[Brink, André] Au plus noir de la nuit
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VOTRE AVIS
[Brink, André] Au plus noir de la nuit
Joseph Malan est en prison pour meurtre.
Il est accusé d’avoir assassiné la femme qu’il aime, Jessica.
Qui plus est, il est noir, Jessica était blanche et nous sommes en Afrique du Sud au temps de l’apartheid.
C’est de sa cellule, après avoir été torturé et attendant sa condamnation à mort, que Joseph nous raconte sa vie et celle de ses ancêtres.
Mon avis :
J’ai d’abord eu du mal à entrer dans ce roman et je me l’explique difficilement car finalement j’ai vraiment adoré cette lecture.
On est vraiment happé par le contexte, André Brink réussit à merveille à nous imprégner de l’atmosphère sud-africaine malgré le peu de descriptions de paysages. Il y en a mais j’aurais souhaité plus. Bon … ceci dit, j’ai compensé avec internet mais difficile de retrouver des photos d’époque.
En dehors de la simple description du décor, la vie quotidienne et la ségrégation vécue par la communauté noire sont extrêmement bien traitées.
Tout d’abord, Joseph retrace pour nous l’histoire de sa famille, une famille d’esclaves au service de maîtres blancs avec toutes les brimades, les humiliations que cette situation sous-entend. C’est peut-être cette accumulation de malheurs et de souffrance qui m’a gênée au début ainsi que les amours entre les ancêtres noirs de Joseph avec des blanches. J’ai ressenti ça comme étant exagéré. Je reconnais que mon avis est complètement subjectif mais l’histoire se répétait tellement que j’avais du mal à y croire.
Mais une fois passé ce passage de la généalogie, Joseph revient ensuite à sa vie propre. Il a grandi comme esclave au service du propriétaire blanc d’une ferme. Ce même propriétaire a fait la seconde guerre mondiale avec le père de Joseph mort dans un camp nazi. Le fermier, se sentant redevable envers le petit Joseph qu’il a privé de son père, lui donne les moyens d’intégrer une école et de profiter d’une solide éducation.
Joseph est très bon élève et se découvre une passion pour le théâtre.
Et c’est à travers sa passion qu’il va mener son combat contre le régime politique sud-africain.
On trouve donc de nombreuses références à des pièces de théâtre. Heureusement pour les incultes en la matière comme moi, leur contenu est légèrement explicité ce qui ne rend pas la compréhension trop difficile mais je l’ai senti comme un handicap quand même. Car Joseph adapte des pièces au contexte de son pays avec pour objectif de faire passer un message. Son intention est de réveiller les consciences.
Bien sûr, les activités théâtrales de Joseph et sa troupe sont vues d’un très mauvais œil et tout est mis en place pour leur mettre des bâtons dans les roues.
Bref, on enrage, on peste et on pleure d’horreur à la lecture des passages où Joseph est torturé.
La quatrième de couverture qualifie ce roman de « terrible roman d’amour », amour interdit entre Joseph et Jessica contraints de s’aimer en cachette. Mais c’est bien plus qu’un simple roman d’amour, c’est un véritable plaidoyer contre la bêtise humaine, la lâcheté et l’intolérance.
Outre la présence de références littéraires, on y trouve également de véritables réflexions philosophiques sur toutes sortes de sujet, sur la liberté, sur l’amour, sur le sens de la vie, sur l’utilité et les modalités de la lutte sociale mais aussi un contexte historique très présent. Les guerres des Boers sont mentionnées, le scandaleux massacre de Sharpeville également. Les amateurs d’Histoire se régaleront, j’encourage les curieux et ceux qui comme moi ont des lacunes sur l’Histoire de l’Afrique du Sud à se documenter en parallèle de leur lecture.
L’idylle avec Jessica sert de fil rouge et ne devient sujet essentiel qu’à la toute fin du roman. L’histoire d’amour ne sert finalement qu’à mettre en valeur, par opposition des sentiments, la dénonciation de thèmes plus durs que sont le rejet de la différence, la répression et la brutalité policières, la couardise et la méchanceté des gens.
En conclusion, une lecture non seulement magnifique mais aussi très enrichissante au style agréable. Au plus noir de la nuit avait été censuré à l’époque de sa parution, André Brink faisant partie de l’intelligentsia afrikaner engagée dans la dénonciation du système d’apartheid.
Je vous conseille donc vraiment ce livre.
Invité- Invité
Re: [Brink, André] Au plus noir de la nuit
L'apartheid n'est pas un sujet qui m'intéresse plus que ça mais pour ta critique en demi-teinte assez bien expliquée je trouve.
Invité- Invité
Re: [Brink, André] Au plus noir de la nuit
Merci beaucoup ! Ca me pousse à le lire... Très belle critique !
