Titre de livre attirant, qui Cassiopée, m'a donné envie de lire ta belle critique...
Invité- Invité
Re: [Wynd, Oswald] Une odeur de gingembre
En 1903, la jeune Ecossaise Mary Mackenzie part en Chine épouser un attaché militaire anglais basé à Pékin. Vite à l’étroit dans un mariage peu heureux et dans la vie corsetée d’une très conservatrice et conventionnelle colonie européenne, Mary ne tarde pas à cumuler les désillusions. Lorsqu’elle tombe enceinte de son amant japonais, elle est bannie par son mari et par toute sa communauté, mais parvient, dans des conditions dramatiques, sans ressources, à se réfugier au Japon. Dans ce pays peu ouvert aux étrangers, elle devra braver l’ostracisme général pour trouver sa place dans une société et une culture en tout point aux antipodes de l’Occident.
Vus depuis la colonie européenne en Chine, puis de l’intérieur du Japon au travers de Mary, ce sont quarante ans d’histoire nippone que nous retrace cette fresque passionnante et colorée, depuis la fin de l’Ere Meiji et le basculement du pays de la féodalité au système industriel occidental, jusqu’à sa politique expansionniste qui finit par mettre toute l’Asie à feu et à sang bien avant le point d’orgue de la seconde guerre mondiale. L’expérience de Mary est l’occasion de découvrir la relation du Japon au reste du monde pendant toute cette période, en pénétrant l’organisation de toute la société nippone et en se confrontant aussi bien à son état d’esprit d’alors qu’à ses particularités culturelles. Toute l’originalité du propos vient du parallélisme proposé par l’auteur entre les prétentions colonialistes européennes et expansionnistes japonaises, entre les conventionnalismes tout aussi rigoristes d’un côté comme de l’autre, notamment en ce qui concerne la condition féminine et la structure familiale.
En choisissant l’angle de vue d’une occidentale rejetée par sa communauté et obligée de s’adapter pour survivre à une culture et à un mode de vie différents, en usant qui plus est du contraste entre le formalisme contraint des lettres de Mary à ses proches et la sincérité de son journal intime, le roman met en lumière les préjugés et les incompréhensions, qui, tels de véritables oeillères, viennent présider au choc entre deux civilisations aussi hautaines l’une que l’autre dans leur vision du reste du monde.
Quoi qu’il en soit, le plus grand point commun entre l’Europe et le Japon d’alors, reste finalement le sort réservé aux femmes : leur subordination aux hommes, leur contingentement à la stricte sphère familiale, et surtout la violence développée à l’encontre de celles qui osent sortir des règles établies.
Grande fresque historique, découverte d’une culture japonaise souvent désarçonnante pour les Occidentaux, magnifique portrait d’une figure féminine hors du commun restituée avec justesse et sensibilité, L’odeur du gingembre est une lecture addictive et fascinante qui ne se quitte qu’à regret. Coup de coeur. (5/5)
Vus depuis la colonie européenne en Chine, puis de l’intérieur du Japon au travers de Mary, ce sont quarante ans d’histoire nippone que nous retrace cette fresque passionnante et colorée, depuis la fin de l’Ere Meiji et le basculement du pays de la féodalité au système industriel occidental, jusqu’à sa politique expansionniste qui finit par mettre toute l’Asie à feu et à sang bien avant le point d’orgue de la seconde guerre mondiale. L’expérience de Mary est l’occasion de découvrir la relation du Japon au reste du monde pendant toute cette période, en pénétrant l’organisation de toute la société nippone et en se confrontant aussi bien à son état d’esprit d’alors qu’à ses particularités culturelles. Toute l’originalité du propos vient du parallélisme proposé par l’auteur entre les prétentions colonialistes européennes et expansionnistes japonaises, entre les conventionnalismes tout aussi rigoristes d’un côté comme de l’autre, notamment en ce qui concerne la condition féminine et la structure familiale.
En choisissant l’angle de vue d’une occidentale rejetée par sa communauté et obligée de s’adapter pour survivre à une culture et à un mode de vie différents, en usant qui plus est du contraste entre le formalisme contraint des lettres de Mary à ses proches et la sincérité de son journal intime, le roman met en lumière les préjugés et les incompréhensions, qui, tels de véritables oeillères, viennent présider au choc entre deux civilisations aussi hautaines l’une que l’autre dans leur vision du reste du monde.
Quoi qu’il en soit, le plus grand point commun entre l’Europe et le Japon d’alors, reste finalement le sort réservé aux femmes : leur subordination aux hommes, leur contingentement à la stricte sphère familiale, et surtout la violence développée à l’encontre de celles qui osent sortir des règles établies.
Grande fresque historique, découverte d’une culture japonaise souvent désarçonnante pour les Occidentaux, magnifique portrait d’une figure féminine hors du commun restituée avec justesse et sensibilité, L’odeur du gingembre est une lecture addictive et fascinante qui ne se quitte qu’à regret. Coup de coeur. (5/5)
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