Invité- Invité
[Brink, André] Au plus noir de la nuit
Titre: Au plus noir de la nuit
Auteur: Brink, André - Traduction de l'anglais par Robert Fouques-Duparc
Eciteur: Edition Stock, 1976
Nombre de pages:669
Avec une préface de Claude Wauthier
quatrième de couverture:
Depuis 'Pleure ô pays bien-aimé d'Alan Paton, ce roman est sans doute le plus révolutionnaire que nous ait donné la littérature sud-africaine.Le narrateur et héros principal, MALAN, est un acteur noir. Il a eu le tort d'aimer une Blanche et d'être aimé d'elle.
Il a été arrêté, torturé, condamné à mort. C'est dans sa cellule qu'il écrit l'histoire de sa vie et par là même celle de son peuple. Si l'on veut savoir ce qu'est aujourd'hui l'apartheid en Afrique du sud, il faut lire ce terrible roman d'amour.(maintenant nous sommes en 2011 et il n'y a plus l'apartheid)
Mon ressenti.
Ce roman a été écrit de Janvier 1965 à Avril 1973, et il montre ce qu'était la vie des noirs sous l'apartheid en Afrique du sud, raconté par un Noir qui a l'audace d'aller contre la loi de ségrégation interdisant d'aimer ou d’épouser une femme d'une autre race que pour lui, noire.
Joseph, puisque le narrateur se nomme Joseph, est un enfant d'esclave noir, fils d'un esclave noir, qui avait été ordonnance pendant la dernière guerre de son 'Maitre'. Ce père est mort, torturé et assassiné par les Nazis dans un de leur camp de la mort et le Maitre, revenu de cette guerre, voyant que Joseph montrait très tôt des grands talents pour la lecture - celui ci avait appris à lire simplement en écoutant les leçons données aux enfants du maitre, caché derrière la véranda, lui a donné la possibilité d'aller dans une école pour enfants noirs tout en vaquant à ses travaux qu'il avait à accomplir à la ferme (Les enfants d'esclaves n'étaient pratiquement jamais envoyés à l’école et ce fut uniquement dû au sentiment d'une certaine culpabilité, que ce maitre ressentait vis a vis de son 'Ordonnance' noir, mort d'une mort atroce).
Joseph se montrait particulièrement doué et avait décidé de continuer ses études dans une école d'art dramatique. Il a réussi à avoir quelques rôles dans des pièces et gagnait une certaine notoriété.
Un acteur connu anglais l'ayant vu, lui proposa de venir en Europe et particulièrement à Londres, afin de jouer dans des théâtres en Europe. Ce qu'il fit pendant 9 années.
Ayant fait connaissance à Londres de quelques Compatriotes rescapés de la torture en Afrique du Sud et voyant qu'ils ne pouvaient pas se défaire d'une nostalgie de leur Pays, de son soleil, de la vie là-bas tout court, les voyant dépérir, surtout son ami SIMON, qui le défiait de retourner en Afrique du Sud, il commençait à se sentir lui même poussé à revenir dans son pays, car aussi plus ou moins frustré par un certain ronronnement du Théâtre.
Entretemps, ce pays avait affreusement changé et il eut déjà à la douane un intermède humiliant dû à un livre d'art sur Michel-Ange et jugé par le Douanier de pornographique, un noir ne devait pas posséder un tel livre.
Il recommençait donc à créer une nouvelle troupe grâce à l'aide demandée à son ancien compagnon d'enfance, fils du Boer, ayant réussi à devenir un industriel riche et influent et qui lui octroyait une aide mensuelle par sa société.
Plusieurs des membres de sa troupe de théâtre furent soupçonnés d'agir contre le gouvernement et d'être des agitateurs politiques.
Un jour, un écrivain blanc, lui présenta JENNIFER, une anglaise riche, qui avait choisi de vivre hors de sa famille, afin de trouver une certaine vie, que sa 'société' ne lui permettait pas.
Entre ces deux êtres, ce fut un amour total et impossible, car totalement interdit. Ils devaient vivre cachés et ne jamais se montrer ensemble.
Je ne raconterai pas la fin et le peu que je dis sur ce livre ne montre que les grandes lignes.
En tout cas, ce livre est brillant, terrible et un réquisitoire contre toute forme d'emprisonnement arbitraire et contre la torture, les humiliations systématiques dues à une couleur, une opinion ou race, que ce soit ici pendant l'apartheid, le système politique en Russie sous Staline ou l'horreur Nazi sous Hitler ou la Résistance en France contre l’envahisseur allemand.
Ce livre précède celui du même auteur : Une saison blanche et sèche, écrit de 1976, 1978-1979 et qui montre le vécu du côté blanc, quand un homme se révolte contre ce régime barbare et inhumain.
Un nouveau coup de cœur pour moi.
Invité- Invité
Re: [Brink, André] Au plus noir de la nuit
Christa. J'ai pas vraiment aimé celui que j'ai lu de cet auteur pour la lecture commune mais j'avais également acheté Une Saison blanche et sèche : je le lirai donc et s'il me plait plus, je rajouterai celui-ci dans ma lal car ton avis est très tentant
Invité- Invité
Re: [Brink, André] Au plus noir de la nuit
Je te comprends Alexielle, car l'écriture de Brink est très dense, je dirais parfois baroque dans 'Un instant dans le vent'.
Mais les sujets des deux que j'ai citée plus haut est tellement important. Peut-être plus pour nous, nées pendant la dernière guerre
- la les français se sentent concernés - et qui ont entendu et lu beaucoup de choses qui se sont passés pendant l'apartheid.
Étant Allemande d'origine je me sens très concernées par tous ce qui est la ségrégations de toute sorte. On aurait souhaité, que des événements comme le Nazisme ou le Stalinisme ne soient plus reproduits, mais malheureusement il en a été autrement.
Mais les sujets des deux que j'ai citée plus haut est tellement important. Peut-être plus pour nous, nées pendant la dernière guerre
- la les français se sentent concernés - et qui ont entendu et lu beaucoup de choses qui se sont passés pendant l'apartheid.
Étant Allemande d'origine je me sens très concernées par tous ce qui est la ségrégations de toute sorte. On aurait souhaité, que des événements comme le Nazisme ou le Stalinisme ne soient plus reproduits, mais malheureusement il en a été autrement.
Invité- Invité
Re: [Brink, André] Au plus noir de la nuit
Bonjour à toutes et tous,
Je viens de m'inscrire et ai parlé du livre : "une saison blanche et sèche d'André Brink. Livre que j'avais beaucoup aimé.
Christa Noel : est-ce que : "au plus noir de la nuit" peut laisser "autant de traces" et est de la même "veine" que le précédent.
Celui-ci me tente bien. J'ai bien aimé le style d'écriture de cet auteur.
Merci pour l'info. Poupie
Je viens de m'inscrire et ai parlé du livre : "une saison blanche et sèche d'André Brink. Livre que j'avais beaucoup aimé.
Christa Noel : est-ce que : "au plus noir de la nuit" peut laisser "autant de traces" et est de la même "veine" que le précédent.
Celui-ci me tente bien. J'ai bien aimé le style d'écriture de cet auteur.
Merci pour l'info. Poupie
Invité- Invité
Re: [Brink, André] Au plus noir de la nuit
Poupie:
Je dirais tout simplement OUI.
Cette fois c'est un homme noir, Acteur de Théâtre, ayant fait connaissance avec le monde extérieur a l'Afrique du sud, qui est concerné. Ces deux livres m'ont profondément touché, comme les autres de BRINK que j'ai lu, même s'ils étaient différents, plus axés dans le début de l'histoire 'blanche' d'Afrique du Sud.
Je dirais tout simplement OUI.
Cette fois c'est un homme noir, Acteur de Théâtre, ayant fait connaissance avec le monde extérieur a l'Afrique du sud, qui est concerné. Ces deux livres m'ont profondément touché, comme les autres de BRINK que j'ai lu, même s'ils étaient différents, plus axés dans le début de l'histoire 'blanche' d'Afrique du Sud.
Invité- Invité
Re: [Brink, André] Au plus noir de la nuit
Christa noël, j'aime beaucoup ton résumé qui m'incite à lire ce livre, je note
Merci
Merci
lalyre- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 9623
Age : 92
Localisation : Liège (Belgique )
Emploi/loisirs : jardinage,lecture
Genre littéraire préféré : un peu de tout,sauf fantasy et fantastique
Date d'inscription : 07/04/2010
Re: [Brink, André] Au plus noir de la nuit
Merci LALYRE,
Je me sens toujours concernée par le problème du racisme, car il est insidieux et peut concerner tout le monde.
Une ouverture d’espoir dans les deux livres qui suivent: "Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur" de HARPER LEE et
"La couleur des sentiments" de KATHRYN STOCKET; qui se situent aux ETATS UNIS, incitent a la réflexion et montrent que tout est possible.
Je me sens toujours concernée par le problème du racisme, car il est insidieux et peut concerner tout le monde.
Une ouverture d’espoir dans les deux livres qui suivent: "Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur" de HARPER LEE et
"La couleur des sentiments" de KATHRYN STOCKET; qui se situent aux ETATS UNIS, incitent a la réflexion et montrent que tout est possible.
Invité- Invité
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